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Soirée des vœux du PCF Oise : « Rassemblons et contruisons de réelles alternatives progressistes répondant aux besoins populaires et aux enjeux écologiques et sociaux » - Creil, 10 janvier 2024

Nous reproduisons ici l'intervention de Thierry Aury, secrétaire départemental, lors de la soirée de présentation des vœux au siège de la fédération de l'Oise du Parti communiste français le 10 janvier 2024.

 

Bonsoir à toutes et tous, merci d’être présents.

Un salut particulier à Loïc [Pen], nouveau conseiller régional, à Catherine [Dailly], présidente du groupe de la gauche unie au conseil départemental [de l'Oise], et à tous les militants, les élus, les amis pour ce rendez-vous traditionnel de début d’année.

Tout d’abord mes meilleurs vœux avec le plus de bonheurs dans votre vie et celle de vos proches, de réussites dans vos projets personnels.

Et puis, évidemment, et je vais en dire quelques mots, de succès dans nos espérances communes, dans nos actions pour travailler à une humanité meilleure, un monde de paix et une planète vivable durablement.

Mes premières pensées vont aux victimes civiles de toutes les guerres, de toutes les violences qui ensanglantent le monde : nous sommes bouleversés, révoltés par les certainement plus de 25 000 morts de Gaza dont plus de la moitié sont des enfants – un enfant est tué toutes les cinq minutes depuis trois mois là-bas – provoqués par les bombardements effroyables de l’armée israélienne.

Sans parler des innombrables blessés, mutilés, traumatisés, à vie, orphelins, par ce carnage qui est assimilé désormais à un génocide par des organisations humanitaires et des responsables des Nations Unies.

La France devrait porter avec beaucoup plus de force, de détermination, l’exigence d’un cessez-le-feu immédiat, d’une protection des populations civiles, de sanctions fortes contre Israël et ses dirigeants racistes et coupables de crimes de guerre, à l’instar de l’Afrique du Sud qui a saisi la Cour internationale de justice.

Nos pensées vont aussi aux populations ukrainiennes victimes de l’agression de Poutine (comme d’ailleurs à celles du Donbass entraînées dans la guerre par les dirigeants de Kiev depuis déjà dix ans) : là aussi, portons l’exigence du cessez-le-feu et de la désescalade, faisons taire les va-t-en guerre, les marchands d’armes qui s’enrichissent du malheur et de la mort.

Il n’y aura aucune solution dans la poursuite de la guerre, sinon des morts, des destructions, des souffrances inutiles, qui alimentent, comme à chaque fois, les haines, les nationalismes, les violences perpétuelles.

Oui, Jaurès avait raison :

« L’affirmation de la paix est le plus grand des combats ».

Et nous, en cette année où nous commémorerons les 110 ans de l’assassinat de Jaurès, les 120 ans de la fondation du journal l’Humanité, les 80 ans de la Libération de notre pays en 1944, en cette période de menaces sur la paix du monde par ces conflits et par la terrifiante course aux armements relancée partout, nous devrions faire de ce combat pour la paix une des dimensions fortes de nos actions.

Notre fête départementale, la Fête de la Paix, le week-end de Pentecôte, pourrait être un temps fort en 2024, dans l’Oise, de rassemblement politique, culturel, festif en ce sens, largement ouvert à toutes les organisations et citoyens qui le souhaitent.

Et puis, sans attendre, et comme nous avons su le faire en octobre, novembre, décembre 2023, nous allons prendre ou participer à toutes les initiatives nécessaires pour faire entendre le plus fort possible, les voix de toutes celles et tous ceux qui ne se résignent pas à la guerre, et en portant par exemple l’exigence de la libération de Marwan Barghouti, le Mandela palestinien, qui pourrait être un acteur décisif d’une solution politique.

Et je vous invite à acheter, à lire, à diffuser ce hors-série de l’Humanité consacré à Gaza, l’Humanité qui a joué et joue un rôle formidable pour décrypter ce qui se passe, faire entendre d’autres voix très diverses, que celles qui dominent dans les médias dominants, pour éclairer aussi sur des aspects peu mis en avant comme il y a deux jours, avec cette enquête sur les liens privilégiés de Netanyahou et de l’extrême droite israélienne avec toutes les extrêmes droites antisémites, au pouvoir ou aux portes du pouvoir en Europe (Pologne, Lituanie, Autriche, Pays Bas…), Netanyahou « effaçant » le passé collaborationniste avec les nazis de ces forces, et ces forces devenant un lobby du régime israélien au sein de l’Union européenne.

