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Antoine Casanova et les religions aujourd'hui - Breuil-le-Sec, 25 avril 2014

Antoine Casanova a présenté le vendredi 25 avril à Breuil-le-Sec les religions aujourd'hui, et plus particulièrement le catholicisme. Le sujet a attiré une belle assemblée.

 

Compte-rendu de la conférence d'Antoine Casanova (vidéo 1)

« La connaissance raisonnée sans cesse plus renouvelée des relations entre les courants religieux et les mouvements des rapports sociaux constitue un secteur essentiel d’étude mais aussi de partage des expériences pour mieux comprendre », ainsi Antoine Casanova introduit-t-il son exposé.

Il aborde son propos sous l’angle des changements dans le catholicisme. Pendant des siècles, celui-ci est structuré par un système centralisé, autoritaire, arbitraire, issu du moule du féodalisme comme l’a énoncé le père Congar. Les rapports sociaux sont dominés par l’aristocratie, selon une société hiérarchisée. La bourgeoisie devient ensuite la classe sociale dominante. Convoqué par Pie IX, Vatican I, qui se tient en 1869-1870, définit l’infaillibilité du pape, rejette la liberté de pensée ainsi que celle de la presse. Il ne se prononce pas sur le communisme car c’est une absurdité. L’Église lutte contre la commune de Paris. Léon XIII, le successeur de Pie IX, plus progressiste, sera davantage en phase avec la société, refusant toutefois la notion de lutte des classes.

Le décalage entre les connaissances et les savoirs, les exigences de démocratie, de justice, de paix des populations aboutiront à ce que Jean XXIII appellera « une urgence historique » : le XXIe concile œcuménique de l’Église catholique, ou Vatican II, qui se tiendra de 1962 à 1965. Ce concile naît de la rencontre de deux mouvements : les tensions sociales et les tensions internes à l’Église concernant l’usage du latin, la démocratie, le contenu... Un exemple est donné par la présence des prêtres à l’usine : le cardinal Feltin, archevêque de Paris, prend la défense des prêtres ouvriers, contre le Saint-Siège dans la seconde partie des années 1950.

Jean XXIII est élu en 1960 sans avoir mentionné sa volonté de réunir ce concile, ce n’est qu’une fois pape qu’il l’annonce. Le pape doit alors faire face à des résistances importantes. Après l’échec de son annulation, les forces réactionnaires proposent la tenue d’un concile par écrit, où les textes seraient centralisés et synthétisés pas la curie. Jean XXIII arrive toutefois à imposer ce qui allait devenir Vatican II, avec 3 000 délégués qui se réuniront et échangeront pendant plus de trois à l’automne des années 1962 à 1965. Sortis de leur isolement, les délégués réaliseront qu’ils sont nombreux à partager les idées de réforme de l’Église.

Voici quelques aspects issus de Vatican II :

  • la condamnation de la guerre nucléaire et du surarmement
  • le rejet de la condamnation du communisme
  • l’Église concerne avant tout le peuple de Dieu, la hiérarchie est secondaire
  • la liberté religieuse, considérée comme un blasphème avant
  • la liberté de conscience
  • les dialogues entre religions chrétiennes
  • le collège des évêques codirige, mais avec l’accord du pape

 

Succéderont à Jean XXIII les papes Paul VI, Jean-Paul Ier puis Jean-Paul II. L’exercice de ce dernier marque un retour au système ancien, à une vision autoritariste. Pour cette ligne, Vatican II a besoin d’un cadrage, étant « anti-chrétien » selon Ratzinger, le futur Benoit XVI.

Ces années qui voient le capitalisme triompher donnent naissance à un courant de chrétiens révolutionnaire en Amérique latine, au sein de l’Église et à l’extérieur, avec l’exemple emblématique d’Hugo Chávez. Les États-Unis considèrent ce mouvement révolutionnaire comme le plus dangereux et poussent au développement des Pentecôtistes et de l’Islam pour les mobiliser contre ces forces progressistes religieuses ou laïques.

L’actuel pape François est un jésuite, comme de nombreux religieux abattus en Amérique latine à la fin des années 1990. Il est originaire d’Argentine où, pour Antoine Casanova, s’il n’a pas résisté contre la dictature militaire au tournant des années 1980, il n’était pas non plus un complice de la junte.

Ce pape a donné plusieurs signes progressistes. Ainsi de la situation en Syrie où il a dit aux catholiques de prier puis d’aller manifester contre la guerre. En novembre 2013, dans son Exhortation apostolique, il écrit que le capital tue. Comme secrétaire d’État du Saint-Siège, il a choisi monseigneur Parolin, nonce apostolique au Venezuela qui a travaillé avec Hugo Chávez. Il dit par ailleurs que les communistes qu’il a connus étaient des gens très bien. Aura-t-il l’opportunité de mener à bien les nombreux chantiers vers le progressisme au sein de l’Église ? 

 

Parmi les questions de l’assemblée, l’attitude des forces progressistes laïques par rapport à la religion (vidéo 2) ; la possibilité qu’un religieux exposant ses idées progressistes soit élu pape est revenu à plusieurs reprises, Jean XXIII et François s’étant exprimés une fois pape (vidéo 3) ; la philosophie et les croyances religieuses, les mythologies, la sorcellerie (vidéo 4).

  

 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)