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Le Nicaragua de Felipe, Laurent, Martine et Sabine - Creil, 30 novembre 2018

Lors de la dernière Fête de l'Humanité, nous avions reçu le samedi 15 septembre sur notre stand de l'Oise Laurent Sanchis, habitant notre département et compagnon de route du Front sandiniste, et Sabine Reynosa, qui a combattu avec le FSLN en 1979. Lors de cette initiative de solidarité internationale, ils avaient pu témoigner des manifestations des semaines précédentes agitant le Nicaragua et aborder sous un angle différent la situation là-bas que celui véhiculé par les médias dominants et même par des personnalités et organisations françaises classées traditionnellement à gauche, dans le camp progressiste.

Nous avions alors souhaité poursuivre cette découverte du Nicaragua, de son histoire ancienne et récente, qui s'inscrit plus largement dans celle de l'Amérique latine. Après un premier contact le 20 octobre, l'occasion nous en a été donnée le 30 novembre 2018 à l'initiative de Martine, brigadiste CGT en 1985 (la seconde), en tant qu'infirmière, qui a nous a présenté Felipe Saenz, guérillero sandiniste venu passer quelques semaines en France.

S'appuyant sur des écrits de Laurent Péréa, en charge de l'Amérique latine pour le secteur International du PCF, qui n'avait malheureusement pu être présent à cette belle initiative, Thierry Aury a, en ouverture de la rencontre, dressé la situation de ces vingt dernières années en Amérique latine qui a connu un fort mouvement à gauche et progressiste, avant une reprise en main par le néolibéralisme.

Laurent Sanchis a enchainé sur la situation géopolitique du pays, entre océans Atlantique et Pacifique, micro-État parmi d'autres entre le Mexique et la Colombie, subissant une ingérence permanente depuis l'indépendance de 1821. Façonné par l'oscillation entre les courants politiques irriguant la société aux différents temps historiques, entre pro-Espagnols et indépendantistes, puis entre ceux qui sont pour une fédération des peuples centre-américains et les nationalistes nicaraguayens, et enfin entre les libéraux et les conservateurs, le pays n'avait jamais connu la stabilité de ces dernières années. Dans les années 1920-1930, la lutte de Sandino, « le Général des Hommes libres » selon Henri Barbusse, a un retentissement mondial. En 1937, la dictature de Samoza s'installe. En 1961 est créé le FSLN, installant des foyers de guérilla, qui a toujours été présente dans le pays pour se libérer de la dictature et qui n'est donc pas un fruit de la guerre froide. Pour les années 1980, Laurent rappellera le rôle actif du Parti communiste français et de la CGT dans un grand mouvement de solidarité avec le Nicaragua, face à l'ingérence des États-Unis, avec la campagne « Un bateau pour le Nicaragua libre », le financement de projets par les municipalités communistes, la construction d'écoles par les brigades des jeunesses communistes, l'action de la CGT avec ses brigades de spécialistes ou de jeunes…

Felipe a ensuite lu quelques poèmes de sa composition, tous écrits pendants les années de guérilla 1978-1979, pendant qu'étaient projetées des photographies de cette même période. Felipe a aussi écrit des poèmes pour les enfants, qui lui ont valu un prix national en 2003.

Il nous raconta ensuite les années qui suivirent la Révolution sandiniste de 1979, l'acceptation par Daniel Ortega de la défaite par les urnes en 1990 face aux forces réactionnaires, après des années de violences orchestrées par les États-Unis, puis son retour au pouvoir suite aux élections de 2006, jusqu'à aujourd'hui, avec la relance de programmes sociaux qui ont permis à une partie importante des habitants de sortir de la pauvreté et de vivre dans un pays stable, loin de la situation de pays voisins, gangrénés par les narcotrafics.

