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1936, le Front populaire : quand le peuple s'en mêle - Creil, 14 mai 2016

À l'invitation de la section PS de Creil, la section PCF de Creil-Nogent-sur-Oise a participé à l'initiative « Creil fête le 80e anniversaire du Front populaire » avec les radicaux de gauche du Bassin creillois, représentant la troisième composante du Front populaire. Notons que le fait d'avoir un nombre important de députés communistes à l'Assemblée nationale (72 issus des élections législatives de 1936, « 72 salopards en casquette » selon l'extrême droite) change les rapports de force et permet de mener une vraie politique à gauche : la situation ne serait pas la même dans le pays si les Français-e-s avaient envoyé des dizaines de député-e-s issu-e-s du Front de gauche à l'Assemblée nationale en 2012. Une plaque honorant Léon Blum a pour l'occasion été inaugurée par Karim Boukhachba (secrétaire de la section PCF de Creil-Nogent-sur-Oise), Mme Guendouze (PRG), M. Lucas (secrétaire de la section PS de Creil), Mme Lavalette (conseillère départementale PS du canton de Creil) et M. Villemain (maire PS de Creil et conseiller départemental).

Les participant-e-s se sont ensuite rendu-e-s au salon Canneville à la Faïencerie, où des prises de parole se sont tenues. L'actualité, avec la lutte autour du projet de loi El Khomri, et les revendictions portées en 1936 lors des grèves se sont télescopées. Vous trouverez ci-contre le discours de Karim Boukhachba, appelant l'assemblée à participer dès les mardi et jeudi suivants aux manifestations à Creil pour le retrait du projet de loi Travail : certainement que peu manqueront à l'appel. M. Lucas et M. Villemain se sont positionnés très à gauche, sans nul doute vont-ils faire pression sur le député PS de la circonscription M. Françaix pour qu'il n'oublie pas cette fois, en seconde lecture, de signer la motion de censure de gauche du gouvernement. La représentante radicale a prononcé un discours étonnant, profitant de l'occasion pour tenter de mettre en valeur le bilan du gouvernement actuel.

Une belle initiative que cette fête creilloise du 80e anniversaire du Front populaire : nous appelons à les multiplier, en associant le plus largement possible la population.

     

Discours de Karim Boukhachba, secrétaire de la section PCF de Creil-Nogent-sur-Oise

Quelle joie ce fut pour les ouvriers d’obtenir les congés payés, la semaine de 40 heures au lieu de 48 et les conventions collectives qui les protégeaient ! Plusieurs de nos camarades ont entendu les témoignages de leurs parents qui disent tous le bonheur qu’ils ont ressenti. Mais comment cela fut possible ?

Comme l’a dit Maurice Kriegel-Valrimont ce Front populaire fut d’abord un front populaire antifasciste. En 1934, l’union des syndicats s’est exprimée publiquement dans la manifestation en réponse à celle organisée par les ligues fascistes le 6 février 34 à Paris dans un climat très lourd politiquement.

Le fascisme, d’abord en Italie avec Mussolini, rejoint par le national-socialisme allemand avec Hitler, montait de façon évidente en France avec les ligues fascistes, et le peuple de France, représenté par les syndicats et les partis politiques, s’est mobilisé à 84 % des inscrits (sans les femmes !) et a élu à l’Assemblée Nationale le 3 mai 1936, 149 députés socialistes, 72 députés communistes et 110 députés radicaux. Léon Blum fut élu président du Conseil. Les ouvriers avec les syndicats se mirent en grève à large échelle dans tout le pays notamment dans l’Oise. La médiathèque de Creil dispose d’une brochure écrite par l’historien Jean-Pierre Besse  «1936, le Front Populaire dans l’Oise » où nous pouvons voir les photos des grévistes chez Daydé à Creil, chez Marinoni, Saxby, les Forges à Montataire, chez Kuhlmann à Villers-Saint-Paul, ainsi que dans les entreprises du bâtiment et bien d’autres encore.

Le gouvernement put alors selon les accords de Matignon le 7 juin 1936 avec les représentants du patronat, aboutir à des accords inimaginables auparavant : congés payés le 20 juin, semaine de 40 heures le 21 juin, loi sur les conventions collectives le 24 juin.

