Fédération de l'Oise

Fédération de l'Oise
Accueil
 
 
 
 

Jean-François, cet homme libre, debout jusqu'au bout - Père Lachaise, 16 septembre 2016

De nombreux amis, camarades, collègues de travail ont accompagné la famille et les proches de Jean-François Athon, à l'occasion des obsèques de « Tonton » au funérarium du Père Lachaise ce vendredi 16 septembre 2016. Beaucoup d'émotion se lisait sur les visages, une semaine après le début de la Fête de l'Humanité, sa Fête, au cours de laquelle un malaise cardiaque l'a fait tomber.

Des camarades de l'Oise, de l'Aisne, des Yvelines, des membres de l'AS du PCF, des représentants de la CGT , des collègues d'Orange… tous ont tenu à être là pour marquer leur attachement à Jean-François. Ainsi de Benoit Roger, secrétaire départemental du PCF Aisne, Julien Iborra, ancien secrétaire départemental du PCF Yvelines, Julien Zoughebi, le directeur de cabinet de Pierre Laurent ou bien encore Cédric Clerin, représentant de la rédaction du journal l'Humanité.

Une cérémonie simple et belle où sa famille, ses camarades, ses collègues ont pu présenter différentes facettes de Jean-François, le Jean-François qu'ils connaissaient eux, à l'occasion de prises de paroles alternant avec les musiques et les photos dans son hâvre de paix dans la Drôme, accompagné de ses chats… Vladimir, Fidel et Rosa.

Vidéos :

  • 01, 02, 03 : la famille de Jean-François
  • 04, 05 : représentante d'Orange-France Télécom et représentant de la CGT Orange-France Télécom
  • 06 : Luc Naudin, militant de Chaumont-en-Vexin
  • 07: Michel Chastan, de l'Accueil-Sécurité du PCF
  • 08 : diaporama
  • 09 : Julien Iborra, ancien secrétaire départemental du PCF Yvelines
  • 10 : Thierry Aury, secrétaire départemental du PCF Oise
  • 11 : fin de la cérémonie

 

Intervention de Thierry Aury, secrétaire départemental du PCF Oise

Les larmes ont coulé sur les visages de tant de militants ce week-end de Fête de l’Huma, l’émotion, l’incrédulité devant la nouvelle de sa mort en disent long sur la place qu’occupait Jean-François dans la vie de notre parti et surtout dans nos cœurs. « Quelle très mauvaise blague tu nous a fait là » pensaient ceux qui connaissaient ton sens de l’humour, de la dérision, des blagues, qu’on ne savait pas toujours si c’était du lard ou du cochon, avec ce sourire malicieux masqué sous la broussaille de ta barbe parfois suivi d’un bel éclat de rire. Puis évidemment, on a aussi tous pensé « quel clin d’œil du destin » - auquel je ne crois pas beaucoup personnellement - que de partir sur cette Fête de l’Huma, ta Fête à laquelle tu consacrais tant de temps et d’énergie chaque année, cette Fête qui réunissait tout ce que tu aimais, cette fraternité de combat avec des camarades de tous les coins de France et même d’ailleurs, ce lieu unique où se mêlent les débats politiques et les concerts, où s’entremêlent la culture sous toutes ses formes et la bonne chair, bien manger bien boire, la vie quoi…

Ton souvenir du coup restera indissociablement lié à la Fête de l’Huma et pour nous tout particulièrement à notre stand de l’Oise et de l’Aisne et à cet espace des Pays-du-Nord-Picardie dont tu fus une des chevilles ouvrières dès sa création en 2003 et de son succès grandissant jusqu’à aujourd’hui et l’hommage qui te fut rendu sur la Petite scène dimanche soir en témoigne. Tu avais débarqué il y a une quinzaine d’années à la fédé de l’Oise, peu de temps après ton installation dans le coin de Chaumont-en-Vexin pour te présenter et te mettre à disposition du Parti dans le département et rapidement tu as pris une place incontournable, forte et discrète à la fois « Petit diseux, grand faiseux », toujours d’une formidable efficacité dans toutes nos grandes initiatives, la Fête de l’Huma nous en avons parlé, mais aussi notre Fête de la Paix, relancée aussi peu de temps après ton arrivée dans l’Oise et que tu nous a aidé à porter, à développer avec un soucis permanent d’ambition politique pour faire un bel événement populaire mais aussi du réalisme pratique pour nous ramener parfois les pieds sur terre et puis aussi notre très grosse journée pour le droit aux vacances chaque année à la fin du mois d’août, ta caravane sur le front de mer hérissée de drapeaux rouges et recouverte d’une banderole comme un point de repère pour les militants et les centaines de familles qui débarquaient à Berck ou à Dieppe.

