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Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du dimanche 31 octobre 1920

L'Humanité, journal socialiste quotidien

À partir du site internet Gallica, de la Bibliothèque nationale de France

 

L'Humanité du dimanche 31 octobre 1920

 

ARMÉE NOIRE

La France, dans son expansion africaine, a encore ajouté aux ordinaires rapines capitalistes qui constituent de colonialisme. Elle a demandé à ses colonies non seulement des produits, mais des hommes ; non seulement des matières premières, mais de la matière humaine, de la chair à canon. Elle a utilisé une armée noire que E.-D. Morel, dans son dernier ouvrage, analysé par nous ici-même, évalue à 695 000 combattants et à 238 000 auxiliaires. Au jour de l'armistice, il y avait dans les dépôts de l'Afrique du Nord 136 000 hommes, non compris les contingents de la Côte des Somalis et de Madagascar.

Comment cette armée noire a-t-elle été recrutée ?

Quelques, années avant la guerre, un projet avait prévu des engagements volontaires de noirs, qui devaient former quelques régiments pouvant être utilisés en Afrique seulement.

En 1912, un premier essai de conscription fut tenté, qui se développa de telle sorte et si vite que, dès 1914, un certain nombre de bataillons venus hâtivement du Maroc purent prendre part aux premières batailles de la grande guerre. Nous nous rappelons tous le passage, aux environs de Paris, de ces Sénégalais allant au front ou en revenant. C'étaient de véritables sauvages pour qui la « guerre de la civilisation et du droit » était une guerre comme toutes les autres (avaient-ils donc si tort ?). Ces mercenaires pratiquaient l'assassinat en série, même sur des prisonniers sans défense, et il en est qui, dans les villes de l'arrière (les témoignages en sont nombreux), se promenaient portant fièrement des colliers d'oreilles de soldats allemands ; un d'eux même, à la gare de Versailles, fut rencontré, en octobre 1914, arborant glorieusement.. une tête coupée.

Cependant la conscription dut être intensifiée et nos recruteurs ne reculèrent pas devant les plus odieux moyens du temps de la traite des nègres, tels que razzias et enlèvements ; les chefs de tribus durent fournir un certain contingent d'hommes. On les payait s'ils y parvenaient, on les punissait dans le cas contraire. Des primes en argent offertes pour chaque homme amené firent la fortune d'entrepreneurs d'un nouveau genre, spécialisés dans l'industrie du rapt. Un « haut commissaire », le député Diagne (ne fût-il pas un moment membre du groupe socialiste parlementaire ?) fut chargé de centraliser les efforts de ces négriers au service du Droit : il se vante d'avoir ainsi fourni à la boucherie au moins 60 000 recrues. Cependant, des fonctionnaires honnêtes ne craignirent pas d'affronter la vindicte gouvernementale. C'est ainsi que M. Clozel écrivait le 16 novembre 1916 :

Mon opinion est que les indigènes n'ont d'enthousiasme d'aucune sorte pour notre cause, qu'on ne surmontera pas leur aversion vis-à-vis du service militaire surtout à l'étranger, et qu'on ne pourra obtenir de recrutement qui en vaille la peine que par la peur.

Dans une autre lettre il éleva une protestation plus énergique encore, signalant les soulèvements qu'avait produits dans la colonie la levée des premiers contingents.

Ce fonctionnaire, qui élevait la protestation du bon sens et de l'humanité, fut naturellement déplacé. Son successeur, M. Van Vollenhoven, imita courageusement son attitude et, plutôt que d'entrer dans les vues du gouvernement, il préféra abandonner son poste, avec les 100 000 francs de traitement qui y étaient attachés, et partir comme capitaine au front, où il fut tué. D'autres n'eurent pas hélas ! tant de scrupules.

Le 30 juillet 1919, la guerre étant terminée depuis neuf mois, la conscription fut décrétée pour tous les indigènes de l'Afrique occidentale et équatoriale. Peu après, le 12 décembre 1919, le décret était étendu à Madagascar. Le Sénégal doit fournir désormais 7 000 hommes, le Haut-Sénégal 5 600, la Guinée 4 000, la Côte d'Ivoire 4 200, le Dahomey 2 500, etc., etc. À partir de 1922, cette armée formera trois classes et atteindra un effectif de 100 0000 hommes. Madagascar, la Côte des Somalis, les îles du Pacifique fourniront aussi 100 000 hommes, et enfin 100 000 seront levés en Algérie et au Maroc. Ces contingents serviront trois ans, dont deux passés en France.

L'armée noire a été utilisée pendant la guerre, partie sur le front français, partie sur les autres théâtres de la guerre. Des régiments noirs sont allés en Macédoine, ils ont occupé les consulats ennemis en Grèce, ils ont été employés contre la Russie ; il y en a en Syrie, et l'opinion publique a appris en même temps leur utilisation comme troupes d'occupation dans la région du Rhin et les scandales honteux qui leur sont imputables là-bas.

