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« Rêvolution ! », pour un projet communiste du XXIe siècle - Paris, 18 novembre 2017

 

« Rêvolution ! »

Après la consultation des adhérents du Parti communiste qui s'est étalée sur deux mois, près de 1 000 animatrices et animateurs du Parti communiste (dont 14 de l'Oise*) se sont réunis à la Cité des sciences de la Villette le samedi 18 novembre 2017. « Intensifier, dans tous les domaines, la contestation de la politique du pouvoir Macron, et construire dans les luttes les bases d'une politique alternative », « repenser l'action et les ambitions du Parti communiste », avec l'adoption d'une feuille de route d'actions et de débats pour l'année 2018, et un Congrès extraordinaire. Échanges démultipliés par un travail en « ruches », avec des tables de 10, synthèses en direct avec une plateforme collaborative, débats en séance plénière, au total une journée de travail intense, sérieuse et tournée vers l'avenir, pour un projet communiste du XXIe siècle !

 

 

Adoptée par l'Assemblée nationale des animatrices et animateurs de section :

  • 904 votants ;
  • pour : 614 soit 72,75%  ;
  • contre : 230 soit 27,25 % ;
  • abstentions : 60.

La Villette - Paris - 18 novembre 2017

Réuni·e·s le 18 novembre 2017 à la Cité des sciences et de l'industrie à Paris, nous sommes plus de 900 animatrices et animateurs de sections locales du PCF. Cette Assemblée nationale fait suite à une première et intense période de consultation des communistes. Au terme de ces travaux, l'Assemblée adopte les dispositions suivantes.

A - Nous appelons l'ensemble des communistes à intensifier, dans tous les domaines, la contestation de la politique du  pouvoir Macron, et à construire dans les luttes les bases d'une politique alternative.

La politique du nouveau pouvoir est tout entière construite au service de la finance et des plus riches. Elle se révèle aux yeux de la majorité des Français·es brutale, autoritaire, inégalitaire.

La colère grandit et des mobilisations nombreuses et importantes sont déjà engagées : contre les ordonnances cassant le code du travail ; contre des choix budgétaires au service des riches et de la finance ; contre les gâchis du capital et le scandale de l'évasion fiscale ; contre la casse du logement social et de la Sécurité sociale ; pour des politiques publiques résorbant les inégalités sociales et territoriales ; contre le démantèlement de grands atouts industriels comme Alstom ; contre l'austérité qui asphyxie les communes et les services publics ; contre les violences faites aux femmes ; pour un accueil digne des migrant·e·s ; pour des choix écologiques à la hauteur des dangers encourus par la planète…

Nous sommes engagé·e·s dans ces luttes et soutenons activement les mobilisations syndicales, sociales, associatives, d'élu·e·s locaux·ales en cours dans tout le pays. Nous voulons les nourrir utilement de propositions alternatives s’inscrivant dans notre visée communiste, car c'est d'une autre logique dont notre pays a besoin. Nous pouvons nous appuyer sur le travail de nos élu·e·s, des groupes parlementaires (Assemblée nationale, Sénat, Parlement européen).

Nous décidons d'amplifier nos campagnes contre le coût du capital, pour une autre utilisation des richesses et à faire des États généraux du progrès social, le 3 février prochain à Paris, un carrefour de convergences de toutes ces luttes. Il s'agirait d'une première étape de la construction d'une plate-forme de rassemblement alternative au pouvoir de Macron et à la politique de son gouvernement.

B - Au-delà, nous voulons repenser l'action et les ambitions du Parti communiste pour être à la hauteur d'une période politique troublée et totalement inédite, d'une période où le monde a besoin d'une profonde révolution des rapports sociaux pour ouvrir de nouveaux chemins de justice et d'émancipation.

Nous décidons d'engager toutes nos énergies dans la préparation d'un congrès extraordinaire de notre parti en 2018 pour ouvrir une nouvelle perspective d'espoir dans notre pays et penser, au service de ces objectifs, notre propre révolution, celle qui nous amènera à être le Parti communiste dont la société française d'aujourd'hui a besoin. Nous voulons le faire à partir du bilan lucide de notre action de ces dernières années et d'une analyse en profondeur des enjeux de la nouvelle période politique ouverte en 2017.

