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Gros succès du meeting commun pour l'avenir des retraites - Beauvais, 18 décembre 2019

450 personnes se sont retrouvées à l’invitation de toutes les forces de gauche et écologistes rassemblées pour les Municipales à Beauvais, dans la grande salle Coubertin. Un beau symbole dans une salle où depuis plus de vingt ans, aucune force de gauche n'avait tenu meeting... seul François Fillon — promoteur de la retraite à points — y tenant tribune, à plusieurs reprises à l'invitation de Mme Cayeux, maire de la ville. Les témoignages de salarié·e·s en lutte, d'une lycéenne, d'une militante des droits des femmes ont alterné avec un débat entre des responsables natio- naux·ales du PCF, EELV, Génération.s, FI, PS, Radicaux de gauche et GRS, dé- bat animé avec brio par Sébastien Cré- pel, nouveau co-directeur de la rédaction de L'Humanité.

L’affiche du meeting — qui annonçait la venue de Fabien Roussel, Olivier Faure et Clémentine Autain — a été bousculée par l’actualité : en effet, suite au meeting de Saint-Denis du 11 décembre où, déjà, toutes les forces politiques de gauche s’étaient retrouvées à l’invitation du PCF, une réunion d’un « intergroupe parlementaire de la gauche » pour travailler à des propositions alternatives sur la question des retraites, a empêché la participation de ces trois responsables. Plusieurs intervenant·e·s ont souligné le rôle du PCF et de Fabien Roussel dans ce travail de rassemblement et de convergence.

Les témoignages ont tout de suite ancré le débat dans le réel : Fabien, 35 ans, cuisinier, agent territorial, a pointé l'énorme amputation sur sa retraite future si le projet Macron passait : - 400 euros par mois, au niveau du seuil de pauvreté, avec une carrière allongée malgré la pénibilité. Marianne, 36 ans, salariée chez Profilafroid, déléguée FO, mère de trois en- fants s’est dite révoltée à l’idée de ce bond en arrière : « mon grand-père a travaillé de 13 ans à 65 ans, dans un boulot dur et il n’a pas profité de sa retraite : veut-on nous faire revenir à cela ? » Cléophé, jeune lycéenne de 16 ans, engagée aussi dans la lutte pour le climat, a dit le refus de sa génération d'être une génération doublement sacrifiée ! Karim, cheminot, délégué CGT, a fait le lien entre la casse du service public ferroviaire, les suppressions massives d’emplois, et la mise en cause du statut cheminot lourdement attaqué en 2018 : « notre lutte n’est pas corporatiste mais d’intérêt général ! Nous proposons d’ailleurs d’étendre le meilleur de notre statut à tout le secteur du transport. » Enfin, Anne, militante des droits des femmes, a souligné les reculs réels pour les femmes, à l’opposé de la propagande gouvernementale : « suppression des bonifications actuelles pour maternité, mise en cause des pensions de réversion pour les veuves, alors même que les femmes ont déjà des carrières hachées et subissent de plein fouet les décotes sur le calcul de leur pension ! »

Reprenant une invitation de Philippe Martinez à toutes les forces politiques « à faire leur boulot et à porter un projet alternatif pour une réforme des retraites progressistes », Sébastien Crépel a invité chaque personnalité présente à mettre sur la table ses propositions : si très clairement l’unanimité s’est dégagée pour demander le « retrait immédiat du projet Macron », des différences se sont exprimées sur les propositions. S. Troussel (PS) — qui a pris ses distances avec le bilan Hollande — n’a rien dit du système à points mais a proposé qu’on revienne en partie sur les exonérations de cotisations patronales, qu’on « prenne en compte fortement la pénibilité qui prive les plus pauvres de treize ans d’espérance de vie par rapport aux plus riches » et la situation des femmes. V. Rozière (Radicaux de Gauche) a souligné qu’il n’y avait « aucune urgence à bouleverser le système actuel qui n’a pas problème de financement » et qu’il fallait repartir de zéro, avec une concertation large. A. Coulombel (EELV) a ap- pelé à repenser complètement le système des retraites en lien avec un « changement complet du mode de production et un PIB qui n’augmentera plus ». Après G. Balas (Génération.s) proposant de « taxer les robots qui ont remplacé l’humain mais ne cotisent pas pour les retraites », A. Gratacos (GRS) a avancé trois revendications prioritaires : retour à la retraite à 60 ans, hausse des salaires et baisse du temps de travail, F. Naves (FI) appelant, de son côté, à « une grande manifestation d’un million de personnes, un samedi ou di- manche de janvier, vers l’Élysée, pour faire plier E. Macron ».