Il est hors de doute, d'autre part, que cette armée, dans les mains de chefs militaires comme ceux que nous connaissons, ferait merveille en cas de coup d'État. Et quel admirable instrument le capitalisme aura en elle quand il s'agira pour lui de mater une population ouvrière qui refuse d'enrichir les riches et, d'ajouter à la puissance des puissants ! Les révolutionnaires doivent compter que la clique du Bloc national n'hésitera pas, si elle le peut, à réprimer toutes les tentatives de grève générale et d'insurrection par l'emploi de ces misérables êtres dépaysés, chez lesquels on développe, pour en faire des mécaniques dociles, l'alcoolisme et bien d'autres vices encore.

Pourtant, si nous en croyons des nouvelles récentes, l'armée noire commencerait à manifester sa répugnance à servir les desseins de la classe qui exploite la France. Des soulèvements auraient éclaté ça et là.

Nous considérons comme un crime d'arracher des hommes, sur lesquels on exerce la supériorité de la violence, à leur brûlante patrie pour les déporter dans nos climats froids, leur inoculer les vices et les tares de nos « civilisations » ou les livrer à la tuberculose, en attendant de les envoyer au massacre. Nous considérons comme une faute d'enlever au travail tropical des travailleurs que nul ne peut y remplacer. Le fruit de leur labeur volontaire nous serait plus profitable, à nous travailleurs, que leur oisiveté dans nos casernes.

Enfin, pour l'homme de couleur comme pour l'homme blanc, le temps est arrivé d'affirmer le droit sacré que le militarisme leur enlève, de refuser le sacrifice de leur vie à des intérêts qui ne sont pas les leurs.

Marthe BIGOT.

 

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Le chômage en banlieue

OÙ APPARAIT L'EXPLOITATION DE LA MISÈRE

Les chômeurs sont nombreux en banlieue. La crise gagne chaque jour et s'étend rapidement.

On nous avait signalé que le long de la ligne de l'Est, un peu avant d'arriver à la gare de Noisy-le-Sec et devant une usine dont la construction est à peine terminée, un grand tableau offrait du travail aux chaudronniers, tôliers, riveurs. On nous avait même assuré que cette pancarte aux dimensions respectables était là depuis plusieurs semaines. Alors que le chiffre des chômeurs atteint déjà le chiffre de 100 000 dans la Seine, on embauche à Noisy-le-Sec. Cela ne pouvait manquer de nous intriguer, et, hier matin, nous sautions dans le train, un brave train banlieusard qui, pour permettre aux voyageurs d'admirer le paysage, fait une petite halte tous les cent mètres.

Sur le plateau de Noisy, où le froid est piquant, nous partons aux renseignements.

- Dans la métallurgie, le chômage est important, environ 50 %, répond-on à nos premières questions. À l'usine de la Madeleine (fonderies, forges et aciéries de la Seine), les « mises à pied » sont de plus en plus nombreuses. En ce moment 400 sur un personnel de 873.

Et notre interlocuteur nous explique que la « mise à pied » peut être provisoire ou illimitée. Bref, c'est le chômage.

- La proportion est-elle la même dans toutes les usines ? demandons-nous.

- Non pas ! À l'usine de la Folie qui, comme celle de la Madeleine, appartient aux Fonderies de la Seine, on ne débauche pas.

- Mais alors, quelles sont les véritables raisons ? Manque de commandes ?

- Les patrons le disent. Quant à nous, nous n'en croyons rien ; comme, du reste, nous ne croyons pas à la pénurie de matières premières. Ce qu'on veut, c'est débaucher en masse... pour réembaucher à un prix inférieur. La consigné est donnée. Que l'ouvrier soit très capable ou non, cela n'a aucune importance. Au moindre prétexte, on le renvoie. Lorsqu'à la maison les petits auront froid et faim, l'ouvrier sera bien forcé de revenir frapper à la porte des directeurs. C'est alors qu'on lui imposera de dures conditions.

- C'est l'exploitation de la misère, cela.

- Simplement.

À l'usine Pinchart-Deny - où l'on « embauche », dit la grande pancarte, - on est sobre de renseignements.

- Vient-il beaucoup de chômeurs ?

- Non, pas énormément, nous répond en maugréant le gardien.

- Serait-ce parce qu'ici on offre un salaire dérisoire ?

- Je l'ignore.

- Qui embauche ici ?

- C'est moi.

- Et vous ne savez pas à quel tarif ?

- Non !

Il était, inutile de discuter plus longtemps. Nous n'avons pas insisté.

A. V.

 

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L'AMNISTIE

Le onze novembre approche et le cinquantenaire de la République aussi, puisque que M. Maurras a interdit la fête à sa vraie date du 4 septembre.

Le transfert du cœur de Gambetta au Panthéon, une pompe militaire et chauvine, voilà ce que le Bloc national a trouvé pour célébrer la cinquantième année de ce régime fondé par le peuple au prix de tant de sang et dans une si vaste espérance.

