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Cérémonie d'hommage à Gilles Masure, interventions de Frédéric et Benjamin Masure - Crépy-en-Valois, 7 mars 2014

Le vendredi 7 mars à 10 heures à la salle des Fêtes de Crépy-en-Valois, de nombreuses personnes se sont réunies pour rendre hommage à notre ami et camarade Gilles Masure, décédé suite à une longue maladie.
 
Les fils de Gilles et Hélène, Frédéric et Benjamin, ont conclu les interventions.
 
 
Texte de l'intervention de Frédéric
 

Comme les précédentes interventions l’ont montré, Gilles a eu plusieurs facettes dans sa vie : éclaireur de France, étudiant, professeur et philosophe, militant, homme politique.

Et c’était aussi notre papa. Avec Ben, nous allons évoquer quelques moments de notre vie de famille.

Notre famille, malgré une vie « de fou » comme il disait pour qualifier un quotidien bien rempli, s’est épanouie au travers de moments bien à nous, le week-end ou en vacances, à quatre, ou avec la famille, ou les amis. Des bonnes bouffes, d’hilarantes parties de tarot ou de canasta, de mémorables matchs de tennis (il avait d’ailleurs un revers très personnel), des baignades en hiver dans la Méditerranée, des randonnées en montagne ou en forêt. 

Les départs en vacances débutaient toujours de la même manière : Gilles amenait toutes les affaires devant la voiture, et comparant le volume du coffre et celui des bagages, annonçait l’air dépité : « on n’y arrivera jamais ». Bien sûr que si on y arrivait, mais le même refrain revenait à chaque fois !

Et puis, il y avait les randonnées. Aaah ces randonnées que nous avons mis quelques temps à apprécier. Le schéma était toujours le suivant : Gilles en tête, n’écoutant que son instinct pour nous diriger, Hélène, derrière, la carte à la main essayant de se repérer. Suivez le guide qu’il disait, nous  engageant dans des chemins qui n’étaient pas toujours sur les bons !

Il possédait une force de vie incroyable, une force tranquille mais tenace, comme l’ont montrés ses derniers mois où après chaque séjour à l’hôpital, il se battait pour reconquérir ce qu’il avait perdu, gardant toute sa gourmandise, son amour de la musique, son envie de lecture, de jeu et surtout son humour. 

Son humour oui, ses chansons, ses jeux de mots, grande tradition familiale avec les grimaces.

Et ses fameuses aventures, petites gaffes du quotidien, liées à sa légendaire distraction, qui lui permettait de toujours se renouveler avec des aventures inédites. Que ce soit à table avec les plats qu’il finissait croyant à tort que tout le monde était servi, que ce soit le gâteau qu’il avait cuisiné d’anniversaire pour maman en oubliant la farine, que ce soit ses quotidiennes pertes de clé ou de sacoche, que ce soit les achats loufoques qu’il ramenait des courses avec une explication douteuse agrémentée d’une hilarante mauvaise foi, qu’est ce qu’il nous a fait rire !

Mon ptit papa, il y avait une part de clown en toi et tu savais de qui tenir. Ton père faisait le clown, tes enfants font le clown, et tes petits enfants aussi. C’est dans les gênes des Masure et on en est fier.

 

Texte de l'intervention de Ben

Quand on était gamins, on ne savait pas si c’était un atout ou une faiblesse d’être un fils de Gilles Masure : le fils d’un communiste, d’un élu local, d’un gars qui fait du porte-à-porte ou distribue des tracts sur le marché, un mec qui est à l’écoute des difficultés des moins bien lotis… Le regard n’était pas toujours complaisant.

On a probablement été gênés d’être fils de cette célébrité locale parce qu’il n’hésitait pas à se mettre en travers du chemin d’un huissier qui venait réaliser une procédure d’expulsion de gens qui n’avaient plus un sous.

Mais j’en suis sûr depuis plusieurs années, et encore plus aujourd’hui en nous voyant tous réunis ici : c’est un honneur immense d’être le fils de Gilles et Hélène Masure. 

L’héritage qu’il nous laisse n’est pas matériel. Il ne se résume pas à un nombre de souvenirs incroyables. IL est ancré en nous. Je sais aujourd’hui plus que jamais que nous avons une part de son humanisme en nous, cette ambition du bien être des autres.

Nous avons aussi son sens de la dérision, ses jambes exagérément poilues, et une probable incapacité à dépasser les 75 kg à moins de faire une longue cure de gourmandise dont il avait le secret. Pour l’héritage capillaire, c’est quand même plus mon frère que moi…

C’est bien le même conseiller général qui s’est exprimé à maintes fois ici pour défendre ses idées politiques, qui était monté dans un train pour Paris en chaussons et qui avait dit au contrôleur qu’il voulait juste installer ses fils dans le train pour en descendre avant son départ. Le contrôleur ne pouvait que le croire, il lui avait même offert un billet retour parce que papa n’avait évidemment aucun papier ni moyen de paiement sur lui. 

Peut-être certains d’entre vous ont eu le privilège d’écouter sa version de l’histoire de Toto dans un jardin d’enfant qui mélange de la merde et du sable. Un One Man Show complet en une histoire.

L’été dernier je l’avais équipé d’une mitraillette à eau et il était en embuscade dans son fauteuil sur la terrasse à canarder ses petits enfants, et moi, par la même occasion. Malgré les attaques au quotidien de cette maladie il gardait cet appétit du jeu, de l’hilarité.

C’était un sale gamin comme il aimait bien nous le répéter.

Papa, aujourd’hui tes sales gamins te remercient d’avoir fait de nous ce que nous sommes sans jamais nous dire comment nous devions penser, comment on devait s’y prendre dans la vie. 

Il y a ici beaucoup de monde qui est venu te saluer dans un lieu mythique de ta vie crépynoise.

Certains viennent de très loin parce que vous aviez fait un sacré bout de chemin ensemble. 

D’autres te connaissaient à peine et sont venus davantage nous soutenir parce qu’ils nous sont proches. Je tiens à leur dire qu’en venant à cette cérémonie, ils font bien plus que nous apporter du réconfort : ils rendent hommage à une partie de nous-même que personne ne pourra nous retirer.

Nous vous sommes tous et toutes très reconnaissants d’être venus partager ce dernier moment avec notre père.

C’est un immense réconfort de voir la diversité des personnes qui sont réunies ici autour d’une personne simple qui n’était pas en attente d’égards particuliers. Cette assemblée est à l’image du monde qu’il prônait sur les marchés, ses tracts à la main les mercredis et dimanches matins.

 
 
 

 

 

Textes des interventions de Frédéric et Benjamin

le 11 mars 2014

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