Fédération de l'Oise

Fédération de l'Oise
Accueil
 
 
 
 

Stop aux massacres contre les Kurdes et les civils opposés à la politique d'Erdoǧan ! C'est à la paix qu'il faut travailler - Paris, 8 août 2015

Plusieurs amis et camarades de l'Oise étaient présents à la manifestation de soutien au peuple kurde, avec les mots d'ordre suivants :

  • Exigeons la fin de l'isolement d'Öcalan !
  • Stop aux massacres contre les Kurdes et les civils opposés à la politique d'Erdoǧan !
  • Stop aux bombardements contre le PKK !
  • C'est contre Daesh qu'il faut agir !

 

En effet, depuis l'attentat le 20 juillet dernier à Suruç ayant coûté la vie à 32 militants de la Fédération des associations des jeunes socialistes (marxistes), venus pour aider à la reconstruction de Kobané, la ville martyre symbole de la résistance kurde face à Daesh, la situation politique et militaire en Turquie s'est accélérée, Erdoǧan rompant le cessez-le-feu conclu avec le PKK en faisant bombarder les positions kurdes en Turquie, mais aussi en Irak et en Syrie.

La manifestation est partie de République - où était présent Jean-Luc Mélenchon - pour se conclure à Châtelet, après des passages par le centre Georges Pompidou et la mairie de Paris, où s'est arrêté brièvement le cortège.

Parmi les slogans repris par les manifestants, « Rojava Résistance », « Kobané Résistance », « Solution politique pour le Kurdistan», « Liberté pour Öcalan », « À bas régime fasciste en Turquie », « Terroriste Daesh, Turquie Complice » ou bien encore « Vive la solidarité internationale ».

À l'arrivée, des prises de paroles se sont déroulées : représentants kurdes, tamoul, de partis politiques français (PG, NPA), de l'association de solidarité France-Kurdistan.

 

Tract distribué le long du parcours

 

Exigeons la fin de l’isolement carcéral d’Öcalan !

Stop aux massacres contre les Kurdes et les civils opposés à la politique d’Erdoǧan !

Stop aux bombardements contre le PKK !

C’est contre DAESH qu’il faudrait agir !

 

La guerre que développe l’État turc contre le peuple kurde, les civils, le mouvement révolutionnaire de Turquie,  leurs amis et le Rojava se poursuit de manière très intensive. Des centaines d’avions F 16 décollent  tous les jours pour  bombarder  le territoire du  Kurdistan. Les villages, les villes kurdes sont visés. Des civils qui ne sont pas  concernés par cette  guerre, sont  sauvagement massacrés. Des tonnes d’armes chimiques larguées chaque jour par l’armée turque provoquent des incendies qui détruisent nos forêts. Le président R.T. Erdoǧan, le gouvernement de l’AKP, avec les mains de Daesh, ont transformé en ruine Kobanê et le Rojava. En mettant fin au processus de paix et ayant obtenu la caution des forces internationales, la Turquie intensifie sa sale guerre.

Nous savons maintenant que le meurtrier des 32 jeunes sauvagement assassinés à Suruç n’est autre que les services d’Erdoǧan et son gouvernement de l’AKP. Leur  principal objectif  est d’étouffer la révolution du Rojava, expérience naissante d’un modèle de démocratie et de socialisme pour le Moyen-Orient et d’empêcher la poursuite de la lutte internationaliste. C’est pour ces raisons que les 32 jeunes socialistes ont été massacrés à Suruç.

Précédemment, durant la période électorale, R.T. Erdoǧan avait déjà mis fin aux négociations du processus de paix, en désignant le HDP, le PKK, le PYD-YPG et YPJ comme cibles. Après que le HDP ait  dépassé le seuil  du barrage électoral en obtenant 13,1 % et empêché son pouvoir absolu, il a ouvertement déclenché la guerre.

Il est évident que tant qu’il y aura isolement carcéral pour le président Abdullah Öcalan, il ne pourra en tant que   négociateur en chef  du processus de paix, mener à bien sa tâche. Il ne pourra y avoir ni de cessez-le-feu, ni de  table de négociations. En réalité, la Turquie ne s’est  jamais conformée aux accords du cessez-le-feu, son seul objectif était de faire déposer les armes à la guérilla. Nous rejetons fermement cette pression et l’isolement du président Abdullah Öcalan.

