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Contre le fonds vautour Aurelius, l'État doit s'engager pour la pérennisation des sites et des emplois d'Office Depot - Senlis, mars 2021

Office Depot, enseigne spécialisée dans les fournitures de bureau, dont le siège social est basé à Senlis, emploie en France 1 750 salarié·e·s. Elle a été placée le 5 février dernier en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Lille Métropole.

Certes, l'entreprise a souffert de la crise sanitaire, « mais pas que », selon Unsa (majoritaire), pour qui « la direction met nos difficultés sur le dos de la pandémie, mais cela fait deux ans qu’on se bat contre le fonds vautour qui nous a racheté·e·s ».

Office depot a été effectivement racheté en 2017 par Aurelius. Ce fonds d'investissement allemand traîne derrière lui un lourd passif de rachat et de liquidation d'entreprises recourant au siphonnage des trésoreries des sociétés achetées ainsi qu'à la revente de leurs actifs les plus valorisables. Quelques exemples :

France 3 Hauts-de-France du 12 février 2021

Il se trouve que le groupe Aurelius a en effet déjà racheté plusieurs entreprises françaises qui ont fini par être liquidées quelques temps plus tard.

L'exemple le plus troublant date de 2007. Le groupe Aurelius a racheté l'entreprise de vente par correspondance Quelle, basée dans le Loiret. Deux ans plus tard seulement, l'entreprise dépose le bilan, avec 598 licenciements à la clés. En cause, une gestion "chaotique" de la part du groupe, d'après le tribunal de commerce qui l'a condamé à versé près de 3 millions d'euros de dommages et intérêts aux salariés. 

L'Humanité du 6 juillet 2017

Isochem siphonné par un fonds vautour [Aurelius]

 

Le député PCF de Seine-Maritime Hubert Wulfranc a écrit le 25 mars au ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance.

Il demande que l'État intervienne et soutienne le projet de reprise le plus crédible qui permettrait de préserver un maximum d'emplois et de sites - dont les deux situés à Petit-Quevilly et à Boos, sur la Métropole de Rouen. 

Si la gestion d'Office Depot par Aurelius devra être examinée par le menu détail afin de sanctionner, le cas échéant, les actes légalement répréhensibles du fonds d'investissement allemand, l'urgence est aujourd'hui de travailler une solution de reprise pérenne de l'entreprises.

D'après nos informations, les salarié·e·s de Senlis n'ont pour l'instant pas reçu le soutien actif demandé à leurs parlementaires locaux de droite, É. Wœrth et J. Bascher, ce dernier se fendant d'une réponse « lénifiante », loin des attentes.

  

 

 

 

 

Site internet de France 3 Hauts-de-France du 12 février 2021

Senlis : Office Dépôt placé en redressement judiciaire, près de 1 600 emplois menacés en France

La chaîne de magasins de fournitures de bureau Office Dépôt, dont le siège social est basé à Senlis, a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Lille le 5 février 2021. Au total près de 1 600 emplois sont menacés à travers la France.

L'avenir des 1 584 salariés français d'Office Dépôt est incertain. Placée en redressement judiciaire, l'entreprise de vente de fournitures de bureau risque la liquidation judiciaire si aucun repreneur n'est trouvé d'ici le mois de septembre. 

D'après la direction et le groupe Aurelius, propriétaire de l'entreprise depuis 2017, c'est la crise sanitaire qui a « gravement affecté » l'entreprise. Mais pour Sébastien Fournier, qui représente les salariés devant le tribunal de commerce, il s'agit là d'un simple prétexte. 

Dialogue rompu entre l'actionnaire et les salariés

« Le problème ici, ce n'est pas le covid,  c'est le business model d'Aurelius. Ils aspirent la trésorerie en faisant payer des charges très élevées et pas toujours justifiées, et ils n'investissent jamais rien », déplore Sébastien Fournier, délégué syndical central UNSA et secrétaire du CSEC. Pour lui, c'est clair : l'actionnaire n'a pas l'intention de participer à la sauvegarde de l'entreprise.