Cathy Poly-Apourceau, sénatrice communiste du Pas- de-Calais, qui suit le dossier des retraites pour le groupe communiste CRCE, a appelé à partir des exigences des salarié·e·s eux·elles-mêmes et à s’attaquer à la domination de la finance, au libéralisme qui détruit toutes les conquêtes sociales. Elle a montré la possibilité de trouver les sommes nécessaires au financement durable des retraites, en prélevant sur les profits, les dividendes et aussi en assurant une réelle égalité salariale femmes-hommes. Une soirée très apprécié des participant·e·s qui ont mieux décrypté les aspects du projet Macron et aussi pu entendre d’autres choix possibles. Cette soirée en appelle d’autres, pour nourrir et fortifier le mouvement social en cours, et travailler à la construction d’un projet alternatif.

Une soirée aussi où le rôle de L'Humanité a été mis en valeur, avec la diffusion d'un 4 pages spécial et la vente de plusieurs dizaines d'exemplaires par les miltant·e·s communistes.

 

Déclaration commune (20 décembre 2019)

Une réforme des retraites, oui

mais pas celle-là !

Ensemble, Europe Écologie Les Verts, Gauche Démocratique et Sociale, Gauche Républicaine et socialiste, GénérationS, Les Radicaux De Gauche, Parti Communiste Français, Parti Socialiste, Pour une Écologie Populaire, Place Publique, République et socialisme, Union des démocrates et Écologistes

 

Le Premier ministre s’est exprimé mais rien ne change.

Le Premier ministre assure qu’il n’y a pas d’autres choix que de travailler plus longtemps pour améliorer notre système de retraite. Nous lui répondons le contraire : Il y a d’autres choix.

Notre pays vit une crise sociale majeure. La colère des Français·e·s contre la réforme des retraites du gouvernement est à la mesure des deux ans et demi de régression sociale, de mauvais coups portés contre la grande majorité de nos concitoyen·ne·s, contre nos services publics et  devant l’absence de politiques permettant de répondre à l’urgence sociale et climatique.

Nous, forces politiques issues de la gauche et de l’écologie, condamnons la méthode et le fond de cette réforme des retraites confirmés par le Premier ministre qui va aggraver la situation des retraité·e·s et futur·e·s retraité·e·s de notre pays. Nous demandons que le gouvernement engage de véritables négociations, sans imposer une réforme dont il ne sait pas lui même simuler les conséquences. Nous demandons que s’ouvre un vrai débat qui mette en balance toutes les propositions pour améliorer le système de retraite actuel sans régression sociale.

Le dépôt du projet de loi constituerait un passage en force alors même qu’il n’est soutenu que par le MEDEF et le parti présidentiel. Il doit être retiré pour apaiser la situation, renouer les fil du dialogue et sortir de la situation de blocage du pays. 

Nous partageons ensemble le même diagnostic : le système de retraite actuel n’est pas déficitaire comme l’affirme le gouvernement et ne le deviendra que si les choix budgétaires injustes faits par ce gouvernement n’étaient pas corrigés. Aucune raison budgétaire ou démographique n’impose d’exiger des Français·e·s un sacrifice sur leur pension pour sauver notre système de retraite.

Quand les hôpitaux, l’éducation, les forces de l’ordre, la justice, demandent plus de moyens, quand la population réclame plus de services et de répondre l’urgence écologique et climatique, nous devons sans délai changer de cap. 

Nous dénonçons la méthode du gouvernement qui communique sur un supposé « dialogue » mais « en même temps » renvoie aux partenaires sociaux le devoir de trouver des mesures d’économie en un temps record, là où le débat demande du temps et alors qu’aucune urgence n’existe. Mais la méthode est rodée, c’est celle déjà imposée avec l’assurance chômage et qui conduit à la précarisation d’un million sept cent mille chômeur·euse·s. 

À l’écoute des besoins de la population, nous voulons offrir aux Françaises et aux Français des pensions permettant de vivre dignement, supprimer les insupportables inégalités existant entre les femmes et les hommes et une meilleure prise en compte de la pénibilité, des carrières longues ou hachées. Nous voulons garantir aux plus jeunes un haut niveau de protection sociale, dans une France solidaire entre les générations et sans dette écologique.

Toute personne a droit à une retraite en bonne santé et cet objectif doit être le fil rouge de la réforme à venir. Ce projet doit assurer à toutes et tous des conditions de vie digne et une insertion sociale tout au long de la vie.

Ensemble, nous proposons d’améliorer le système de retraite solidaire par répartition sans pour autant augmenter l’âge de départ en retraite ou allonger la durée de cotisations. Des solutions alternatives, progressistes, existent qui permettent d’élargir l’assiette de financement de notre système de retraite et de créer plus d’emplois pour plus de justice sociale.

 

 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)