Fédération de l'Oise

Fédération de l'Oise
Accueil

Gardanne. Le Maire demande au Préfet une solution pour les Roms

le 12 mai 2014

Gardanne. Le Maire demande au Préfet une solution pour les Roms

Pour Roger Meï, les familles n'ont pas vocation à rester au puits Z. Selon lui, l'État doit prendre ses responsabilités et donner, enfin, des réponses.

Pour le Maire Roger Meï, l'État doit reloger les Roms du puits Z dont les installations ont été mises à disposition d'une douzaine de familles par la Ville depuis septembre 2012.

La Provence, le 12 mai 2014

Documentaires et films

le 12 mai 2014

Pétrole une histoire sans fin

Anne-Fleur Delaistre - France, 2013, 53mn

54 minutes pour faire le tour d’un sujet aussi difficile, c’est possible, ce documentaire le prouve. Sa recette est simple: faire appel aux meilleurs spécialistes du sujet, pratiquer la concision en donnant quelques ordres de grandeurs. Tout y passe : historique, enjeux géopolitiques, nombreuses explications sur les technologies et les limitations géologiques, projection dans le futur avec un éclairage sur la réalité des besoins actuels et futurs, nouveaux types de pétroles… Alors que les débats sur l’énergie se résument trop souvent à un débat sur l’électricité avec l’opposition systématique qui est faîte entre le nucléaire et le renouvelable, ce documentaire décentre le point de vue, et revient à l’essentiel : préparer l ’après pétrole contraint par la limitation des ressources et la nécessaire limitation des gaz à effet de serre.

Carbonisés. Les pétroliers ennemis du climat

Allemagne - Réalisé par Inge Altemeier 51mn 2011

Un problème peu médiatisé: le gaspillage du gaz brûlé dans les torchères dans les champs pétrolifères.

En effet, le pétrole est mélangé avec du gaz dans le sous-sol, gaz dont les pétroliers se débarrassent en le brûlant sur place, avec des émissions massives de CO2 et de polluants directs nocifs pour la santé des populations. Voyage en Amérique du sud où l’Équateur a su imposer de bonnes pratiques environnementales avec la récupération de ces gaz pour produire de l’électricité, alors qu’au Nigeria et en Russie les compagnies Total, Shell et BP agissent en toute impunité.

L’Europe, elle, s’est doté d’une législation contraignante mais continue massivement d’importer ce pétrole « sale » en fermant les yeux. Des populations entières en Afrique sont ravagées par l’exploitation de ce pétrole dans des conditions désastreuses, pétrole qui est débarqué tous les jours sur les grands ports de France. Sans la moindre protestation ou manifestation, alors que des mots d’ordre de s’enchaîner aux grilles des centrales nucléaires ou de constituer des chaînes humaines sont régulièrement lancés… chacun ses priorités…

 

Les derniers jours de l'homme

- 10 scénarios pour la fin du monde -

Documentaire de Magnus Sjöstrom (2012, États-Unis, 2 x 53mn)

À travers dix scénarios d’apocalypse, une enquête scientifique sur les menaces les plus sérieuses qui pèsent sur l’avenir de l’humanité. Dans le premier épisode sont listés les risques liés à un déchaînement de la nature: sursauts gamma et autres trous noirs, chutes d’astéroïdes, éruptions volcaniques, visite inopportune d’extraterrestres hostiles ou, plus classique, une pandémie naturelle.

Dans le deuxième épisode, ce sont les dangers provoqués par l’Homme lui-même qui sont avancés: expériences physiques, catastrophe climatique, holocauste nucléaire, intelligence artificielle ou biologie de synthèse. Ces deux films sont surtout des avertissements qui aiguisent notre vigilance et éclairent mieux les débats contemporains technologie/société/démocratie

Traders, le marché secret des matières premières

Un film de Jean Crépu et Jean-Pierre Boris 1h17 - 2013

Bienvenu dans le monde opaque du trading des matières premières. De discrètes entreprises, aux chiffres d’affaires colossaux de plusieurs centaines de milliards de dollars, achètent et revendent des matières premières en spéculant au mépris de la faim dans le monde et des crises économiques. Un secteur où le processus de financiarisation est un des plus aboutis, avec ses marchés de produits dérivés, obligations, dans un monde où la demande est de plus en plus importante avec l émergence de la Chine et de l Inde. Un beau travail d’enquête journalistique.

 

La révolution des cellulessouches?

Documentaire de Clare Blackburn et Amy Hardie, 54mn

Avec la découverte des cellules-souches pluripotentes induites, capables de générer tous les types de cellules présents dans notre corps, il devient théoriquement possible de fabriquer un humain à partir d’un morceau de peau. Une découverte qui pourrait permettre de soigner des pathologies aujourd’hui incurables, mais qui soulève de nouvelles interrogations éthiques. (texte de présentation tiré du site de arte.tv)

L’Appel des 171 pour la vérité

le 12 mai 2014

 

Maurice Audin :

L’Appel des 171 pour la vérité

Le 11 juin 1957, Maurice Audin, professeur de mathématiques à Alger et membre du Parti communiste algérien, est arrêté par les parachutistes commandés par le général Massu. Emprisonné et torturé, il n’est jamais réapparu.

Le 24 mars 2014, était lancé un « appel pour la reconnaissance de ce crime d’État et des violations massives des droits de l’homme par l’armée française durant la guerre d’Algérie ».

Les 171 premiers signataires concluent ainsi l’appel : «nous demandons que les plus hautes autorités reconnaissent le crime d’État qu’a été l’assassinat de Maurice Audin, ainsi que la pratique de la torture et les violations massives des droits de l’homme par l’armée française durant la guerre d’Algérie ». La liste complète des signataires est àretrouver sur le site http://www. humanite.fr/lappel-des-171-pour-la-verite

Livres

le 12 mai 2014

Chercheur au quotidien

SÉBASTIEN BALIBAR

68 pages – éditeur « raconter la vie » - 2014

Courir, faire du vélo… non Sébastien Balibar n’est pas un sportif professionnel mais un chercheur du département de physique de l’ENS. Il travaille dans une cave où se trouve le « réfrigérateur » qu’il a, avec d’autres, patiemment conçu. Un réfrigérateur un peu particulier qui descend près du zéro absolu à -273,15°C. À cette température, la matière est figée à l’échelle atomique.

Tout commence par la réception d’un e-mail de P.-G. de Gennes qui, comme lui, s’intéresse aux dernières découvertes en matière de « supersolidité »! Nous voilà alors partis avec l’auteur à l’aventure, on le suit dans sa course: financements, postes, compétitions. Car la recherche est un métier sans pitié où le premier qui publie est le seul à donner son nom à Sa découverte. C’est dans ce petit livre que Sébastien Balibar nous livre son quotidien de chercheur, de physicien expérimental, il nous fait partager sa passion et le bonheur de comprendre toujours un peu plus.

 

Pour qui souffle le vent?

FRANÇOIS COSSERAT

103 pages – revue « Naturellement » - 2013

François Cosserat est Président du MNLE (mouvement national de lutte pour l’environnement) et a, entre autres, une grande expérience en matière d’énergie. Ici, il traite de façon approfondie la question de l’énergie éolienne. Il le fait avec une grande maîtrise des problèmes techniques, économiques et politiques.