Il me semblait important de commencer mon propos par cette exigence de paix sans laquelle aucune de nos aspirations à un monde de liberté, de solidarité, de coopération de progrès social et écologique ne pourrait se concrétiser.

Mais naturellement, nos actions vont continuer de porter toutes ces aspirations, dans le prolongement des luttes menées en 2023.

Le premier semestre 2023 a été marqué par un mouvement d’ampleur contre le projet Macron de recul de deux ans de l’âge de la retraite, avec des manifestations et journées d’actions unitaires, à l’appel de l’intersyndicale, rassemblant plusieurs dizaines de milliers de personnes à chaque fois dans l’Oise.

Certes, nous n’avons pas réussi à bloquer le passage de cette loi, qui va voler deux ans de vie à des millions de salariés, et aggraver encore la réforme Fillon entérinée sous Hollande par Touraine (Touraine, vous savez, la fée qui s’est penchée sur le petit Attal pour lui mettre le pied à l’étrier au début de sa carrière…).

Mais cela s’est fait au prix d’un coup de force démocratique permis par cette constitution de la Ve République qui donne un poids exorbitant au président de la République puisque cette loi de recul de l’âge de la retraite n’a même pas été soumis au vote de l’Assemblée nationale alors même que ce projet était rejeté par près de 80 % des Français et plus de 90 % des salariés.

Et je pense qu’il nous faut valoriser le caractère unitaire et sans précédent de cette intersyndicale qui a tenu d’un bout à l’autre, qui a remis les organisations syndicales au premier plan et les a renforcées en adhérents, qui a créé un climat nouveau entre elles (« les choses ne seront plus comme avant » a dit Sophie Binet comme ses homologues des autres confédérations), qui a permis le rassemblement de millions de salariés, qui a exercé une pression telle sur les députés qu’il s’en ait fallu de neuf petites voix que la motion de censure soit votée (dans l’Oise, on a vu deux députés LR Minot et Vatin voter cette motion de censure suite aux pressions fortes des citoyens et salariés de leur circonscription, alors même qu’ils avaient soutenu l’année précédente le programme de Pécresse de recul de la retraite à 65 ans ! - Intéressant de se souvenir de ce que le rapport de forces citoyen peut imposer !

Valorisons aussi la bataille politique commune menée par les forces de gauche au Parlement et en soutien aux journées d’actions intersyndicales : certes, il y a des différences dans les propositions des forces de gauche, mais il y a eu aussi accord unanime contre toute nouvelle régression, et cela est un point d’appui précieux quand on se souvient que le PS sous Hollande avait validé l’enterrement de la retraite à 60 ans, une des conquêtes de 1981.

D’ailleurs ce mouvement unitaire intersyndicale et politique a contribué à ce que 70 % des Français se prononcent pour le retour à la retraite à 60 ans, ce qui est une forte majorité qui va largement au-delà de l’influence de la gauche.

Et la prise de conscience du caractère très restrictif voire autoritaire de nos institutions, avec notamment le recours répété au 49.3, est certainement plus fort que jamais dans la tête de nos concitoyens.

Et ce n’est certainement pas le tour de passe-passe opéré depuis 48 heures par Macron, remerciant sa collaboratrice Borne pour ses loyaux services, et la remplaçant par un clone de lui-même, qui va redorer le blason de ce régime et de ces institutions.

Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a d’ailleurs proposé de mettre immédiatement le nouveau Premier ministre (ou porte-parole de Macron) au pied du mur des exigences sociales, avec une campagne « vérité sur les salaires » à un moment ou la question du pouvoir d’achat, du pouvoir de vivre, est certainement la préoccupation majeure d’une majorité de notre peuple (des millions de personnes ne mangent pas à leur faim tous les jours et cela touche même des travailleurs pauvres, des petits retraités et un étudiant sur cinq selon des enquêtes récentes !).

