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Sébastien Jumel : « Hercule ne vise qu'à favoriser une concurrence tronquée où le secteur public paye pour développer ses propres concurrents » - Lettre des députés communistes, janvier 2021

Entretien avec le député (PCF) de Seine-Maritime Sébastien Jumel

Projet Hercule : un nouveau pas vers le démantèlement du fleuron industriel qu’est EDF

Depuis plus d’un an, vous et votre groupe êtes mobilisés contre le projet « Hercule » relatif à l’avenir d’EDF En quoi consiste ce projet ?

Le projet « Hercule » prévoit le découpage de notre bien commun qu’est EDF, en une société publique EDF « Bleue » rassemblant les activités nucléaires, une société EDF « Verte » ouverte au privée qui regrouperait les activités de fournitures, et une société « Azur » pour gérer les barrages hydroélectriques. Ce découpage est présenté par le Gouvernement comme une contrepartie à une réforme de l’ARENH - le dispositif qui contraint EDF à revendre une partie de son énergie nucléaire à ses concurrents à bas prix afin de doper la concurrence sur ce marché - et des contentieux qui existent entre la France et l’Union Européenne, notamment sur la propriété des concessions hydroélectriques.

En réalité, ce montage ne vise qu’à favoriser une concurrence tronquée où le secteur public paye pour développer ses propres concurrents privés et le tout-marché ; et quand le marché triomphe, le service public recule.

Pourquoi « Hercule » représente-il une triple menace économique, sociale et écologique ?

Menace économique d’abord, pour l’entreprise EDF, fleuron industriel dont les investissements à réaliser nécessitent un engagement supplémentaire de l’Etat, pas son retrait. Comment assurer la stabilité d’un EDF « Bleu » quand on sait que l’équilibre financier du groupe repose précisément sur les différentes activités de distribution, de production et de commercialisation ?

Menace sociale ensuite. En premier lieu pour les plus de 220 000 salariés d’EDF, dont l’expertise et les compétences sont menacées. Menace sociale également pour les usagers : alors que la crise sanitaire a renforcé la précarité, que les tarifs réglementés de l’énergie sont amenés à disparaître, comment ne pas craindre qu’un tel projet ne soit à la fin, payé par les Français ?

Menace écologique enfin. La montée en puissance de la précarité et l’impérieuse nécessité de répondre au défi climatique, sont aujourd’hui des enjeux inséparables. Comment s’assurer que notre pays puisse développer un mix énergétique décarboné si nous ne maîtrisons plus la chaine de production de l’énergie ?

Quel est le bilan de votre mobilisation et quelles sont les pers-pectives à propos de ce projet ?

Depuis janvier 2020, j’ai multiplié les initiatives. Il s’agit de construire un front large d’opposition et d’élaborer des contre-propositions : par exemple sur l’idée de construire un rapport de force politique avec l’Europe sur le sujet de l’énergie ou encore de de confier à EDF le statut de service d’intérêt économique général (SIEG) pour sortir de la logique de marché.

En dépit de ces propositions, des demandes de dialogue des partenaires sociaux, de nos questions à l’Assemblée Nationale, le Gouvernement fait le choix de l’opacité et refuse le débat démocratique. Nous allons donc poursuivre notre travail de réflexion, soutenir les mobilisations syndicales, construire une opposition solide. A l’instar de Marcel Paul, qui avait obtenu au prix du « sang et des larmes » en 1945 la création d’EDF, nous pensons que l’on peut faire, d’EDF et de l’énergie, un point de départ pour de véritables nouveaux « Jours Heureux ». 

 

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