Jean-Luc Mélenchon 3e personnage de la campagne - 15 % d'intentions de vote
Article d'André Ciccodicola, paru dans l'Humanité Dimanche du 29 mars 2012
Sondages : la mauvaise pioche !
Le coup est parti dès l'annonce faite par l'institut de sondage BVA d'un Mélenchon à 14 % : le candidat du Front de gauche progresserait au détriment du candidat socialiste François Hollande. Le journal « Le Monde » a pris la tête de la charge sous la plume de Michel Noblecourt. Il écrit : « Plus Jean-Luc Mélenchon, plus le candidat socialiste se tasse. » Et d'ajouter : « Nicolas Sarkozy observe avec jubilation ce phénomène. » Dès lors, la conclusion s'impose à nos esprits, même faibles : Mélenchon fait le jeu de Sarkozy. Courte vue et mauvais pioche. Car, losqu'on synthétise les résultats des quatre grands instituts de sondage, BVA, IPSOS, CSA et IFOP, que constate-t-on ? Que, entre le 8 janvier et le 27 mars, François Hollande oscille entre 29 et 28 % des intentions de vote pour le premier tour. « 1 % : voilà quel serait l'effet Mélenchon décrié par notre confrère ! Si Sarkozy « s'en tape les cuisses de plaisir », comme le laisse entendre M. Noblecourt, il se contente de peu. On peut même ajouter qu'il est comme le couillon qui fixe le bout du doigt qui veut lui montrer la lune. Car l'important dans la montée de Mélenchon dans les sondages, où il passe de 6 % le 8 janvier pour l'IFOP à 14 % pour BVA le 22 mars (moyenne des 4 sondeurs : 13,5 %), c'est la montée globale du score du duo anti-sarkozyste : Front de gauche + PS, qui passe de son plus-bas, à 34 % en janvier, à 41,3 % en moyenne 3 mois plus tard. Cette ascension du Front de gauche et de son candidat renforce donc les chances de virer Sarkozy au deuxième tour, ce que ne dit pas « Le Monde ».
Ce n'est donc pas sur le PS que Mélenchon gagne mais sur des hésitants. C'est sur le dynamisme d'une campagne qui a du contenu, mais sur lequel l'analyste ne dit rien, qu'il gagne. Pourtant, une ligne de plus eût suffi. Une nouvelle République sociale dont les clés seront : l'abolition des privilèges des nantis, la redistribution des richesses créées, le respect des équilibres écologiques et le bien-être de son prochain. Si Hollande voulait prendre en compte les raisons des succès sondagiers du Front de gauche, il prônerait clairement une alternative sociale au sarkozysme, plutôt qu'une alternance qui laisse la main à la finance. Le monde du travail, le peuple feraient en sorte que les sondages lui soient encore plus favorables et l'analyste du « Monde » s'en trouverait sans doute moins inquiet. »
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