J’avoue que nous réalisons encore mal qu’il nous faudra continuer tout cela sans toi, sans ton énorme contribution, pratique, aucun soucis technique quand tu étais là, « Jean-François va nous trouver une solution », mais aussi sans ton apport politique car tu donnais toujours ton avis sur la banderole à accrocher, tu veillais toujours à ce que la parole du Parti communiste soit audible et entendue du plus grand nombre, cela conduisait d’ailleurs parfois à râler contre telle ou telle affiche du Parti, toi qui en collais chaque année, jusque dans des coins les plus improbables de l’Oise ou telle expression qui te paraissait peu lisible, compréhensible du plus grand nombre car tu avais un attachement profond, viscéral au Parti communiste, comme un outil collectif au service de l’action contre ce capitalisme destructeur de l’humanité et pour construire une société et un monde de liberté, de justice et de paix.

Malgré une vie professionnelle en région parisienne, aux horaires lourds et fatigants, tu t’impliquais totalement, tu manquais peu de réunions du Parti et si tu intervenais peu lors des assemblées, tu trouvais toujours le moyen et l’occasion de faire part de ton point de vue. Profondément attaché à l’organisation et au respect des décisions prises en commun, tu aimais que les choses soient carrées, c’était ton côté bolchévique, tu cultivais en même temps un côté libertaire, avec ton peu de soucis des apparences, ton look mêlant le viking et le soixante-huitard, avec ton mépris du caporalisme et des petits chefs, avec ton refus de te voir imposer des ordres absurdes, ou tout simplement non discutés. Et je pense que c’est ce que nous retiendrons de toi, cet homme libre, debout jusqu’au bout, combattant jusqu’au bout pour libérer l’humanité de ses chaines. À notre amie Françoise, à sa mère, à ses sœurs, ses frères, tous ses proches, ses amis, ses camarades, je veux dire que nous sommes vraiment très fiers d’avoir côtoyé et lutté avec cet homme libre que fut Jean-François.Et je voudrais vous lire ces quelques vers qui conclut le Chant général de Pablo Neruda :

« Ici prend fin ce livre qui est né de la colère comme une braise, comme les territoires de forêts incendiés, et je désire que, tel un arbre rouge, il continue à propager sa flamme claire. » Tu resteras pour nous cet arbre rouge et ta flamme claire illuminera le temps. Merci Jean-François.

 

Intervention de François Thuillier, représentant de la CGT FAPT

Jean-François, cher Camarade, cher collègue, la CGT toute entière te salue.

Jean-François, la fédération du secteur des Activités postales et des Télécommunications (FAPT) de la CGT avec ton syndicat des Yvelines, te rend hommage en ce jour d’adieu.

Je me sens  proche de toi car comme toi j’ai connu et fait mon parcours professionnel aux PTT, il y a déjà pas mal d’années. Puis les PTT ont fait place à France Télécom et à l’entrée dans la modernité des satellites et des centraux électroniques. Orange maintenant nous promet un monde numérique, digital, intégré.

Toi, Jean-François, le monde, tu le rêvais surtout et avant tout humain, solidaire, digne et soucieux des autres, des plus faibles, des plus fragiles. Un monde qui ne laisse personne au bord du chemin. Un monde où le droit à la communication défendu par notre organisation syndicale, doit être universel, accessible au plus grand nombre, sans exclusion.

Professionnellement, nous pouvions parler toi et moi avec nos mots, notre vocabulaire, nos sigles et abréviations. Parler de  nos  métiers, des techniques et usages qui évoluent vite, si vite. Nous ne nous privions pas d’échanger sur le sujet sans nous lasser, et nous nous comprenions si bien.

Hé oui ! Tu l’aimais ton métier de technicien pointu et expert en bien des domaines. Tu étais empli de lui. Tu avais en toi cette notion forte du travail bien fait, de l’excellence. Tu avais chevillé au corps le respect du client usager et de sa pleine satisfaction. Tu avais en toi des valeurs professionnelles qui te font grandement honneur.

Jean-François, l’homme tranquille que tu paraissais aux yeux des autres, en fait, bouillonnait. Indigné, révolté par tous les maux, les inégalités les injustices en ce monde. Idéaliste et rêveur, Jean-François, tu  cachais ton extrême sensibilité derrière ta barbe fournie. Mais, Jean François, tes yeux si clairs te trahissaient, et nous disaient qui tu étais : un Homme épris d’humanité,  un gars  bien. Respect Jean-François. 

 

Intervention de Luc Naudin, section PCF de Chaumont

Adieu l'ami 

Jean-François, Tonton, si je suis aujourd’hui là ce n’est pas pour faire campagne ou te demander de coller mais parce que tu nous as fait une mauvaise blague vendredi dernier… Et celle la, elle ne nous fait pas du tout sourire.

