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L'accès aux soins et les centres de santé en discussion avec Hélène Masure - Bresles, 3 mai 2025

La section de Bresles du Parti communiste organisait le 3 mai dans cette commune une réunion publique sur le thème de l'accès aux soins, alors que nous sommes nombreux à avoir des difficultés à obtenir des rendez-vous médicaux, souvent en devant payer une partie de la note de notre poche. Lorsqu'ils ont distribué les invitations à cette rencontre, les communistes de la section ont pu mesurer - sans surprise - le désarroi de la population à l'occasion de nombreux échanges.

Hélène Masure, membre d'une association qui œuvre sur le Valois, était invitée pour partager son retour d'expérience, aboutissant à l'ouverture d'un centre de santé alors que la maison de santé en place périclitait et était de plus menacée par un projet immobilier.

Elle a posé le contexte actuel, résultant de choix faits dans les années 1970 avec la mise en place du numerus clausus - pour limiter le nombre de professionnels de santé exerçant - et de la tentative d'un rattrapage depuis 2019 en passant au numerus apertus - qui se heurte aux manques de moyens pour assurer la formation. Le nombre de médecins est ainsi aujourd'hui équivalent à celui du début de la décennie 1970 alors que l'on est passé de 50 millions à 66 millions d'habitants (en métropole) sur la même période. Notre population est de plus vieillissante et a des besoins de soins supplémentaires.

Elle note également l'évolution du rapport des médecins à leur profession : avoir son propre cabinet n'est plus la panacée, aspirant à davantage de temps libre. Certains diplômés s'orientent même vers d'autres activités que la médecine dès la fin de leurs études.

Pour lutter contre les déserts médicaux et sauver la médecine libérale, les collectivités choisissent souvent de financer des maisons de santé - de véritables projets immobiliers - qui ne garantissent pas l'arrivée de médecins nouveaux : des médecins exerçant individuellement dans le secteur peuvent juste s'y regrouper. Entre celles qui se remplissent avec d'autres professionnels de santé - infirmiers, kinés… - que des médecins généralistes, base du système de santé, et celles qui restent vides, le succès est loin d'être assuré.

Une autre piste est envisageable, qui se développe doucement mais sûrement dans l'Oise : celle des centres de santé. Ils se sont développés dès la fin de la seconde guerre mondiale, en même temps que la Sécurité sociale se mettait en place. Ils peuvent être municipaux - initialement souvent des municipalités communistes - ou bien gérés par des associations ou des mutuelles de corporations (mineurs, …). Ils sont non lucratifs, les médecins y sont salariés et ils n pratiquent pas de dépassement d'honoraires. If faut donc faire attention à ne pas mélanger les « vrais » centres de santé avec les « maisons de santé » ou les établissements appelés improprement « centre dentaire » ou « centre ophtalmique ».

La collectivité peut prendre la compétence santé ou bien définir une somme pour soutenir le centre de santé. Le Département de l'Oise, face à la pénurie de médecins, donne de l'argent aux médecins pour leur installation, sous forme de primes et de prêts à taux zéro, ainsi qu'aux maisons de santé. Mais rien pour les centres de santé… La Région ne fait pas mieux. Des collectivités font pourtant depuis plusieurs années le choix des centres de santé, comme le département de la Saône-et-Loire, avec 45 médecins salariés et 17 antennes, ou bien la région Occitanie avec ses aides financières. Dans l'Oise, on trouve maintenant des centres de santé intercommunaux à Noyon, Clermont, en projet à Liancourt ; municipal à Nogent-sur-Oise ; associatif à Crépy-en-Valois et son antenne à Betz ; mutualiste à Creil.

Une certaine proportion des centres de santé est en situation de déficit, c'est pourquoi la convention entre les centres de santé et la Sécurité sociale est actuellement remise en cause, car ils sont moins rémunérés que les libéraux.

À Crépy-en-Valois, la population à la fin des années 2010 s'inquiétait de l'avenir de la maison de santé où il ne restait que cinq médecins sur les douze qu'elle avait connus. Une première réunion publique se tient sous l'impulsion de citoyens, sans organisation particulière, réunissant une centaine de personnes se questionnant sur ce qu'il était possible de faire, dans une démarche de recherche de solutions. Un groupe volontaire pour travailler sur les pistes se dégage et une association est créée. Une deuxième réunion propose la piste du centre de santé. En 2021, un des médecins, porteur du projet, créé une association qui finance entièrement - sans aide donc, notamment des collectivités - l'ouverture du centre de santé. Il a vocation à soigner les habitants des 62 communes de l'intercommunalité. Il est aujourd'hui dépassé par son succès, avec des patients venant consulter de Compiègne (!), de l'Aisne etc.

Une commission des usagers s'est créée, qui a par exemple fait remplir un questionnaire de satisfaction pour définir les points de satisfaction ou bien ceux à améliorer.

La réunion publique était donc très intéressante, dépassant le simple constat de la situation en donnant un exemple sur lequel s'appuyer - sans que cela soit un modèle à reproduire en tant que tel - pour mener des mobilisations dans la perspective d'améliorer l'offre de soins, avec la population la plus large possible, dans ces périodes difficiles de faire ensemble, comme le montrait la participation modeste à cette première initiative sur un sujet pourtant de préoccupation majeure.

 

 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)