Notre congrès, préparé de manière inédite, fait appel à l'intelligence de tou·te·s les communistes et de celles et ceux qui sont disponibles à nos côtés pour travailler l'avenir de cette belle idée du commun. Nous nous donnons le temps et la méthode nécessaires pour cela, en prenant sans attendre les décisions d'actions nécessaires.

Dans une première phase -décembre 2017 à fin mai 2018- nous ouvrons quatre grands thèmes de travail et d'action sur la base d’un bilan de la période écoulée :
les luttes et le combat communiste ;
notre démarche de transformation et de rassemblement ;
les transformations de notre parti ;
les élections européennes.

1 - Les luttes et le combat communiste

Il s'agit d'avancer concrètement dans l'élaboration d’un projet communiste du 21e siècle en l’alimentant de la mise en action  de nos grands axes de bataille avec la construction :

  • d’États généraux du progrès social, avec une première étape nationale le 3 février à Paris ;
  • Alstom, pour une nouvelle industrialisation ;
  • d'Assises communistes pour l'écologie que nous tiendrons en mai ;
  • d'une campagne nationale pour les communes et l'égalité des territoires dans la République, la démocratie (Appel de Grigny ; rencontres Niemeyer du 29 janvier, colloque sur la réforme constitutionnelle le 5 mars…) ;
  • d'une campagne nationale pour les droits des femmes et contre les violences.

Et, enfin, de toutes nos actions déjà lancées :

  • les 3es États généraux du numérique les 9 et 10 mars ;
  • notre convention pour l'art, la culture et l'éducation populaire les 29 et 30 septembre ;
  • la lutte pour la paix en vue des prochaines mobilisations nationales du 22 septembre et du centenaire de la Première Guerre mondiale ;
  • nos actions de solidarité concrète ;
  • la lutte contre le racisme avec une journée d'étude au printemps.

2 - Notre démarche de transformation et de rassemblement dans la société française

Il s'agit de produire :

  • un document d'analyse sur l'état de la société française d'aujourd'hui notamment les conditions de la lutte des classes ;
  • une proposition d'orientation de notre démarche stratégique de transformation et de rassemblement, sur la base d'un bilan de la période écoulée et des enjeux de la période nouvelle.

3 - Les transformations du Parti

Il s'agit de définir l'organisation que nous devons être et les transformations concrètes pour y parvenir ; parmi ces questions, citons au moins :

  • le Parti et les classes populaires, au travail comme dans la cité ;
  • les nouveaux modèles d'organisation dont nous avons besoin ;
  • notre politique de formation ;
  • notre communication ;
  • la conception et le rôle de nos directions.

4 - Les élections européennes

Il s'agit de définir le sens de notre campagne en 2019 et le type de listes que nous voulons construire.

Ce travail pourrait déboucher sur un Conseil national élargi, tenu les 24 et 25 mars, prenant de premières décisions d'orientation et faisant des propositions, notamment un calendrier d'élaboration et de validation de nos listes (in fine par le Conseil national). Il faudra tenir compte des modifications du mode de scrutin envisagées par le gouvernement.

C - Méthode de travail

Ces quatre thématiques devront, chacune, rassembler dans plusieurs chantiers des milliers de communistes. Les chantiers seront ouverts à tou·te·s les adhérent·e·s qui le désirent. Ils s'ouvriront également aux contributions extérieures. Chacun·e disposera de l'outil numérique mis en place par le Conseil national.
Pour chaque thématique, une équipe d'animation nationale veillera au travail collectif et sera chargée de faire – avant fin mai – un bilan du travail, des actions menées et des propositions pour l'avenir du Parti. Toutes ces réflexions nourriront l'élaboration de la base commune.

L'adoption du projet de base commune aura lieu les 2 et 3 juin lors d'un Conseil national élargi aux animateurs·trices des ateliers.

L'adoption de la base commune déclenchera la phase statutaire de la préparation du Congrès :

  • dépôt des bases communes alternatives éventuelles jusqu'au 6 juillet ;
  • mise a disposition des communistes de tous les textes présentés ;
  • vote sur le choix de la base commune les 4, 5 et 6 octobre ;
  • congrès locaux et départementaux du 15 octobre au 15 novembre.

