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Hommage à Georges Séguy : intervention de Bruno Hénin, secrétaire général de l'UD CGT Oise - Compiègne, 22 octobre 2016

Intervention de Bruno Hénin, secrétaire général de l'UD CGT Oise

 

Cher-e-s amis, cher-e-s camarades,

Il est des hommes qui font partie de notre histoire, notre camarade Georges Séguy faisait partie de cela !

Comment résumer en quelques mots tout ce que Georges a pu nous apporter ? Son parcours est en lui-même une leçon d’engagement, de courage, de travail et de conviction.

Témoin et acteur de périodes marquantes dans notre histoire il a su, toujours avec beaucoup d’attention et de bienveillance, transmettre les bons messages à ceux auxquels il s’adressait.

Georges n’a que 17 ans lorsqu’il annonce à son père, après une nuit de sommeil et de réflexion, ne plus vouloir aller à l’école et vouloir rentrer dans la Résistance.

Trop jeune pour prendre les armes, Georges sera affecté dans une imprimerie clandestine où il apprend le métier et participe à la confection de tout le matériel falsifié ou clandestin dont la Résistance a besoin : cartes d’identité, certificats de travail, livrets de familles à l’attention des militants clandestins et pour aider les juifs… tracts, et autres journaux illégaux.

Il est à ce moment loin d’imaginer que la fédération des cheminots jouerait la carte de la jeunesse pour remplacer ses cadres, c’est comme cela qu’à 22 ans, il deviendra un des secrétaires de la fédération CGT des cheminots.

Le 4 février 1944, Georges et ses collègues sont arrêtés par la Gestapo, sur dénonciation. D’abord incarcéré à la Prison Saint Michel puis conduit au triste camp de transit de Compiègne, l’antichambre des camps de la mort. Il est déporté le 26 mars 1944 dans le camp de Mauthausen. Ces treize mois d’épreuves inhumaines marquent à vie Georges dans son engagement. Comme il le disait « Dans la mesure où j’avais eu la chance inestimable de figurer parmi les rescapés, ma vie en quelque sorte ne m’appartenait plus ; elle appartenait à la cause pour laquelle nous avions combattu et pour laquelle tant des nôtres étaient morts ».

Jusqu’au bout de ses forces il se fait un devoir d’agir et de transmettre les témoignages et les enseignements de cette période sombre de sa vie, celle de notre pays, pour laquelle il fait le serment d’indéfectibilité, ce fameux serment des anciens de Mauthausen de poursuivre la lutte par et pour « l’édification d’un monde nouveau, libre et juste pour tous » incompatible avec le système capitaliste et ses déviances fascistes.

Georges, qui avait adhéré à la CGT avant de rentrer à la SNCF en octobre 1945, devient rapidement responsable du syndicat CGT des cheminots de Toulouse. Il est membre de la commission administrative de l’UD de Haute-Garonne. Ce destin hors du commun, le conduit à devenir secrétaire général adjoint de la fédération en charge des actifs au congrès de janvier 1956 puis secrétaire général de la fédération au congrès de mai 1961. Responsabilité qu’il occupe jusqu’en novembre après être devenu secrétaire confédéral en mai 1965. Il succède à Benoit Frachon lors du 35e congrès de la CGT en juin 1967, 11 mois avant mai 1968.

C’est ce qui a guidé toutes les ambitions qu’il a pu porter, non sans débats et oppositions dans la CGT, pour tenter de renforcer le rapport de forces en faveur des travailleurs en cherchant à élargir l’influence de la CGT dans toutes les couches du salariat.

C’est dans cette période que L’UCR est aussi créée alors que Georges est secrétaire général de la CGT. L’UGIC, créée en 1963 devient l’UGICT en 1969 avec une toute autre ambition de développement de la syndicalisation chez les ICT. Georges milite également sans cesse pour l’unité d’action entre toutes les forces syndicales ainsi que pour l’indépendance de la CGT vis-à-vis de tout pouvoir qu’il soit patronal, gouvernemental mais aussi vis-à-vis des partis politiques tout en veillant à ce que la CGT s’implique dans la vie politique.

Georges quitte ses responsabilités en 1982 en restant toutefois membre de la CE confédérale jusqu’en 1992. Militant infatigable de la paix, indispensable à toute ambition de développement humain, il est l’un des principaux animateurs de l’Appel des Cent pour la Paix et le désarmement où fidèle à son esprit d’ouverture il œuvre au rassemblement de personnalités d’horizons divers. Tout jeune retraité, il s’implique profondément dans la transmission de l’Histoire CGT en fondant en 1982 l’Institut d’Histoire Sociale dont il sera Président.

Il n’a cessé jusqu’au bout d’apporter son analyse, ses réflexions sur le monde, sur la société, sur les enjeux politiques et sociaux sans déroger aux principes fondamentaux de la CGT que les générations précédentes de militants lui ont transmis.

Georges, c’est avec un profond respect, une reconnaissance inestimable, que nous sommes réunis aujourd’hui pour te saluer.

Ton absence va laisser un grand vide dans notre maison, mais tes engagements, tes combats, tes espoirs, tes rêves, vont continuer encore longtemps à donner du souffle à nos combats, tes combats.

Georges, au nom de toutes les femmes et tous les hommes de la CGT, merci pour tout le patrimoine que tu nous lègues ; Un patrimoine que tu as toujours cherché à enrichir. Nous sommes fiers d’être les héritiers d’une Histoire que tu as contribué à écrire. Cette Histoire, nous avons la difficile mais passionnante responsabilité de continuer à l’écrire, pour un jour, le plus rapidement possible, « transformer le monde dans le sens du bonheur pour tous ».

Je tiens au nom de toute la CGT, au nom de Philippe Martinez son Secrétaire Général, à vous témoigner toute notre amitié et notre affection.

 

 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)