« Il y avait des solutions sur la table avant le redressement judiciaire, mais Aurelius n'est pas clair dans son positionnement. Un jour il voulait vendre, le lendemain il ne voulait plus et ne répondait pas aux offres des repreneurs. Il a laissé pourrir la situation ».

D'autant plus frustrant pour les représentants des salariés, qui mettent en avant les bons résultats et le marché porteur. « En pleine crise sanitaire, la direction française a réussi à mettre en place un plan de transformation, et ça a très bien fonctionné. Les quatre derniers mois de l'année, on a eu des résultats records, on a arrêté de perdre de l'argent et on s'est remis à en gagner. »

Des précédents alarmants

D'un côté donc, des salariés et une direction française qui veulent à tout prix éviter la liquidation judiciaire, et de l'autre un actionnaire allemand censé être spécialisé dans la restructuration d'entreprises, qui se fait pourtant très discret ces derniers temps.

Les représentants des salariés ont d'ailleurs rappelé récemment le passé sulfureux du groupe, souvent qualifié de « fonds vautour ». C'est comme ça que sont surnommés les fonds d'investissement spéculatifs qui rachètent des entreprises en difficultés pour une somme dérisoire, dans le but de faire une plus-value lors de la restructuration... Quitte à laisser ensuite l'entreprise couler par la suite.

Il se trouve que le groupe Aurelius a en effet déjà racheté plusieurs entreprises françaises qui ont fini par être liquidées quelques temps plus tard.

L'exemple le plus troublant date de 2007. Le groupe Aurelius a racheté l'entreprise de vente par correspondance Quelle, basée dans le Loiret. Deux ans plus tard seulement, l'entreprise dépose le bilan, avec 598 licenciements à la clés. En cause, une gestion "chaotique" de la part du groupe, d'après le tribunal de commerce qui l'a condamé à versé près de 3 millions d'euros de dommages et intérêts aux salariés. 

Voilà donc de quoi inquiéter les salairés d'Office Dépôt, qui ont peur de voir l'histoire se répéter et de perdre leur emploi. Avec 60 magasins, 22 plateformes logistiques et 3 entrepôts à travers la France, 1 584 salariés sont sur la selette, sans compter les intérimaires, les fournisseurs et les prestataires externes. Le siège social ainsi qu'un entrepôt se trouvent à Senlis. Dans le Nord, on trouve une plateforme de distribution à Seclin, et un magasin à Englos.

L'espoir d'un repreneur

Que va-t-il se passer maintenant ? Il faudra patienter un peu pour connaître le sort des salariés. Une période d'observation de six mois a été décidée par le tribunal de commerce. À l'issue, plusieurs  possibilités : un plan de continuité, une reprise ou, dans le pire des cas, une liquidation judiciaire. 

Dans un communiqué de presse en date du 5 février, le groupe Aurelius semblait plutôt envisager de vendre à un repreneur. 

Pour Sébastien Fournier, la meilleure solution serait de trouver un repreneur qui s'engage à garder l'entreprise dans son ensemble et à protéger au mieux l'emploi. "Notre priorité, c'est de conserver l'unité de l'entreprise. Il y a trois canaux : les magasins, la vente à distance, et la partie qui gère les contrats avec les professionnels. Il faudrait éviter que l'entreprise soit démantelée avec un repreneur par canal." À ce stade, il reste encore optimistes. "Nos résultats sont bons et le marché est porteur, il n'y a pas de raison qu'on ne trouve pas", assure-t-il. 

Il espère désormais être reçu par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, qui n'a pas encore donné suite à ses sollicitations.

Romane Idres

 

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L'Humanité du lundi 8 février 2021 - Marion d'Allard

Office Depot en redressement judiciaire : quel rôle a joué le fonds vautour ?

Le spécialiste de la fourniture de bureau, qui emploie en France 1 750 salariés, est en redressement judiciaire. Les syndicats accusent la stratégie mortifère du fonds qui détient l’entreprise. Une enquête pour abus de biens sociaux est en cours.