Il poursuivra sur le mouvement de manifestations né le 18 avril suite à l'annonce d'une réforme du système de sécurité sociale. Laurent et Sabine témoigneront de l'état de sidération des habitants face à l'insécurité, qui n'émanait pas du seul gouvernement matant des manifestants, mais bien d'une confrontation  entre un mouvement factieux violent poussé par les États-Unis, financé par le patronat local qui s'est tiré lui-même une balle dans le pied en instaurant un climat néfaste aux affaires, et un pouvoir n'utilisant pas la force militaire et ayant même fait rentrer la police à un moment donné. Le nombre des victimes est ainsi partagé entre manifestants et forces de l'ordre, fonctionnaires, sandinistes…

Laurent insista particulièrement sur le rôle des réseaux sociaux ou des ONG comme US Aid, diffusant de fausses informations et jouant un rôle prépondérant dans la campagne anti-sandiniste, particulièrement relayée en France. Les bâtiments et organismes dégradés ou détruits ont été ciblés : banque nationale assurant le développement local grâce au microcrédit et pas les banques d'affaires, l'université publique et pas l'université privée etc.

Suivront diverses questions et interventions sur les liens du Nicaragua avec Cuba ou le Venezuela ; l'évolution organisationnelle et théorique du FSLN, la place des guerrilleros historiques, la formation des nouveaux cadres du parti ; les compromis avec le patronat et l'institution religieuse ; le rôle des ONG et des coopératives dans le développement du pays ; les cultures paysannes contre la monoculture…      

Après avoir piqué l'intérêt et la curiosité des participant-e-s, nourrissant leur soif de savoir, la soirée se poursuivit autour de quelques plats, non sans encore appendre que Sabine avait été sous les ordres de Felipe, ou bien que des jeunes Chiliens bloqués à Cuba suite au renversement d'Allende, avaient reçu une formation tactique militaire poussée et avaient mis en pratique leurs connaissances dans la partie sud du Nicaragua, mobilisant une partie importante de l'armée somoziste, permettant ainsi dans la partie nord aux guerrilleros d'obtenir d'importantes victoires.

Merci pour cette passionnante soirée !

Et à Sabine pour avoir traduit dans les deux sens toutes les interventions de cette rencontre.

 

AUGUSTO CESAR SANDINO, LE GÉNÉRAL DES HOMMES LIBRES DU NICARAGUA

L'Humanité du vendredi 21 Février, 2014

La figure historique de la guérilla du Nicaragua meurt assassinée, le 21 février 1934, sur ordre des États-Unis. Aux basses œuvres, on retrouve Somoza, le futur dictateur. Quatre-vingts ans plus tard, la popularité de Sandino est intacte, et son combat anti-impérialiste d’une brûlante actualité.

Il était « le général des hommes libres ». Ce surnom, Augusto Cesar Sandino le doit à un Français, Henri Barbusse, fondateur de l’Association républicaine des anciens combattants. Entre les deux guerres, le Nicaraguayen a acquis une renommée mondiale. On pourrait presque parler de mythe. Patriote et anti-impéraliste, Sandino a consacré sa vie au combat pour la souveraineté du Nicaragua, alors bafoué par des dictatures et par l’occupation des États-Unis. Qui aurait pu imaginer que ce fils, né d’une relation entre une paysanne métisse et un propriétaire terrien, allait prendre la tête d’un soulèvement populaire armé à même de mettre en déroute l’armada yankee ? Augusto Cesar Sandino est né à Niquinohomo, en 1895. Son enfance est à l’image des privations endurées par l’immense majorité de ses concitoyens. Il en tirera une grande fierté. Son «  plus grand honneur, a-t-il confié, c’est d’être issu du sein des opprimés, qui sont l’âme et le nerf de la race  ». Son éveil politique remonte à la première grande invasion états-unienne, en 1912, alors que le pays se révolte contre le régime d’Adolfo Diaz, un fieffé acolyte de Washington. En résistance, le général Benjamin Zeledon est tué lors d’un combat. Le jeune Sandino se recueillera sur sa dépouille et écrira plus tard, lorsqu’il sera le leader de la guérilla : « (Sa) mort m’a donné la clé de notre situation nationale (…) La guerre dans laquelle nous sommes impliqués, nous la considérons comme une continuité de celle-là.  »