Nous les Kurdes, les socialistes, les communistes, les démocrates, les intellectuels, les citoyens engagés pour la paix vivant en France, nous disons  « STOP »   à la répression sanglante ! Nous exigeons  la fin du génocide éthno-politique des Kurdes, nous disons à R.T. Erdogan, vous ne pourrez atteindre votre but, vous ne pourrez jamais nous décourager et nous faire taire.

Nous appelons le gouvernement français et les États qui ne veulent pas être complices des massacres de l’État turc d’entreprendre toutes les démarches nécessaires auprès de celui-ci afin que cesse le chantage que représente l’isolement d’A. Öcalan sur l’île-prison d’ Imrali, afin que cesse la politique d’arrestation, de pression et d’intimidation contre tous ceux qui ne partagent pas sa politique, afin que cessent les bombardements contre les bases de résistants et les civils kurdes.

 

Signataires : Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) • Mouvement des femmes kurdes en France (TJK-E) • CIK • Fédération démocratique des Alevis en Europe (FEDA) • Association culturelle des travailleurs immigrés de Turquie (ACTIT) • PCF • France-Kurdistan • Confédération des travailleurs de Turquie en Europe (ATIK) • NPA • Conseil de coordination des organisations arméniennes de France-CCAS • Maison Tamoul Eelam, Conseil international du Tamoul Eelam • PG

 

 

Stop aux massacres contre les Kurdes et les civils opposés à la politique d'Erdoǧan ! C'est à la paix qu'il faut travailler - Paris, 8 août 2015

C’est à la paix au Kurdistan qu’il faut travailler (PCF)

C’est à la paix au Kurdistan qu’il faut travailler (PCF)

Courrier de Pierre Laurent au président Hollande du 3 août 2015

Pierre Laurent

Secrétaire national du PCF

Sénateur de Paris

Monsieur François Hollande

Président de la République

Palais de l'Élysée

55 rue du Faubourg Saint-Honoré

75008 Paris

 

Paris, le 3 août 2015

 

Monsieur le Président,

Je souhaitais vous faire part de mes plus vives inquiétudes suscitées par les opérations militaires turques engagées par le Président R.T. Erdoǧan ces dix derniers jours.

Sous la pression évidente des États-Unis, le président Erdoǧan a lancé des frappes contre les positions de Daesh en Syrie mais les a accompagnées dans le même temps de frappes contre les positions du PKK en Irak et en Turquie, brisant le cessez-le-feu décrété en 2013 à l'initiative du PKK. Le chef de l'État turc a annoncé qu'il rompait le processus de négociations avec Abdullah Öcalan.

Ces actions sont inacceptables et doivent être condamnées fermement.

Depuis l'attentat du 20 juillet à Suruç tuant 32 jeunes et faisant des centaines de blessés, attentat qui n'a toujours pas été revendiqué par Daesh, ces opérations militaires hors du territoire turc s'accompagnent en Turquie même de l'installation d'un climat de terreur et de répression contre la population, avec l'utilisation de balles réelles contre des manifestants et plus de 1 500 arrestations – pour l'essentiel des membres et élus du HDP, des syndicalistes, des militantes féministes, et des jeunes.

Qui plus est, des poursuites « pour soutien à la rébellion » sont engagées contre Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdag, co-présidents du HDP qui vient de recueillir 13,1% des suffrages aux législatives du 7 juin et qui est désormais le 4e groupe parlementaire avec 80 députés offrant à la Turquie un espoir de paix et de démocratie longtemps attendu.

Je vous demande instamment d'intervenir en faveur de la protection des co-présidents du HDP, Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdag. Selahattin Demirtaş a réagi à ces accusations par des paroles fortes de paix, affirmant qu'il ne laisserait pas le pays plonger dans la guerre et en lançant un appel à l'union et à la responsabilité.

Mais le chef de l'État turc fait la démonstration que sa priorité n'est pas la lutte contre l'État islamique ni la « lutte contre le terrorisme ».

