Fédération de l'Oise

Lucette Aury nous a quitté·e·s ce 28 juillet. Nous reproduisons ci-après le message adressé par Thierry Aury, un des enfants de Lucette et Claude Aury.

Vous êtes invité·e à lui rendre un dernier

Message de Thierry Aury, le 29 juillet :

Aux camarades et ami-e-s de l'Oise,

Bonsoir,

J'ai la grande tristesse de vous annoncer le décès, dans sa 87e année, de Lucette Aury, ma maman, qui fut aussi une militante, figure familière d'innombrables luttes à Beauvais comme dans l'Oise, durant des décennies.

Évoquer Lucette c'est forcément parler d'une femme engagée, d'une battante avec la révolte à fleur de peau, agissant pour une société et un monde meilleurs, ne supportant aucune injustices ici ou n'importe où sur la planète.

Même diminuée depuis trois ans, par ces AVC qui avaient paralysé son côté de gauche et l'avaient privée de ces marches à pied qu'elle aimait tant - sillonnant la ville, manifestant ou randonnant en montagne - elle était restée une femme debout : dans son fauteuil roulant, poussé par Claude, elle fut de presque tous les cortèges contre le recul de l'âge de la retraite à 64 ans.

Et même quand sa mémoire immédiate commença à flancher, elle restait intarissable sur tous les combats menés depuis sa jeunesse et qui furent une dimension essentielle de sa vie jusqu'au bout.

Une mère ouvrière du textile licenciée pour avoir fait grève, un père révoqué pour action politique puis résistant, clandestin durant trois ans, recherché par l'occupant nazi : cela marque une enfance et l' imprégna durablement. Elle était du « cru 1936 », année emblématique du mouvement pour l'émancipation sociale et ce fut comme une étoile qui guida ses pas.

Elle fut toujours du côté « des petits, des obscurs, des sans-grades », de celles et ceux qui souffrent de l'exploitation, du racisme, des guerres, des violences ou tout simplement de la dureté de l'existence dans cette société dominée par le règne de l'argent et les inégalités sociales, et ce fut le fil rouge de ses engagements :

• à la CGT où elle adhéra dès son entrée dans la vie active et y devint une déléguée très estimée des salariées et crainte des directions,

• au Parti communiste dont elle était une vétérante,

• au Collectif Solidarité Migrants du Beauvaisis qu'elle contribua à créer il y a plus de 20 ans et mena des actions solidaires courageuses pour protéger et défendre des jeunes, des femmes, des hommes menacés,

• au Comité de diffusion de l'Humanité de Beauvais qu'elle anima si longtemps,

• au Comité d'entreprise de la Caisse primaire d'Assurance Maladie de Beauvais qu'elle administra comme trésorière, plusieurs années, avec rigueur et ambition,

• ou dans des associations beauvaisiennes à vocation culturelle et d'éducation populaire comme l'Asca puis Voisinlieu pour Tous dans lesquelles elle était aussi très impliquée et respectée.

Elle agit aussi, de manière concrète,  partout où elle milita, en faveur du droit et de l'accès pour toutes et tous, à la culture, aux vacances, aux loisirs de qualité, comme une dimension nécessaire et épanouissante de la vie.

Elle était elle-même ouverte à toutes les cultures, les musiques, les chansons, curieuse de découvertes et de la rencontre de l'Autre et des autres.

Elle ne chercha jamais d'autres récompenses que la dignité sauvegardée ou retrouvée d'une femme ou d'un homme, les moments de bonheur et de fraternité de celles et ceux qui luttent, les morceaux de liberté et de paix conquis.

Nous penserons très fort à elle lors de la Fête de l'Humanité dont elle manqua très peu d'éditions depuis 1945 et où nous fêtions chaque année son anniversaire, à quelques jours près.

Merci Lucette, tu as beaucoup semé, et nous allons continuer le chemin...

Vendredi 4 août, à 13h30, au crématorium de Beauvais, 58, rue de Tilloy, nous lui rendrons un dernier hommage où seront évoqués aussi ses engagements multiples, avec toutes celles et tous ceux qui le souhaitent et le pourront.

Amicalement,

Thierry Aury