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Hommage de Michel Guillochon à Chantal Leblanc - Abbeville, 5 mai 2015

 

Hommage de Michel Guillochon, au nom des communistes abbevillois

 

Chère Chantal,

Tes camarades de la section d’Abbeville du PCF, mais aussi ceux du département de la Somme, les élus communistes et apparentés de la Ville d’Abbeville, tout le monde ici présent, sont profondément bouleversés et affectés par ta disparition.

Nos pensées vont aussi à ton homme Claude, à tes filles Haydée et Muriel ainsi qu’à toute ta famille.

La maladie a eu raison de toi, très vite, trop vite, à la veille du 1er Mai et le jour du 70e anniversaire de la loi sur le droit de vote des femmes, toi la combattante, toi la résistante, la militante humaine et humaniste…

Je dois te dire que nous étions nombreux à la manif du 1er mai. On a beaucoup parlé de toi. Hervé t’a rendu un bel hommage de la part de la CGT. Annie et Maryse ont vendu du muguet comme tu le faisais chaque année. Nous avons chanté l’Internationale. Nous avons fait l’habituel tour en ville jusqu’au kiosque, place Max Lejeune. Comme çà tu sais tout.

Face à notre peine, je suis certain que tu nous aurais dit en ce moment même, « vous êtes tristes, mais ne soyez pas abattus ». Tout au long de ta vie militante tu as su nous donner de la force pour aller de l’avant. Et bien, soit assurée Chantal, que nous ne sommes pas abattus et que ton combat, le combat pour une société meilleure, continue.

Ta riche et longue vie militante a commencé à vrai dire à Lille dans le mouvement étudiant de l’UNEF et tu prends ta carte au Parti Communiste Français en 1968 au moment de la mobilisation pour la paix au Vietnam et du grand mouvement qui aura marqué l’histoire sociale de notre pays.

En 1969, tu arrives avec Claude, à Cocquerel où tu découvres le milieu rural et industriel. Dans le textile, l’empire Saint-Frères était à son apogée et avait des usines à Pont-Rémy, à Abbeville et dans toute la vallée de la Nièvre. La classe ouvrière était importante. L’activité du Parti aussi. Tu deviens secrétaire de la section de Pont-Rémy. C’est à ce moment que tu t’engages pleinement à porter chez les gens, l’idéal communiste et à faire fructifier l’espoir d’une société débarrassée de l’exploitation capitaliste, d’une société de progrès social.

Tu te lances dans le porte à porte en vendant le journal Le travailleur de la Somme, action militante que tu as pratiquée toute ta vie. Tu as toujours aimé aller à la rencontre des gens. Et c’est à ce moment-là que tu fais la connaissance de Maxime Gremetz.

Tu arrives à Abbeville en 1972 où tu rencontres Guy Rocques et Francine sa femme. Tu deviendras vite secrétaire de ta cellule de quartier et de la section. C’est en pleine époque du Programme Commun. Et nous nous souvenons tous de l’engouement populaire et du succès de la vente du Programme au porte-à-porte. Ton activité militante était débordante. Nous comptions à l’époque pas moins de 20 cellules de quartier ou d’entreprise. C’est à cette période que tu crées, avec Claude, une section de la Confédération Nationale du Logement pour permettre aux locataires d’agir collectivement.

Tu as été aux côtés des salariés dans leurs luttes contre la désindustrialisation de notre ville. Je citerais : Saint-Frères, Schlumberger, Armco, BB confort, Maillard, Huret, Colin, Margot, Farman…. C’était là, à l’époque, le sens profond de ton engagement à mettre les forces de notre parti au service des travailleurs pour vivre et travailler au pays.

C’est dans ce contexte que tu deviens, je dirais, naturellement, candidate aux élections des députés en 1978. Une fois élue, tu n’as pas changé, tu es restée toujours la même, simple, engagée totalement à défendre les cas individuels et en même temps l’intérêt général. Mais tu n’as jamais fait d’assistanat, tu as toujours fait en sorte que les gens se prennent en charge et participent à la défense de leurs intérêts. Tu as mis ton mandat aux services des plus démunis et de la population. Tu étais sans concession face à la droite et à l’extrême droite. 

Tu es restée une militante-députée. Et non une notable. La notabilité n’était pas ton monde. Pour être reconnue ton prénom suffisait.

Tu n’étais pas été une femme de pouvoir mais une femme de vouloir.

Tu n’étais pas une femme du paraître mais une femme de l’être.

