répondant aux urgences sociales, démocratiques, climatiques et de paix
Texte adopté par Conseil National des 1er et 2 juillet 2023
Nous voulons une Europe au service de la démocratie, de la paix, du progrès social et du climat, libérée du poids de la finance et des logiques capitalistes.
Force est de constater que l’UE libérale n’a apporté ni la paix, ni la prospérité promises. Elle n’est pas en mesure de relever le défi climatique, ni d’émancipation sociale et humaine, de partage et de coopération, tandis que la pauvreté grandit en son sein, faute de dégager des moyens financiers suffisants et de s’émanciper de la logique de rentabilité. Cela illustre l’échec de la construction libérale de l’UE dont les principes fondamentaux sont énoncés dans les traités européens, auxquels le PCF s’est toujours opposé, du traité de Rome à l’Acte unique, du Traité de Maastricht au Traité constitutionnel européen de 2005 ainsi qu’auTraité de Lisbonne.
Nous voulons pour cela une France, aux côtés des autres peuples européens libres, souverains et associés, dans une Europe respectueuse des choix de chaque peuple dont la finalité soit de répondre aux besoins sociaux, aux besoins écologiques et aux besoins de paix, qui sont des défis communs à l’ensemble des peuples et des nations d’Europe. Parce que les interdépendances en Europe. Les exigences populaires sont fortes, tant sur les salaires, le pouvoir d’achat et l’emploi, sur les prix du logement, de l’alimentation et du logement, sur la crise écologique, sur les conséquences de la guerre. Le besoin de sécurités nouvelles et d’avancées sociales et de politiques qui protègent s’exprime largement. L’Union européenne, dans sa nature et sa construction actuelles, ne peut pas répondre à ces exigences, dans la mesure du mal fait par les politiques néolibérales à l’emploi, aux services publics, à l’industrie, au pouvoir d’achat, à la protection sociale, à la culture et parce qu’elle appuie la concurrence anti-sociale, les délocalisations, la précarité. L’Union Européenne actuelle a une responsabilité importante dans les pertes de souveraineté industrielle, énergétique, alimentaire et dans la désindustrialisation. Ces politiques suscitent parmi les peuples, qui ne sont pas entendus, du désespoir, de la colère, une tentation de repli sur soi, ainsi qu’un sentiment de relégation. Cette colère ne doit pas être stérilisée, ni déviée. Elle peut se transformer en force pour une nouvelle construction européenne.
Il est donc urgent de mettre en chantier une nouvelle construction européenne s’appuyant sur la souveraineté démocratique et le libre choix des peuples et des nations. C’est le moyen pour mettre en œuvre les coopérations nécessaires et nouvelles et pour répondre aux défis communs des peuples européens. Cela implique de mener des batailles politiques et sociales concrètes et immédiates, en France et en Europe. La France et le peuple français ont les moyens d’en être à l’initiative en proposant des fronts d’entente aux autres Etats européens.
Le PCF porte une orientation politique : une France agissant pour une « union des peuples et des nations libres et solidaires, reposant sur la mise en commun des forces et potentiels des différents pays qui la composent au service d’un modèle de progrès social et écologique, partagé, solidaire, d’émancipation démocratique, de coopération, de paix et de co-développement ». Il la met en débat pour un large rassemblement, répondant aux exigences populaires et portant l’ambition de faire évoluer les rapports de force, afin d’obtenir des victoires immédiates ouvrant la voie vers une autre construction européenne au service des intérêts des peuples, de la transformation sociale et écologique et de la paix, un projet européen qui favorise la coopération au lieu de la concurrence, qui appuie le social et l’écologie au lieu de la finance et le capital, qui développe la démocratie en son sein au lieu d’une course au fédéralisme et à l’autoritarisme. Cela nécessite la construction d’une majorité sociale et politique en France, comme en Europe et de conquérir des pouvoirs nouveaux sur l’utilisation de l’argent, l’euro, tout particulièrement sur la BCE, au service de l’emploi, de la formation, des services publics, du climat et des coopérations. Nous voulons établir de nouvelles règles de coopération en Europe et avec les autres pays du monde.