Augusto Sandino quitte le Nicaragua. On le retrouve au Guatemala, au Honduras. Il travaille comme mécanicien ou encore au sein du mastodonte United Fruit Company, symbole de l’oppression politico-économique américaine dans cette région. Car l’Amérique centrale est, déjà à l’époque, l’arrière-cour par excellence des États-Unis. Au Mexique où il travaille pour des compagnies pétrolières, il se rapproche des milieux révolutionnaires, socialistes, syndicaux et maçonniques. Les luttes de la classe ouvrière contre l’exploitation états-unienne font rage. Sandino ne s’organise pas au sein des mouvements politiques existants, mais y puise des idées qui forgeront sa propre pensée, empreinte de souverainisme, d’humanisme et d’un certain mysticisme comme en atteste son manifeste Lumière et Vérité, rédigé en 1931. Il retourne précipitamment au Nicaragua en 1926, où une guerre civile a éclaté à la suite du coup d’État du général Emiliano Chamorro, soutenu par la Maison-Blanche. Les marines ont officiellement quitté le territoire depuis un an, mais des instructeurs veillent à la formation de la répressive garde nationale. Sandino intègre le soulèvement conduit par le général libéral Moncada et s’illustre déjà à la tête d’une troupe. Retourné par Washington, Moncada renonce à la lutte en 1927. Sandino, lui, refuse de se soumettre. «  Je mourrai avec les peu qui m’accompagnent parce qu’il est préférable de mourir comme des rebelles pour ne pas vivre comme des esclaves.  » Il plante son QG à San Juan de Segovia et se bat dans un pays de nouveau assiégé par des milliers de marines et les éléments de la garde nationale. Son appel à défendre la souveraineté nationale du Nicaragua est entendu par-delà les frontières. Des frères latinos se joignent à son combat anti-impérialiste, comme le communiste salvadorien Farabundo Marti. La guerre de guérilla menée par ces courageux va-nu-pieds est populaire. De revers en victoires militaires quasi légendaires, sa « folle petite armée », selon l’expression de la poétesse chilienne Gabriela Mistral, réussit le tour de force de faire mordre la poussière aux troupes yankees, les contraignant ainsi à se retirer du Nicaragua le 1er janvier 1933. Le mythe Sandino est né ; le sandinisme a triomphé. En février, il signe à Managua un traité de paix avec le président Sacasa. Durant un an, l’homme au sombrero dénonce les assassinats de guérilleros perpétrés par la garde nationale, dirigée par le funeste Anastasio Somoza, qui instaurera par la suite une dictature sanguinaire.

Le 21  février 1934, après avoir dîné avec le chef de l’État, Sandino ainsi que deux autres généraux sont arrêtés sur ordre de l’administration américaine. Somoza ordonne leur exécution. En faisant disparaître son corps, le futur bourreau de Managua croyait se débarrasser du père de la révolution populaire. Grave erreur. En 1961, la guérilla de gauche se baptise Front sandiniste de libération nationale, et fait siens les principes libérateurs de son mentor, ainsi que son drapeau rouge et noir. Le slogan «  Patrie et Liberté  » est de nouveau sur les lèvres. En 1979, la guérilla entrera triomphante dans Managua, mettant ainsi un terme à la féroce dynastie des Somoza. Visionnaire, le général des hommes libres avait un jour déclaré : «  Nous irons vers le soleil de la liberté ou vers la mort, et si nous mourons, notre cause continuera de vivre. D’autres nous suivront.  »

Manifeste de san albino  Le 1er juillet 1927, Augusto Cesar Sandino rédige son premier Manifeste politique, dit de San Albino, où il a installé son campement. Dans cette adresse au peuple du Nicaragua, le leader de la guérilla explique les motifs de l’insurrection populaire. Extraits. «  Celui qui n’exige rien de la patrie, même pas un morceau de terre par sépulture, mérite d’être écouté et cru. Je suis nicaraguayen, et fier que le sang qui coule dans mes veines soit surtout du sang indo-américain qui contient le mystère du patriotisme loyal et sincère. Je suis un travailleur de la ville, un artisan comme l’on dit, mais mon idéal naît d’un large front d’internationalisme, du droit à être libre et à exiger la justice, même si pour atteindre cet état de perfection il faille verser mon sang propre ou étranger. Mon plus grand honneur est d’être issu du sein des opprimés qui sont l’âme et le nerf de la race. Je jure devant la patrie et face à l’histoire que mon épée défendra le décor national. À l’envahisseur traître et aux traîtres de ma patrie, je réponds par mon 
cri de combat. Patrie et liberté !  »

Cathy Ceïbe

 