Mais nos gouvernants ne vont-ils pas au moins profiter de cette occasion pour rendre à la liberté tous les bons citoyens condamnés ou emprisonnés pour leurs opinions, tous les soldats victimes des rigueurs odieuses de la justice militaire ? Y aura-t-il enfin une amnistie digne de ce nom, pour les victimes de conseils de guerre, les marins de la mer Noire, les travailleurs condamnés à la suite de la Grande Grève, les inculpés du Complot, crime judiciaire sans précédent dans l'histoire.

Certes, le Bloc national nous a appris à ne nous étonner de rien. Mais il serait vraiment stupéfiant que les maîtres de la République bourgeoise osassent célébrer le cinquantenaire du régime sans imiter le geste des pires despotes à leur « joyeux avènement ». Y aura-t-il dans les conseils du gouvernement un homme qui comprendra la nécessité historique de l'amnistie et aura la force de persuader ses collègues ? Ou bien M. Millerand, M. Leygues et les autres voudront-ils affirmer que, même le jour du cinquantenaire de la République, c'est la force qui seule doit présider aux rapports de la bourgeoisie dirigeante et du prolétariat et que la lutte de classes ne peut pas même faire trêve une journée par demi-siècle ?

M. Millerand, président de la République, mais plus que jamais chef du gouvernement et responsable, décidera. Nous aimons à croire qu'il pèsera la gravité de l'acte.

Depuis la fin de la guerre, d'incroyables provocations ont été commises contre la classe ouvrière par la bourgeoisie de combat que le triomphe de la réaction a portée aux affaires. Mais le refus de l'amnistie à l'occasion de cette commémoration serait un défi dont l'insolence et la brutalité dépasseraient tout !

Nous attendons.

Daniel RENOULT.

 

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CE QUE WELLS A VU EN RUSSIE

Le gouvernement soviétique, dit-il, est le seul gouvernement possible en Russie, à l'heure actuelle

On sait que H.-G. Wells, le grand [écrivain, a] passé le début du mois d'octobre en Russie.

Il est d'un suprême intérêt de savoir comment un esprit aussi éminent et aussi vigoureux, juge la situation présente, dans l'immense contrée qui va [d'Arkangel] à Odessa :

Le Progrès Civique publie dans son numéro d'hier la première partie d'une relation que Wells lui a adressée.

On remarquera cette phrase : le gouvernement (soviétique), je voudrais le dire tout de suite, est le seul gouvernement possible en Russie à l'heure actuelle.

En Janvier 1914, j'ai passé une quinzaine de jours à Pétrograd et à Moscou.

En septembre 1920, M. Kamenev, de la délégation commerciale russe à Londres, me suggéra de faire une nouvelle visite en Russie.

Je saisis au vol cette proposition. et je partis à la fin de septembre avec mon fils qui parle quelque peu la langue russe.

Notre séjour dans la République des Soviets dura seize jours.

La plus grands partie de notre temps fut passée à Pétrograd où nous avons circulé très librement et sans être accompagnés, et où on nous a montré à peu près tout ce que nous avons demandé à voir.

Nous avons visité également Moscou où j'eus avec Lénine une longue conversation que je rapporterai.

À Petrograd, nous ne descendîmes pas à l'Hôtel international - où sont envoyés les étrangers - mais chez mon vieil ami Maxime Gorki.

Pour guide et interprète, on nous donna une dame que j'avais déjà connue en Russie en &914 et qui est la nièce d'un ancien ambassadeur russe à Londres.

Cette dame a été élevée en Angleterre. Elle a été emprisonnée cinq fois par le gouvernement bolchevique, et il ne lui est pas permis de quitter Petrograd depuis qu'elle a essayé de passer la frontière pour rejoindre ses enfants en Esthonie.

Pour toutes ces rainons, c'était bien la dernière personne qui se fût prêtée à une tentative quelconque de tromperie à mon égard.

Je crois utile de dire cela parce que de tous côtés - aussi bien en Angleterre qu'en Russie - j'avais été averti que, d'un bout à l'autre de ma visite, je serais promené à travers un camouflage très complet des réalités.

En fait, les dures, les terribles réalités de la situation actuelle de la Russie ne peuvent pas se camoufler.

Tout au plus, peut-on imaginer que, dans le cas de délégations spéciales, les délégués ont pu ou puissent être conduits parmi un tumulte de réceptions, de fanfares et de discours de façon à distraire leur faculté d'observation.

Mais il n'est guère possible de maquiller deux grandes villes comme Petrograd et Moscou et de leurrer, par de tels procédés, deux visiteurs errants qui vaguent à leur gré dans leurs enquêtes - et souvent en directions différentes,

Naturellement. quand on demande à voir une école ou une prison, on peut être certain que ce n'est pas le pire du genre qui sera exhibé. N'importe quel pays, dans de telles circonstances, montre ce qu'il a de mieux. La Russie des Soviets, en cela, ne fait pas exception. Mais c'est une chose dont on doit et peut tenir compte.

