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Fête de l'Huma : Rencontre avec Norbert Gilmez, mineur gréviste de 1948 - Stand du Pas-de-Calais, 13 septembre 2015

Les mineurs grévistes de 1948 ont attendu soixante-sept ans pour être réhabilités. Malgré plusieurs mandats de gauche et une loi d’amnistie en 1981, ce n’est qu’en 2014 que Christiane Taubira a reconnu la responsabilité de l’État dans ces licenciements abusifs. 
Ces gueules noires avaient résisté à l’occupation nazie, reconstruit la France après-guerre et on leur a envoyé les CRS. « J’ai dénoncé devant la justice le terrorisme d’État », rappelle Norbert Gilmez, quatre-vingt-quatorze ans, invité d’honneur du Pas-de-Calais. Impressionnés, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, le sénateur Dominique Watrin, le secrétaire de la CGT, Philippe Martinez, 
et Dominique Simonnot, l’auteure de Plus noir dans la nuit relatant ce combat, se sont pressés autour de celui 
qui se bat encore pour une véritable indemnité.

 

Retour sur la longue lutte des grévistes mineurs de 1948 pour la reconnaissance de la responsabilité de l'État et le dédommagement des licenciements

 

 

Fête de l'Huma : Rencontre avec Norbert Gilmez, mineur gréviste de 1948 - Stand du Pas-de-Calais, 13 septembre 2015

La grève des mineurs de 1948

Plus noir dans la nuit - La grande grève des mineurs de 1948, par Dominique Simonnot

Plus noir dans la nuit • Dominique Simonnot

Éditions Calmann-Lévy

EAN : 9782702144534

Prix TTC : 17,50 €

272 pages

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« Reviennent alors la rudesse de ces jours, la cruelle répression, les licenciements, la prison, et ce chef, le congédiant, d’une joie mauvaise […] : “Moi vivant, t’auras plus de boulot !” Il revoyait Simone, lui et leur bébé, brutalement expulsés du logement des Mines, empilant leurs biens dans une charrette à bras, et traversant la cité dans cet équipage, puis errant du logis d’un ami à celui d’un parent ; il repensait à la “Bataille du charbon” gagnée grâce à eux, les ouvriers, il repensait à leur Résistance, ainsi gratifiée. Plus Georges fouillait dans ses papiers, plus il les rassemblait, les relisait, plus le courroux d’alors lui revenait, intact, comme au jour de son arrestation, et plus il y pensait, plus il se disait que, décidément, il lui était impossible d’en rester là. »

 

Le récit d'une injustice

Plus noir dans la nuit relate une page oubliée de l’épopée des mineurs : la grande grève de 1948, la répression brutale qui suivit. Six morts, deux mille arrestations, autant de condamnations à la prison et des centaines de vies brisées. Norbert, Colette, Jeanne et les autres, qui ont vécu ces grandes heures de la mythologie ouvrière, racontent ici un monde à jamais englouti, un monde terrible et fraternel, et leur fureur d’en avoir été exclus.

 

L'Humanité du 12 mars 2014 • Une injustice qui dure depuis soixante-six ans

 

La terrible répression qui s’est abattue sur les mineurs en grève dans le Nord fin 1948 a laissé des blessures profondes. Dominique Simonnot montre que les plaies saignent encore.

Aucun livre d’histoire n’en fait mention dans les écoles. Mais la mémoire vivante, elle, court encore dans les rues. Fin 1948, les forces de l’ordre sont envoyées par le gouvernement pour réprimer une grève dans les bassins miniers du pays. Six morts, deux mille arrestations, autant de peines d’emprisonnement et de licenciements, notamment dans les rangs des syndiqués CGT. Fini pour eux, la maison des mines, le médecin des mines, l’école des houillères, le charbon durement extrait livré gratuitement… Norbert Gilmez, quatre-vingt-dix ans aujourd’hui, fut de ceux-là. Et dans le Pas-de-Calais où il vit, perdre ainsi son poste d’employé, c’est également subir une impossibilité de retravailler dans la région. Comme quelques autres, il consacre sa vie de misère à obtenir la réparation contre ces injustices. Feu Tiennot Grumbach et sa bande d’« avocamarades » s’emparent de l’affaire dans les années 2000. Ils remporteront une victoire, mais l’État, en la personne de Christine Lagarde, fait encore appel et se pourvoit en cassation !

De quoi révolter Dominique Simonnot, qui suit l’affaire depuis 2007. Si la journaliste du Canard enchaîné sort aujourd’hui son premier livre, c’est à l’issue de trois années de rencontres avec les protagonistes de ce combat hors norme. Trois cartons de documents, dont les lettres-fleuves de Norbert. « Je trouvais dommage d’en rester à des articles courts, injuste que cette histoire soit méconnue. » Derrière chaque procès qu’elle suit pour sa chronique judiciaire, il y a une histoire. Mais là, il y a l’Histoire. Et à travers son livre documentaire, c’est le peuple qui se dit, les ouvriers qui se heurtent à l’injustice. Et plus d’un syndicaliste d’aujourd’hui y retrouvera de ses colères.

« Je n’ai pas souhaité bâtir un roman autour de ces rencontres avec Norbert, Jeanne, Colette… C’eut été risquer de trahir leur vécu, leurs propos », explique l’auteure. Néanmoins, le texte est bâti à renfort d’émotions et de récits qu’elle a parfaitement su se réapproprier. Pour dire. Pour faire savoir. Dans les corons de Bully-les-Mines, Grenay (dont Norbert Gilmez est citoyen d’honneur), il n’y a plus de librairie. « Qu’à cela ne tienne, nous trouverons bien à organiser quelque chose », promet Dominique Simonnot. Qui n’en a sûrement pas fini avec ces inlassables grévistes de 48, qui, vivants ou morts, laissent des traces indélébiles au cœur de ceux qui acceptent d’entendre la vérité.

En solidarité avec leurs camarades emprisonnés, des mineurs affrontent des CRS en 1948.

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« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)