Le congrès national se tiendra les 24, 25 et 26 novembre 2018.

L'Assemblée du 18 novembre mandate le Conseil national du 1er décembre, pour mettre en place le dispositif d'animation et les commissions statutaires (commissions de transparence des débats, des candidatures et du texte). Les outils d'animation numériques du site du Congrès seront prêts à fonctionner le 4 décembre.

 

« Rêvolution ! », pour un projet communiste du XXIe siècle - Paris, 18 novembre 2017

18 novembre 2017 - Assemblée nationale des animatrices et animateurs de section

Thierry Aury : « Être

Thierry Aury :

Des dizaines de feuilles recensant des initiatives de solidarité concrète organisées par les communistes partout en France, m'ont été remises à l'occasion de l'assemblée nationale des animatrices et animateurs de section du PCF, le 18 novembre.

Bientôt, nous allons mettre en service une plateforme nationale numérique des solidarités concrètes permettant de partager beaucoup plus largement toutes les initiatives, de mettre en ligne des fiches pratiques, des modèles de tracts, des coordonnées de militants, pour aider à mettre en oeuvre une initiative dans son secteur, avec un forum de discussion pour échanger sur les expériences, sur les retombées politiques, sur les liens noués avec les participants à ces initiatives. Avec l'objectif de démultiplier ces actions communistes de solidarité concrète, de les rendre visibles à l'échelle nationale comme un élément fort et positif de l'identité communiste. Pour rendre concrète l'idée que nous ne sommes pas un parti « comme les autres ». Comme je l'exprime dans L'Humanité Dimanche du 16 novembre, en réponse aux questions de Cédric Clérin : « Il nous faut reconstruire un imaginaire communiste. En quoi nos idées sont profondément modernes et le fait que nous sommes en même temps le Parti qui fait bouger les choses dès aujourd'hui, qui aide les solidarités collectives ».

La question des solidarités concrètes est l'un des points de la « feuille de route » du Parti communiste français pour 2018, adoptée samedi 18 novembre.

Le PCF se donne les moyens d’une « Rêvolution »

 

Rassemblés samedi à Paris, 900 animateurs de section du PCF ont opté pour la tenue d’un congrès à l’automne 2018 et se sont dotés d’une feuille de route, adoptée à 72,8 % des voix.

La « Rêvolution » aura lieu en novembre 2018. Ainsi en ont décidé plus de 900 communistes réunis à la Cité des sciences, à Paris, ce samedi. Ce n’est pas la date du grand soir mais celle du « congrès extraordinaire » du Parti communiste français (PCF), pour lequel l’Assemblée nationale de ses animateurs de section a adopté ce week-end, à 72,8%, une « feuille de route », dotée du slogan « notre Rêvolution ». Elle a été élaborée à partir des 13 843 questionnaires recueillis depuis septembre et des comptes-rendus d’assemblées locales. Ce congrès « sera extraordinaire, il comptera dans l’histoire de notre parti, s’il permet de relever le défi de la relance politique de notre combat, s’il place à nouveau notre parti, nos idées communistes à l’offensive, au service de la société, de la riposte face à Macron, de la construction d’une alternative politique de transformation sociale dont notre pays a tant besoin et à laquelle, au fond, il aspire », a prévenu, dès le début des travaux, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent.

« On doit sortir de l’improvisation permanente »

Dans les travées de l’amphithéâtre où ils se sont réunis l’après-midi ou à l’heure de la pause, ce constat réunit les communistes après une année électorale difficile, et alors que l’avalanche de mauvais coups du pouvoir se poursuit. « Ce qui est frustrant c’est que nous avons une force de frappe énorme mais dispersée, estime Thibaut Bize, venu du Doubs. On a des militants, des parlementaires, mais on n’arrive pas à mettre tout ça en musique. » Pour Baptiste Giron, un adhérent du Puy-de-Dôme, ce n’est pas étonnant : « Depuis des années, nous n’avons pas fait de vrai travail d’analyse. On doit redevenir un parti d’ampleur nationale, reconstruire du bas vers le haut et vice versa, sortir de l’improvisation permanente », juge-t-il. Parmi les questions à travailler, lui relève celle du « monde du travail atomisé du fait de la désindustrialisation, de l’ubérisation, de la précarisation ». D’ailleurs, l’assemblée du week-end a engagé le PCF à se pencher de près sur « l’analyse de l’état de la société française (et) notamment sur les conditions de la lutte des classes ».