L'impression dominante qu'on éprouve aujourd'hui en Russie est la sensation qu'on est en face d'un vaste et irréparable effondrement.

La grande monarchie qui était ici, en 1914 ; le système administratif, social, financier et commercial de cette monarchie : tout cela est tombé sous les efforts de dislocation d'un état de guerre qui n'a pas cessé depuis six ans. Tout cela gît à terre, complètement fracassé

Jamais dans l'histoire du monde, il n'y eut de pareille débâcle.

Le fait de la Révolution politique, dans mon esprit, n'est pas comparable en importance au fait de cette totale destruction d'un système.

À cause de sa pourriture inhérente, à cause aussi des coups que lui a portés l'agression étrangère, la partie russe du vieux monde civilisé de 1914 est complètement disparue.

La classe paysanne qui était la base de la vieille pyramide reste épandue sur la terre, vivant, il est vrai, à peu près comme elle a toujours vécu.

Mais tout le reste s'est écroulé ou s'écroule.

Au milieu de cette immense désorganisation un gouvernement de circonstance, soutenu par un parti discipliné qui comprend peut-être 150 000 adhérents (1) - le Parti communiste - tient le pouvoir.

Ce gouvernement - au prix de nombreuses exécutions sommaires - a supprimé le brigandage, rétabli à peu près l'ordre et la sécurité dans les villes exténuées, et réussi tant bien que mal à ravitailler la population par rationnement.

Ce gouvernement (je voudrais le dire tout de suite), est le seul gouvernement possible en Russie à l'heure actuelle.

Il représente la seule idée de solidarité qui ait subsisté. Toutefois ceci est secondaire.

Le phénomène qui, à notre point de vue d'occidentaux, domine toutes choses c'est ce fait - déconcertant et menaçant - qu'un système social et économique à peu près pareil au nôtre, et intimement lié au nôtre, s'est totalement écroulé.

Nous allons visiter cet éboulis immense, nous allons observer, interroger ceux qui vivent, espèrent ou désespèrent au milieu de ces ruines.

H.-G. WELLS

1) En fait, le Parti Communiste est quatre fois plus nombreux.

 

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À Moscou ??

Aux termes d'une décision récente du Conseil d'administration de l'Humanité, tous les articles ayant trait à la question de l'internationale seront dorénavant publiés en 2e page. Nous donnons donc en cette place l'article de Léon Blum qui fait suite, à ses deux precedents leaders.

Du Congrès constituant de Moscou est issu un corps de doctrines, vaste et complexe, mais accusant dans sa complexité une redoutable logique. On pense bien que je ne prétends pas le soumettre ici à une dissection complète : cette série d'articles n'y suffirait pas. Mais je voudrais du moins en faire toucher les centres essentiels : conception révolutionnaire, d'une part, principes d'organisation et règles tactiques qui y correspondent, d'autre part. Et, pour aujourd'hui, je tenterai de représenter à nos camarades quelle est l'organisation de parti entièrement nouvelle que Moscou leur impose, et qu'il leur faudrait instaurer demain par une conséquence inéluctable de l'adhésion.

La constitution actuelle de notre Parti est, dans son fond et dans sa forme, essentiellement populaire. Le principe qui la domine est inscrit dans nos statuts : « La direction du Parti appartient au Parti lui-même ». Les sections en sont les cellules vivantes. Aux militants eux-mêmes, réunis dans leurs sections, il incombe de dégager la pensée et la volonté collectives qui deviendront la doctrine et la règle d'action du Parti. Cette volonté et cette pensée, formées en bas, dans la masse profonde des travailleurs, remontent de degré en degré, d'étape en étape, de La section à la Fédération, de la Fédération au Congrès qui les recueille et les exprime souverainement. L'organisme auquel, dans l'intervalle des Congrès, est remis le pouvoir exécutif, c'est-à-dire le Conseil national - et non pas la C.A.P. comme on se l'imagine communément - se recrute clans les mêmes conditions que le Congrès, et agit sous les mêmes impulsions venues de la base. Point de chefs imposant leurs décisions ou leurs vues, mais des mandataires, dont le rôle unique est [d'inperpréter] la pensée collective, d'exécuter la volonté collective.

Pure construction théorique, m'objectera-t-on. Mais non. Car on a mis à la portée de chacun de nous les moyens d'obliger la théorie à se traduire en réalités. Pour garantir la prédominance populaire, on a prévu partout la responsabilité et le contrôle. Pour que la volonté et la pensée populaires ne soient méconnues dans aucune de leurs parcelles, on a installe la R.P. partout, dans les sections, dans les Congrès, dans les organes de direction. Partout le même souffle de liberté et - si j'osais me servir du mot - de démocratie véritable. Dans la presse, aux termes du Pacte d'Unité, une liberté de discussion entière pour toutes les questions de « doctrine et de méthode ». À chaque individu, dans les limites de cette foi commune qui sacre le socialiste, et sans laquelle on n'aurait rien à faire parmi nous, la même indépendance, garantie. L'Unité elle-même - toute l'histoire du Parti en témoigne - toujours conçue et pratiquée, non comme l'assujettissement à une orthodoxie obligatoire, mais comme une harmonie libre et vivante entre toutes les variétés de la doctrine et de la tactique socialistes.