Le couperet est tombé en fin de semaine dernière et Sébastien Fournier, secrétaire du CSE central (CSEC) d’Office Depot France, voudrait « rétablir quelques vérités ». Placée vendredi en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Lille Métropole, l’enseigne spécialisée dans les fournitures de bureau, qui emploie en France 1 750 salariés, a certes souffert de la crise sanitaire, « mais pas que », insiste le syndicaliste Unsa (majoritaire). « La direction met nos difficultés sur le dos de la pandémie, mais cela fait deux ans qu’on se bat contre le fonds vautour qui nous a rachetés », explique Sébastien Fournier.

 

20 % la baisse du chiffre d’affaires en 2020

En 2017, Aurelius (dont nous vous parlions déjà ici) met en effet la main sur les activités Europe du groupe américain pour un euro symbolique. Fonds de retournement allemand – qualifié de « vautour » par le tribunal de commerce d’Orléans en 2012 dans sa gestion d’un autre dossier –, le nouvel actionnaire, censé redresser les comptes de l’entreprise, « n’a pas investi un centime dans la société », confirme, dépité, Michel Delattre, délégué syndical central CFE-CGC.

Il y a deux ans, la nouvelle direction met sur la table un vaste plan de restructuration visant le retour à la rentabilité en 2021 et prévoyant, entre autres, le regroupement des trois activités principales de la société : vente en magasins, vente à distance et vente aux professionnels avec des commerciaux de terrain. « On ne savait rien des conséquences sociales d’un tel plan, la direction n’a pas eu le temps de le mettre en œuvre », note Sébastien Fournier. Dépassé par les pertes accumulées et plombé par la crise sanitaire, Office Depot France demande finalement son placement en redressement judiciaire. « Cette crise sans précédent a marqué un coup d’arrêt dans le déroulement de ce plan de transformation, engendrant un besoin de financement conséquent », justifie la direction, qui estime à 20 % la baisse du chiffre d’affaires en 2020.

 

Des management fees ou des dividendes déguisés ?

Mais les syndicats le répètent, le véritable coupable porte un nom : Aurelius. « Les difficultés économiques ne sont pas nouvelles, ça fait des années qu’Office Depot perd de l’argent. Avant la mise en redressement judiciaire, nous avions des repreneurs potentiels mais Aurelius nous a baladés, acceptant de vendre, puis revenant finalement sur sa décision », constate Sébastien Fournier. Il y a dix-huit mois, le CSEC lance même un droit d’alerte pour tenter de comprendre la stratégie du fonds. « On nous parlait de pertes de 20 à 25 millions d’euros par an, mais, dans le même temps, nous remontions à la direction Europe la même somme soi-disant pour payer des services administratifs et de ressources humaines centralisés », détaille le syndicaliste. Ces transactions opérées par les filiales à leur maison mère s’appellent, dans le jargon, des management fees, souvent considérées comme des dividendes déguisés. C’est dans ce contexte que le CSEC d’Office Depot France finira par porter plainte. Une enquête pour abus de biens sociaux est en cours, confirment les syndicats.

« C’est sûr que le Covid n’a pas arrangé la situation, mais il est clair qu’Aurelius a récupéré tout ce qu’il pouvait sur notre dos », dénonce Michel Delattre. Le passage au tribunal de commerce de l’enseigne pourrait enfin forcer le fonds propriétaire à céder Office Depot. Dans un communiqué, le fonds allemand annonce ainsi que « la vente de l’entreprise française doit avoir lieu dans le cadre d’une procédure judiciaire de redressement ». C’est-à-dire « à moindres frais, avec des créances gelées et un PSE financé en partie par les AGS (le régime de garantie des salaires – NDLR) », traduit Sébastien Fournier.

Pour les salariés, les prochaines semaines seront décisives. « On craint une vente à la découpe ou la fermeture de plusieurs magasins. Les 70 salariés d’un des trois dépôts logistiques sont au chômage partiel depuis des mois, on ne sait pas ce qui va leur arriver… » note le secrétaire du CSEC. Et Sébastien Fournier de conclure : « Nous sommes numéro 2 dans notre secteur. D’un point de vue opérationnel, il n’y a absolument aucune raison d’être dans cette situation. » Plusieurs fois interpellé par l’intersyndicale (Unsa, CFE-CGC, CFTC) sur le dossier, Bercy n’a pour l’heure jamais donné suite.