L’originalité communiste se situe à l’opposé des souverainismes de droite et d’extrême-droite car la souveraineté démocratique des peuples et des nations est le levier pour construire les nécessaires coopérations et modalités d’association dans le cadre d’une union des peuples et des nations libres, souveraines et associées. Elle pose également la question centrale des moyens et des pouvoirs nécessaires, de la conquête de nouveaux pouvoirs, et ne se contente pas de rappeler les exigences social-écologiques. L’originalité communiste, c’est de porter un projet aux antipodes du fédéralisme et un chemin pour y parvenir, au lieu de prétendre « renverser la table » pour finalement ne pas faire grand-chose.
Le peuple français et les autres peuples européens ont besoin de députés européens qui portent leurs voix et leurs exigences. C’est dans ce sens que le PCF se fixe pour objectif de faire intervenir les citoyen.ne.s dans cette campagne et de de retrouver une représentation au Parlement européen.
La campagne des élections européennes doit être en ce sens un grand moment de clarification des enjeux, de mobilisation, d’explications politiques et de révélations pour faire monter l’intervention populaire sur ces grands enjeux jusque pendant la campagne.
La construction libérale capitaliste de l’UE est structurellement génératrice de divergences, et non de rapprochements, entre peuples et nations. L’UE défend bec et ongles le marché intérieur unifié, la concurrence libre et non faussée, la flex-sécurité, ainsi que la conception néolibérale de l’euro et d’une BCE indépendante. Cela nourrit les dynamiques économiques et sociales centrifuges, entre un centre exportateur et une périphérie qui en subit les effets.
Les pays d’Europe sont en crise à tous points de vue. L’Union européenne alimente ces crises. Les décisions de la BCE sont en train de la plonger en récession. L’Union européenne est elle-même en crise. Un changement de ses règles est à l’ordre du jour. La remise à plat de ses institutions doit être mise sur la table. Notre gouvernement, comme les autres, se cache derrière « l’Europe » pour entamer une nouvelle étape austéritaire et pour mobiliser tous ses moyens au service du grand capital, des grands monopoles et d’une « économie de guerre », en supplétif de l’impérialisme américain et du dollar. Cela va renforcer les tensions internes et externes.
La construction libérale capitaliste de l’Union européenne est traversée de contradictions nouvelles, sous l’effet des conséquences de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Les crises aiguës de l’ordre capitaliste globalisé se reflètent sur l’UE. Les classes dirigeantes ont été contraintes de tenir compte des leçons de la crise de 2008-2015, mais elles sont incapables de répondre aux nécessités démocratiques, sociales et écologiques.
Cela illustre la multiplicité de lignes contradictoires qui traversent les classes dirigeantes, qui n’ont pas de projet commun, sauf pour préparer un retour amplifié à l’austérité et utiliser toutes les opportunités pour appuyer le capital, organiser de façon plus « réaliste » la construction européenne sans en changer le sens, accompagner les Etats-Unis dans sa croisade de « valeurs civilisatrices » en se partageant quelques reliefs de profits et faire mine de se positionner comme une oreille attentive au sud pour éviter des catastrophes et mieux tenir en laisse ses peuples sans attenter jamais à l’hégémonie du roi-dollar. Les projets de la Commission européenne annonçant le retour d’une forme de pacte de stabilité et de croissance montrent la persistance de l’européisme austéritaire.
La guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine est utilisée par les Etats-Unis et leur bras armé qu’est l’OTAN pour accélérer leur retour en Europe. La « boussole stratégique » de l’UE, adoptée en mars 2022, renforce l’alignement atlantiste de l’UE. L’UE participe aujourd’hui activement à la course aux armements, à l’instauration d’une économie de guerre et à la marche à la guerre. Les gouvernements d’Europe orientale deviennent moteurs des évolutions européennes, alors qu’ils sont le laboratoire de la conjugaison entre l’alignement sur les Etats-Unis, le libéralisme économique et l’autoritarisme politique. Les évolutions des classes dirigeantes allemandes et le « changement d’ère », qui se fait au prix de la relance de l’armement et du renforcement du lien aux Etats-Unis, bouscule également les rapports de force en Europe. Ces évolutions menacent l’avenir même du projet européen.