Il n’y a dans cet ouvrage ni a priori, ni approche démagogique. Et surtout son gros avantage est de mettre à notre disposition une approche territoriale des énergies renouvelables. D’emblée, l’auteur plaide pour une période de transition qui mette « progressivement mais résolument les énergies fossiles carbonées de côté pour respecter le climat ». Cette période devrait s’appuyer sur une alliance pouvant d’ailleurs être limitée dans le temps entre le nucléaire et l’ensemble des énergies renouvelables et d’un service public profondément rénové. Mais il faut tout d’abord, mettre en avant l’intérêt général avec la responsabilité individuelle plutôt que les taxes, la vertu et les punitions. L’ensemble des données à prendre en compte n’étant pas évident, l’ouvrage nous propose une lecture rapide suivie, pour les plus tenaces, d’un éveloppement complet qui analyse la question du réseau électrique, de la gestion de l’intermittence ou encore de la situation en Allemagne et du paysage…

Pas moins de 29 questions traitées avec précision et clarté. Il n’y a pas d’autre solution que de lire pour bien saisir la complexité du sujet. Il est important de souligner l’échelle des grandeurs. Par exemple le facteur de charge d’une éolienne est de l’ordre de 20 %. Donc si la puissance indiquée est de 2 MW, en fait elle fournit autour de 0,4MW. La France onsomme environ 490 TWh par an. Cela représenterait 125000 équipements éoliens sur 5% du territoire. La nature intermittente de cette énergie pose des problèmes de réseau et de régulation. Il faut aussi disposer d’une autre ressource à cause des sautes de vent. Ce qui signifie que l’éolien a besoin d’une politique forte d’aménagement du territoire et d’une cohérence globale. L’éolien n’a pas à être paré de toutes les vertus. La question des coûts payés par l’usager le montre aussi, même si certains élu(e)s y voient, à tort, une manne financière! D’où l’importance d’un grand service public. Il y a besoin d’énergies renouvelables mais il faut admettre « qu’elles n’auront dans les prochaines décennies qu’une contribution marginale mais originale ». Loin de tout a priori idéologique, l’auteur nous livre une solide argumentation afin de savoir de quoi on parle quand on aborde la question de l’éolien. À lire donc pour comprendre.

La science pour qui ?

JANINE GUESPIN-MICHEL, ANNICK JACQ

Ouvrage collectif – 125 pages – édition du croquant – 2013

Répondre au malaise qui s’est installé entre le monde scientifique et la société: tel est l’objet de ce livre. Pour y parvenir, une première partie est consacrée aux multiples définitions de la « science » et notamment à la confusion qui est souvent faite entre science et technique: rappels salutaires. Un long développement est consacré au rapport entre science et citoyenneté avec une plongée dans notre système éducatif à travers une analyse de l’enseignement et une critique de son contenu. Les deux auteurs entrent alors au coeur du sujet: la démocratie citoyenne, thème qui est évoqué presque à chaque page (125 pages). Il s’agirait selon les auteurs de construire des collectifs de citoyens qui auraient leur mot à dire face à des expertises tronquées, orientées et sous l’influence de lobbies. Il s’agirait aussi de préférer aux mauvais experts, les bons experts vraiment indépendants et honnêtes, et préférer à la recherche classique, une recherche citoyenne, avec des buts précis, qui réponde vraiment aux besoins sociaux. Ce livre encourage à l’esprit critique qui, selon les auteurs, fait encore trop défaut chez les scientifiques, et surtout chez les ingénieurs, formatés dans leurs grandes écoles à une monoculture techno scientifique et avec peu d’ouverture d’esprit. Enfin, cela traverse tout le fil de l’ouvrage: le système capitaliste et sa mainmise sur l’appareil de recherche, sont pointés du doigt et dénoncés. Un livre utile pour comprendre notre époque et lutter contre les idées faciles et simplistes.

DRH Le livre noir

JEAN-FRANÇOIS AMADIEU

Professeur à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne

Seuil Essais (H.C.)date de parution 10/01/2013 –240 pages - 19.90 € TTC

Ce livre a le mérite de parler ouvertement de ce qui dérange, de mettre en lumière les réalités des pratiques RH en matière de conditions d’embauches, salaires, évaluation, déroulement de carrière, raisons de la gestion et de la réduction des effectifs… Ce complet état des lieux des pratiques RH au sein des entreprises est riche d’enseignements. L’intérêt est multiple. D’abord pour tous ceux qui ne sont pas du métier mais qui cherchent à comprendre pourquoi cette réalité; ensuite, pour les DRH eux-mêmes, qui trouvent dans cet ouvrage le porte-voix pour dire ce qui porte atteinte à la déontologie de la profession et qui prive de sens la mission des DRH. Enfin, pour les syndicalistes qui veulent intervenir pour rétablir le rôle contributif des DRH dans le fonctionnement des entreprises et des fonctions publiques. Le DRH est au carrefour des transformations de l’entreprise et en première ligne pour élaborer les plans de suppressions d’emplois et gérer les conflits sociaux. Mais ont-ils leur mot à dire et combien pèse leur avis face aux financiers qui décident ? Les femmes et les hommes (mal nommé-e-s « ressources humaines ») sont le vecteur essentiel de la croissance de l’entreprise. Les performances économiques et sociales de l’entreprise sont intimement liées. Le dialogue social est de ce fait le levier de la performance globale des entreprises et de l’administration. Et le conflit est un outil de régulation des rapports sociaux. Revaloriser le dialogue social et revaloriser la fonction RH vont de pair.

Comme l’auteur l’indique à la fin de son ouvrage, il s’agit maintenant de ne pas en rester au constat et de combattre ces pratiques discriminatoires afin de contribuer à rendre la société plus juste. L’heure est à la refondation de la fonction DRH. Y parvenir serait un point d’appui important pour combattre le Wall Street Management. Jean-Luc Molins, Secrétaire National De L’ugict-Cgt

Pour une Europe de l’égalité et de la citoyenneté

MARIE-CHRISTINE VERGIAT

120 pages - édition Arcanes - 2014

Ce livre parle d’Europe. Mais il en parle autrement. Il ne s’agit pas ici de « concurrence libre et non faussée » et d’alignement par le bas, mais de solidarité européenne pour une autre mondialisation; pas de murs contre les migrants, mais des ponts pour un avenir commun; pas d’expulsions ni de xénophobie, mais du respect des droits de tous; pas de régressions sexistes et de reculs des droits des femmes, mais une égalité réelle des sexes et des genres. L’état des lieux n’en est pas moins dressé sans complaisance; mais sans défaitisme non plus. Sur chaque sujet – droits des femmes, des Roms, des migrants, « commerce équitable » –, des propositions précises dessinent un autre chemin, celui de l’égal respect des êtres humains et du retour du progrès. Désormais, cela dépend de chacune et de chacun d’entre nous. Citoyens d’Europe, l’avenir est entre vos mains.

Dracula contre les peuples, Le grand marché transatlantique

PATRICK LE HYARIC,

Directeur de l'Humanité, député au Parlement européen

6 euros - éditeur: l’Humanité – 2013

Voici le livre qui révèle en exclusivité le texte sur lequel la Commission européenne négocie, depuis le 6 juillet dernier, avec le gouvernement des USA, dans le secret absolu, la création d’un «marché unique transatlantique. » La Commission européenne et le gouvernement refusent de mettre ce texte à disposition du grand public. Dans ce livre, il est décrypté, disséqué, pour mieux en comprendre les enjeux: - D’où vient ce projet? - Qui est à la manoeuvre? - Au service de qui? - Comment les dirigeants européens et américains tentent de mettre au point un système détruisant la démocratie, la souveraineté populaire, le droit à l’alimentation de qualité, à la santé, à l’environnement, à l’emploi. C’est Dracula contre les peuples.