Se laisser le temps d’une démarche qui sort des sentiers battus

Reste que dans la salle le calendrier fait débat. « Il faut permettre le débat maximal, on a aussi besoin d’un Parti communiste en ordre de marche. Peut-on atteindre novembre ? » interroge l’économiste Frédéric Boccara estimant que « le motif de (ce) congrès est (l’)échec électoral historique malgré le groupe sauvé (à l’Assemblée). Un bilan et une réorientation profonde sont nécessaires » notamment « sur les campagnes pas tenues » du PCF. « Il nous faut un congrès au plus vite pour un PCF en ordre de marche à la rentrée sociale 2018 », renchérit Pierre Lacaze, responsable de la fédération de Haute-Garonne. Mais pour d’autres, à l’instar de Pierre Laurent, se laisser le temps d’une démarche qui sort des sentiers battus est fondamental. « Nous sommes sortis du centralisme plus ou moins démocratique pour une confrontation de tendances elles aussi très centralisées. La proposition de la commission (chargée de formuler la feuille de route à partir de la consultation des adhérents – NDLR) est raccord avec la volonté de faire de la démocratie notre but et notre moyen », avance Martine Perez (Aveyron).

Le texte adopté au final, après quelques modifications issues d’un travail en petits groupes le matin, prévoit une première phase (de décembre à mai 2018) « de travail et d’action sur la base d’un bilan de la période écoulée ». Elle se déclinera en « chantiers ouverts à tous les adhérents qui le désirent » et animés par des équipes nationales (désignées lors d’un conseil national le 1er décembre). C’est seulement ensuite que s’ouvrira une phase plus classique de congrès avec l’élaboration d’un texte d’orientation et la possibilité de présenter des textes alternatifs avant un vote des adhérents puis un travail d’amendements. L’objectif ? « L’expérimentation sociale de notre démarche politique, explique Pierre Laurent. (Elle) doit faire partie de notre réflexion dans tous les domaines, de nos débats de congrès. Avec la richesse de nos militants, de nos élus dans toutes les collectivités, l’expérimentation de nouvelles formes d’action et d’organisation est possible », ajoute le dirigeant communiste. Cette première étape, qui reprend les trois grands thèmes déjà sur la table (sur le sens du combat communiste, la stratégie et les transformations du PCF) auxquels s’ajoutent les élections européennes de 2019 (lire encadré), sera jalonnée de nombreux rendez-vous en écho aux priorités thématiques définies par la consultation des adhérents. La « lutte contre le coût du capital et les inégalités » (73,22 %), « la révolution du travail » (46,91 %) et « l’écologie » (34,01 %) y sont arrivées en tête. Le féminisme et la lutte contre le racisme, moins citées, se sont également invités samedi à l’ordre du jour. Des « assises communistes pour l’écologie » doivent ainsi avoir lieu en mai, les « troisièmes états généraux du numérique », en mars, ou encore un premier rendez-vous des « états généraux du progrès social » le 3 février. Ces derniers ne seront pas « une initiative en plus, mais devront se nourrir de toutes les luttes locales », a expliqué Igor Zamichiei, coordinateur du comité du projet. « La responsabilité des forces de gauche qui contestent la politique du président n’est pas de distribuer les bons ou les mauvais points, mais d’agir avec les forces syndicales dans le respect des rôles de chacun, en complémentarité, pour unir les salariés. Et surtout de donner des perspectives à ces luttes. C’est tout le sens de ces états généraux », a également déclaré le responsable du PCF Paris en référence aux récents propos de Jean-Luc Mélenchon.

