Fédération de l'Oise

Fédération de l'Oise
Accueil
 
 
 
 

38e congrès du PCF : le Cahier du congrès

Préface

Comprendre les mutations en cours dans la société française est une donnée essentielle pour agir, rassembler et engager les transformations visant au dépassement du capitalisme.

Etre très attentifs aux signaux qu’envoient les femmes et les hommes de notre pays, c’est permettre d’être au plus près des réponses et ouvrir des issues de progrès.

 

Marc Brynhole

Animateur du collectif Idées

Répondant à la feuille de route décidée au début de la préparation de notre congrès, le collectif Idées, regroupant entre autres des responsables des revues, s’est mis au travail pour répondre au mieux à la commande : quel est, à ce jour, l’état de la société française ?

Vaste sujet s’il en est, et sur lequel de grands instituts travaillent, des fondations, des établissements nationaux de recherche, des laboratoires etc... Avec les moyens qui sont les nôtres, et l’ambition d’être utiles aux réflexions des communistes, nous avons plus choisi de lister et traiter quelques grandes questions (il y en a bien d’autres).

Les notes produites dans ce cahier ont été pour la plupart débattues au sein du collectif, et leurs auteurs parfois auditionnés. Elles sont le fruit à la fois d’un travail individuel de chaque auteur et collectif par les échanges, débats avec parfois réécriture ou précision pour en faire des outils pertinents au service du débat des communistes.

Elles ne sont pas des thèses destinées à être amendées ou votées mais des éléments de réflexions, des points d’appui, des entrées, des pistes pour ces débats. Le collectif Idées poursuivra son travail dans cet esprit, prenant le temps de l’examen, avec comme boussole, j’insiste, le sérieux et l’utilité des productions.

La société française a connu de grandes périodes de mutations mais sa recomposition/ décomposition se paie aujourd’hui au prix d’inégalités aggravées et de précarités nouvelles. Nous avons choisi de traiter ces questions en terme politique et dans plusieurs notes car elles dessinent les contours d’une nouvelle société et cela, non sans influer et conditionner fortement les comportements.

Ce que certains appellent le pacte républicain est terriblement mis à mal par le chômage de masse et l’aggravation des inégalités. En mesurons-nous assez les conséquences ? Quand des protections et les droits avaient permis de faire reculer ou de contenir pauvreté et précarité, la mondialisation capitaliste change aujourd'hui la donne et fait émerger une véritable insécurité sociale qui peut devenir la règle.

Dans le même esprit, alors que les penseurs du sytème nous annoncent la fin de la lutte des classes et la disparition des classes elles-mêmes, il y a, à l’opposé, un vrai retour dans le débat politique de l’actualité des classes sociales. Des réalités parfois tourmentées traversent la société, selon la place des individus face au travail ou au sans-travail, selon les lieux d’habitat : ville, périurbain ou ruralité, ou encore suivant l’âge. Plusieurs notes abordent ces questions sous des angles différents : par le travail, par les mouvements de populations ... pour tenter de serrer au plus près les conditions de la lutte de classes aujourd’hui et nous permettre d’y prendre appui dans notre action politique.

Vous trouverez dans ce cahier des outils de réflexion et de débat sur une vingtaine de questions que nous avons jugées essentielles : que devient une société qui laisserait mourir sa protection sociale ? Qui abandonnerait ses services publics ? Qui reculerait dans la bataille de l’émancipation et de l’égalité femme/homme? Ou encore qui négligerait les nécessaires mobilisations sur le devenir de notre planète ?

Fouiller ces questions pour agir sur elles, c’est aussi, à contrario, montrer en quoi protection sociale, égalité, services publics ou encore écologie constituent les moteurs des avancées pour une société de progrès social.

Il nous faudra aussi travailler sur les tourments qui agitent les femmes et les hommes de notre pays : taraudé-es si souvent par un sentiment de déclassement, ou de désaisissement des décisions les concernant, ou encore happé-es par un désir de sécurité parfois même au prix des libertés.

Nous l’abordons par exemple par l’angle des attentats terroristes djihadistes qui posent des questions lourdes au monde et à ses déséquilibres et qui conditionnent les esprits en instillant la peur.

Mais, tout cela nous dit aussi au fond sur quoi s’appuyer pour faire grandir les combats émancipateurs.

Les sujets que nous avons choisis de traiter dans ce cahier ne cerneront pas toutes les problématiques. Cela a été affaire de choix et de recherche de compétences en face de ces choix. Ce travail devra donc être poursuivi et certainement devenir permanent, avec des outils neufs et des sollicitations larges.

Mais, je veux ici simplement expliciter quelques-uns de ces choix pour des notes déjà présentes dans ce cahier et je pense aussi aux suites nécessaires de ce travail .

L’émancipation des femmes est encore inachevée, les stéréotypes sont encore bien là, avec leur cortège de violences ; pourtant, des choses bougent et parfois très vite et en profondeur. Voilà qui devra être un point d’appui fort pour l’égalité.

