Nouvelle journée intersyndicale d'actions et de grèvescontre la réforme Macron-Borne des retraitesmardi 7 février 2023partout en France |
Manifestations dans l'Oisemardi 7 février 2023Compiègne10h00, cours Guynemer
Montataire10h00, rue Ambroise-Croizat
Beauvais14h00, place Jeanne-Hachette |
Au soir de l'acte 2 de la mobilisation contre la rééforme des retraites Macron-Borne le 31 janvier 2023, l'intersyndicale s'est réunie et a communiqué :
À l’appel de l’ensemble des organisations syndicales, ce 31 janvier a confirmé la très forte détermination à refuser le projet de réforme des retraites présenté par le gouvernement.
Plus de 2,5 millions travailleurs et travailleuses, du public comme du privé, jeunes et retraité.e.s, se sont mobilisés, par la grève et/ou ont manifesté sur l’ensemble du territoire. Cette mobilisation d’ampleur fait suite à celle du 19 janvier qui avait rassemblé près de 2 millions de personnes. La jeunesse s’est particulièrement mobilisée aujourd’hui pour refuser la précarité grandissante que promet le gouvernement.
La population soutient les revendications des organisations syndicales qui s’opposent au recul de l’âge légal de départ à 64 ans et à l’allongement de la durée de cotisations. 9 travailleurs sur 10 rejettent la réforme, 2/3 de la population soutiennent les mobilisations.
Personne ne s’est laissé trompé par la propagande du gouvernement.
Les organisations syndicales dénoncent ainsi le mail du ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, envoyé tant à des agents publics qu’à des salariés de droit privé, présentant une liste d’arguments en faveur de la réforme des retraites.
Les organisations syndicales n’acceptent pas les propos tenus par la Première ministre, ce dimanche, indiquant que, selon elle, « l’âge de départ à 64 ans n’est plus négociable ». Pour les organisations syndicales le recul de l’âge de départ n’a jamais été négociable ! Les propositions alternatives formulées par elles sont toutes restées lettre morte ! Cela démontre le jusqu’au- boutisme du gouvernement, sourd au rejet exprimé par la totalité des organisations syndicales et l’immense majorité des citoyens.
Rien ne justifie une réforme aussi injuste et brutale. Le gouvernement doit entendre le rejet massif de ce projet et le retirer.
L’intersyndicale appelle toute la population à se mobiliser par la grève et la manifestation encore plus massivement le mardi 7 février puis le samedi 11 février pour dire non à cette réforme. Elle appelle, d’ici là, à multiplier les actions, initiatives, réunions ou assemblées générales partout sur le territoire, dans les entreprises et services, dans les lieux d’étude, y compris par la grève.
L’intersyndicale se réunira le mardi 7 février au soir.
Paris le 31 janvier 2023
Pour cette deuxième journée de mobilisation contre la réforme des retraites [le 31 janvier 2023], la vague est plus forte encore que lors du 19 janvier. Partout dans le pays, dans les grandes villes et les sous-préfectures, dans le public et le privé, le rejet des mesures d’âges (64 ans et durée de cotisations) est massif dans les mobilisations et les sondages. À l’Assemblée, l’Exécutif, acculé et sans majorité, multiplie les manœuvres, en creusant dangereusement la crise démocratique.
Plus le gouvernement explique l’indéfendable, plus son improbable service après-vente s’accroche à des éléments de langage soufflés par les marchés financiers et le patronat, plus le pays rejette cette contre-réforme, plus il est question de la vie au travail, d’un choix de société, de ce que devrait être une juste répartition des richesses produites.
Deux nouvelles journées, le 7 et le 11 février, sont inscrites à l’agenda pour faire déferler de nouveau une exigence massive et non négociable : le retrait !
Partout dans ses discours, Fabien Roussel martèle à juste titre ce chiffre effarant des inégalités femmes-hommes lorsqu’il parle des retraites : « Les femmes touchent une retraite inférieure de 40 % à celles des hommes. »
Derrière ce chiffre choquant, il y a la réalité de la pauvreté des femmes en France, il y a un système qui dysfonctionne.