L’objectif de ne pas juste résister mais de gagner de vraies luttes

Dans ce contexte, l’ambition de se rendre « plus audible » est régulièrement abordée ce samedi. « On en a marre d’entendre qu’on est moribonds, confie Sylvie Relland. On a des propositions et un ancrage mais il nous faut trouver les moyens d’être plus visibles, plus présents, plus crédibles. » Pour cette militante de Caen (Calvados), même si le sujet est parfois revenu sur le tapis samedi, « la page du vote serré pour désigner le candidat à la présidentielle est tournée. Maintenant, il faut nous projeter vers l’avenir ». Et pour cela, le cœur du problème, selon Mohamed Itrisso, des Bouches-du-Rhône, est de retrouver « le terrain quitté il y a pas mal de temps au profit du Front national. Il ne faut pas juste résister mais gagner de vraies luttes, faire en sorte que les citoyens se prennent en main alors que beaucoup ont pu être pris un temps dans l’illusion Macron ». Mais d’après le Marseillais, il y a un préalable qui nécessite de « renouer avec la base » : « savoir qui nous sommes. Une fois qu’on aura une vraie feuille de route qui nous identifie, on pourra la donner à voir dans les quartiers ».

En attendant, le PCF entend s’attaquer, au nombre de ses chantiers, à ses propres transformations, notamment sur sa communication ou sur de nouveaux « modèles d’organisation ». À cet égard, peu de militants ont regretté samedi que « la forme parti ne soit pas interrogée », comme l’a relevé Anna Meyroune, l’une des signataires de l’appel « Front commun », qui milite pour la création d’un nouveau cadre de rassemblement politique.

D’autres, en revanche, comme Marie-Christine Burricand, ont demandé à inscrire à l’ordre du jour un « chapitre à part entière sur le bilan stratégique qui doit remonter jusqu’au congrès de Martigues, celui de la théorisation de (l’)effacement » du PCF. S’il ne s’engage pas à revenir aux années 2000, le document adopté promet « une proposition d’orientation » en matière de stratégie sur « la base d’un bilan de la période écoulée et des enjeux de la période nouvelle ». « L’analyse sera faite, le bilan sera débattu, les leçons tirées, sans concession, sans faux-fuyant, qu’il concerne notre responsabilité collective, comme nos responsabilités individuelles, en commençant par celle du secrétaire national », a promis Pierre Laurent, qui « sera toujours là » à l’issue du congrès, sans préciser encore à quel poste de responsabilité.

« Construire dans les luttes les bases d’une politique alternative »

Face à une offensive libérale qui vise « un âge post-démocratique, où la concentration des pouvoirs et des richesses devient en quelque sorte une règle d’or au nom de l’efficacité », d’après le sénateur de Paris, le PCF ne restera pas l’arme au pied en attendant novembre de l’année prochaine. Outre un calendrier fourni en vue de leur congrès, les adhérents ont appelé samedi « l’ensemble des communistes à intensifier partout, dans tous les domaines, la contestation de la politique du pouvoir Macron, et à construire dans les luttes les bases d’une politique alternative ». Tout au long de l’année, ils entendent aussi développer « les solidarités concrètes ». « Nous sommes le parti des solidarités concrètes et tous ces actes sont en lien avec la société que nous voulons construire. Nous vendons des fruits et légumes parce que nous voulons une autre politique de producteurs à consommateurs, nous organisons des distributions de fournitures scolaires parce que nous voulons une école gratuite, nous organisons la solidarité avec les migrants parce que nous défendons la fraternité et un pays ouvert… », a insisté, au micro, Cécile Dumas (Alpes-Maritimes). Si le bulldozer libéral en marche les motive à se « réinventer » pour proposer une autre voie, il incite aussi les militants à multiplier les luttes sur tous les fronts. « Nous décidons d’amplifier nos campagnes contre le coût du capital, pour une autre utilisation des richesses et à faire des états généraux du progrès social, le 3 février 2018 à Paris, un carrefour de convergences de toutes ces luttes », écrivent-ils en vue de la « construction d’une plateforme de rassemblement alternative au pouvoir de Macron et à la politique de son gouvernement ». En fin de journée, les délégués ont d’ailleurs repris la route avec, pour passer aux actes, des « cahiers du progrès social » dans leur valise. « Nous on ne s’avoue pas vaincus, explique Mohamed Itrisso. On ne donne pas le point à Macron. Comme au foot, tant que l’arbitre n’a pas sifflé, le match continue. » Et les communistes ne s’estiment pas hors jeu.