L’extrême droite est aujourd’hui au pouvoir, ou participe à des majorités, dans six des 27 pays de l’UE. Le gouvernement italien, 3e puissance économique de l’UE, dirigé par une Première ministre néofasciste, est un laboratoire pour l’extrême droite : elle ne cherche pas à rompre à l’UE mais à peser sur les politiques européennes dans le sens de son projet raciste et xénophobe, notamment sur les politiques migratoires. L’extrême droite, comme à toutes les périodes de son histoire, conclut des compromis avec le capital pour arriver au pouvoir. L’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Grèce, la Belgique et d’autres pays voient se chercher ou se conclure des alliances entre l’extrême droite et la fraction de la bourgeoisie conservatrice qui cherche une issue autoritaire à la crise. Dans ces pays, un bloc droitier se forme et il est en mesure de gagner des positions nouvelles au pouvoir dans plusieurs de ces pays, ainsi qu’au sein du Parlement européen.
Cette crise démocratique est également caractérisée par une forte abstention, non seulement parce qu’elle est traditionnelle aux élections européennes, mais aussi parce qu’elle désormais structurellement massive, à plus forte raison dans l’électorat de gauche.
Face à cette recomposition anti-démocratique à droite et à cette crise démocratique, la gauche se doit d’apporter des réponses à la hauteur des enjeux. Des débats importants la traversent. Il est nécessaire de les mener sérieusement. Les sociaux-démocrates, faute de choix clairs répondant aux exigences du monde du travail, et aux fractures sociales et territoriales exacerbées par la mondialisation capitaliste, ont essuyé des défaites importantes. Le gouvernement, progressiste, qu’ils dirigent en Espagne est fortement fragilisé. Les Verts partagent désormais avec eux la perspective de l’OTAN. La gauche qui se reconnaît dans la transformation sociale, malgré des progrès notables en Irlande, en Autriche et en Belgique, ne parvient pas à faire évoluer les rapports de force globaux dans la gauche et dans les sociétés européennes. La gauche dans son ensemble reste minoritaire en Europe, face à une extrême droite et à une droite décomplexées.
L’ensemble de ces éléments imposent de tirer la sonnette d’alarme. Les mouvements sociaux en Europe montrent que le monde du travail n’a pas capitulé, que ce soit en France ou dans d’autres pays de l’UE. Les prochains mois seront cruciaux pour l’avenir du continent. En France, il est impossible d’attendre 2027 en considérant les élections européennes comme un simple tremplin vers la présidentielle. Il faut agir maintenant ! La crise aiguë de légitimité du pouvoir et celle de l’ensemble des mécanismes de représentation, le fait que l’extrême droite se prépare à la possibilité d’accéder au pouvoir en 2027 et les conséquences et les attentes fortes issues du mouvement social actuel dessinent l’urgence de la situation.
Les classes dirigeantes s’attachent à transformer les questions européennes en enjeux opaques, lointains ou techniques, alors qu’ils sont éminemment politiques et ayant des implications directes, que ce soit sur l’énergie, sur le fret, sur l’agriculture, sur l’aménagement du territoire, sur les services publics.
Par conséquent, le PCF formule une démarche politique pour répondre à ces enjeux. Comme il est indiqué dans la base commune du 39e Congrès : « Nous voulons mener des batailles politiques qui changent la donne en Europe par des mobilisations, des prises de conscience sur les enjeux, en mettant en débat nos conceptions de la construction européenne et nos propositions ».
Les luttes sociales, écologiques, démocratiques, féministes, en France et en Europe, portent ces exigences. La bataille contre la privatisation des transports en commun appelle à la remise en cause de l’application des directives de libéralisation européennes ; celle pour la défense du fret ferroviaire s’attache à la fois à dénoncer les règles européennes interdisant aux Etats de financer leur économie, mais aussi se trouve au cœur des luttes industrielles, écologiques, sociales et démocratiques pour de nouvelles coopérations en Europe. Les batailles contre les délocalisations posent l’exigence de politiques qui protègent contre le laisser-faire, laisser-passer des politiques libérales. Les luttes féministes, pour l’égalité femmes-hommes, pour le libre droit des femmes à disposer de leur corps, posent également des enjeux européens, celle de la clause de l’Européenne la plus favorisée.
Ces luttes concrètes permettent de poser une question politique globale : celle de recouvrer les moyens d’action politique pour une nouvelle construction européenne, en portant des exigences non pas d’adaptation, ni de « réforme » de l’UE, même si toutes les avancées sont importantes, mais de la mise en chantier d’une autre construction européenne, de peuples et de nations souveraines, libres et associées.