Aurelius, un rapace connu

« 60 % des sociétés qui ont été entre ses mains ont coulé », affirme François Ruffin (FI). Parmi elles, trois entreprises françaises : en 2007, Aurelius s’offre Quelle (vente par correspondance – 508 salariés) pour 1 euro. Le dépôt de bilan est prononcé en 2009 et le fonds vautour sera condamné dans ce dossier pour abus de biens sociaux. En 2010, Aurelius rachète Isochem (300 salariés). L’entreprise pharmaceutique dépose le bilan en 2017, une plainte sera également déposée. En 2016, l’imprimerie Prisme (70 salariés) sera elle aussi liquidée en deux ans. Et Aurelius prospère : entre 2016 et 2018, ses dividendes ont bondi de 85 %, d’après le député insoumis.

 

 

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Contre le fonds vautour Aurelius, l'État doit s'engager pour la pérennisation des sites et des emplois d'Office Depot - Senlis, mars 2021

le 27 mars 2021

Le Monde du 24 mars 2021

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Le Monde du 24 mars 2021 - Cécile Prudhomme

Office Depot France risque la vente à la découpe

Treize offres ont été déposées pour reprendre le spécialiste des fournitures de bureau

« Accrochez­-vous, l’his­toire est digne d’un film », reconnaît Sébas­tien Fournier, repré­sentant des salariés dans la procé­dure, en tentant de raconter com­ment l’entité française d’Office Depot s’est retrouvée à jouer son avenir à la barre du tribunal de commerce de Lille.

Les repreneurs avaient jusqu’au vendredi 19 mars pour manifes­ter leur intérêt pour le distribu­teur spécialisé dans le matériel et les fournitures de bureau, fré­quenté par les professionnels et les particuliers, en redressement judiciaire depuis le 5 février.

Treize offres de reprise ont été déposées, selon nos informa­tions. La plupart d’entre elles, dont Monoprix­-Franprix, Top Of­fice, Lidl ou le discounter Maxxi­lot, portent sur quelques maga­sins du réseau, avec des proposi­tions allant de 5 à 380 postes con­servés sur près de 1 500 que compte l’entreprise. De son côté, le distributeur Fiducial est inté­ressé par la logistique, les activi­tés professionnelles et la vente par correspondance.

L’actuel président d’Office De­pot France, nommé en mars 2019 et spécialiste du redressement d’entreprise, Guillaume de Fey­deau, propose également de re­prendre, dans son ensemble, l’en­treprise, qui exploite 60 maga­sins, des sites de commerce en li­gne ainsi que trois entrepôts et 22 plates­-formes de distribution. Il avait participé à la relance de la compagnie maritime mar­seillaise SNCM en 2014 et piloté le redressement du chausseur JB Martin entre 2017 et 2018.

Cette issue, M. Fournier, délégué syndical central d’UNSA, la crai­gnait depuis que le fonds d’inves­tissement allemand Aurelius a pris possession de l’entreprise pour 1 euro en 2017. Quelques mois après l’échec, en 2016, de son projet de fusion avec son concur­rent Staples, contrarié par les autorités, le distributeur améri­cain Office Depot s’était alors dé­lesté de ses activités européennes (environ 6 500 personnes dans 14 pays) auprès d’Aurelius Group. « C’est là qu’on a commencé à être inquiets, se souvient le syndica­liste. Tous les rachats d’Aurelius en France ont fini de la même façon. »

Étranges « flux financiers »

Parmi les victimes françaises de l’actionnaire allemand, la société de vente par correspondance La Source (ex­-Quelle) que le fonds avait racheté pour 1 euro symboli­que en 2007 et s’était engagé à restructurer. Deux ans plus tard, elle avait déposé le bilan. Il y a aussi eu le groupe de chimie pharmaceutique Isochem, ra­cheté en 2010 et placé en redres­sement judiciaire en 2017. Et, plus récemment, la société Prisme, l’imprimeur du Loto, elle aussi li­quidée en 2018. Toutes reprises et toutes financièrement essorées. « Depuis qu’ils nous ont rachetés, ils nous ont laissés couler », racon­tait, en 2018, Alain Guérin, repré­sentant du personnel de Prisme à L’Écho républicain.