Julia Hamlaoui

Le PCF franchit la première étape de son congrès

 

Samedi, à Paris, quelque 800 responsables locaux du PCF se réunissent pour définir leur congrès.

Le PCF s’apprête à franchir une première étape de son congrès extraordinaire : samedi, quelque 800 de ses animateurs locaux se réuniront à la Cité des sciences à Paris. L’objectif de cette assemblée d’un jour ? Définir la date de ce congrès, mais surtout la démarche et les questions qui devront y être traitées. Pour ce faire, les militants ne partiront pas de rien. Depuis septembre, l’ensemble des adhérents du PCF sont invités à remplir un questionnaire pour définir leurs priorités autour de trois thèmes : « le sens et l’actualité du combat communiste », « le bilan et l’avenir de la démarche » du PCF, et ses « transformations ». En clair : le fond, la stratégie et la forme. Environ 12 000 consultations ont été remplies, tandis que les réunions se sont multipliées dans les sections pour des « remplissages collectifs ». Une commission, présidée par le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a été désignée pour en faire la synthèse et présenter, samedi, des propositions. C’est que nombre de responsables communistes n’ont de cesse de le répéter : ce congrès ne doit pas avoir d’extraordinaire que le nom. « Il y a beaucoup d’attente pour que nous parvenions à une organisation à la hauteur des défis que pose le capitalisme et plus utiles à ceux qui luttent. Nous avons les énergies, il faut les mettre au service de cet objectif », estime Isabelle De Almeida, présidente du conseil national du PCF.

Pour l’heure, le PCF envisage de décliner son congrès en « chantiers de réflexions et d’actions » pour associer un maximum de militants à la « révolution du parti », selon les termes de Pierre Laurent. « L’identification de notre combat, notamment en matière de communication, de solidarités concrètes, d’utilisation du numérique. Le bilan de nos actions de ces dernières années. Mais aussi des questions de fond sur la lutte contre les inégalités, le coût du capital, l’écologie, le travail… sont autant de thématiques qui reviennent clairement dans les consultations », liste Isabelle De Almeida. Pas question pour autant, pour les communistes, de passer les prochains mois en conclave. Dès samedi, les animateurs locaux repartiront avec « 5 cahiers du progrès social » sous le bras. Des cahiers de doléances nouvelles génération en vue des états généraux du même nom, que le PCF prévoit pour le 3 février 2018.

Julia Hamlaoui

Article paru dans l'Humanité Dimanche du 16 novembre 2017

 

PCF. Ce que les militants veulent changer...

Dans la perspective de son congrès extraordinaire qui aura lieu en 2018, le PCF réunit le 18 novembre ses animateurs de section pour en fixer la date et l’ordre du jour. Étape importante d’un processus qui doit transformer en profondeur ce parti, qui fêtera son centenaire en 2020.

« Vous venez avec vos questions, je viens avec mes réponses », c'est la réplique mythique, mais fausse, que l'on attribue à Georges Marchais, face à Jean-Pierre Elkabbach et Alain Duhamel sur les plateaux télé. Vingt ans après sa mort, avant de donner leurs réponses, les communistes cherchent d'abord les bonnes questions auxquelles ils veulent répondre. Et elles sont nombreuses depuis le printemps pour le moins contradictoire vécu par les communistes. Pour la première fois depuis 1981, le candidat qu'ils soutenaient à l'élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon (FI), a obtenu 19 % des voix mais, faute d'accord avec la FI, le PCF a ensuite enregistré son pire score dans les élections législatives (moins de 3 %), tout en passant de 7 à 11 élus. Dès le mois de juin, la direction du PCF a émis l’idée d’un « congrès extraordinaire » pour analyser et opérer les transformations nécessaires pour rebondir. Une consultation des adhérents a été lancée et doit permettre aux communistes de déterminer les questions qu'ils veulent se poser. C'est à partir de cette expression de la base que « l'assemblée nationale des animateurs de section », qui se réunit ce 18 novembre, doit déterminer l’ordre du jour et la date du prochain congrès.