UNE AUTRE EUROPE, CONTRE L’AUSTÉRITE

POUR LE PROGRÈS SOCIAL, EN COOPÉRATION – UN AUTRE EURO

FRÉDÉRIC BOCCARA, YVES DIMICOLI, DENIS DURAND

140 pages – Le temps des cerises - 2014

La construction actuelle de l’Union Européenne débouche sur un magistral fiasco. C’est qu’elle n’a pas été conçue pour répondre aux besoins solidaires de développement des peuples européens, mais pour tenter d’attirer massivement les capitaux financiers mondiaux par la promotion d’un grand marché financier européen très attractif, et pour développer la concurrence entre travailleurs et peuples pour la rentabilité financière.

Cette Union européenne doit être réorientée et refondée. Pour cela, on ne peut pas se contenter de la « compléter » par une « Europe sociale ». Il faut en réalité, tout en changeant profondément les buts sociaux de cette Europe, s’attaquer aux moyens financiers et établir des pouvoirs démocratiques nouveaux. Et ces trois éléments – objectifs sociaux, moyens, pouvoirs – s’épaulent et se renforcent. Car nous prétendons porter une véritable cohérence de progrès social qui fait gravement défaut dans le débat public. Face à l’austérité, transformer l’euro et l’UE pour le progrès social et avec de nouveaux droits, au lieu de déserter le combat pour un autre euro. C’est possible à partir de la situation actuelle, y compris avec un pôle public bancaire français qui conduirait un bras de fer face à la BCE, appelant d’autres pays à s’y engager. Le paradoxe, c’est qu’alors que cette position est isolée dans le débat médiatique, elle est portée à gauche, dans le mouvement social ou intellectuel, non seulement en France, où le Front de gauche et le PCF ont rendu populaire la mise en cause précise et argumentée de la BCE, mais aussi dans de multiples pays d’Europe avec le Parti de la gauche européenne (le PGE, qui compte notamment Syriza en Grèce, Izquierda Unida en Espagne, Die Linke en Allemagne). Et notre proposition de Fonds européen pour le développement social et écologique solidaire financé par la BCE pour les services publics, converge avec les propositions exprimées très récemment par la confédération européenne des syndicats, le DGB allemand ou bien la CGT française, ou encore l’Alter-Summit européen.

Climat : les derniers rapports du GIEC

le 12 mai 2014

Climat : les derniers rapports du GIEC

Le temps nous est compté: pour limiter la hausse des températures à 2 °C d’ici la fin du siècle, il faut agir dès maintenant avec des politiques titanesques. Tel est le message du nouveau rapport sur «l’atténuation du changement climatique» du GIEC du 13 avril. Ce « résumé» est destiné à éclairer les gouvernements dans leurs choix sur les scénarios de décarbonisation de l’économie. Ce volet qui succède à celui de septembre 2013 sur les preuves du réchauffement et à celui de mars 2014 sur ses conséquences, conclut le 5e rapport du GIEC. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre atteignent des niveaux critiques et leur croissance n’a jamais été aussi rapide. L’utilisation accrue du charbon a annulé les progrès réalisés dans le secteur énergétique grâce au développement des renouvelables. À ce rythme, le seuil des 2°C sera franchi dès 2030. «Le message est clair, pour se mettre à l’abri d’interférences dangereuses avec le système climatique, il faut sortir de la routine habituelle.».

UNE VOIE ÉTROITE

La voie tracée par les experts du GIEC est étroite. Limiter la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère à 450 ppm – pour un réchauffement de 2°C – suppose de réduire les émissions mondiales de 40% à 70% d’ici 2050 et de les ramener à un niveau «proche de zéro», d’ici la fin du siècle. Tous les secteurs économiques – énergie, transport, habitat, agriculture… – sont concernés. Il faudra pour ce faire « de rapides progrès dans le domaine de l’efficacité énergétique, tripler, voire quadrupler, l’énergie neutre en carbone produite à partir des énergies renouvelables et du nucléaire, un développement massif des techniques de captage et stockage du CO2 et des programmes à grande échelle de reforestation». Cela en partant de l’hypothèse que les obstacles pour accéder aux technologies avancées ont été levés, et que les États coopèrent… « La lutte contre le changement climatique réclame une coopération internationale sans précédent » en a averti le président du GIEC, Ramendera Pachauri, à Berlin. « L’objectif de 2 °C est un objectif politique adopté par les États en 2010. Si les gouvernements y tiennent, il est encore possible de l’atteindre. Mais plus ils attendent, plus ce sera coûteux. Et plus ils seront dépendants de solutions dont les risques sont mal maîtrisés ou les conséquences par exemple sur la sécurité alimentaire potentiellement importantes. » Le rapport admet que l’impact du développement des agrocarburants est mal évalué. Les chiffres décrivent une incidence sur l’évolution de la consommation alimentaire mondiale.

L'ENJEU DES VILLES

Il existe au cours des deux prochaines décennies, à travers le basculement annoncé de la population mondiale des campagnes vers les villes, la possibilité de construire des sociétés sobres en carbone. « Notre rapport ne cache pas les difficultés des défis que représente la lutte contre le réchauffement, mais il montre aussi qu’il existe un espoir même s’il est modeste », a conclu le vice-président du GIEC, Ottmar Edenhofer, à Berlin.

Pollution atmosphérique : on respire mieux avec le nucléaire civil

En mars 2014, alors que la pollution atmosphérique empoisonnait nos villes, l’OMS publiait un communiqué 1 confirmant que la pollution de l’air est désormais le principal risque environnemental pour la santé : près de 7 millions de personnes sont décédées prématurément dans le monde. La grande majorité de ces décès est due aux maladies cardiovasculaires, mais aussi aux maladies respiratoires et aux cancers du poumon. Dans ce domaine comme ailleurs, les populations des pays à faible revenu payent le plus lourd tribut. Face à ce tableau inquiétant, le nucléaire, véritable réducteur de pollution atmosphérique atmosphérique, s’affirme comme une protection efficace. En comparaison d’une centrale à charbon de 1 000 mégawatts, une centrale nucléaire de même puissance permet d’éviter, chaque année, plus de 3 millions de tonnes de rejets.

Une récente publication2 de deux chercheurs américains dans la revue Environmental Science and Technology évalue à 1,8 million le nombre de décès évités dans le monde grâce au nucléaire civil entre les années 1971 et 2009. Sur la même période, le nombre de décès évités en France serait de 290 000. Ces chiffres donnent la mesure de l’assainissement opéré depuis l’engagement du programme nucléaire dans les années 1970. Au moment de faire des choix de politique énergétique engageant le long terme, une conclusion s’impose: la production électrique d’origine nucléaire constitue un atout pour garder l’atmosphère propre et réduire les effets dela pollution de l’air sur la santé

1) http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2014/air-pollution/fr/

2) http://pubs.giss.nasa.gov/abs/kh05000e.html

Intrusion de Greenpeace à Fessenheim

Le 18 mars, les militants de Greenpeace s’introduisaient dans l’enceinte de la centrale nucléaire de Fessenheim. Comment ne pas s’inquiéter de voir EELV « féliciter » ces activistes et les médias saluer ce type d’actions «commando » contraire à toute action démocratique visant à mobiliser le maximum de gens ? Pourquoi ne pas retenir qu’à aucun moment cette intrusion n’a mis en cause ni la production ni la sûreté de l’installation? Par contre les salariés de la centrale ont vu ce jour-là leurs conditions de travail gravement perturbées et en réaction, la CGT fait remarquer dans un communiqué: « lors de tels événements le site est bouclé, empêchant les salariés qui ont travaillé la nuit de rentrer chez eux, d’autre part l’augmentation des contrôles de sécurité qui s’en suivent, les affecte et perturbe leur travail. Mais les militants de Greenpeace savent-ils ce que c’est de travailler sur ce type de site industriel…? »

Sur la question de fond: L’ASN, autorité indépendante seule habilitée à évaluer la sûreté des installations nucléaires, ne demande pas l’arrêt de l’installation. L’exploitant EDF a fait ses comptes : économiquement, en incluant les travaux supplémentaires résultant des examens post-Fukushima, cette centrale reste une des plus intéressantes du parc. Le manque à produire en cas d’arrêt prématuré devra être compensé par une production de base faisant appel à des centrales brûlant des combustibles fossiles, alourdissant d’autant la facture économique et écologique. Mais alors pourquoi fermer Fessenheim? « Nous proposons à Greenpeace une action plus courageuse: venir débattre publiquement et de manière contradictoire sur les conséquences du réchauffement climatique, de l’industrie, de l’emploi des choix qu’ils préconisent. », conclut le communiqué de la CGT. Pas de réponse jusqu’à aujourd’hui.