Quelques jours avant Noël, les communistes du Bassin creillois avaient fait une opérations sur la zone commerciale Cora, avec beaucoup de discussions et d’approbations de nos propositions sur le blocage des prix, la hausse des salaires, retraites et l’indexation des salaires et retraites sur l’inflation (comme cela existe par exemple en Belgique ou comme cela existait en France jusqu’en 1983).

Nous proposons de poursuivre, et aussi de collecter des feuilles de salaires (en masquant le nom du salarié) et en en transmettant des copies sur salaire@pcf.fr, pour montrer l’ampleur des bas salaires, avec nombre de salaires au niveau du Smic voir inférieur même avec beaucoup d’années d’ancienneté : une délégation nationale du PCF avec ses parlementaires se rendra le 3 février à Matignon et portera avec force la nécessité de revaloriser fortement les salaires et retraites et de bloquer et même baisser les prix notamment de l’énergie.

Ce serait d’ailleurs une bonne chose de remettre au premier plan les questions sociales, celles des conditions de vie et de travail de la majorité du monde du travail, afin de remettre au cœur du débat public la question de la répartition et de l’utilisation des richesses produites, dans une période où les fortunes des 500 les plus riches ont doublé pour atteindre 1 000 milliards.

Ce serait aussi le meilleur moyen de faire reculer toutes les campagnes et opérations de division du peuple, menées de concert par le pouvoir macroniste, la droite LR et l’extrême droite RN comme avec le vote de cette honteuse loi immigration en décembre 2023, loi la plus régressive depuis Vichy, loi qui porte atteinte aux valeurs et principes mêmes de la République.

Soyons clair, contrairement à ce que font croire ceux qui ont voté cette loi, elle n’empêchera pas des étrangers de venir en France, les mobilités sont d’ailleurs une des dimensions de l’histoire humaine ; par contre, la mise en œuvre de cette loi fera que les étrangers seront moins intégrés, plus précarisés, plus pauvres, plus humiliés. Il y aura toujours autant d’étrangers mais moins intégrés, plus précaires. 

Le président de la Ligue des droits de l'Homme développait cela très bien dans une tribune dans l’Humanité en montrant que les dispositions de cette loi mettait en cause le triptyque de la République :

  • atteinte à la Liberté en rendant plus difficile de s’intégrer dans notre pays ;
  • atteinte à l’Egalité avec la notion de « préférence nationale » portée depuis toujours par l’extrême droite ;
  • atteinte à la Fraternité car l’accueil sera plus difficile et portera atteinte à la dignité des personnes.

Un appel de 201 personnalités, très diverses, publié par l’Humanité, dénonce avec force cette loi, demande à Macron de ne pas la promulguer (plutôt que de se défausser sur le Conseil Constitutionnel) et appelle à une grande marche citoyenne le dimanche 21 janvier.

Nous proposons aux forces et citoyens de l’Oise qui se retrouvent dans cet appel de se rassembler, le 20 janvier à Beauvais (et partout où cela sera possible), et de participer massivement le dimanche 21 janvier à Paris.

Je pense que face à ce que Le Pen appelle « une victoire idéologique du RN », il nous faut mener la contre-offensive sur le plan des idées, sur le plan culturel.

Non, les immigrés, l’immigration ne sont pas les responsables des problèmes du pays et de la société.

La mobilité, les déplacements des êtres humains ont toujours existé, et vont même se développer en lien avec les conséquences du réchauffement climatique qui vont amplifier le phénomène avec des centaines de millions de réfugiés climatiques prévisibles, sans parler des conséquences des guerres, de la misère, des dictatures...

Ces mobilités, ces déplacements se font d’ailleurs souvent dans les pays, les zones les plus proches, et non, la France n’est pas submergée par une vague migratoire.

Et au contraire, notre pays s’est enrichi de l’apport de millions et de millions de personnes, venues d’ailleurs, et parmi elles, nombre d’artistes, de scientifiques, de personnalités de premier plan, sans parler de celles et ceux qui ont construit et reconstruit le pays, font tourner son industrie, ses services.