Ambiance studieuse

Scores en berne, second tour de la présidentielle entre libéralisme et extrême droite, législatives calamiteuses... dans la plupart des endroits, les motifs de satisfaction ont été rares pour les communistes ces derniers mois. « Au mois de juin, je ne pensais pas que nous serions capables de mener le débat que nous avons aujourd’hui », note Cécile Dumas, secrétaire départementale des Alpes-Maritimes. « Le climat est bon, avec beaucoup d’interrogations et une volonté de chercher des réponses réelles, pas des règlements de comptes », abonde Thierry Aury, secrétaire départemental de l’Oise. « La tentation de chercher des coupables plutôt que des solutions existe aussi, mais c’est très minoritaire », tempère Cécile Dumas. À Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), Pierre Belloch constate des « copains un peu perdus, avec un besoin de débattre ensemble, mais aussi un besoin de dire des choses à leur direction ; on sent une vraie inquiétude par rapport à l’avenir du Parti ».

À l’ouverture de la conférence, près de 10 000 communistes auront rempli le questionnaire en ligne et sans doute trois fois plus s’en seront servis individuellement ou collectivement pour donner leur avis. « La consultation, au-delà de l’outil qui a ses avantages et ses inconvénients, a permis de libérer la parole et d’élargir le débat », note, pour sa part, Gilles Ravache, qui coordonne la région Auvergne-Rhône-Alpes. « Nous avons inclus les sympathisants dans nos réunions autour du questionnaire et nous avons réalisé 22 adhésions en quelques semaines », abonde Cécile Dumas. « Mais il y a aussi des doutes sur la capacité à être à la hauteur des questions posées. Des congrès précédents ont parfois déçu avec des textes qui ne tranchaient pas clairement les débats », affirme Gilles Ravache.

Recherche d’identité

À ce stade, que ressort-il des débats? Le travail sur l’identification des communistes dans la société semble plébiscité par les adhérents. 90 % des réponses aux questionnaires indiquent ainsi le besoin de travailler à améliorer la communication du Parti. « Il y a un gros décalage entre ce que nous sommes et la manière dont nous sommes perçus », résume Aurélien Guillot, secrétaire départemental d’Ille-et-Vilaine. « Il nous faut retravailler à la façon d’identifier le communisme dans la société. » Selon Gilles Ravache, « il y a également, chez les adhérents, une forte demande d’un discours clair et fort du PCF pour que nous soyons perçus comme contestataires là où nous pouvons sembler aujourd’hui comme trop “gentils” ».

Mais les premiers débats dans le Parti font apparaître le besoin de comprendre et de s’adapter à des changements politiques et sociaux profonds. « Il y a une énorme demande de comprendre la société actuelle, certains se sentent largués face à la montée de l’individualisme, l’impact du numérique sur toutes les sphères de la société, etc. », constate Cécile Dumas. Une analyse d’où doit découler un projet de société mieux identifié.

« Il faut discuter de notre projet et de la manière dont on le définit, et je ne suis pas sûre qu’on ait raison de ne plus parler de socialisme pour le définir », pense pour sa part Marie-Christine Burricand, membre du conseil national. « Il y a surtout une demande d’extraire de notre projet ce qui en forme les lignes directrices : idée de faire du “commun”, analyse Gilles Ravache, les aspects collaboratifs dans le numérique, les échanges sans argent, la maîtrise publique de l’eau, etc. » « La critique du capitalisme est largement partagée dans la société française, mais pour l’instant, c’est le nihilisme qui progresse. Comment rendre crédible un changement de cap ? » s’interroge, quant à lui, Thierry Pris, secrétaire de la section d’Annecy (Haute-Savoie). « Les questions d’écologie et de révolution dans le travail reviennent souvent dans les débats comme devant être mieux travaillées pour être plus audibles », relève Cécile Dumas faisant écho à nombre de remontées en ce sens. « Il nous faut aussi comprendre comment le travail a changé pour comprendre pourquoi, désormais, la politique a tant de mal à entrer dans les entreprises », ajoute la dirigeante azuréenne. Outre le projet, les communistes sont également appelés à se prononcer sur les démarches et stratégies politiques de ces dernières années. Mais jusqu’où remonter ? « Il y a besoin d’un bilan du Front de gauche et des choix faits aux dernières élections, pas pour refaire le match, mais pour analyser et avancer », assure Aurélien Guillot, pour qui « le débat sur la candidature Mélenchon continue d’interroger, surtout à la lumière de ce qui s’est passé depuis la présidentielle ». « Il y a du ressentiment envers la France insoumise », constate également Thierry Aury. « Il y a une nostalgie du Front de gauche qui n’est pas allé au bout de ses objectifs », analyse Cécile Dumas, pointant aussi le besoin de discuter du rapport aux syndicats et associations. Mais, pour certains communistes, il faut remonter davantage encore pour comprendre les difficultés actuelles : pour Marie-Christine Burricand, « après 2000 et le congrès de Martigues, on a pris des distances avec le communisme et certains de ses fondamentaux ».