En retour, cela veut dire que résoudre cette inégalité, avec une autre réforme des retraites, est une solution profonde et structurelle qui bénéficierait à toutes les générations.
Voilà quelle est la mécanique que nous dénonçons : alors qu’elles font plus d’études, les femmes sont aujourd’hui, dans leurs carrières, pénalisées par rapport aux hommes à la fois sur les salaires (de plus de 22 % inférieurs à ceux des hommes), sur leurs promotions, sur leur déroulement de carrière. Elles sont victimes de très fortes inégalités professionnelles et in fine cela se répercute sur les retraites.
Ces inégalités résultent aussi d’une durée de carrière hachée, en raison de la garde des enfants, du manque de place en crèches, des congés parentaux, aides à la famille, aux personnes âgé·e·s, aux personnes en situation de handicap… et de temps partiels subis. Le taux d’activité des hommes est de 92 %, tandis que celui des femmes est de 84 %. En France il existe, depuis 1972, de multiples lois pour l’égalité salariale et professionnelle qui ne sont pas appliquées, c’est un véritable scandale d’État, car ses lois sont non contraignantes.
Dans leur vie professionnelle, les femmes subissent de nombreuses contraintes au travail, qui non seulement ne permettent pas de construire une carrière dans de bonnes conditions, mais constatons aussi que cela prive le monde du travail de talents et de forces considérables. Si le taux d’emploi des femmes et leur rémunération étaient égaux à ceux des hommes, le PIB de la France bondirait de 6,9 %.
Il est évident que la réforme des retraites de Macron est un recul pour les droits des femmes, la Première ministre a dû le reconnaitre contrairement à ses déclarations initiales. Mme Élisabeth Borne annonce : « La fin de la décote à 67 ans, quel que soit le nombre de cotisations, bénéficie aux femmes ». Elle le dit : le minimum retraite annoncé à 1 200 euros ne va concerner que les salarié·e·s ayant cotisé tous les trimestres. Autant dire que pour les femmes c’est un pur scénario de science-fiction !
Pour survivre, les femmes qui le pourront vont être incitées à travailler jusqu’à 67 ans pour avoir accès à une pension à taux plein. Alors qu’en moyenne l’espérance de vie en bonne santé des femmes est de 64 ans. Mais cet âge en bonne santé est évidemment moindre pour les femmes dans les métiers avec beaucoup de pénibilité, qui sont loin d’être reconnus comme tels : les métiers d’aides à la personne, les crèches, les ménages et autres métiers à horaires décalés… Et ce sont précisément elles qui ne peuvent pas cotiser tous leurs trimestres ! La double peine serait organisée contre elles.
Des solutions existent :
Établissons l’égalité salariale : La situation se dégrade pour le pouvoir d’achat des femmes en France. En s’intéressant à la différence salariale, on s’aperçoit tous les ans que les femmes travaillent gratuitement au moins un mois et demi par an. Non seulement un même travail doit être payé au même niveau quel que soit le genre du salarié·e qui l’effectue, mais nous revendiquons qu’à travail de « valeur » égale, le salaire soit égal.
Enfin l’assignation des femmes, dès le plus jeune âge, à certains métiers plutôt qu’à d’autres : 48 % des femmes occupant un emploi étaient cantonnées dans quatre secteurs d’activité : la santé et les services sociaux, l’éducation, l’administration publique et le commerce de détail. Une telle répartition des métiers est un handicap pour l’avenir du pays, quand on sait, par exemple, les difficultés auxquelles s’exposent les jeunes femmes pour engager un cursus d’ingénieur, alors que la France a besoin de 10 000 ingénieur·e·s supplémentaires par an.
Derrière la bataille pour les retraites, tout le monde voit bien qu’il s’agit d’un choix idéologique de société majeur pour l’ensemble des salariées, pour la société.
Hélène Bidard,
membre du Comité exécutif national du Parti communiste français