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20161129-Libé-France-Pierre Laurent : « La reconstruction d'une force de gauche doit avoir lieu maintenant, pas après 2017, pas après le désastre »

20161129-Libé-France-Pierre Laurent : « La reconstruction d'une force de gauche doit avoir lieu maintenant, pas après 2017, pas après le désastre »
 
 

Si les militants du PCF ont choisi de soutenir Mélenchon, leur secrétaire national, Pierre Laurent, affirme vouloir réconcilier tout le monde, socialistes inclus. Tout en fustigeant le quinquennat.

 

Une course de fond. Le premier secrétaire du Parti communiste milite pour le rassemblement de la gauche à la présidentielle. En vain. Ce week-end, son parti a décidé de soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon en attendant le miracle. Car Pierre Laurent ne lâche pas l’affaire : il court toujours derrière le rassemblement. Prochain épisode ? Le PCF organise une rencontre, à Paris le 10 décembre, avec tous les acteurs de gauche afin de trouver une issue de secours.

Quel est le fait politique majeur du week-end dernier : la décision du PCF de soutenir Mélenchon ou la victoire de Fillon ?

Les deux. La victoire de Fillon montre que nous avons affaire à une droite ultralibérale, décomplexée, qui souhaite la mort de la Sécurité sociale et du service public. Une droite qui mène une offensive violente contre le droit des femmes et toutes les logiques d’émancipation qui ont marqué les dernières décennies. Et la campagne de François Fillon va se nourrir de celle de Marine Le Pen. Nous sommes menacés par le même piège politique qui a ouvert la porte au Brexit et à la victoire de Trump. Et la seule solution pour échapper à ce piège, c’est de construire une candidature porteuse d’un nouveau projet de gauche. D’où l’appel à voter Jean-Luc Mélenchon : ce n’est pas une fin en soi mais juste un palier pour aller encore plus loin dans le rassemblement de la gauche.

Mais la solution Mélenchon n’est pas forcément celle qui rassemble, vu qu’il ne veut pas entendre parler d’une primaire…

(Il coupe) La situation est compliquée à gauche. Pendant des semaines, certaines personnes ont théorisé que les forces de gauche étaient irréconciliables et qu’elles ne pouvaient plus dialoguer. Il y a quelques mois, Manuel Valls s’est même opposé avec férocité à la primaire de toutes les gauches, il suffit de relire ses propos. Et à cette époque, je n’ai cessé d’alerter sur le risque d’éclatement de la gauche. Malheureusement, aujourd’hui, nous sommes dans cette situation de dispersion. Et ce n’est pas la primaire socialiste - dont nous ne connaissons ni les candidats, ni les règles, ni le périmètre, ni le projet - qui peut arranger les choses. En janvier, lorsque la primaire de toute la gauche était sur la table, alors que ce n’est pas notre culture, nous disions : parlons du projet avant les candidatures. Mais la direction socialiste a tout saboté afin de préserver François Hollande.

Vous êtes en colère ?

Il y a beaucoup d’irresponsabilité chez les leaders de gauche car le scénario qui approche n’est pas une surprise. La responsabilité aurait consisté à avoir le courage de proposer un projet de rupture après l’échec du quinquennat. Mais les responsables de gauche abordent 2017 avec une forme de légèreté. Chacun observe son pré carré partisan, sa trajectoire personnelle. Cette irresponsabilité, fortement ressentie par le peuple de gauche, le pays peut la payer très cher.

Mais la primaire aurait justement pu être l’occasion de proposer ce nouveau projet et de faire battre Hollande ou Valls. Exactement comme l’ont été Cécile Duflot et Nicolas Sarkozy.

Les électeurs de gauche auront-ils une autre possibilité que de toujours choisir entre la peste et le choléra ? Aujourd’hui, tous les scénarios présidentiels sont faits pour priver les Français d’un véritable choix démocratique. Je ne veux pas d’une présidentielle où l’on m’explique un jour que François Fillon est le meilleur et un autre que c’est Emmanuel Macron. Cette stratégie laisse sur le bord du chemin des millions de gens qui aspirent à une vraie politique de solidarité, qui ne peut pas être représentée par ceux qui ont conduit la gauche dans cette situation.

Vous appelez François Hollande à ne pas se présenter à la présidentielle ?

Il n’a aucune chance de succès dans cette élection, il sera rejeté par tous les électeurs. Personne ne renverra à l’Elysée celui qui a tourné le dos aux électeurs de gauche.À coup sûr, François Hollande est le candidat de la défaite pour la gauche. Et vous pensez que les électeurs du PS et les militants de gauche attendent une compétition médiatique entre Valls et Hollande, c’est-à-dire les deux qui nous ont mis dans cette situation ?

Sur le fond, qu’est-ce que vous voulez défendre durant cette campagne ?

Une politique de gauche, pour qu’elle puisse avoir les moyens de ses ambitions, doit lutter contre le pouvoir excessif de la finance. Il faut remettre la main sur la gestion des banques et avoir une grande ambition dans la lutte contre l’évasion fiscale. Deuxième chose : il faut refonder la République autour d’une politique d’égalité et autour de nouveaux principes démocratiques. Lorsqu’on commence à gouverner avec le 49.3 contre sa majorité et qu’on a des candidats de droite qui parlent de gouverner par ordonnances, c’est que la démocratie est en danger dans notre pays. Les législatives doivent redevenir l’élection majeure afin que le gouvernement soit sous le contrôle réel du Parlement, en supprimant, par exemple, le 49.3 et en instaurant la proportionnelle à toutes les élections.

On entend que vous seriez prêt à soutenir Arnaud Montebourg s’il gagne la primaire…

Je continue à dialoguer avec tous ceux qui proposent une politique anti-austérité. La reconstruction d’une force doit avoir lieu maintenant, et pas après 2017, pas après le désastre.

On a du mal à comprendre : vous êtes ouvert pour discuter avec Martine Aubry alors qu’elle n’est pas très éloignée de François Hollande. Selon vous, qu’est-ce qui les différencie ?

Je pense que, pour reconstruire la gauche, il faudra convaincre des milliers de militants et de dirigeants socialistes des erreurs qui ont été faites durant le quinquennat. Quand je parle aux socialistes, ils sont désarçonnés par la situation. Et le rôle des communistes est de continuer de tendre la main à tout le monde.

Vous n’avez pas du tout répondu à la question…

J’ai fait la réponse que je souhaite.

Oui, mais on aimerait quand même comprendre la différence entre Aubry et Hollande…

Il y a un homme célèbre (1) qui a dit : «C’est votre question et c’est ma réponse.» (Rires)

Oui, mais ce n’est pas très moderne comme réponse…

J’assume l’héritage de la maison.

(1) Un certain Georges Marchais.

 

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le 29 November 2016

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