Le président Erdoǧan, contrarié dans son projet de nature dictatoriale, veut aujourd'hui se débarrasser par la force d'une opposition démocratique dotée d'un projet d'avenir pour le pays et qui bénéficie du soutien populaire. Nous ne pouvons rester indifférents à ces atteintes à la démocratie ni à la violence qui les accompagne.

La politique du président Erdoǧan est lourde de dangers pour la démocratie, pour la paix et pour toute la population de Turquie, de même que pour les populations du nord de la Syrie et du Rojava, ainsi que celles du Kurdistan irakien dont le ministre des relations extérieures a exigé, vendredi, l'arrêt des bombardements.

L'action militaire et répressive de la Turquie est de nature à précipiter la région, déjà en guerre, dans un embrasement dont nul ne peut, vous le reconnaîtrez, prévoir l'issue.

Nombreux reconnaissent aujourd'hui ce que je dénonçais depuis longtemps pour l'avoir constaté lors de ma visite à Suruç en octobre dernier. Les forces de Daesh ont largement bénéficié du soutien de la Turquie, passant aisément la frontière turco-syrienne pour s'approvisionner en armes, matériels et combattants alors que les volontaires kurdes se portant au secours de la population de Kobanê étaient empêchés de passer. J'ai pu constater aussi à quel point les autorités turques ont fait peser sur les seules municipalités dirigées par le HDP (les villes de Diyarbakir, Suruç, Nusayibin, Cisré, Mârdin) la responsabilité et le poids de l'accueil et de l'aide aux dizaines de milliers de réfugiés irakiens et syriens, notamment Yézidis et ceux arrivés de Kobanê, autrement dit ceux sauvés et aidés par le PKK.

Vous qui, à titre personnel, avez reçu la commandante des forces YPG de Kobanê en février dernier en soulignant l'action majeure des YPG qui ont infligé leur première défaite militaire et politique aux obscurantistes de Daesh, vous n'êtes pas sans savoir le rôle incontournable que joue le PKK pour la paix, la liberté, le progrès et la démocratie dans la région.

La France ne peut donc rester silencieuse et doit activement oeuvrer au retour de la paix et de la démocratie, à un cessez-le-feu et à la reprise des négociations avec le PKK que son dirigeant A. Öcalan engageait, en mars dernier, dans l'étape historique du désarmement, étape saluée par le président Erdogan lui-même.

Il est du devoir de la France de se démarquer nettement des soutiens, en particulier américains, apportés à la Turquie au cours de la réunion de l'OTAN du 28 juillet dernier. Cela signifie la suspension de toute coopération militaire, policière ou judiciaire avec le régime d'Ankara qui a fait le choix d'une répression brutale contre quiconque s'oppose à sa politique. La France ne peut, de près ou de loin, se trouver complice d'une telle politique ni de telles atteintes aux droits humains.

Notre devoir est également de mettre tous les moyens politiques et diplomatiques en oeuvre pour obtenir un cessez-le-feu avec les forces du PKK et pour une initiative de relance du processus de paix en Turquie qui doit être placée sous les auspices de la « communauté internationale ».

L'avancée dramatique de l'État islamique en Irak et en Syrie ne peut être stoppée en frappant les rares forces de progrès qui résistent avec courage, et succès, contre Daesh. Je réitère ici ma demande solennelle de voir la France prendre l'initiative pour que l'Union européenne sorte le PKK de la liste des organisations terroristes. Le courage politique de la France doit être à la hauteur du courage de ces femmes et hommes qui, sans moyen adéquat, vont au feu contre une force, l'État islamique, largement mieux équipée et soutenue, directement et indirectement, par des puissances régionales.

L'amalgame fait par la Turquie entre le PKK et Daesh est inacceptable et doit être dénoncé. Notre pays ne peut cautionner les bombardements turcs et doit agir pour que la Turquie stoppe ses opérations contre le PKK et revienne à la table des négociations.

L'avenir du Proche et du Moyen-Orient ne peut en aucun cas se dessiner dans l'appui, même implicite, d'une puissance membre du Conseil de sécurité de l'ONU comme la France à la stratégie autoritaire opportuniste du président turc.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma haute considération.

Pierre Laurent

.
 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)