Voilà ce qu'est aujourd'hui notre Parti. Que serions-nous tenus d'en faire demain ? Tout le contraire. Il nous faudrait le réorganiser conformément au principe que Moscou qualifie de « centralisation démocratique » je ne sais trop pourquoi d'ailleurs, car je vois bien à quoi répond le substantif centralisation, mais je cherche en vain ce que vient faire là l'épithète démocratique. En réalité, toute l'organisation de Moscou repose sur le principe d'autorité ou même d'autocratie. Au lieu que la volonté et le pouvoir remontent, comme aujourd'hui, de la base au sommet, ils sont concentrés au sommet pour redescendre, de degré en degré, jusqu'à la base. Le Parti ne se dirige plus lui-même. Il est dirigé. Sa direction appartient à un Comité central nanti des attributions les plus étendues. Ce comité doit faire régner « une discipline de fer » sur l'ensemble du Parti. Chaque organisme, chaque « comité », comme disent les thèses, doit être obligatoirement soumis au comité qui lui est hiérarchiquement supérieur. Et il est contre-révolutionnaire de revendiquer pour les groupes locaux une vie autonome. (Condition 12, première thèse du Recueil Frossard, n° 14 et 16).

Veut-on se faire une idée de la nature des pouvoir du Comité central ? Il exerce une véritable censure sur la presse du Parti - presse centrale ou presse locale, on ne distingue pas - qui doit lui être « entièrement subordonnée ». Non seulement sur la presse, mais sur toutes les éditions, sur toute la littérature du Parti désormais soumise à une sorte de Bureau de l'Index. Si une section ou une fédération désignent un candidat à une élection, le Comité central peut l'écarter par son exclusive; Le Comité central désigne, dans le groupe parlementaire, un représentant muni du droit de veto. Il désigne ou écarte les orateurs qui interviendront dans une question donnée. Il se fait représenter les thèmes généraux ou même le texte complet de leurs discours. (6e thèse, n° 1 et 2).

Ce n'est pas tout : on trouve dans les conditions - n° 8 des 9 et 3 des 21 - un texte qui, jusqu'à présent, n'a pas toujours été bien compris, mais dont l'ensemble des thèmes éclaire le sens. C'est le texte relatif à ce qu'on qualifie « l'action illégale du Parti ». S'il ne s'agissait que de revendiquer pour le Parti socialiste, le droit de ne pas s'asservir à la légalité capitaliste, j'en tomberais aussitôt d'accord. Mais ce n'est pas là seulement ce que les thèses signifient. Leur sens vrai n'est pas seulement que le Parti doit, le cas échéant, combiner une action illégale avec l'action légale, mais aussi, mais surtout qu'il doit superposer à l'organisation patente, publique, officielle toute une organisation occulte et clandestine. Les preuves sont abondantes et formelles : (Thèse 1, n° 17, thèse de Zinoviev sur les conditions d'admission, n° 12, etc., etc.)

Qu'on ne vienne donc plus nous dire que le Comité central, en dépit de ses pouvoirs dictatoriaux garde cependant comme une essence démocratique, parce qu'élu dans les Congrès publics du Parti. Car ce Comité central ne serait lui-même que le prête-nom d'un comité occulte nanti sur lui de la même autorité impérieuse que le Comité central sur l'ensemble du Parti. Il est bien clair, en effet, chaque fois qu'une organisation publique et une organisation occulte coexistent que l'organisme public n'est plus, par la force des choses, que le paravent et la façade de l'organe clandestin en qui réside et se rassemble toute la force réelle d'action. C'est d'ailleurs ce que reconnaît formellement Lénine (thèse n° 1) : « Les partis communistes doivent apprendre à juxtaposer l'action légale et l'action clandestine, cette dernière devant toujours contrôler effectivement la première... » Et comment seraient composés, recrutés ces centres clandestins ? On ne nous le dit pas, on ne peut pas nous le dire. Il est certain que nous ne verrions pas, dans les Congrès communistes, mettre aux voix la nomination du Comité central occulte après celle du Comité central public. Il faut, de toute évidence, que ses membres soient désignés en dehors de l'intervention du Parti même. J'ai beau chercher, je ne puis découvrir d'autre mode de désignation que par le Comité exécutif de l'Internationale elle-même, et qui sait ? peut-être Cachin a-t-il rapporté de Moscou, dans sa poche, le bref qui intronise d'avance les légats secrets et tout-puissants.

