Femmes Solidaires a organisé le samedi 10 mars, à l'occasion de la Journée internationale des femmes du 8 mars, une après-midi consacrée à la pratique sportive féminine.
Après des courses féminines de 1,5 et 5 km au stade Marcel Coene, direction la salle homonyme où les panneaux de l'exposition « Sportives », visible jusqu'au 15 mars, ont retenu l'attention des curieux. Marie-George Buffet est arrivée, faisant l'étonnement de la jeune petite-fille de Claire, militante communiste, qui ne pensait pas que l'on pouvait voir « en vrai » quelqu'un de connu !
À 17 heures, après la remise des récompenses, des échanges ont eu lieu sur le thème de la place des femmes dans le sport. Étaient réunies Mare-George Buffet, ancienne ministre de la Jeunesse et des Sports et féministe, Françoise Perrinel, championne du monde de tir à l'arc 3D et une professeur d'EPS.
Marie-George Buffet a, dans un court rappel historique, présenté le contexte social du corps féminin, soumis à l'exploitation dans les usines et à l'enfantement : seules les femmes issues de l'aristocratie pouvaient se préoccuper de leur corps. Elle a ensuite développé sur le désengagement de l'État dans le financement du sport, ouvrant la porte à la marchandisation et à la mise en avant de seulement quelques sports-rois. Elle a dénoncé la visiblité réduite du sport féminin dans les médias, sauf pour les sports « mixtes » (athlétisme…). Or c'est cette visibilité qui donne envie de pratiquer. La volonté politique peut influer sur ce constat : par décret sont définis les événements sportifs qui doivent obligatoirement être retransmis pour le plus grand nombre, il suffit donc d'imposer des compétions féminines dans ce décret. Les femmes dirigeantes de fédérations sportives sont quasi-inexistantes et Marie-George est favorable à la contrainte, par une loi sur la parité.
(Femmes Solidaires est à l'origine d'une pétition sur la visibilité du sport féminin « À la télé, PAS DE FILLES HORS-JEU ») Françoise Perrinel a enchaîné sur la difficulté de concilier une vie de sportive de haut niveau avec celle de mère. La professeur d'EPS s'est interrogée sur la soi-disant absence d'esprit de compétition chez les femmes et s'est élevée contre des projets dans l'Éducation nationale de mise en place d'activités dédiées aux femmes, le « sport » devenant officiellement une prérogative masculine. Elle a rappelé que le sport était une discipline très importante où devait se mettre en place l'égalité entre tous, avec les différences de chancun. Elle s'étonne que lors des cours on puisse composer des équipes mixtes, mais que cela ne fonctionne plus en dehors de ceux-ci. Les préjugés sexistes dans le sport font l'objet de nombreuses études universitaires, d'où il ressort que la pratique sportive actuelle est issue d'une construction masculine et qu'il est difficile d'y faire venir les femmes ; que les femmes ont intégré un sentiment de compétence inférieure auquel elles se plient (exemple des jeunes filles se mettant dans un coin du terrain, tandis que les garçons envahissent tout l'espace) ; que les professeurs de sport adoptent des attitudes renforçant cette dichotomie pour acheter une paix sociale avec les garçons. Bref, la culture sportive chez les femmes est une culture à construire, comme toute culture. Bernard, dirigeant du club de basket à Montataire et qui se bat pour que vivent les équipes féminines, appellent les dirigeants masculins à dépasser les bonnes paroles - pour ceux qui ne disent pas carrément qu'ils n'ont pas envie de s'em… avec des équipes féminines - et à œuvrer pour la reconnaissance du sport féminin. Il trouve aussi aberrant que, dans les demandes de subvention au Centre national pour le développement du sport (CNDS), les dossiers associés aux handicapés et aux femmes soient traités au même niveau. Jean-Pierre Bosino, maire PCF de Montataire, a rappelé les contraintes financières actuelles pesant sur les collectivités territoriales qui ne leur permettent pas d'investir par exemple dans des crèches libérant du temps pour les femmes. Il alerte contre le risque à moyen terme de la privatisation des équipements sportifs et des services municipaux dédiés à la pratique sportive. Une élue nogentaise en charge du sport a bon espoir de faire évoluer la société. Claire a narré l'histoire de femmes péruviennes qui jouaient au football, d'abord sous les moqueries des hommes puis se faisant accepter. Marie-George Buffet a conclu sur la necessité d'avoir du temps à soi pour pouvoir pratiquer une activité sportive. Elle veut utiliser les JO de Londres cette année pour faire entendre des revendications, comme l'obligation d'une égalité des pratiques sportives femmes-hommes sous peine d'exclusion des événements sportifs. Des « bijoux » ont été remis aux participantes et la journée s'est finie autour de mets salés et sucrés, dont des macarons qui ont eu un certain succès.
