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Espace Marx60 « La place de l'industrie en France »-4/6-Conférence de Bernard Devert - Saint-Maximin, 31 mars 2017

Espace Marx60 accueillait le 31 mars 2017 un syndicaliste de la métallurgie, Bernard Devert (CGT), pour échanger sur l’enjeu de société que représente « la place de l’industrie en France ».

 

Partie 4/6 de l'exposé de Bernard Devert

 

 L’échec du CICE

Une des causes du déclin serait pour les derniers gouvernements et le patronat le « coût » du travail, comme le souligna le rapport Gallois en 2012. Pour améliorer le niveau de compétitivité, la politique de l’offre est promue, se traduisant par le pacte de responsabilité de 50 milliards d’euros. Une des mesures phares, le CICE, coûte aujourd’hui 41 milliards d’euros, que d’aucuns voudraient voir transformer en exonérations sociales définitives. Le comité de suivi dira que ce dispositif est un échec sur le plan de l’emploi, avec seulement 50 000 à 100 000 emplois maintenus, et ce à un coût exorbitant. Le CICE permet aux entreprises d’augmenter leurs marges, mais elles sont utilisées pour augmenter les dividendes ou investir à l’étranger. Par ailleurs, le CICE, qui ne s’applique que jusqu’à 2,5 fois le SMIC, a un effet pervers : le maintien de bas salaires. Il est ainsi estimé à 20 milliards d’euros la pression produite par le CICE sur la masse salariale. Notons que la part des salaires dans la valeur ajoutée est inférieure de 10 % à celle de 1982 : pour retrouver un niveau équivalent, ce sont 100 milliards d’euros qui devraient être transférés sur la masse salariale ! Et qui dit salaire dit retraite, protection sociale, hôpital, école…

 

Un patronat financier et assisté

La France arrive en tête des pays européens concernant les niveaux de dividendes versés et de rachats d’actions : c’est l’équivalent d’un quart des richesses produites qui y sont consacrées. Depuis 2008, les dividendes ont été multipliés par dix. En 1981, les dividendes représentaient 10 jours de travail par an d’un ouvrier, c’est aujourd’hui 47 jours. Le patronat est devenu un patronat financier, la porosité est grande avec l’industrie et les ministères. La financiarisation a été largement favorisée depuis 1993, année de changement des normes comptables appliquées aux entreprises. Le passage aux normes américaines, issues du secteur bancaire, a placé comme critère numéro un le rendement et le retour aux actionnaires. Tout le reste doit s’adapter au niveau demandé et est perçu comme un coût : salaires, recherche & développement, formation, investissement… Ceci entraîne les externalisations et les délocalisations. L’Europe a joué un rôle important dans cette financiarisation au niveau mondial, poussant à la logique de la concurrence et du dumping social entre salariés. Notons la redoutable efficacité de ce discours qui culpabilise les salariés français « qui coûtent plus cher » que ceux des pays de l’Est par exemple, comme dans le cas de la délocalisation de Whirlpool à Amiens. Les groupes jouent sur les salaires, la dévaluation des monnaies et les aides concédées par l’État ou les collectivités locales. Le Maroc finance la construction d’un port et d’une usine pour Renault, tout en lui permettant de rapatrier ses profits en France ; la mesure Copé permet aux entreprises françaises de bénéficier de déductions d’impôts en France sur les investissements réalisés à l’étranger… L’ouverture du capital des entreprises est présentée comme le moyen d’obtenir des financements sur les marchés, ceci est aujourd’hui complètement faux : ce sont les entreprises qui financent la bourse ! Les banques sont les relais de ces marchés financiers qui cotent chaque entreprise selon la potentialité de rentabilité, elles ne prêtent pas selon les besoins des entreprises

 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)