Ce n'est pas tout encore. Le Parti soumis au Comité central public, le Comité central public soumis au Comité central occulte, mais le Comité central occulte de chaque nation soumis par une obédience aussi stricte au Comité exécutif de la IIIe internationale. (Conditions n° 9 des 9 et 16 des 21). La presse elle-même est au service du Comité. exécutif (Condition n° 18). On nous assure que le Comité exécutif se rendra un compte parfait des conditions particulières dans lesquelles travaille chaque parti national, mais nous savons par l'exemple italien que Moscou n'est pas disposé à laisser tomber son autorité en quenouille. Moscou se considère comme le centre directeur de la Révolution universelle, on n'y renoncera pas à donner des ordres, des ordres positifs d'action qui, transmis par les degrés successifs d'une stricte hiérarchie, obligeront les simples militants sans qu'ils y aient pris aucune part ! Et dire que dans l'organisation actuelle du Parti, on entend parfois parler de tyrannie, de la tyrannie des élus, par exemple !!! on les connaît du moins, on les a sous sa main, on sait à qui s'en prendre. Mais que penser de cette tyrannie lointaine, anonyme, où la subordination passive de la masse n'a même pas pour contre-partie la responsabilité publique des chefs.

Toute cette hiérarchie despotique régnera sans résistance et sans partage, car, bien entendu, 1a. R.P. est éliminée de l'organisation communiste. Et pourquoi une R.P. en effet, puisque dans ce nouveau modèle de parti il n'existera ni variété de pensée, ni dissidence tactique. Autorité absolue, d'une part, homogénéité absolue, de l'autre, tels sont les deux principes essentiels. Comme Fritz Adler l'a fait ressortir avec tant de force, le communisme exige à l'intérieur du Parti non plus l'unité telle que nous l'entendions, mais i'uniformité totale. À quoi répondrait la R.P. entre des hommes qui pensent tous exactement sur le même patron ? Et l'on est bien sûr qu'ils penseront tous de même, puisque l'on exclura ceux qui pensent différemment. Exclusion de tout ce qui est suspect de « réformisme » et de « centrisme ». Exclusion de tout ce qui se prononcera, au prochain Congrès, contre les principes de la IIIe Internationale. Épuration périodique des partis communistes pour préserver leur pureté intégrale. Je n'insiste pas sur ces conditions que l'on connaît trop. Je sais que l'on prévoit des exceptions ; je sais que l'on nous promet une commission des grâces. Mais c'est l'esprit qui importe, n'est-ce pas ? Et l'esprit de l'organisation communiste c'est bien de sarcler tout ce qui manifestera une velléité de critique, de discussion, d'hérésie.

Cette conception du Parti ou, comme disait Adler, de la secte entièrement homogène rendra le recrutement plus étroit. Mais il importe peu : les thèses proclament et répètent qu'il ne s'agit pas d'une question de nombre. Elle provoquera, dès à présent, des déperditions, des scissions, mais on ne les éviterait qu'en sacrifiant à notre vieille idée, à notre idée « mensongère » de l'Unité, et le camarade Varine en accueille la perspective avec une désinvolture orthodoxe... Et qu'on n'aille pas prétendre que je force, que je pousse - la charge. Ou bien les mots n'ont plus de sens, ou bien les principes d'organisme communiste sont ceux que j'expose, et que le fait même de notre adhésion, je le répète, nous obligerait à instaurer demain, car ils nous sont imposés non par la lettre, mais par l'esprit, de la doctrine nouvelle...

Veut-on cela ? Consent-on à cela ? C'est toute la question. Pour moi, je ne considère pas notre organisation actuelle comme intangible. Je sais, par expérience, qu'elle répond en grande partie aux difficultés particulières qui ont accompagné la constitution de l'Unité. Je suis prêt à la réviser, à la resserrer nationalement et internationalement. Mais je tiens aux principes qui l'ont inspirée. Je me refuse ù reconstruire le Parti sur le modèle de la Charbonnerie ou de la Franc-Maçonnerie d'autrefois. Je me refuse à y introduire une discipline impérative partie du sommet. Je me refuse à le concevoir comme une sorte de vaste Société Secrète. Et, s'il faut absolument choisir, je préfère encore ce qui est à ce qu'on nous offre.

Léon BLUM.

 

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L'AVORTEMENT EN CORRECTIONNELLE

On sait que, récemment, la Chambre a voté une loi décidant que l'avortement serait, désormais, un simple délit soumis à la juridiction correctionnelle.

Hier la loi a reçu sa première application dans la Seine.

La 11e Chambre a condamné Mme Cabarat, à six mois de prison.

 

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PARTI SOCIALISTE

15e Javel. - Le vote sur l'adhésion à Moscou, aura lieu â la Section, le 6 novembre. Seuls y prendront part les militants adhérents avant le 6 mai, et à jour de cotisation jusqu'au 1er août, avec un timbre de solidarité.

Fontenay-sous-Bois. - Tous les camarades devront assister à la réunion du 6 novembre, où se terminera la discussion sur l'Internationale. Ne pourront prendre part au vote que les camarades à jour de leurs cotisations.