La transition énergétique allemande dans l’impasse !

Cette annonce fait l’effet d’une bombe, car elle émane de M. Sigmard Gabriel, ministre allemand de l’énergie le 16avril dernier. Ce que les experts affirmaient depuis des années se révèle au grand jour. En effet depuis l’introduction en 2000 de la loi sur les « énergies renouvelables » (EEG), le prix de l’électricité a augmenté de plus de 200 %. Les Allemands paient maintenant le second prix de l’électricité la plus chère d’Europe. L’impératif de stabilisation du réseau électrique malgré l’afflux massif et erratique des centrales solaires et éoliennes qui produisent de l’énergie sans aucun rapport avec les besoins réels, a poussé les opérateurs à leurs limites. Désormais, avec une part de seulement 13 % de la production totale d’électricité, la contribution des renouvelables est peu fiable et met en péril la stabilité du réseau électrique.

Les centrales électriques conventionnelles, nucléaires en particulier – capables de compenser ces effets négatifs– sont fermées à un rythme croissant. En outre, la production de CO2 de l’Allemagne a augmenté, les centrales au charbon ayant dû compenser la fermeture des centrales nucléaires. Les coûts vont encore augmenter alors que la sécurité de l’approvisionnement est en chute libre.

Les lois économiques et techniques, rappellent à la dure réalité et forcent l’Allemagne à abandonner sa stratégie énergétique « renouvelable » centrée sur la production d’énergie solaire et éolienne. Puisque la seule alternative à faibles émissions de CO2, l’énergie nucléaire, a été diabolisée par tous les partis politiques et tous les médias, à tel point qu’il est inenvisageable d’y recourir à court terme, l’Allemagne devra revenir au charbon pour ses besoins en électricité. C’est la dure conclusion que fait le ministre allemand.

Puisse l’expérience allemande faire réfléchir les politiques français. Nous n’avons que dix ans pour prendre les bonnes décisions, en particulier lancer le renouvellement de nos centrales nucléaires vieillissantes. Le bradage d’Alstom n’est de ce point de vue pas de bon augure.

 

BILLET D’HUMEUR D’IVAN

le 12 mai 2014

BILLET D’HUMEUR D’IVAN

Après l’improbable Fioraso comme ministre de la Recherche et Enseignement Supérieur, voici l’incroyable Fioraso ministre délégué (tout un programme!) à la Recherche et Enseignement Supérieur. On peut apprécier ainsi la haute opinion que ce gouvernement peut avoir de l’avis des personnels sur leur institution et du peu de cas qu’il fait de l’avenir de l’activité universitaire et scientifique en France, et donc de la pérennité de la recherche française et de l’Enseignement supérieur. Du 7e rang mondial en 1995 la France passe au 15e pour le financement de la Recherche & développement (R&D) dans le PIB et ce bien que le CIR soit passé de 0,05 à 0,25% du PIB entre 2004 et 2010. La place de la France dans le concert scientifique mondial recule quel que soit l’indicateur utilisé, tant pour la recherche

publique que privée, alors que les entreprises n’ont jamais été autant subventionnées. Et pour ce qui concerne l’emploi scientifique, il est en baisse nette, 806 emplois de chercheurs et personnels techniques en moins entre2002 et 2012 et 230 enseignants-chercheurs en moins de 2009 à 2011. La France se distingue par un taux élevé de chômage des docteurs, les docteurs trouvant peu de débouchés dans les services de R&D des entreprises, si bien que le taux d’inscription en doctorat dans l’Enseignement supérieur a baissé de plus de 8% en 5 ans. Alors que le pacte d’irresponsabilité prévoit un cadeau de 50 milliards d’euros au medef, quelques centaines de millions d’euros suffiraient à maintenir un niveau d’emploi assurant la pérennité de notre système de recherche et enseignement supérieur. Avec le démembrement territorial de Valls, le caractère national de la recherche et de l’enseignement supérieur est en danger, relégué aux régions c’est-à-dire à la portion congrue et à « l’innovation » pour le court terme et le profit.

IVAN LAVALLÉE

DES OUVRIERS PAYÉS 3,40 € DE L’HEURE

Sur un chantier de la gare du Nord, à Bruxelles, des inspecteurs du travail ont repéré des ouvriers portugais qui étaient rémunérés par leur employeur, également portugais, 3,40 € de l’heure, soit un taux inférieur au barème minimum autorisé en Belgique. Les ouvriers avaient porté plainte dans leur pays d’origine parce que leurs salaires n’étaient pas payés. Les inspecteurs du travail belges avaient reçu pour cette opération de contrôle le soutien de certains colle gues européens. Comme on le constate, la lutte contre le dumping social est plus que jamais d’actualité!

L’INDE ET LES MÉDICAMENTS TROP CHERS

Une nouvelle controverse a éclaté autour du Nevaxar, un médicament indiqué contre le cancer du rein et produit par le groupe pharmaceutique Bayer. Jugeant son coût exorbitant (environ 58000 € pour 10 mois de traitement), l’Inde a autorisé un laboratoire local à produire une copie 40 fois moins chère, malgré le brevet de Bayer et les protestations du patron du groupe. Une fois encore, on constate ici les problèmes posés par un marché pharmaceutique systématiquement défavorable aux pays du Sud: faut-il vraiment que la santé soit l’apanage des pays riches?

JEUNESSE: UNE GÉNÉRATION EN VOIE D’EXPLOSION?

Plus de 210000 jeunes ont répondu au questionnaire en ligne lancé par France Télévisions et intitulé «Génération quoi?». Ce questionnaire a été analysé par deux sociologues et les constats qui s’en dégagent s’avèrent passablement inquiétants. Une majorité de ces jeunes se perçoit comme une génération sacrifiée (plus d’1/3 des jeunes sont intérimaires) et ne croient plus guère à l’idée d’une société méritocratique, où leur place et leur qualification soient reconnues. S’ils croient encore pour beaucoup au travail, ils ont le sentiment que tout est décidé hors d’eux et manifestent une profonde défiance envers des élites politiques qui, à leurs yeux, « laissent la finance diriger le monde ». Entre solidarité familiale et individualisme, entre désenchantement et critique, entre volonté de révolte et présence latente de pulsions xénophobes, les sociologues estiment que l’on est face à une génération «cocotte-minute», sans soupape…

L’ODYSSÉE DE L'ESPACE

Le 2 mars 2004, la sonde Rosetta était lancée par l’Agence Spatiale Européenne pour un long périple interplanétaire au sein du système solaire. Dans son odyssée de 10 années et de six milliards de kilomètres, elle frôlait Mars (2007) et croisait sur sa route les astéroïdes Steins (2008) et Lutétia (2010). En août 2014, elle devrait atteindre la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, pour une première spatiale en larguant en novembre un module d’observation à sa surface. Les données recueillies aideront à découvrir le rôle joué par ces objets glacés dans la formation du Système solaire, et peut-être même, à remonter aux origines de la vie.

