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Élection européenne : des pouvoirs à saisir - Meeting de la Fête de la Paix à Montataire, 18 mai 2014

Retrouvez les interventions de Francis Wurtz et des candidats de l'Oise sur la liste Front de gauche conduite par Jacky Hénin prononcées à l'occasion du meeting de la Fête de la Paix le dimanche 18 mai 2014. Après une première intervention de Francis (vidéo intégrale et deux extraits), Marie-Laure Darrigade, Hélène Balitout et Loïc Pen ont répondu aux questions du public. Francis Wurtz a conclu en abordant les thèmes de la sortie de l'euro, du Grand Marché transatlantique et de la paix en Europe.

 

L'édition 2014 de la Fête de la Paix, la dixième du nom, en plus de ses côtés festifs, culturels, ludiques, proposait pour sa partie politique un meeting consacré à l'élection européenne du dimanche suivant, le 25 mai.

Fin connaisseur du fonctionnement au sein de l'Union européenne, notre camarade Francis Wurtz, député européen honoraire, ancien président de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique, était présent pour nous montrer tous les aspects et enjeux associés à cette élection. Les trois candidats de l'Oise sur la liste Front de gauche conduite par Jacky Hénin l'entouraient : la conseillère générale PCF et première adjointe de Ribécourt-Dreslincourt Hélène Balitout, la conseillère municipale d'Agnetz et responsable nationale du Parti de gauche Marie-Laure Darrigade et Loïc Pen, médecin urgentiste et responsable du service des Urgences à l'hôpital public de Creil.

Francis Wurtz, dans sa première intervention, aborde la question de l'abstention et pointe trois fausses idées à combattre pour montrer l'utilité et la nécessité de voter dimanche 25 mai.

Le Parlement européen a des pouvoirs

Dans un premier temps, il indique que le ras-le-bol de la construction actuelle de l'Europe, partagé par beaucoup, dont le Front de gauche, est légitime. Par contre, il est faux de dire que le Parlement européen ne sert à rien, n'a pas les moyens de changer cette politique. Il prend les exemples suivants :

  • le vote des directives européennes, concernant les services publiques, le détachement des travailleurs etc.

La Commission européenne propose des projets de directives, mais ce sont le Parlement européen et le Conseil de l'Europe (constitué des représentants des gouvernements européens) qui les votent. Il faut donc des députés porteurs de valeurs progressistes au Parlement européen.

  • le vote concernant le président de la Commission européenne et sa composition

Les chefs d'État et de gouvernement proposent des candidats au Parlement qui vote, après audition de chaque candidat. Le Parlement européen a aussi le pouvoir de renvoyer la Commission européenne, comme en 1999 où la Commission Santer avait préféré démissioner

  • le vote de la mise en place du Grand Marché transatlantique

Ce projet envisage de laisser tout pouvoir aux multinationales. C'est le Parlement qui décidera ou pas de sa mise en place.

Le futur Parlement européen ne sera pas brun

Contrairement à ce que nous ressassent les média avec comme tête d'affiche la présidente d'extrême droite Le Pen, les projections en siège au Parlement ne montrent pas une victoire des nationalistes. Les dernières tendances sont les suivantes :

  • le Parti populaire européen (PPE) et le Parti socialiste européen (PSE) auraient la majorité absolue (419 sièges sur 751), entraînant une continuité de la politique austéritaire actuelle, violente envers les peuples
  • la GUE/NGL serait en hausse de plus de 30 %, avec 52 élus, ce serait une prémière d'avoir autant d'élus
  • la GUE/NGL sera très largement devant l'hypothétique groupe constitué par le FN

La situation en l'Europe n'est plus la même

« Ça sert à rien de voter car de toute façon, "ils" font ce qu'ils veulent », comme pour le TCE que la France, l'Irlande et les Néerlandais avaient refusé et que le traité de Lisbonne avait avalisé. Toutefois, la situation en 2014 est différente de celle de 2005 et le ressenti négatif face à la construction européenne est largement partagé, les promesses ont fait long feu. Le passage en force n'est plus possible.

 

Francis Wurtz conclut sa première intervention en rappelant le sens de la campagne du Front de gauche et de celle de la liste menée par Jacky Hénin en particulier, qui peut se résumer par ces trois verbes : refuser la construction européenne actuelle, rassembler autour des valeurs progressistes, refonder pour élaborer une autre Europe, qui met en avant l'humain d'abord.

 

Marie-Laure Darrigade

Après une première série de questions, Marie-Laure Darrigade répond sur les thèmes des services publics et de l'ouverture au privé, ainsi que du lobbying des multinationales et autres groupes financiers qui freinent la mise en place de la transition écologique. 

 

Hélène Balitout

Hélène Balitout prend à son tour la tour la parole et aborde la misère sociale qui se développe en Europe, loin des promesses de lendemains radieux - sauf pour la finance. La construction européenne a besoin d'une nouvelle logique, pour aller dans le sens du développement humain.