Les peuples et les nations sont le lieu et l’outil de conquis démocratiques. La construction libérale de l’Union européenne s’est faite contre la volonté des peuples. L’autre construction européenne s’appuiera sur les luttes partout dans l’UE, par le développement de droits nouveaux d’interventions des salariés et des citoyens et une autre utilisation de l’argent. L’action des peuples et des nations libres, souveraines et associées est le point de départ pour la construction de fronts de lutte européens.
La France, par la place qu’elle occupe en Europe, le peuple français avec des député·es européen·nes offensifs, ont les moyens de porter des exigences fortes en proposant aux peuples et aux nations de construire des fronts d’entente non seulement pour bloquer les dynamiques antidémocratiques et antisociales en cours, mais aussi pour des alternatives sur des sujets précis : à l’image des attaques contre le fret ferroviaire, contre le retour des règles budgétaires austéritaires, et pour porter les batailles nécessaires pour des coopérations concrètes.
Face à l’Europe du capital, l’exercice de la souveraineté démocratique des peuples et des nations est le vecteur d’une autre construction européenne. Les peuples et les nations sont la source de la légitimité démocratique. Ils doivent non seulement être respectés, mais être mis au cœur des coopérations européennes nouvelles et nécessaires.
Cela s’applique à l’ensemble des domaines :
L’exercice de la souveraineté démocratique est la clé pour construire ensemble en Europe les nécessaires coopérations motivées par la continuité territoriale, les interdépendances au niveau européen et par les intérêts communs des peuples. Cela implique que la France, le peuple français portent en Europe, et via les député·es européen·nes, les exigences suivantes fortes pour faire progresser les rapports de force et constituer des fronts d’entente et de coopération avec les Etats européens volontaires. L’économie de guerre qu’annonce la commission européenne doit faire place à une économie de paix.
Ces exigences impliquent de mettre en place des moyens politiques et financiers.
Le PCF souhaite rassembler largement sur ces bases politiques : ni sortie de l’UE, ni « désobeissance » sans perspective de faire évoluer les rapports de force en Europe, ni Europe fédérale, qui mènent à tous les échecs, mais la construction d’un chemin de batailles concrètes et immédiates pour une Europe de peuples souverains et librement associés. Il s’adresse aux forces politiques, sociales, associatives, culturelles, ainsi qu’aux personnalités qui veulent y contribuer.
Le PCF porte l’ambition de défendre auprès des Français·es une France souveraine au service d’une Europe des peuples, afin d’agir demain au service de l’intérêt du peuple français et des peuples d’Europe. Il se fixe comme objectif de regagner des député·es européen·nes pour porter cette voix singulière et travailler au développement des luttes en Europe, en lien avec les organisations politiques qui partagent ses objectifs de transformation sociale et démocratique, les organisations syndicales, les mouvements féministes et les organisations de la société civile. Nos député·es européen·nes n’agiront pas seuls. Ils seront en lien constant avec les syndicats et les exigences qu’ils portent. Ils siégeront dans le groupe parlementaire « The Left » avec l’ensemble des député·es européen·nes qui portent une ambition commune et seront prêts plus largement à travailler aux alliances nécessaires à gauche pour la réalisation des politiques au bénéfice du plus grand nombre et lutter contre la perspective d’une majorité droite-extrême droite au Parlement européen.
Ces élections européennes, à la proportionnelle, sont l’occasion d’un débat démocratique sur les questions européennes et internationales qui est nécessaire puisqu’elles font l’objet d’approches différentes à gauche. Elles peuvent apporter davantage de député·es européen·nes français·es de gauche. Les député·es européen·nes de liste de rassemblement présentée par le PCF seront des député·es supplémentaires qui bénéficieront à l’ensemble de la gauche. Plus le PCF et la liste de rassemblement qu’il présente aura d’influence, plus cela nous donnera de forces pour agir en faveur des intérêts du monde du travail.
Le PCF porte l’ambition de retrouver sur ces bases sa représentation au Parlement européen, aux côtés des autres forces politiques du groupe « The Left » et du Parti de la gauche européenne. Soucieux de contribuer d’une manière décisive aux nécessaires convergences à gauche au niveau européen, il demeure attaché aux principes fondateurs du groupe GUE-NGL, aujourd’hui « The Left », à la création et au fonctionnement duquel il a fortement contribué. Le maintien des règles de fonctionnement du groupe, de sa nature confédérale et de la souveraineté des délégations sont la condition pour élaborer les convergences nécessaires avec les autres forces qui composent le groupe.
le 12 juillet 2023