Et en boutade : « ils venaient d’où les parents et grands-parents des Bardella, Darmanin, Zemmour, Ciotti, Sarkozy ? »

Au contraire, nous aurions tout intérêt à faire de cette présence de millions de femmes et d’hommes dont les grands-parents, les parents ou eux-mêmes sont venus d’autres pays, d’autres continents, un formidable atout de rayonnement pour notre pays dans le monde, pour développer des coopérations mutuellement avantageuses avec des dizaines et des dizaines de pays.

Et puisque, enfin, Macron a décidé de faire entrer Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon, le 21 février prochain, faisons de cet acte (dont nous ne sommes pas dupes de l’opération politique comme lorsque Sarkozy avait voulu récupérer Guy Môquet), faisons de cet acte un grand moment d’histoire et de débat politique en lien avec l’actualité, pour rappeler le rôle de ces étrangers « et nos frères pourtant » (Aragon) dans la libération de notre pays et la défaite du nazisme.

Nous pourrions prendre des initiatives partout où nous sommes présents, y compris pour proposer de baptiser des rues, des lieux publics au nom de Missak et de Mélinée Manouchian. 

La fédération de l’Oise du PCF tient aussi à disposition des sections du PCF, une exposition nationale réalisée par le PCF, et qui peut être exposée en lien avec des soirées débats.

Là aussi, comme sur la Paix, comme sur les retraites, comme sur le pouvoir d’achat, comme avec cet appel très large contre la loi immigration, nous pouvons, nous devons rassembler, pour construire des alternatives progressistes et contester ce duo mortifère entre extrême droite et « extrême centre » (pour reprendre la formule de l’historien Pierre Serna).

La montée et la victoire de l’extrême droite sont « résistibles » comme aurait dit Bertold Brecht, et n’ont rien d’inéluctable, à condition de travailler à de réelles alternatives répondant aux besoins populaires et aux grands enjeux écologiques et sociaux.

Tout cela sera aussi au cœur de la campagne européenne en vue du scrutin du 9 juin, scrutin national à la proportionnelle pour lequel les communistes ont investi Léon Deffontaine et veulent travailler à une liste qui rassemble des forces et personnalités progressistes et du mouvement social, avec l’objectif de « reprendre la main » sur une Europe qui a dérivé totalement vers le libéralisme (liberté pour les capitaux, fermeture pour les êtres humains), les politiques d’austérité et désormais l’autoritarisme, pour remobiliser des électeurs qui s’étaient abstenus, et se donner l’objectif de faire élire de nouveau des députés communistes français qui renforceraient la gauche au Parlement européen.

Cette année 2024, deux ans avant les municipales de mars 2026, va être aussi un temps de préparation de cette échéance locale importante pour les citoyens et importante pour notre influence départementale.

Nous prendrons toutes les initiatives permettant, dans chaque commune, à partir des réalités locales, de travailler aux rassemblements les plus larges permettant de conforter les mairies de gauche, d’en gagner de nouvelles, et d’élargir partout le nombre d’élus communistes et progressistes, comme point d’appui pour les luttes et la population.

Et ce n’est un secret pour personne, que de dire que nous voulons contribuer au basculement à gauche de Beauvais et Nogent-sur-Oise (première et quatrième villes de l’Oise).

2024 sera aussi le 30e anniversaire de notre journée au droit aux vacances, le 17 août à Dieppe, très belle initiative, populaire, solidaire, très appréciée, et à laquelle nous nous efforcerons de donner encore plus de retentissement, avec nos camarades de Dieppe.

Et c’est sur cette belle perspective, avec de beaux moments de bonheur partagé, que je souhaite conclure cette intervention et pour faire écho au début de mon propos, je voudrais lire ces vers du poète palestinien, Mahmoud Darwich, celui qui disait que « les Palestiniens souffrent d’un mal incurable : l’espoir »,

je voudrais lire ces vers d’espoir pour l’année 2024, malgré tous les nuages noirs qui plombent le ciel : 

« Puissent les mots, enfin limpides, nous laisser entrevoir les fenêtres ouvertes

Puisse le temps se hâter avec nous, et apporter notre lendemain dans ses bagages. »

 

Soirée des vœux du PCF Oise : « Rassemblons et contruisons de réelles alternatives progressistes répondant aux besoins populaires et aux enjeux écologiques et sociaux » - Creil, 10 janvier 2024

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« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)