 

 

Loïc Pen

Le troisième candidat de l'Oise Loïc Pen enchaîne sur la question de la monnaie unique, l'euro. Il rappelle que les communistes ont lutté en 1992 contre le traité de Maastricht qui mettait en place cette monnaie unique calquée sur le franc suisse dans le but d'attirer les capitaux. Les communistes poussaient l'idée d'une monnaie commune, respectant les économies et les situations différentes des pays.

Il montre que la question de la sortie ou pas de l'euro n'est pas la bonne question et qu'elle empêche de voir le réel enjeu de la monnaie et de la création monétaire. En effet, à quoi sert de sortir de l'euro si la politique austéritaire n'est pas remise en question ? Il cite l'exemple de l'Angleterre qui mène la même politique de casse sociale tout en ayant conservé sa monnaie. La monnaie n'est qu'un outil et seule son utilisation devrait être débattue. Il faut réformer l'euro et la Banque centrale européenne, qui ne peut pas prêter directement aux États comme cela a été réaffirmé dans le traité de Lisbonne (art. 123). Loïc souligne que sur les 2 000 Mds d'euros de dette de la France, 1 400 correspondent aux intérêts à verser aux banques.

Ainsi, seul le rapport de force politique en France et en Europe peut faire évoluer l'utilisation de l'euro et de la création monétaire. il ne faut pas se contenter d'étudier l'euro sous le seul angle technique comme le fait par exemple Frédéric Lordon.

 

Les conséquences d'une sortie de l'euro

Francis Wurtz présente trois conséquences potentielles de la sortie de l'euro. La première concerne la compétition entre les nations, avec des dévaluations en série laissant exsangue le monde du travail et la conquis sociaux. La deuxième est la possibilité offerte au marchés financiers en rien désarmés d'attaquer les pays ainsi isolés. Enfin, le risque réel d'une explosion des nationalismes.

Le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) doit absolument évoluer pour permettre le développement humain, la transition écologique, une bonne croissance.

 

Le Grand Marché transatlantique

Depuis la chute du mur de Berlin se tiennent des sommets annuels Union européenne-États-Unis. Les libéraux espèrent la mise en place d'un grand marché transatlantique, sous la poussée de l'Angleterre et de M. Brittan en 1998. La guerre du Golfe, avec les refus de la France et de l'Allemagne d'y participer, a reculé l'échéance. Deuxième essai en 2007 avec la Grande-Bretagne, Mme Merkel et du commissaire européen M. Mandelson, voué à l'échec par la crise financière. Depuis juillet 2013, nous subissons la troisième tentative de mettre en place ce grand marché.

Francis Wurtz cite un rapport de la Commission européenne listant les secteurs d'activité qui seront touchés par la création de cet éventuel grand marché : certains subiront un choc initial, d'autres durablement. Ce grand marché fera des dégâts !

Ce sont aussi des enjeux de société qui sont présents : la fin programmée du modèle social européen, les engagements concernant les émissions de gaz à effet de serre (aucun concernant les USA), notre alimentation (OGM, viande aux hormones, lavage au chlore...).

Les enjeux de civilisations sont aussi à prendre en compte. Ce partenariat se fait aussi pour des raisons géostratégiques par rapport à la Chine, prise entre deux partenariats potentiels : le partenariat transatlantique et le partenariat transpacifique.

La mise en place de ce Grand Marché rencontre des difficultés, avec seulement quatre réunions tenues depuis début juillet 2013. Francis Wurtz pointe le danger des tribunaux arbitraux privés au service des multinationales qui risquent de paralyser toute action d'un gouvernement de gauche. Des collectivités votent de façon symbolique un statut de « zone anti-Grand Marché transatlantique ». L'Allemagne est actuellement contre, échaudée par les écoutes révélées par l'affaire Snowden. 

La mise en échec de la mise en place de ce Grand Marché transatlantique est donc possible, en le sortant du secret, en informant, en faisant appel à l'intelligence citoyenne. Une nouvelle bataille à mener !

 

La paix en Europe

Francis Wurtz conclut son intervention lors du meeting de la Fête de la Paix par le thème de la paix. Il aborde dans un premier temps la situation de l'Ukraine et l'irresponsabilité de l'Union européenne de réclamer la rupture de ce pays avec une de ses deux cultures, de ses deux histoires, la Russie en faisant miroiter en contrepartie un avenir radieux avec l'accord d'association proposé à l'Ukraine, pays dont la situation financière est désastreuse. Cette irresponsabilité entraîne une situation très dangereuse.

Il rappelle ensuite la proposition de Medvedev faite à l'Union européenne en 2008 à Berlin d'établir un traité de sécurité collective devant l'ONU, à deux conditions : que l'OTAN cesse sa marche vers l'Est ; que le bouclier anti-missile intallé en Pologne et en République tchèque soit retiré. L'Union européenne n'a même pas daigné répondre, au minimum pour vérifier la volonté réelle des Russes. 

 

 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)