 

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Victoire des Rouges sur Wrangel

Prises d'Aleskl, de Berdiansk et de Nogaisk

Moscou, 29 octobre. - (Par radiotélégramme). - Dans la région de Kherson, nous avons occupé la ville d'Aleski et une série de localités au sud et au nord-est de cette ville. Dans la région de Nicopol, des combats continuent à notre avantage. D'après les nouvelles complémentaires, au cours des combats du 25 octobre nos troupes ont capturé 11 000 prisonniers, 3 canons, 54 mitrailleuses et 100 fourgons de munitions. Dans la région, de Bordiansk, nous avons occupé Borodiansk et Nogaisk.

 

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Le Congrès socialiste belge

Bruxelles, 30 octobre (par téléphone de notre correspondant particulier). - Le Congrès socialiste belge a tenu, dams la matinée sa première séance.

561 délégués y assistaient représentant 575 056 membres.

Le Congrès a ouvert sa séance par une résolution décidant d'envoyer une adresse de félicitations aux mineurs anglais.

La première journée a été consacrée aux débats sur l'Internationale.

On a entendu trois orateurs : van Roesbreek, secrétaire du parti et rapporteur ; Massart, et, enfin, Emile Vandervelde.

Trois ordres du jour étaient en présence :

Un ordre du jour présenté, par Vandervelde et Van Roesbreeck, favorable au rapport sur le Congrès de Genève, et émanant du Conseil générai.

Cet ordre du jour constate que les 21 conditions de Moscou constituent non seulement une manœuvre de division du prolétariat, mais sont encore aussi la négation des principes fondamentaux du socialisme, tel qu'ils ont été admis par les congrès internationaux.

Un ordre du jour présenté par Massart et Jacquemotte et émanant de la fédération bruxelloise, dont voici la substance :

Quittez la IIe Internationale et reconstruisez une Internationale d'action ayant pour base le principe de la lutte de classes.

Un troisième ordre du jour émanant d'un groupe de Chatelineau, et repoussant l'adhésion à la IIe Internationale et se prononçant pour la reconstruction d'une Internationale comprenant tous les partis adhérents actuellement à la IIIe et ceux qui sont sortis de la IIe Internationale.

 

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En Allemagne

La fusion des communistes et des Indépendants de gauche

Berlin, 26 octobre. - (De notre correspondant particulier.) - La Rote Fahne publie un appel signé de Zinoviev et des deux comités centraux du parti communiste et du parti indépendant de gauche. Cet appel invite les prolétaires à se réunir dans le parti communiste unifié d'Allemagne.

Aux indépendants il dit : Votre marche a été jusqu'ici difficile parce que vous avez eu à combattre avec la fausse idéologie des Hilferding et consorts. Votre énergie avait beau être bandée, on vous coupait les bras avec des « actions » parlementaires. Or la dictature de la bourgeoisie ne peut être vaincue que par la dictature du prolétariat qui opposera la violence à la violence, la terreur à la terreur. Les chefs de droite ont constamment fait obstacle aux leçons des Révolutions russe et allemande avec des phrases opportunistes. Mais vous avez enfin trouvé la force de déchirer vos liens, vous avez écarté les obstacles qui s'opposaient entre vous et le communisme.

L'appel se tourne ensuite vers les camarades du Parti communiste ouvrier :

Nous ne voulons vous faire aucun reproche : en vous séparant des autres communistes, vous avez cru, de bonne foi, mieux servir la Révolution. Mais nous croyons que vous devez réfléchir au passé. Beaucoup de choses, que vous ne croyiez pas vraies sont apparues comme véritables ; vous avez vu passer au camp des contre-révolutionnaires les Woffheim et Lauffenberg que vous considériez naguère comme des révolutionnaires. Vous avez vu votre chef Otto Ruhb fournir d'arguments la Ligue anti-bolcheviste dans les questions du parlementarisme des syndicats, mais vous avez vu qu'au Congrès de Moscou, elle a été approuvée par les communistes de tous les pays, tandis que vos délégués n'ont même pas osé y prendre la parole. Nous espérons que vous réfléchirez et collaborerez à la grande œuvre à laquelle nous vous convions. Votre place est aussi dans le Parti communiste unifié.

La Kommunistiche Arbeiter-Zeitung, organe du Parti communiste ouvrier, qui a pris position contre Otto Ruhle, répond à l'appel ci-dessus en déclarant qu'il n'y a même pas lieu de le discuter. Le parti communiste, aujourd'hui qu'il est dilué par les éléments de gauche du parti indépendant va incliner de plus en plus vers la droite et les directives de Moscou n'empêcheront rien à cela. Les communistes ouvriers refusent absolument le rôle qu'on leur assigne d'agir comme contre-poison à l'opportunisme de Lévy et de Daumig. Ils resteront à l'écart tant que le nouveau parti communiste unifié n'aura pas prouvé par des actes ce qu'il est capable de faire pour la Révolution.

Le rapport de Thalheimer

D'après le rapport fait au comité central du parti communiste par Thalheimer, voici où en est la fusion entre les communistes et les indépendants de gauche.