Toi, l’homme au grand cœur. L’humain que l’on n’apprivoise pas mais qui nous adopte ! C’est paradoxalement ton cœur qui a flanché à la Fête de l’Humanité, tu ne pouvais pas trouver meilleur endroit pour tirer ta révérence mais putain c’est trop tôt…

Peu de temps avant, nous avions échangé au bar de l’Oise et comme tu te plaisais à me présenter aux copains, en tant que futur maire de Chaumont-en-Vexin tu m’as dis : « Demain, M. le futur maire je te met carpette, cartable. »… Je crois que tu as réussi ton coup !

Tu nous a quitté au milieu des copains, des camarades dans l’antre de l’humain, du vivre ensemble. Je te rappelle d’ailleurs que tu es un fondateur de l’ombre du vivre ensemble le chaumontois. Sacré taiseux !!! Toujours dans l’ombre… Du coup à mon tour je jouais à te rappeler que je n’étais pas encore maire mais que tu pouvais m’appeler président…

Alors maintenant est venu le moment le plus pénible celui de te dire adieu de la part de tous les copains du Chaumontois, de Gisors et bien plus encore !

Mais je ne pouvais pas te laisser partir comme ça car dans ton départ trop brusque tu as oublié ton matériel. Je vais m’autoriser à déposer sur ton cercueil les objets suivants dont tu feras j’en suis certain bon usage :

  • un feutre indélébile noir pour gnaquer les affiches des fachos avec une grosse bite.
  • un pinceau pour coller tes affiches du Parti
  • Et une affiche rouge dont tu feras bon usage.

Adieu l’ami, tu laisses un grand vide

 

Intervention de Julien Iborra, ancien secrétaire départemental du PCF Yvelines

J'ai beaucoup réfléchi à ce que je pouvais dire aujourd'hui pour rendre hommage à Tonton. 

J'aurais pu vous parler de son parcours militant, à la JC des Yvelines tout d'abord puis au sein du PCF, dans les Yvelines et dans l'Oise

Citer tous les combats qu'il a mené, contre l'apartheid, comme tant de jeunes de sa génération, contre le racisme et les discriminations, contre la haine et l'aliénation. 

J'aurais pu vous raconter ça, ça l'aurait gonflé. 

J'aurais pu vous dire l'homme qu'il était, sous des dehors, avouons le, un peu bourrus, sa gentillesse, sa fraternité, sa serviabilité (j'invente des mots, mais aujourd'hui on peut), sa générosité. J'aurais pu vous dire qu'au delà du militant acharné, il était aussi un homme doté d'une grande finesse dans ses analyses politiques, autant capable de coller des affiches dans le plus grand canton de l'univers, que d'aller mener des négociations compliquées avec d'autres organisations ou d'enrichir la réflexion des camarades qui parlaient avec lui. 

J'aurais pu vous dire ça, mais ça l'aurait gonflé.

J'aurais pu vous parler de sa relation à la fête de l'huma, où il connaissais tout le monde, où il aidait chacun, tant la réussite de ce grand moment était pour lui une obsession. Cette fête où chaque militant, dans chaque stand, lui devait au moins un service. A titre personnel, le dernier qu'il m'ait rendu à eut lieu moins de deux heures avant sa mort. 

J'aurais pu vous parler de ça, mais ça l'aurait gonflé.

L'ayant aussi connu dans son travail, j'aurai pu vous dire l'acharnement qu'il avait quotidiennement pour assurer à chaque usager la meilleure qualité de service public possible. Pas pour l'argent, par pour ses patrons qui lui menaient la vie dure, mais parce qu'il était viscéralement attaché à rendre la vie des autres meilleures. 

J'aurais pu vous dire cela aussi, mais ça l'aurait gonflé.

J'aurais pu vous dire tout cela. Il aurait détesté parce que pour lui, tout cela était normal. Tout cela était l'évidence. Et sous ses aspects d'ogre gentil, se cachait surtout un monument de sensibilité et de modestie. 

Lui, aurait voulu que je vous dise que le combat continue. Qu'il faut repartir, malgré la douleur, qu'il existe des centaines d'injustices à combattre. Qu'il existe un monde à inventer et à construire ensemble. 

Alors c'est ce qu'on va faire. On va sécher nos larmes et continuer ce combat, son combat. Et si on pouvait tous repartir en ressemblant un peu à tonton, et malgré le plan social chez Gilette que ça engendrerait, le monde serait déjà plus beau. 

Pour terminer, je veux lui dire une dernière fois merci. Même si ça l'aurait gonflé.

  

Photos de Claude et Martine

 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)