Le Nicaragua de Felipe, Laurent, Martine et Sabine - Creil, 30 novembre 2018

1/6 - Introduction de la soirée par Thierry Aury

2/6 - Histoire et géopolitique du Nicaragua, avec Laurent Sanchis

3/6 - Lecture de poèmes de la guérilla, de Felipe Saenz

4/6 - De la révolution sandiniste à aujourd'hui

5/6 - À propos des manifestations de 2018

6/6 - Échanges avec Felipe, Sabine et Laurent

Chacun a en tête l’espoir suscité par le virage à gauche de l'Amérique latine au début du 21e siècle, au moment où les politiques néolibérales gagnaient du terrain dans ce que l’on appelait « un monde globalisé ». De nombreux pays du continent sud-américain sortaient d’années de régression sociale et économique, où le taux de pauvreté frôlait les 35%, et où le poids du remboursement de la dette les asphyxiait financièrement. Saisissant l’opportunité de cette dette, le FMI octroyait alors des aides  conditionnées à des restrictions sur les politiques sociale, de santé et d’éducation, restrictions qui provoquaient la colère des populations et suscitaient de fortes mobilisations parmi les populations.

 

Ce basculement à gauche s’explique donc par la convergence de plusieurs facteurs : dictatures, crises économique et institutionnelle, mouvements sociaux, corruption et trafics. C’est ainsi qu’au Venezuela, en Argentine, en Bolivie, au Brésil, en Équateur, au Nicaragua, en Uruguay, au Paraguay et au Salvador, le camp progressiste a gagné du terrain, à partir d’une diversité d’expériences dans lesquelles les mouvements sociaux, politiques et citoyens, se sont retrouvés avec la volonté de changement social, démocratique et de souveraineté populaire régionale vis-à-vis des grandes puissances mondiales.

Dans les pays confrontés à de fortes crises démocratique et économique, secoués par d’importants mouvements sociaux, s’affirmera une gauche radicale et citoyenne. Dans d’autres, où les changements démocratiques ont évité les crises institutionnelles, des majorités de gauche plus modérées, voire centristes,  émergeront. Cela a été le cas au Paraguay où Fernando Lugo, affilié au Parti libéral (centre droit), a été élu à gauche en prônant la justice sociale, la fin de la corruption et du clientélisme ayant miné le pays pendant soixante ans sous le règne du parti Colorado (droite conservatrice).

À des niveaux différents, l’Amérique latine a connu une vague de politiques sociales dont la lutte contre la pauvreté et l’exclusion a été l’épine dorsale, et où le rôle de l’État réhabilité fut le moteur dans une volonté de s’affranchir de la domination des États-Unis.

En 2008, l’explosion de la bulle financière et la baisse de la consommation n’ont pas épargné le continent latino-américain, tirant à la baisse sa production et ses exportations vers les États-Unis. Au cours de cette période quasiment tous les États du continent ont traversé une crise économique ou institutionnelle, mais  ont subi l’impact de l’effondrement financier de manière inégale.

Affirmer aujourd’hui, que la transition politique néolibérale en cours n’est imputable qu’à la crise de 2008 semble inexact, même s’il est vrai que les pouvoirs de gauche et progressistes sont ébranlés dès 2010 pour des raisons objectivement économiques. Certains parlent d’un essoufflement du post néolibéralisme, d’une éventuelle "fin de cycle" en pointant une dynamique de crise politique (Venezuela, Nicaragua, Brésil) et un recul des avancées populaires et démocratiques.

Dans un paysage politique latino-américain miné par des affaires de corruption qui disqualifient la classe politique traditionnelle, les candidats « hors-système » ont le vent en poupe. On assiste, comme en Europe, à l'émergence de candidats au discours rétrograde s’attaquant directement à la démocratie, à l’exemple de l’ancien militaire d’extrême droite brésilien, Jair Bolsonaro.  Progressivement, un virage à droite s’opère : victoire en décembre 2017 du conservateur Sebastian Piñera au Chili, arrivée de Mauricio Macri en Argentine, de Michel Temer au Brésil par un coup d’état institutionnel et de Pedro Pablo Kuczynski au Pérou.

