Le mardi 15 janvier, au siège de l'agglomération creilloise ACSO, plusieurs des protagonistes engagés contre la fermeture de la maternité de Creil, se sont retrouvés pour une conférence de presse. Parmi eux, les maires de Montataire Jean-Pierre Bosino, de Creil Jean-Claude Villemain, par ailleurs président du Conseil de surveillance de l'hôpital, de Saint-Maximin Serge Macudzinski et de Nogent-sur-Oise, des membres du Comité de défense et des représentants syndicaux.
Une semaine avant jour pour jour, une délégation creilloise avait été reçue par l'Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France à Lille, pour plaider contre la fermeture de ce service public. Ce même 8 janvier, l'ARS a signé l'arrêté décidant la fermeture de la maternité de Creil et son déménagement sur le site de Senlis - peut-être même que l'arrêté a été signé avant la rencontre avec la délégation, c'est dire la considération faite de la population et de ses représentants. En effet, en dépit d'une réception pendant trois heures par l'ARS, les membres de la délégation ont été unanimes à dire qu'«ils avaient été écoutés mais pas entendus ». Le 8 janvier a aussi été le jour de la fermeture à Creil d'une chambre d'accouchement.
J.-C. Villemain a débuté la conférence de presse en disant que cet arrêté, loin d'être la fin de la lutte, était une source de rebond de la mobilisation. Il s'est appuyé sur des contradictions entre le contenu de la lettre du président Macron aux Français et ce qui se passe à Creil : « les maires, les intermédiaires des citoyens », alors que les élus creillois ne sont pas entendus, et « les services publics sont indispensables à la cohésion sociale » alors qu'une fermeture de maternité de niveau 3 avec plus de 1 500 naissances par an est planifiée dans un bassin de vie comprenant cinq quartiers prioritaires.
Plusieurs initiatives ont été présentées, pour faire monter notre lutte d'un cran :
Le Comité de défense a rappelé qu'il ne jouait pas la maternité de Creil contre la maternité de Senlis, qu'il souhaitait que restent ouvertes les 2 maternités (niveau 1 à Senlis, niveau 3 à Creil), alors que celle de Clermont vient d'être fermée et que ne resteraient à terme que 3 maternités publiques dans l'Oise : Beauvais, Compiègne et Senlis. Est aussi fait le lien avec la volonté du gouvernement de priviliégier le secteur privé, ces fermetures de services publics laissant le champ libre au privé lucratif, comme le montrent les investissements à répétition de la polyclinique Saint-Côme à Compiègne - qui par ailleurs bénéficient de « beaux publi-réportages » répétés dans les journaux locaux.
Georges Hilaire a énoncé 2 incohérences de la décision de fermeture : regrouper les 2 sites de la maternité soi-disant pour la sécurité, alors que les services « niveau 3 » seront à Creil et pas à Senlis et que c'est pour raison liée à la sécurité que les médecins s'opposent à la fermeture ; cette fermeture serait nécessaire pour sauver le GHPSO, alors que cette décision va mettre en péril sa pérennité, avec notamment des départs prévisibles de médecins. Les membres ont ainsi pointé la victoire à la Pyrrhus pour Senlis que représenterait l'installation de la maternité dans cette ville, la fermeture de Creil déstabilisant l'ensemble du groupement hospitalier GHPSO (soit les 2 sites sur Creil et Senlis).
La représentante de la CGT a mentionné la convocation des sages femmes le soir-même par la Direction, la mise à disposition aux personnels d'un document sur la nouvelle maternité. Elle a cité le vécu récent d’une césarienne en urgence à Creil, qui s'est bien terminée pour la maman et le bébé, ce qui n'aurait pas été le cas avec le site de Senlis. Elle a élargi son propos sur la périnatalité en France qui n'est pas très bien classée, alors que comme le dira Paul, la France était devant au tournant des années 2 000. Elle a aussi fait état de la souffrance professionnelle des personnels de Creil, comme le montre une expertise réalisée par un cabinet commanditée.
La population creilloise, les élus, les professionnels de santé, doivent être entendus !
Montataire, 8 janvier 2019
Monsieur le Procureur,
Je souhaite porter à votre connaissance une infraction à l'article 223-1 du code pénal par la direction de l'Agence Régionale de Santé des Hauts-de-France et la direction du Groupement Hospitalier Public du Sud de l'Oise. Leur décision de fermeture de la maternité de Creil, maternité de niveau III, et son transfert à Senlis, maternité de niveau I, expose directement et de manière délibérée les femmes enceintes et les nouveaux nés du bassin creillois à risque de mort ou de blessure.
Dans un courrier adressé à l'autorité régionale de santé, les médecins anesthésistes du GHPSO certifient « que les conditions de travail sur le site de Senlis ne rempliront en aucune façon les objectifs de sécurité optimale pour la parturiente et pour le bébé ». En effet, en raison de l'absence de service de réanimation et d'unité de soins continus sur le site de Senlisn de l'inquiétude sur la capacité de prise en charge du bébé, de l'absence de spécilités médicales et chirurgicales souvent sollicitées lors des situations d'urgences vitales, et la mise en cause de la sécurtié tranfusionnelle avec l'éloignement de l'Établissement Français du Sang situé à Creil, ils estiment que « le projet d'unification sur le site de Senlis induit obligatoirement un retard de prise en charge des parturientes, donc une perte de chance voire un risque vital pour la mère et/ou l'enfant ». Ainsi, l'ensemble des médecins anesthésistes du GHPSO alertent sur le danger que pourrait entrainer la création d'un maternité unique à Senlis et se désolidarisent du projet. De plus, le Docteur Loïc Pen, chef des urgences de l'hôpital de Creil refusant « de cautionner un système qui meet en danger les mères et leurs enfants » a décicé de démissionner de ses fonctions de chef de service. Il affirme que les médecins urgentistes ne sont absolument pas en situation de pouvoir prendre en charge des accouchements difficiles.
Dans un bassin de vie, en constante progression démographique, de l'ordre de 6 % au dernier recensement de l'INSEE, où il y a cinq quartiers prioritaires de la ville et donc une population fragile et en proie à la précarité avec tout ce que cela induit en matière d'accès au soin en particulier pour les femmes, la décision conjointe de la directrice de l'ARS et du directeur du GHPSO de fermer la maternité de l'hôpital de Creil implantée dans le quartier Rouher s'apparente à une mise en danger de la vie d'autrui telle que définie à l'article 223-1 du code pénal. En vertu de l'article 40 du code de procédure pénale et en ma qualité de Maire de Montataire et Vice-Président du Conseil de Surveillance du GHPSO, je vous donne avis de ces faites et par la présente lettre, dépose plainte contre la directrice de l'ARS et le directeur du GHPSO pour mise en danger de la vie d'autrui.
Je vous prie de recevoir, Monsieur le Procureur, l'expression de mes salutations distinguées.
Jean-Pierre Bosino