La reconnaissance des identités diverses de la jeunesse est aussi un pivot. Ils vivent “la galère”, rencontrent les pires difficultés sur le marché du travail, sont aussi parfois dans la pauvreté. Des auteurs disent à juste titre que la jeunesse française cumule les handicaps. Mais à y regarder de plus près, leur capacité d’engagement est forte même si elle prend parfois des chemins nouveaux.

La révolution numérique change la donne. Mais autorisera-t-elle le déploiement d’une nouvelle démocratie ou, au contraire, déclenchera-t-elle de nouveaux asservissements ? Elle est au coeur d’une lutte de classes intense qu’il nous revient de cerner pour agir.

La question écologique bouscule et va bousculer considérablement nos sociétés dans nombre de domaines : la démocratie, la famille, la démographie, les migrations ou encore les inégalités. Ses enjeux sont de l’ordre de choix de civilisation car ils concernent l’avenir même de la planète et des humains.

Immigration et racisme sont au coeur de bien des idées reçues et les gouvernements jouent des peurs et des fantasmes. Ils les alimentent pour en faire de puissants relais d’opinions conduisant au repli et au rejet de l’autre. Mais cela fonctionne-t-il complètement ? Quel est le poids des ressorts culturels de notre peuple qui, malgré tout, donnent du poids à sa résistance au poison du racisme et de la xénophobie. Dans le même ordre d’idées, cette matrice fondamentale de la société française qu’est la laïcité méritera un point particulier, tout comme la réalité des pratiques religieuses.

Les développements sans précédent des sciences conduisent à des transformations considérables de l’appareil productif. Elles interrogent sur les finalités même de la société. Alors, quel monde construire dans une interaction positive et prospective entre la communauté scientifique et les citoyennes ? Quels objectifs, quelle maîtrise ? Ce sont ces questions du présent qui préparent l’avenir.

Avec la crise financière de 2007-2008, c’est tout le système financier qui a été au bord de l’implosion : les conséquences sociales ont été terribles et c’est loin d’être terminé. Tout cela a mis en lumière l’inanité et les dangers de ce système et ouvert les débats sur ses alternatives, comme la nécessité de prise de pouvoir sur la finance et les banques, comme sur les réorientations en profondeur de la production de richesse et l’utilisation de l’argent.

Alors que la recherche d’alternatives au capitalisme financier et mondialisé est vive et multiple, nous nous sommes arrêtés, pour mieux en comprendre la nature réelle, les points d’appui, les limites et les contradictions qui traversent des expériences telles que l’Economie Sociale et Solidaire.

Nous avons aussi choisi de prendre le temps de réfléchir sur le travail lui-même, de comprendre les souffrances aggravées par les conditions imposées par la recherche du profit financier, mais aussi les attentes de réalisation personnelle qu’un changement de paradigme du travail pourrait permettre.

Nous tenterons de dire aussi la nature du salariat, ses mutations en cours avec la révolution numérique, les relations entre individualisation et unité. Seront mises en lumière les implications de nouveaux modes d’action politique à développer. Au fond, nous voulons nourrir la nécessaire ambition que la politique prenne le pas sur l’économie.

Les notes explorent aussi ce qui se passe dans les territoires et dans les lieux de démocratie que devraient être davantage les collectivités locales, éreintées à ce jour par les politiques antidémocratiques et austéritaires. Nous ferons aussi la lumière sur l’aménagement du territoire qui est une question lourde d’enjeux et loin d’être réservée aux spécialistes. Nous explorerons bien sûr les ressorts de la mondialisation capitaliste dont certains nous disent qu’elle est indépassable.

Sur la question de l’Europe, dont certains affirment « dur comme fer » qu’on ne pourrait plus rien faire dans le cadre des traités actuels, la note nous montrera cependant des chemins des possibles pour l’action tout en pointant le néfaste de la construction européenne actuelle.

Nous dirons aussi la place et le poids des idées communistes dans la société française suite à une étude sérieuse dont la note décryptera les contenus.

Nous compterons poursuivre sur tous ces sujets tout au long de ce congrès, et sûrement ensuite, sur des thèmes encore absents de ce premier travail. Je pense notamment à la question de la nation, aux comportements politiques, à la nature des défiances vis à vis de la politique, à l’individualisme et bien d’autres sujets.

Les notes qui vous sont présentées dans ce cahier ont été travaillés par des auteurs pour la connaissance qu’elles et ils ont des sujets et le travail qu’ils ont accompli. Le collectif Idées en a débattu comme un lieu de recherche et de débats, il vous invite dorénavant à en faire de même car il n’est pour moi pas question de dire : “ voici la vérité”.

Ce cahier veut être un outil ouvert au débat, à la co-construction. Ces notes seront déposées sur la plate-forme Internet du Congrès. Vous pourrez correspondre avec les auteurs et le collectif. J’espère qu’elles donneront lieu à des échanges les plus constructifs possibles.

Nous nous sommes attelés à ce travail depuis plusieurs mois déjà. Avec votre aide, nous voulons poursuivre en espérant qu’il rencontre votre curiosité, votre intérêt et qu’il aide chacune et chacun dans ses réflexions comme dans ses actions.

Collectif Idées : Marc Brynhole

avec Patrick Coulon, Alain Vermeersch et les directions des revues du pcf

 

 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)