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« Le Département a l'obligation de protéger tous les enfants mineurs, y compris les jeunes mineurs non accompagnés ! » - Nogent-sur-Oise & Creil, 22 mai 2021

Actions pour les droits des mineurs et jeunes adultes isolés étrangers - suite

 

Le 31 mai prochain, une trentaine de jeunes isolés étrangers risquent de se retrouver à la rue, avec la fin de la trêve hivernale.

Si le Conseil départemental de l'Oise ne revient pas sur cette décision et qu'aucune solution immédiate d'hébergement pour ces jeunes n'est obtenue, le collectif d'associations et d'organisations qui a mobilisé plusieurs centaines de personnes ces derniers mois appelle à un nouveau

 

Rassemblement pour une solution pérenne de logement

pour les jeunes isolés étrangers

lundi 31 mai 2021 à 8h15

devant le Conseil départemental à Beauvais

Venir avec un duvet pour symboliser la situation de ces jeunes et avec si possible des tentes

 

La fin de la trêve hivernale le 31 mai va mettre aussi à la rue de nombreuses familles, migrantes ou non.

Plus de 200 personnes ont participé le samedi 22 mai à la manifestation pour le droit des mineur·e·s et des jeunes majeur·e·s étranger·ère·s isolé·e·s, à l'appel d'un collectif d'associations pour exiger des moyens et une volonté  politique affirmée pour la protection de l'enfance et de la jeunesse.

Rappelons ici que la protection de l'enfance et notamment celle des « mineurs non accompagnés » (MNA) est du ressort du Conseil départemental.

Les candidat·e·s du rassemblement de gauche et des écologistes l'Oise en commun, aux élections départementales des 20 et 27 juin prochains, sont attaché·e·s à cette compétence - à l'image de ce que les conseiller·ère·s  départementaux·ales communistes Alain Blanchard, Jean-Pierre Bosino et Catherine Dailly ont défendu ces dernières années au Conseil départemental de l'Oise contre la majorité sortante de droite, soutenue par l'extrême droite.

Nous reproduisons ici le contenu de l'intervention de la conseillère départementale (PCF) Catherine Dailly :

 

Je tiens à excuser Jean-Pierre Bosino qui est retenu et qui est comme moi plus ce que sensibilisé et scandalisé de la situation que vivent les jeunes dans leur grande majorité confiés à l’Aide sociale à l'enfance (ASE) du Département.

Je tiens à rappeler en premier que le Département a l'obligation de protection de tous les enfants mineurs y compris les jeunes mineurs non accompagnés en danger au titre de l'aide sociale à l'enfance et qui lui sont confiés par ordonnance du tribunal.

Il est important de rappeler le contexte et les raisons qui conduisent ces jeunes mineurs à quitter leur famille, leur pays : chacun ici le sait bien, c’est pour fuir l’extrême pauvreté et la famine, ou bien l’horreur de la guerre. 

Laissant derrière eux tout ce qu’ils ont, un traumatisme qu’on ne souhaiterait à personne.

Or, ces jeunes mineurs sont parfois accueillis dans un climat de suspicion, où la présomption de majorité ou de fraude est presque systématique.

Résultat : près des trois quarts des jeunes se présentant comme « mineur non accompagné » sont exclus de toute protection à l’issue d’une évaluation administrative sommaire.

Ils se trouvent dans une situation de grande vulnérabilité pendant de longs mois avant de pouvoir être pris en charge. 

Dans l’attente, ils vivent à la rue, sans protection et sont exposés aux violences physiques, ou victimes d’abus sexuels ou deviennent la proie du trafic d’êtres humains.

Ce que vivent ces jeunes, personne ne le voudrait pour ses propres enfants.

Cette situation devrait alerter en effet, chaque conseiller départemental.

Pourtant, certains les pointent du doigt. Ils sont attaqués, dénigrés, déconsidérés, diffamés et accusés de tous les mots. Y compris de coûter cher au département, j’y reviendrai après. Alors qu’ils ne sont encore que des enfants, et avant tout, des victimes.

Nous avons pour notre part fait rempart à chaque fois. Trouvant cette situation insupportable. Plaidant pour qu’ils soient reconnus comme des enfants en danger et non comme une charge supplémentaire. Et accompagnés dans des dispositifs leur permettant de pouvoir s’assumer après leur sortie de l’ASE. 

Mais cela évidemment s’anticipe et se prépare. Nous avons exigé que le Département respecte la présomption de minorité et l’intérêt supérieur de l’enfant. Nous avons combattu fermement la pratique de tests osseux que nous considérons comme inacceptable.

Mais comment en est-on arrivé là. Un test osseux dans mon esprit est avant tout pratiqué dans un but médical pour déceler une maladie ou un quelconque disfonctionnement de l’organisme mais surtout pas, surtout pas pour attribuer un âge à un enfant ou un jeune dans le seul but de se décharger de sa responsabilité et de son obligation de secours et de protection. C’est absolument scandaleux.

Nous avons même proposé à de nombreuses reprises à la majorité départementale faisant abstraction de nos différences d’opinion, de mener des actions communes en direction de l’Etat afin d’obtenir les moyens financiers et humains nécessaires pour assurer un accueil digne avec un vrai suivi éducatif, accompagnant un projet de vie. 

Nos demandes ont toutes reçues des fins de non recevoir.

Pourquoi notre insistance auprès de l’État : et bien à juste titre parce que la situation des « mineurs non accompagnés » est une question de solidarité nationale et doit être compensée en totalité financièrement par l’Etat à l’euro prêt. Ce qui n’est absolument pas le cas actuellement.

Votre présence à tous est primordiale.

Cette cause est juste, il ne faut pas lâcher.

D’ailleurs, chaque enfant placé à l’Aide sociale à l’enfance (« mineur non accompagné » ou pas) avant sa sortie doit bénéficier de tous les dispositifs possibles existants (contrats jeunes majeurs, poursuite d’études, accompagnement vers l’apprentissage, en lien avec les collectivités locales : dirigés vers les missions locales…) et ne surtout pas être livré à lui-même à sa majorité, sans solutions.

Quelles qu’en soient les raisons : quand il y a défaillance, l’État doit prendre le relais et je le redis au risque de me répéter, l’État doit donner aux départements les moyens financiers afin qu’il réponde à ses obligations en y mettant de l’éducatif et de l’humain d’abord.

Notre département aurait tout à gagner en se fixant comme objectif : la réussite vers l’émancipation de tous les enfants dépendant de l’ASE.

Plus un jeune ne doit avoir la peur au ventre face au risque d’être jeté à la rue sans avenir, seul, sans famille, dès sa majorité, sans papiers pour les MNA au risque de retourner dans la clandestinité et de connaître à nouveau la décente aux enfer.

Pour les MNA, la régularisation des papiers est indispensable et doit être exigée.

Nous ne devons plus accepter cette situation inhumaine.

Merci encore à vous d’être là. J’ai souhaité ne pas faire trop long pourtant il y aurait encore tant à dire tant au plan national comme international 

Comme ses images choquantes de ces jours-ci de cette infirmière qui prend dans ses bras un réfugier épuisé, et qui pour cet acte a subit un déferlement de haine sur les réseaux sociaux.

C’est vraiment très grave ce qui se passe.

Et c’est pour continuer à porter cette cause juste et humaine que je souhaitais être à nouveau présente à vos côtés.

 

 

 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)