C’est à ce moment là que tu fais la connaissance de Jack Ralite, ancien Ministre, et tu sièges avec lui au sein de la commission aux affaires culturelles du parlement.

Tu deviens conseillère municipale en 1983 et c’est de 1989 à 1995 que tu auras marqué la vie municipale de ton empreinte. Adjointe au Maire à l’action sociale, ton engagement sans compter, ton travail acharné, ont fait que tu as contribué à soutenir de nombreuses familles fragilisées par l’exclusion sociale, et à leur rendre une dignité. Tu as su donner tout son sens à la solidarité publique. On comprend pourquoi tu attachais tant d’importance à la défense des services publics.

Tu restes conseillère d’opposition de 1995 à 2001.

Le mot solidarité n’était pas pour toi un mot creux, tu t’es toujours battue pour que les richesses profitent à tous. Tu ne supportais pas les inégalités, les discriminations de toutes sortes. Plus encore, combien de gens as-tu aidés personnellement ?

Tu es devenue la porte parole des sans… des sans ressource, des sans emploi, des sans avenir, des sans loisirs…

De 1986 à 2004 tu es élue conseillère régionale.

 

Par ton intégrité, ta droiture, ta clarté, ton honnêteté, tu as donné une haute image de la politique bien mise à mal aujourd’hui par les affaires, la course au pouvoir… tu reversais systématiquement toutes tes indemnités, ta pension de députée, à notre Parti. Tu n’as jamais profité de ta position d’élue.

Pour parler d’humanité, jusqu’à ces derniers temps, tu as assuré la diffusion de l’Humanité Dimanche. Faire connaître son contenu progressiste et soutenir l’Huma en difficulté, était une action politique primordiale pour toi. C’est pourquoi la famille vous appelle à faire un don aujourd’hui.

Et la fête de l’Huma était un point d’orgue. Avec Claude tu n’en n’a jamais manqué une et tu assurais chaque année l’organisation du car pour aller à Paris. Tu t’arrangeais toujours pour que le manque d’argent ne soit un obstacle à faire le déplacement. Chacun devait pouvoir profiter de ce moment important de la vie politique et culturelle de notre pays.

Chantal, nous qui t’avons côtoyée si souvent à la section d’Abbeville, qui avons partagé tant de moments de débats, de lutte, de convivialité… plein de souvenirs se bousculent. Nous avons beaucoup de mal à imaginer que tu ne seras plus parmi nous. 

Que de distributions de tracts tu as organisés, que de préparations et d’animations de réunions de cellules, de section, que de participations aux conférences départementales, au congrès national du PCF, que de discours tu as écrits, que de prises de parole, que de porte-à-porte tu auras faits… 

Cette vie militante intense ne pouvait pas être possible sans le soutien ton homme qui milite de son côté, à la CGT. Tu as d’ailleurs toujours pensé que l’action syndicale et l’action politique étaient complémentaires. Tu étais toi-même syndiquée au syndicat CGT de l’hôpital d’Abbeville où tu as exercé ton métier de psychologue. 

Dans les réunions tu suscitais le débat, tu mettais les camarades en confiance, tu essayais toujours de faire émerger le meilleur de chacun… tu ne t’imposais pas, tu n’en imposais pas.

C’est une grande chance pour nous d’avoir pu nous enrichir à ton contact.

Avec Claude, tu étais toujours disponible pour apporter ton soutien quand l’un d’entre-nous avait des difficultés. 

Femme de conviction, tu as été de toutes les manifestations à Abbeville, à Amiens et à Paris… de tous les combats pour la justice et la sécurité sociale, pour la défense de l’école, la Poste, l’hôpital public… mais également contre le racisme, la xénophobie et l’homophobie, les inégalités homme/femmes… Tes derniers engagements ont été l’organisation d’un débat à Abbeville contre l’idéologie du Front National et le soutien à la lutte contre l’implantation de la ferme-usine laitière de Drucat-le-Plessiel. Il y a un petit peu plus d’un mois, tu faisais encore la campagne pour les élections départementales.

Les communistes perdent une exceptionnelle camarade, d’une grande intelligence et cultivée. Tu lisais beaucoup et aimais aussi écrire de beaux textes pour diverses occasions.

Abbeville et notre région, perdent une importante personnalité.

Chantal et camarade sont des mots qui vont si bien ensemble !

Merci Chantal pour tout ce que tu as fait, pour tout ce que tu as partagé, pour ton combat inlassable en vue d’un monde meilleur.

 

C'est la lutte finale, Groupons nous et demain,

l'Internationale sera le genre humain.

 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)