Vers un parti nouveau ?

Pour le Parti qui s’apprête à fêter ses 100 bougies en 2020 , l’émergence des mouvements politiques,comme la France insoumise ou la République en marche, ne manque pas non plus d’interroger. « Des centaines de milliers de gens s’y engagent, pourquoi ? Comment ? Comment ça fonctionne ? Est-ce durable ? » Autant de questions auxquelles la réflexion collective doit permettre de répondre, selon Gilles Ravache. « Nous devons faire un effort de novation pour mieux nous adapter aux nouvelles pratiques, constate Aurélien Guillot, nous devons sortir de nos réunions d’assemblée générale en soirée introduites par un rapport politique, et inventer de nouvelles formes. » Le Parti communiste, parti de militants par excellence, s’interroge donc sur « l’impact du militantisme de proximité » à l’heure d’Internet et des réseaux sociaux. « Les communistes font beaucoup d’efforts pour défendre leurs idées et sont peu payés en retour, ils aimeraient donc que leur activité militante porte ses fruits », constate Aurélien Guillot. « Il faut comprendre pourquoi nous n’arrivons plus à rentrer dans les entreprises. »

Les « solidarités concrètes » semblent une réponse pour, à la fois, renouveler l’activité du PCF et faire mieux identifier le communisme. « Il nous faut reconstruire un imaginaire communiste. En quoi nos idées sont profondément modernes et le fait que nous sommes en même temps le Parti qui fait bouger les choses dès aujourd’hui, qui aide les solidarités collectives », analyse Thierry Aury, en charge des solidarités concrètes au PCF. Les ventes solidaires de fruits et légumes, les journées à la mer pour les familles populaires ou autres bourses soli- daires sont autant d’actions que le PCF voudrait multiplier. Cette généralisation de la solidarité pourrait être l’un des « chantiers » que le PCF veut lancer pour son congrès. « Les communistes veulent un congrès différent, qui ne répète pas les mêmes débats, qui nous aide à approfondir des questions nouvelles, qui fait le bilan de notre ac- tion et ouvre la voie à des expérimentations nouvelles », disait Pierre Laurent dans les colonnes de l’« HD », il y a quelques semaines, appelant « à construire des chantiers qui allient réflexions et actions concrètes ». L’assemblée du 18 novembre doit en définir les contours. Elle devra également en fixer la date entre juin et novembre 2018. « Si nous voulons avoir le temps d’expérimenter, il faut se donner un an, sinon, c’est le processus habituel de congrès qui sera mis en place au risque de rater l’objectif », argumente Gilles Ravache. D’autres veulent aller le plus vite possible et penchent pour juin. Questions multiples, nouvelles façons d’y réfléchir... les communistes mettent la barre haut. Si tous ne sont pas d’accord sur les moyens d’y arriver, nombre de communistes sont du même avis sur une chose : ce congrès doit être réellement « extraordinaire ». « Nos idées correspondent à la période et les Paradise Papers en sont une nouvelle illustration ; à nous de trouver les moyens de rencontrer les aspirations qui montent ! » lance Thierry Aury. Permettre à l’offre de rencontrer la demande ? Un vrai défi pour des communistes.

Cédric Clérin

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« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)