FACTURE EDF : HAUSSE RÉTROACTIVE… MERCI LA CONCURRENCE !

Le Conseil d’État a annulé, sur plainte des concurrents privés d’EDF, (GDF-Suez, Poweo et Direct Energie) les tarifs réglementés pour la période d’août 2012 à août 2013. Le conseil d’État demande au gouvernement de prendre un nouvel arrêté « dans un délai de deux mois » pour augmenter rétroactivement les prix, ce qui entraînerait 20 à 40 € supplémentaires sur les factures déjà réglées et s’ajouterait aux 5 % d’augmentation à venir, tout ça au moment où 300000 foyers au moins sont menacés de coupures d’électricité ou de gaz, et pour permettre la privatisation de la distribution d’énergie. La droite, l’extrême droite et les socialistes n’avaient pourtant cessé de nous dire que l’ouverture du marché de l’électricité à la concurrence et au privé à partir de 2001 ferait baisser les prix.

USA : UNE MAJORITÉ CONVAINCUE DE LA CRÉATION DE LA TERRE EN 7 JOURS…

Les USA, bien que possédant des structures éducatives et universitaires de haut niveau, présentent un taux d’illettrisme en hausse dans la population active sur ces vingt dernières années (de 16,6 % à 34 %), largement supérieur aux 7 % estimés en France. L’influence de la religion représentant la seconde cause. Les esprits restent profondément influencés par leurs croyances religieuses et leurs influences dans la vie publique. Le phénomène touche toutes les classes sociales. Un sondage publié en 2012 montrait que la moitié des politiques se déclarait créationniste ; 58 % des Républicains et 41 % des Démocrates adeptes de la théorie de la « Terre jeune ». Le niveau scientifique de leurs électeurs est encore pire, 26 % des Américains ignorent que la Terre tourne autour du Soleil et 52 % ne savent pas que l’homme a évolué à partir d’espèces précédentes. Une situation paradoxale, 90 % des sondés estimant que les scientifiques « travaillent pour le bien de l’humanité ».

LES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ÉGOUTIERS

Une partie des égoutiers de Paris s’est récemment mise en grève, à la suite d’un préavis unitaire (CGT, CFDT, CFTC), pour protester contre son exposition au risque d’amiante et en général contre l’insalubrité de ses conditions de travail. Sans doute cette profession souterraine n’est pas la plus visible mais on aurait tort de négliger une lutte qui démontre, une fois encore, que la mobilisation s’agissant de la santé et des risques au travail est plus que jamais nécessaire.

 

ARRÊT DU COEUR ARTIFICIEL

Le cœur artificiel qui avait été implanté sur un homme de 76 ans mort le 2 mars, « s’est arrêté brusquement », a déclaré le Pr Carpentier, concepteur du projet.

« Il y a eu un court-circuit. Cela a entraîné un arrêt cardiaque identique à celui que peut présenter un cœur naturel pathologique(…) On ne connaît pas encore les causes exactes du décès (…) la mort n’est pas liée à une complication chez le malade, ni au principe fondamental de cette prothèse qu’est l’emploi de matériaux biocompatibles pour limiter la formation de caillots et le risque de thrombose ».

EBOLA : UN DÉFI SELON L'OMS

L’épidémie de fièvre Ebola en Afrique est une des épidémies qui posent « le plus de défis » depuis l’apparition de la maladie, il y a quarante ans, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Jusqu’ici, le bilan officiel établi pour l’ensemble des pays touchés fait état de 111 morts. Selon l’OMS, 157 cas ont été recensés en Guinée, dont 101 mortels, et 21 cas au Liberia, dont 10 mortels. En Sierra Leone, plusieurs personnes mortes pourraient avoir contracté la maladie en Guinée. Le Mali compte 9 cas suspects.

Keiji Fukuda, vice-directeur général de l’OMS, a jugé, mardi 8 avril, que la propagation de l’épidémie, qui a éclaté dans le sud de la Guinée, pour s’étendre vers Conakry, la capitale, et le pays voisin, le Liberia, était particulièrement inquiétante. « Nous n’avons pas eu jusqu’à présent d’épidémie d’Ebola dans cette partie de l’Afrique », a-t-il résumé. Le dénuement et la pauvreté des populations et des pays concernés ne sont pas de nature à faciliter l’éradication de l’agent pathogène et rendent très problématique le travail pour la santé des populations

EXPÉRIENCES DANGEREUSES : DES SCIENTIFIQUES ALERTENT

Roberto Kolter, directeur d’un laboratoire d’Harvard, ancien président de la société américaine de microbiologie ainsi que 56 scientifiques dont 3 prix Nobel ont adressé fin décembre 2013 une lettre publique à la Commission européenne réclamant « une véritable analyse de risque » pour une série d’expériences visant à rendre contagieux des virus grippaux mortels, recourant à la fois aux techniques du génie génétique et à la sélection classique, qui se poursuivent depuis plus de deux ans en dépit de multiples protestations. Ils estiment que ces expériences exposent l’humanité, avertit l’épidémiologiste d’Harvard Marc Lipsitch, lui aussi signataire du texte, à la possibilité d’une «pandémie véritablement catastrophique (...) capable de faire des centaines de millions de morts»..

Lettre à mes amis de gauche

le 12 mai 2014

Lettre à mes amis de gauche

L'élection européenne c'est maintenant dans quelques jours.

De nombreux électeurs de gauche s'interrogent sur l'utilité d'aller voter et parlent de s'abstenir. On peut comprendre leurs raisons. Après avoir chassé Sarkozy, nous avons sa politique qui continue avec Hollande et Valls. Et L'Europe, sourde aux volontés des peuples, impose l'austérité sur tout le continent.

Mais réfléchissons ensemble.

«Faire du bruit» avec l'abstention le jour d'un scrutin fait entendre la colère certes, mais après ? Après, rien ne bouge, bien au contraire, une fois les lamentation habituelles sur la « forte abstention» tout continue comme avant. Et le silence des médias sur les européennes démontre que le système en place s'accommode fort bien de cette situation.

Il faut s'en mêler pour bousculer la situation. Et il y a des enjeux.

D'abord, contrairement à une idée reçue, le Parlement européen n'est pas dépourvu de pouvoir. Aujourd'hui ce sont les parlementaires, majoritaires, convertis au libéralisme, conservateurs comme sociaux-libéraux, qui se soumettent aux injonctions des marchés. Ce sont eux, préoccupés avant tout de plaire aux banques et aux actionnaires, qui ont voté la directive de Bruxelles privatisant les services publics et celle sur les « travailleurs détachés ». Ce sont eux qui ont favorisé le dumping social. Après le vote, les nouveaux députés européens auront à se prononcer sur le futur président de la Commission ou bien encore sur l'adoption du traité transatlantique.

Et justement, les différentes enquêtes d'opinions en Europe mettent en évidence que les alliés du Front de gauche en Europe augmenteraient sensiblement le nombre de leurs élus, unis au sein du groupe de la Gauche unitaire européenne. Une progression pouvant leur permettre de constituer le troisième groupe, loin devant la coalition des extrêmes droites. Un groupe important avec les député-e-s du Front de gauche, ça changerait tout au Parlement européen.