Il o'a pas été difficile de se mettre d'accord sur l'action commune des comités centraux. On formera un comité central provisoire composé par parties égales d'indépéndants de gauche et de communistes et présidé par un représentant du comité exécutif de Moscou.

Des divergences de vues se sont manifestées sur la question à laquelle les communistes attachent le plus d'importance : la fusion dans les groupes locaux ; les indépendants de gauche désirent que les groupes des deux partis continuent d'exister séparément jusqu'à ce que la fusion soit décidée par un congrès ; les communistes demandent que le travail commun commence tout de suite et qu'il soit fait des réunions communes aux deux partis.

Les indépendants ont exposé au cours de la discussion que les sections les plus petites viennent se réunir aux plus fortes. Cette proposition a été repoussée par les communistes parce qu'elle aurait pour conséquence le passage des troupes communistes au parti indépendant. Les communistes sont unanimes à réclamer la fusion pure et simple des indépendants avec les communistes.

Plusieurs orateurs communistes ont fait ressortir les difficultés qu'ils éprouvent avec les indépendants pour la fusion. À Berlin, les indépendants de gauche des sections répugnent à la fusion ; à Bade, ils ont lancé un appel contre l'entrée dans le parti communiste ; en Silésie, où ils étaient disposés à la fusion immédiate, ils ont changé d'avis après pourparlers avec le comité centrai de Berlin. Dans le bassin de la Ruhr, ils préparent également des difficultés.

Les adieux de Zinoviev aux ouvriers allemands

La Rote Fahne publie ce matin un adieu de Zinoviev à la classe ouvrière allemande.

Dans cet adieu, Zinoviev dit que partout les représentants des tendances social-patriotes et social-pacifistes, se disent « en principe » pour la IIIe Internationale, mais discutent son organisation. Ils font cela parce qu'ils savent très bien que le cœur des ouvriers allemands est pour la IIIe Internationale et qu'il en serait vite fini d'eux s'ils proposaient, en la combattant, de combattre la Russie des Soviets.

« Nous sommes venus à Halle pour poser la question comme elle doit l'être : démocratie bourgeoise au dictature prolétarienne, réforme ou révolution mondiale, défense des chefs jaunes de l'Internationale syndicale ou création d'une Internationale syndicale rouge. Les chefs de droite ont repoussé notre offre de formuler leurs objections aux vingt et une conditions parce qu'ils n'ont pas osé dire qu'ils ne veulent pas de la révolution mondiale ni de la dictature prolétarienne. En revanche, ils ont soutenu les mencheviks russes, c'est-à-dire une contre-révolution russe. Ces hommes, qui ont joué en Russie le même rôie que Noske et Scheidemann, ont, en 1917, continué la guerre impérialiste, et ont fusillé les ouvriers da Pétersbourg. '

« Les chefs de droite disent qu'ils continuent à soutenir la Russie des Soviets ; c'est un mensonge, attendu que quiconque combat la IIIe Internationale avec des moyens aussi malpropres que le font Hilferding et Cie, combattra fatalement la Russie des Soviets avec les mêmes moyens. Les débats au Reichstag sur mon expulsion ont montré que les chefs de droite ne forment qu'un front avec les gardes blancs de l'Orgesch.

« J'ai dit à Halle que las gens de l'Orgesch sont moins dangereux et antipathiques que les chefs jaunes des Syndicats. En m'expulsant, M. Severing, ministre de l'intérieur, M. Richter, préfet de police de Berlin, qui sont socialistes majoritaires et anciens fonctionnaires syndicaux m'ont donné raison.

« Les bourgeois sont si têtus qu'ils croient toujours tirer profit des scissions dans les partis ouvriers. Mais pas du tout ! Si nous retirons d'un certain nombre un nombre négatif (s'exprimant par moins) le nouveau nombre ne sera pas plus petit mais plus grand. Si nous séparons d'un parti révolutionnaire sa fraction contre-révolutionnaire, ce parti révolutionnaire ne sera pas plus faible mais plus fort. Si l'on exclut d'un bon régiment une douzaine ou une centaine de lâches, ce régiment n'en deviendra que plus vigoureux et plus offensif. Voilà la situation dans le parti indépendant.

« La classe ouvrière allemande est à la veille de nouveaux combats, de nouveaux sacrifices ; nous les suivrons avec attention et avec espérance. »

F. CAUSSY.

 

Les fonds du parti indépendant

Berlin, 30 octobre. - Le tribunal du premier district a écarté la requête par laquelle les néo-communistes demandaient à ce qu'il fût interdit aux membres de l'ancien comité du parti socialiste indépendant de disposer des fonds du parti qui avaient été déposés dans diverses banques, tout au moins jusqu'au prononcé définitif de la Cour quant à l'attribution à donner à ces fonds. - (Radio.)

 

Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du dimanche 31 octobre 1920

 

le 30 octobre 2020

 
 

Il y a cent ans : L'Humanité au jour le jour

 
 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)