Les gauches subissent-elles le contrecoup de leurs réussites, notamment celle d’avoir sorti près de 94 millions de personnes de la pauvreté au cours de la dernière décennie, populations qui ont rejoint les classes moyennes ? (Source commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Cepalc, des Nations-Unies).

L’essoufflement des gauches latino-américaines a ouvert un épisode d’alternance à droite, plongeant concomitamment ces mêmes gauches dans la tourmente et les obligeant à procéder à leur autocritique face à un sentiment de recul des populations, mêlant difficultés croissantes, chômage de leurs enfants et revenus stagnants. Un sentiment dont s’est saisie une presse néolibérale omniprésente qui manipule plutôt qu’elle informe. Ainsi s’est mis en place un décor de récession continentale qui résulte des options politiques, et qui refuse de voir le rôle des structures économiques dans ce phénomène.

Alors qu’ils reprochaient aux gouvernements de droite de « n’avoir rien fait », les médias fustigent aujourd’hui le camp progressiste, coupable de « ne pas avoir tout fait », de ne pas avoir opéré des transformations plus profondes…

Un autre axe de bataille de ces médias contre les pouvoirs progressistes s’articule autour de la moralité, de la question de la corruption. Une arme politique redoutable pour fragiliser les processus nationaux-populaires. C’est le cas au Brésil avec Lula et Roussef, de même qu’en Équateur avec Jorge Glass. Chaque fois, des accusations sans véritable fondement ont été proférées et suivies d’un bombardement et d’un acharnement médiatique poussant à l’isolement politique. La culpabilité présumée est passée alors au second plan pour les juges, otages consentants de la pression de la droite et des médias : il ne s’agissait plus pour eux de condamner sur la base des preuves qu’ils auraient identifiées, mais d’identifier des preuves de façon à pouvoir condamner.

L’objectif idéologique était clair : accréditer l’idée que la corruption viendrait de l’État et du système public, alors que, bien souvent, elle est orchestrée par le secteur privé.

L’analyse de la situation, -même s’il existe des tendances fortes dans les évolutions politiques actuelles, sur fond de colère, d’appel à de nouveaux changements- n’inscrit pas dans le marbre un glissement à droite de l’Amérique latine comme une donnée définitive. Les divergences au sein de chaque camp politique auxquelles on assiste dans tous ces pays rendent l’analyse d’autant plus difficile.

Les élections de la dernière période ont été marquées par la présence d’une droite forte, face à une gauche renforcée dans certains pays : malgré les opérations de déstabilisation extérieures : victoire de Maduro à la présidentielle au Venezuela, étayée par celles pour l’Assemblée constituante, et par les résultats aux régionales et aux municipales, progressistes en hausse en Colombie avec un candidat de gauche au 2e tour, Gustavo Petro, et du camp de gauche au Paraguay, maintien au pouvoir du Frente amplio en Uruguay, transition dans la continuité à Cuba…

Le paysage politique du continent se divise quasiment à parts égales entre la gauche et la droite. Les échéances électorales à venir, les mobilisations, les rassemblements et les constructions politiques seront déterminantes pour la gauche latino-américaine. Son principal « défi stratégique » consistera certainement à se souvenir que les contradictions et les erreurs font partie des processus politiques afin de pas baisser les bras et retrouver le chemin de l’espoir.

Le 1er juillet, les Mexicains éliront députés, sénateurs, gouverneurs et un nouveau président qui pourrait être le favori actuel des sondages, le candidat de gauche Andrés Manuel López Obrador, principal opposant à ce qui ravage le pays : la violence, la corruption et la misère. Alors, qu’à ses frontières Trump met en œuvre une politique ultra réactionnaire, le résultat de ces élections pourrait avoir un écho notable sur tout le continent latino-américain. Sans oublier l’élection présidentielle au Brésil, avec la candidature ou non de Luiz Inacio Lula Da Silva.

A n’en pas douter, le Foro de Sao Paulo qui va se tenir des 15 au 18 juillet à La Havane sera un grand moment de partage d’expériences, d’analyses politiques et de mise en perspective des combats politiques, sociaux et citoyens pour les forces progressistes d’Amérique latine et de la planète.

Laurent Péréa,
Responsable adjoint du secteur international,
chargé de l'Amérique latine
article publié dans la Lettre des relations internationales de juillet 2018

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« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)