Et le 14 juillet 1936 à Paris, 400 000 personnes ont défilé devant la tribune où se tenaient Léon Blum, Maurice Thorez et Roger Salengro.

Tout cela explique pourquoi l’évocation du Front populaire correspond à une mémoire imagée, ces grèves où les ouvriers dansaient et chantaient.

Mais les acquis n’étaient pas supportables pour le patronat et les financiers, petit à petit les acquis furent grignotés, les heures supplémentaires ne furent plus payées, le coût de la vie augmenta, et surtout la menace fasciste se fit plus importante. Déjà en juillet 1936 Franco organisa un soulèvement contre la République espagnole. 1938 signe la fin du Front Populaire, avec la signature des accords de Munich le 29 septembre 1938, premier pas vers la Deuxième Guerre mondiale, autorisant l’Allemagne à annexer la région des Sudètes en Tchécoslovaquie.

N’oublions pas que nombre de militants syndicaux membres du Front populaire furent par la suite actifs dans la Résistance, organisant des rassemblements. Le programme du Conseil National de la Résistance est héritier des conquêtes sociales de 1936, en y incluant des forces beaucoup plus larges.

La suite, faite à la fois d’horreurs et de grand courage, nous mène jusqu’à aujourd’hui où le danger persiste, multiforme, dans une société qui a changé, porteuse de menaces mais aussi  d’espoir.

Nous sommes les héritiers de cette histoire, qui elle-même a rencontré d’autres histoires vécues par les parents de nombreux Creillois. Mais nous sommes aussi et surtout les responsables de ce que nous laisserons à nos enfants.

Serons-nous assez intelligents pour défendre, comme Marcel Dubos, candidat communiste en 1936 à Beauvais « le pain, la paix, la liberté » et non pas « la misère, le fascisme, la guerre ». En ce jour de commémoration, nous le souhaitons très fort.

Malheureusement l’actualité récente nous révolte, le gouvernement a recouru au 49-3 pour faire passer le projet de loi Travail en première lecture, d’emblée le gouvernement vient de priver de débat démocratique et court-circuite la représentation nationale.

Cette loi est contraire aux intérêts des travailleurs, des précaires et de la jeunesse. Ultralibérale, cette loi est une régression sociale intolérable, le pire est qu’elle a été initiée par un gouvernement se disant de gauche.

La colère à gauche s’amplifie pour demander le retrait de cette loi qui est contraire aux idées même des valeurs du Front populaire. Je vous invite à participer aux manifestations à Creil à 10 heures sur la place Carnot les mardi 17 et jeudi 19 pour continuer la lutte contre cette loi détestable, contraire aux idées de gauche.

Aujourd’hui, le Parti Communiste propose de s’inscrire dans une démarche collective, populaire et citoyenne pour la construction d’un front populaire et citoyen qui rassemblerait toutes celles et tous ceux désireux d’une autre voie à gauche. Une voie qui donnerait la place à l’humain d’abord, dans l’esprit du Front populaire.

 

Karim Boukhachba, secrétaire de la section PCF de Creil-Nogent-sur-Oise

Au nom du Parti Communiste Français, une des trois composantes du Front populaire

 

 
 

1936, le Front populaire : quand le peuple s'en mêle - Creil, 14 mai 2016

 

Documentaire « 1936, le Front populaire - Dans l'Oise, des témoins racontent »

Conception, montage, réalisation : Michel Roger, association Vidéo Travelling Montataire

Participation à la prise due : Gérard Trin

Intervenants : Marie-France Mallard, Rosa Roger, Bernard Lamirand, René Chinot, Roger Chinot

Témoignages de : Jeanine Biette, Marguerite Fossard, Lucienne Fabre, Irénée Bas, Adonis Delloue, Maurice Desbonnet, Roger Duriez, François Schmitt, Paul Soenen

Pour la documentation CGT et le film « Les Métallos » : Bernard Lamirand

Oise : « Les annales historiques compiégnoises » de Jean-Pierre Besse

Photos particulières d'Émile Hérisson, Irénée Bas, Irène Carlier, Annie Denaux

Pour la recherche de la musique : Anne-Marie Rigenbach, Francis Deschamps

Le Parisien du 17 mai 2016

20160517-LeP-Creil-La gauche rend hommage au Front populaire

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« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)