Alors, quand la trésorerie d’Of­fice Depot France a commencé à s’assécher, les représentants des salariés dans l’Hexagone dépo­sent un droit d’alerte, en fé­vrier 2019, face aux « flux finan­ciers intersociétés » qui leur parais­sent étranges. Service informati­que, utilisation de la marque, service de comptabilité en Rou­manie... La filiale française paye tous ses frais de fonctionnement à d’autres sociétés du groupe sans en avoir tous les détails. Les sala­riés s’interrogent aussi sur le mou­vement des actifs immobiliers et la disparition d’une créance en fa­veur de la filiale française. « Il y a deux ans, on a commencé à alerter le gouvernement, car on a vu qu’ils avaient enclenché la machine », poursuit le syndicaliste.

En mai 2019, le comité central d’entreprise dépose alors une plainte pour abus de bien social. L’entreprise est perquisitionnée. « Mais la plainte remonte à Lille et s’enlise dans les mains de l’Office central de lutte contre la corrup­tion et les infractions financières et fiscales [OCLCIFF] », s’inquiète M. Fournier. Le fonds allemand a déjà une stratégie en tête : se con­centrer sur le modèle de la vente en ligne, avec des produits et des services à plus forte marge. Il cède, fin 2019, les filiales tchèque et slovaque au distributeur spé­cialisé PBS Holding, laissant en­ tendre que d’autres transactions seraient à venir.

Les responsables syndicaux sol­licitent des sénateurs et députés, espérant ainsi politiser le dossier, avant d’être reçus à Bercy, qui « [leur] demande de réaliser des rapports ». Celui remis, en 2020, par le cabinet Eight Advisory, écrira que sa « mission s’est dérou­lée dans un contexte d’accès par­tiel à l’information », que certains documents demandés « n’existent pas » et que d’autres ne lui ont « pas été fourni[s] ». « A ce titre, nous n’avons pas été en mesure de présenter une analyse détaillée des recettes/coûts », pour pouvoir « évaluer le niveau de contrepar­ties des redevances payées par Of­fice Depot France. »

« Ensuite, la pandémie de Co­vid­-19 est arrivé, une aubaine pour Aurelius », ajoute M. Fournier. En mai 2020, le fonds allemand dé­cide de mettre en vente la struc­ture française... Puis tout s’accé­lère. Le 27 octobre, une ultime réunion est organisée sous l’égide du Comité interministériel de res­tructuration industrielle (CIRI) pour parvenir à une solution avec Aurelius et la direction française. « Début décembre, on comprend que ça s’enlise. Ils nous ont coupé l’informatique pendant une se­maine », raconte M. Fournier. Ni les banques ni les collectivités ne souhaitent avancer les 30 mil­lions d’euros nécessaires à l’entre­prise, tant qu’Aurelius sera aux commandes.

Et, pourtant, « ces cinq derniers mois, on commençait à regagner de l’argent, le plan de transforma­tion, qui s’appuyait sur le dévelop­pement de la vente en ligne, com­mençait à porter ses fruits », se dé­sole M. Fournier. Le marché est certes très concurrencé en France (Amazon, Bureau Vallée, Top Of­fice...), mais Office Depot est la seule « à posséder trois canaux de distribution : les magasins, le mar­ché des professionnels sous con­trat et la vente par correspon­dance avec Viking ».

En février 2021, la direction fran­çaise n’a d’autre choix que de pla­cer l’entreprise sous la protection du tribunal. « Dès le lendemain, notre structure européenne nous a coupé les achats et bloqué sur le port une trentaine de conteneurs qui devaient nous parvenir, s’alarme le syndicaliste. Dans un ou deux mois, on n’aura quasi­ment plus de marchandises. On est à genoux. »

 

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