Dans un sondage européen interrogeant sur « l'efficacité des politiques d'austérité », seuls 5 % des citoyennes et des citoyens des 28 pays interrogés répondent oui, 51 % non. 60 % pensent qu' »une autre politique est possible », 25 % ne le pensent pas. Imaginez quelle force cela aurait si toutes ces opinions se traduisaient dans le vote.

Alors oui, pour faire le choix de « l'humain d'abord » , pour sanctionner les politiques d'austérité, en France comme en Europe, cela vaut le coup de voter Front de gauche le 25 mai prochain. C'est se donner les moyens de peser en France et en Europe. Et d'en parler aux amis, à la famille, aux collègues...

Le 25 mai le vote Front de gauche, c'est le vote utile !

Je vote quoi qu'il arrive!

Je ne peux pas aller voter le 25 mai. Je donne procuration à un proche ou à un militant communiste ou du Front de gauche inscrit dans la même commune.

Pour tout savoir sur les démarches ou être mis en relation avec des électeurs de ma

commune pouvant porter ma voix : procuration.pcf.fr

SEMAINE DE LA PENSÉE MARXISTE, Antoine Guerreiro

le 12 mai 2014

SEMAINE DE LA PENSÉE MARXISTE

Guerre, science et industrie

Du 10 au 17 février dernier, c’était la Semaine de la pensée marxiste, à l’initiative de l’Union des Étudiants Communistes (UEC). Pour la 4e édition, le thème choisi était : 1914-2014, 100 ans de guerre.

par Antoine Guerreiro

Tout au long de la semaine, dans près de 80 établissements d’enseignement supérieur des conférences, des projections de film, des expositions ou des débats étaient organisés, en partenariat avec de nombreuses associations locales ou revues, comme Progressistes; par ailleurs de nombreux scientifiques et personnalités ont répondu à notre appel en intervenant à nos tribunes. Dans plusieurs universités, la question des rapports entre guerre, science et industrie était au coeur des discussions. En effet avant même 1914, le camp progressiste avait pris conscience des enjeux financiers des expéditions menées par les États européens. Plus tard, Jaurès affirmerait même que de par son entreprise de colonisation, le capitalisme est inévitablement porteur de guerre.

Selon Alain Boscus, du musée Jaurès, il est même le premier à percevoir le risque d’une guerre «moderne », liée à l’accumulation des tensions militaires, mais aussi à l’accumulation capitalistique qui révolutionne les techniques militaires et crée un véritable marché de la guerre soumis à des logiques d’offre et de demande.

Par ailleurs, pendant la Première Guerre mondiale, la technologie a fait un extraordinaire bond en avant : l’aviation s’est développée, la chirurgie a progressé à une vitesse inédite, les moteurs ont gagné en performance… Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale fut lui aussi à l’origine d’incroyables avancées scientifiques dans les domaines du nucléaire ou de la médecine. Sur le court terme, la guerre a fait avancer l’industrie: la mécanisation et le taylorisme ont favorisé favorisé la production de masse. En fait, le raisonnement économique en temps de paix n’est pas le même qu’en temps de guerre: le système économique est fortement contraint par l’État et pour finir la guerre rapidement, on a besoin de beaucoup de capitaux. Les secteurs économiques traditionnels misent tout sur la guerre afin de subsister, tandis qu’en dehors du secteur militaire, l’outil de production vieillit considérablement pendant la durée du conflit… Se pose une question de légitimité: quel est le service rendu à la société par ces nouvelles inventions guerrières ? Certes, par capillarité avec les autres secteurs de l’industrie ils donnent lieu à des progrès scientifiques… mais pour combien de destructions en parallèle ? En 1914 comme aujourd’hui, on ne peut pas faire reposer le progrès d’une civilisation sur les marchands de canons: c’est le message que les étudiants communistes ont porté pendant cette Semaine, et qu’ils continueront de promouvoir tout au long de l’année.

Antoine Guerreiro, secrétaire à la formation de l’UEC

Avoir des principes (en thermodynamique et au-delà), François Perinet

le 12 mai 2014

Avoir des principes (en thermodynamique et au-delà)

Derrière le débat sur la transition énergétique se cachent des notions fondamentales de rendements énergétiques, de conversions d’énergies, d’équilibres et de consommations d’énergie…

François Perinet, ancien maître de conférences de l’université Paris Sud, pose les jalons de la thermodynamique et nous aide à comprendre les grands principes sur lesquels repose le comportement thermique des corps, de l'énergie et de ses transformations.

En politique, certains voient les principes comme un frein à l’efficacité et prônent le pragmatisme. Le cynisme et l’impuissance ne sont souvent pas loin. D’autres invoquent avec force des principes pour mieux les bafouer en pratique. Le cynisme n’a pas disparu.

En thermodynamique, on ne peut pas badiner avec les principes, pas plus le premier que le second. Mais quels sont-ils ? Et d’abord, en physique, qu’est-ce qu’un principe ? C’est un socle, une vérité, certes non démontrée, mais construite à partir d’une synthèse de séries d’observations expérimentales. Aucune hypothèse ne la sous-tend. Cette vérité n’est mise en défaut par aucune nouvelle expérience et sa puissance se renforce au fur et à mesure qu’on étend le domaine d’application.

 

Le premier principe

Il peut se résumer très simplement: L’énergie d’un système isolé se conserve et quand un système n’est pas isolé, sa variation d’énergie est la somme algébrique du travail et de la chaleur échangés avec l’extérieur :

PREMIER PRINCIPE : ΔU = ΔQ + ΔW avec ΔU : variation d’énergie interne, ΔQ : variation d’énergie calorifique, ΔW : variation d’énergie mécanique

Ce premier principe peut faire croire que travail et chaleur concourent de façon équivalente au changement. En réalité, ils se distinguent en ce sens que le travail est le résultat d’un mouvement d’ensemble d’un objet, d’un mouvement cohérent et ordonné de particules, alors que la chaleur correspond à un transfert d’énergie lié à un mouvement désordonné de particules.

Depuis des siècles, le progrès technique s’est construit grâce à la production de travail mécanique et plus précisément à la transformation de chaleur en travail. Même le travail mécanique du vent qui semble direct et qui fait tourner les ailes du moulin ou gonfler les voiles du bateau est une forme de récupération de la chaleur produite par le soleil. La combustion du bois, du charbon, du pétrole, l’utilisation de la fission de l’uranium fournissent de la chaleur qu’on cherche à transformer en travail. Tous ces combustibles ont stocké respectivement, pendant différentes périodes de l’histoire de la Terre de plus en plus anciennes et de façon de plus en plus concentrée, de l’énergie qu’ils restituent.

Première forme historique du second principe 

Carnot, le premier, en 1824, s’interrogea sur le rendement maximal des machines à vapeur et la nécessité d’un puits de chaleur intitulé source froide. Kelvin, en 1851, donna, tout en intégrant le premier principe, l’énoncé premier du second principe : Il est impossible de réaliser une transformation complète en travail de la chaleur captée à une source dite chaude, foyer direct de la combustion ou plus souvent proche de celui-ci. On ne pourra en transformer qu’une partie. La partie non transformée est gaspillée et renvoyée sous forme de chaleur à un puits de chaleur, de température plus basse, dit source froide.

Dans les conditions idéales, le rendement de ce moteur ditherme (à deux sources de chaleur) qui représente le quotient du travail par la chaleur issue de la source chaude est égal à

1-(Température de la source froide/Température de la source chaude). Les températures de cette formule doivent être exprimées en degrés kelvin. Dans les conditions non idéales, le rendement est encore plus petit que la valeur indiquée.

Premières conséquences du second principe

La formule ci-dessus montre que ce rendement est inférieur à 1. Reprocher à un moteur, une centrale thermique, d’être producteur de gaspillage est comme reprocher à un renard d’aimer les poules et en vouloir à la Nature. Il est par contre utile de limiter le gaspillage. On le fera d’abord en cherchant à s’approcher des conditions idéales. Ces dernières sont obtenues dans des conditions dites réversibles où, en particulier, les frottements sont nuls.

On le fera aussi en diminuant la température du puits (la source froide). En théorie, on peut s’approcher de très près du zéro absolu. Dans la pratique, il n’en est rien. En effet le puits d’une centrale thermique est souvent une mer ou un fleuve voisins dont la masse d’eau considérable ou le débit important peuvent absorber la grande quantité de chaleur rejetée tout en subissant une augmentation de température faible. La température du puits est donc voisine de la température (?) ambiante, soit 300 degrés kelvin. La nature est sympathique. En plein été, les fleuves ont un débit plus faible et auraient du mal à encaisser sans augmentation notable de température (gare au développement des algues) mais, à cette saison, les besoins en électricité décroissent, ce qui permet de ne pas faire fonctionner la centrale à pleine puissance.

Enfin du côté de la source chaude, on aimerait bien avoir une source très chaude mais on est limité par la nécessité de conserver une bonne tenue mécanique des matériaux.

En définitive, le rendement pratique d’un moteur automobile est inférieur à 30 % et celui d’une centrale thermique à gaz, charbon ou nucléaire produisant de l’électricité est de l’ordre de 30 % à 40 %.

Le second principe audelà de l’énoncé de Kelvin

La formulation plus générale du second principe est la suivante: Les transformations qui ont lieu dans l’univers sont celles qui lui permettent de voir son désordre augmenter, c’est-à-dire son énergie se disperser.

L’univers est constitué de la source chaude, du puits froid et de tout l’environnement. Kelvin n’est pas mis en défaut. La source chaude perdant de la chaleur devient moins désordonnée et on ne peut transformer entièrement cette chaleur-ci en travail car alors le désordre de l’univers diminuerait. Il faut reverser de la chaleur au puits pour compenser la perte de désordre. Une partie seulement de la chaleur prise à la source chaude suffira car, le puits étant plus froid, la chaleur qu’on lui apportera sera plus déstructurante et créera le désordre nécessaire pour que le bilan global de désordre créé soit positif. La chaleur non retransmise au puits peut être convertie en travail. Une lecture trop hâtive du second principe ne voit que l’augmentation globale du désordre de de l’univers ? mais il faut bien noter qu’une augmentation globale de ce désordre peut permettre de récupérer un mouvement cohérent et donc une cohérence locale.

En brûlant un combustible, j’augmente le désordre de l’univers mais je peux créer simultanément un mouvement cohérent, du travail et donc faire monter une brique, puis une maison. L’ordre local naît du désordre global.

Cela est valable aussi quand on s’intéresse aux transformations chimiques dans la Nature. Un système chimique va toujours évoluer naturellement dans le sens de la maximisation de la somme de son désordre et de celui de son environnement. Des arrangements nouveaux, localement plus ordonnés vont apparaître si, pour compenser, un désordre plus grand est créé ailleurs. À partir de calculs basés sur l’application de ce principe et que nous n’aborderons pas, on peut même prévoir les concentrations des produits chimiques du nouvel équilibre.

Conclusion

Le second principe ne fait pas de l’homme un sujet impuissant, bien au contraire. Il pose la nécessité de maîtriser la construction de l’ordre local au sein de la progression du désordre global.

Il se confirme qu’on n’impose à la Nature de nous servir au mieux qu’en obéissant aux principes qu’elle dégage.

François Perinet est ancien maître de conférences de l’université Paris Sud.

Pour aller plus loin, un livre simple d’accès et synthétique : Chaleur et désordre de P.W. Atkins

 

LE MOTEUR DITHERME DE CARNOT

Une machine à vapeur ne peut fonctionner qu’entre deux réservoirs de chaleur dont les niveaux sont déterminés par leur température. La partie non transformée en travail est gaspillée et renvoyée sous forme de chaleur à un puits de chaleur, de température plus basse, dit source froide.

Paul Langevin et le mouvement brownien, Jean-Pierre Kahane

le 12 mai 2014

Une histoire de la première équation différentielle stochastique

Paul Langevin, physicien et homme engagé dans les grands mouvements intellectuels et sociaux du XXe siècle (cf. Progressistes n°3), est aussi le mathématicien qui va, dans une note de 1908 à l’académie des sciences, retrouver par une méthode simple les équations d’Einstein sur le mouvement brownien. Une histoire curieuse et actuelle à bien des égards.

Il tire son nom du naturaliste écossais Robert Brown (1773-1858), à cause d’une série d’articles parus en 1828. Il s’agit d’observations faites au microscope en juin, juillet et août1827 sur des particules de pollen qui, en suspension dans l’eau, sont agitées d’un mouvement erratique et perpétuel. Brown n’était pas le premier à observer ce mouvement perpétuel, et l’hypothèse courante était qu’il était le résultat d’une force vitale dont étaient pourvues les particules. Brown observe en scientifique, en faisant varier les paramètres, y compris la composition des particules, organiques et inorganiques, et il arrive à la conclusion qu’il n’y a en cause aucune force vitale. L’apport essentiel du biologiste est d’avoir montré que le phénomène n’était pas du ressort de la biologie.

De la biologie à la physique

L’énigme passe à la physique, et plusieurs physiciens s’y sont intéressés au cours du XIXe siècle. Alors que l’existence des atomes était loin d’être établie, l’hypothèse a été exprimée que ce mouvement pouvait être causé par le choc sur les particules en suspension de molécules animées de grandes vitesses. La thermodynamique de Boltzmann, expliquant par l’agitation moléculaire la propagation de la chaleur dans les gaz, donnait un certain crédit à cette hypothèse, mais elle se heurtait à une opposition farouche des anti-atomistes.

Une date clé est 1905, l’année «miraculeuse» de la physique, au cours de laquelle le jeune Albert Einstein établit les bases de la théorie de la relativité, découvre la raison de l’effet photoélectrique en revenant à la conception corpusculaire de la matière, et établit les équations du mouvement brownien. L’idée de ces équations était dans l’air; en même temps qu’Einstein et indépendamment, le Polonais Smoluchowski établissait d’une autre manière des équations voisines. En vérité, Einstein a publié trois articles qui s’enchaînent. Le premier est une invitation aux expérimentateurs: il s’agit de tester si la théorie cinétique moléculaire de la chaleur, énoncée pour les gaz par Boltzmann, s’applique aux liquides; elle entraîne un mouvement de particules en suspension qui doit être observable; Einstein fait la théorie du mouvement brownien sans le connaître. Le second article dit que l’expérience est faite, c’est le mouvement brownien; mais de nouvelles expériences doivent permettre de mesurer la taille des molécules, c’est-à-dire de calculer le nombre d’Avogadro, le nombre de molécules réelles dans une mole de liquide (18 grammes pour l’eau). Le dernier reprend l’étude en partant du mouvement brownien.

Un nouvel outil mathématique

Les équations d’Einstein et de Smoluchowski sont les mêmes, à un facteur numérique près. Elles expriment un fait curieux : en moyenne, ce ne sont pas les déplacements, mais leurs carrés, qui sont proportionnels au temps écoulé. Les déplacements à venir sont indépendants du passé, et ils suivent une loi de Gauss.

C’est donc un nouvel objet mathématique fourni par la nature. Mais c’est d’abord un merveilleux champ d’étude pour les physiciens expérimentateurs. En France, Jean Perrin réalise le programme d’Einstein, obtient une valeur pour le nombre d’Avogadro qui recoupe bien ce qu’on pouvait obtenir par des méthodes plus directes, et décrit de façon éloquente et lumineuse l’extrême irrégularité des trajectoires des particules et le fait qu’apparemment elles n’ont de tangente en aucun point; « C’est un cas », dit-il, « où il est vraiment naturel de penser à ces fonctions continues sans dérivées que les mathématiciens ont imaginées, et que l’on regardait à tort comme de simples curiosités mathématiques, puisque l’expérience peut les suggérer.» Jean Perrin décrit son travail dans un livre superbe dont on vient de célébrer le centenaire, « Les Atomes. » C’est la validation sans conteste de la théorie atomique – qui cependant a tardé encore 50 ans à être enseignée autrement que comme une « hypothèse » aux candidats aux grandes écoles scientifiques françaises.

L’objet mathématique, un processus gaussien stationnaire à accroissements indépendants, était là en 1920 comme l’expression d’une réalité physique. Pouvait-on lui donner une réalité mathématique, c’est-à-dire le construire, valider sa définition et en tirer des résultats démontrés? Ce fut l’œuvre de Norbert Wiener en 1923, dans un article monumental qui se réfère explicitement à la phrase de Jean Perrin que je viens de citer. Norbert Wiener construit donc une fonction continue aléatoire ayant les propriétés requises, et il l’appelle « the fundamental random function », la fonction aléatoire fondamentale. Les autres mathématiciens l’appellent « le processus de Wiener » et le notent W(t). Comme l’avait deviné Perrin, elle n’est «presque sûrement» dérivable nulle part.

La fonction B(T)…

En France, Paul Lévy s’empare du sujet et en découvre la prodigieuse richesse. Il donne au processus de Wiener le nom de « mouvement brownien », et c’est désormais le mouvement brownien des mathématiciens. Sa notation usuelle devient B(t). Il s’avère au cours du temps qu’il est lié à presque toutes les parties des mathématiques, et que c’est un outil et un objet intéressant et utile dans beaucoup de sciences et de pratiques. C’est une idéalisation non seulement du mouvement observé par Brown, mais d’une foule de phénomènes, promenades au hasard, cours de la Bourse, niveau des barrages etc. Aujourd’hui, quand des physiciens parlent du mouvement brownien, c’est d’abord au mouvement brownien des mathématiciens qu’ils pensent. Et inversement, la physique continue à fournir aux mathématiciens des problèmes et des idées sur l’objet mathématique en question. On pourrait en dire beaucoup plus sur le mouvement brownien et son histoire, mais il est temps de regarder la relation de Langevin au brownien.

La note de 1908 et l’équation de Langevin.

L’occasion de la note aux comptes rendus de l’Académie des sciences de 1908 est l’écart entre les formules d’Einstein et de Smoluchowski. Langevin reprend les calculs de Smoluchowski, les rectifie et obtient la formule d’Einstein. Puis il développe sa propre approche, que je peux exposer ainsi.

D’abord, contrairement à l’idéalisation que nous venons de voir avec Perrin et Wiener, les particules browniennes ont une vitesse et une énergie, qui est la moitié du produit de leur masse par le carré de leur vitesse. En supposant que toutes les particules ont la même masse, leur énergie moyenne est la moitié du produit de cette masse par la moyenne des carrés de leurs vitesses. Or la vitesse d’une particule est soumise à une équation exprimant le théorème fondamental de la dynamique : l’accélération est proportionnelle à la force exercée. En négligeant la gravité, la force exercée est évidemment la force de freinage tenant à la viscosité du liquide. Mais si l’on s’en tient à cette évidence, la vitesse décroît exponentiellement et le mouvement s’arrête très rapidement. Or le mouvement se poursuit. Il y a donc une force additionnelle X, due aux chocs des molécules du liquide, dont, dit Langevin, « nous savons qu’elle est indifféremment positive et négative, et sa grandeur est telle qu’elle maintient l’agitation de la particule. » L’équation obtenue en ajoutant X est « l’équation de Langevin ».

Il est remarquable qu’avec ce minimum d’hypothèses sur X Langevin parvienne, en quelques lignes, à une formule qui, pour des intervalles de temps pas trop petits (disons, supérieurs à une microseconde), se ramène à l’équation d’Einstein.

C’est l’exposé le meilleur que je connaisse de ta théorie physique du mouvement brownien.

La mise en forme de l'équation de Langevin et le développement des équations différentielles stochastiques

La mise en forme mathématique est venue plus tard, en 1942, avec le probabiliste J.-L. Doob. Doob a choisi pour X ce que nous appelons le bruit blanc, et qui, formellement, est la dérivée du processus de Wiener (qui, on le sait, n’admet pas de dérivée au sens usuel). Sous cette forme, l’équation de Langevin est l’archétype des équations différentielles stochastiques, dont la théorie et la pratique se sont considérablement développées depuis 1942. Intuitivement, il s’agit d’évolutions bruitées, dont les solutions sont des fonctions aléatoires; on en trouve aujourd’hui partout.

L’équation de Langevin, sous la forme donnée par Doob, amène à réfléchir à différents niveaux.

1. D’abord, peut-on écrire sa solution? Oui, et elle s’appelle le processus d’Ornstein-Uhlenbeck. Elle représente la vitesse d’une particule brownienne.

2. N’y a-t-il pas un cercle vicieux: partir de la vitesse pour établir une équation dont la solution est non dérivable, puis partir de cette solution non dérivable pour obtenir une équation dont la solution est la vitesse?

3. Non, il y a deux modèles incompatibles,c’est tout, et chacun joue un rôle dans l’autre. Il y a le processus de Wiener, qu’on appelle un peu abusivement mais de manière commode le mouvement brownien, et le processus d’Ornstein-Ulhenbeck, qui représente la vitesse d’une particule brownienne. L’équation de Langevin établit le rapport entre les deux dans les deux sens: partir de la vitesse pour établir l’équation du mouvement qui n’a pas de vitesse, et partir du mouvement qui n’a pas de vitesse pour établir l’équation donnant la vitesse.

4. C’est aussi affaire d’échelle: on peut observer le mouvement, mais il est extrêmement difficile d’observer la vitesse, il faut descendre au-dessous de la nanoseconde.

5. C’est au cours des années 1930-1940 que se sont formalisées les idées sur le bruit blanc et les équations différentielles stochastiques. Les articles de cette époque parlent constamment de l’équation de Langevin, mais j’en connais un seul qui en donne la référence. À l’indice des citations, la note aux comptes rendus de Langevin n’aurait eu aucun impact. Aussi bien est-elle souvent ignorée des auteurs qui ont écrit sur Langevin. Il faut dire que Langevin est inépuisable comme source d’idées et de réflexion. Ce long article était l’occasion d’en dévoiler un aspect relativement peu connu.

JEAN-PIERRE KAHANE est mathématicien, membre de l’Académie des sciences, Professeur émérite à l’Université Paris Sud-Orsay, et directeur de la revue Progressistes. Cet article fait suite à l’article sur Paul Langevin publié dans Progressistes N°3

Retrouvez Jean-Pierre Kahane dans l’émission Continent sciences du 10 février 2014 sur France Culure : Le « mouvement brownien » et les mathématiques. En écoute libre

 

 

 

 
 
 
 
 
 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)