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20150505-L'Huma-Quelle relance de l'emploi industriel ? [Jean-Pierre Bosino]

L'humanité du 5 mai 2015 - Débats & controverses

Une urgence stratégique : quelle relance industrielle ?

 

Les fleurons industriels continuent à être bradés, par Jean-Pierre Bosino, sénateur PCF de l’Oise 

Une note récente du Conseil d’analyse économique aborde la question de l’industrie avec un titre en forme de provocation, « Pas d’industrie, pas d’avenir ? ». La note considère que la réponse n’est pas évidente. Pourtant, le chef de l’État n’a pas cessé de marteler que l’industrie est nécessaire à la vitalité économique de notre pays. Malgré cela, les plus grands fleurons industriels continuent à être bradés : ce mouvement est loin d’être terminé, que ce soit la privatisation de Giat prévue par le projet de loi Macron, ou la simplification de la vente des participations de l’État actionnaire. La liste est longue qui traduit les renoncements de l’État. Notons aussi le grand nombre de délocalisations qui, dans le contexte de transition énergétique, est une aberration mais aussi une faute au vu du soutien financier, via le crédit impôt recherche, notamment, consenti à des groupes qui, aujourd’hui, vont produire ailleurs, là où la main-d’œuvre est moins chère.

Pourtant, depuis plus de vingt ans, un consensus existe dans la classe politique et dans la population, sur le thème de la remobilisation industrielle. Mais on ne peut se contenter de discours, il faut réussir dans les faits. Et pour cela, il faut un véritable volontarisme politique, le même qui a permis des exploits dans l’aéronautique civile et militaire aujourd’hui menacée, dans le nucléaire, les télécommunications, les transports et l’automobile. Il y a eu des percées chaque fois que l’État était là pour aider au développement de grandes filières techniques. Il manque ­l’État stratège, qui a fait de notre pays et de nombreuses ­entreprises des champions européens, voire mondiaux. Il manque, comme en Allemagne, une autre relation entre entreprises donneuses d’ordres et sous-traitants, une véritable coopération en lieu et place d’un rapport de forces. En France, malheureusement, les entreprises sous-traitantes n’ont jamais été considérées comme des partenaires : elles sont vues comme un réservoir de productivité à exploiter pour conforter les marges des donneurs d’ordres. Pourtant, la plupart des grandes réussites industrielles de ces dernières années ­s’expliquent par le ­dynamisme des sous-traitants. Ceux-ci demeurent un jalon déterminant dans le processus de gestion de la qualité et de la traçabilité. La sous-traitance est essentielle à l’aménagement du territoire non seulement pour développer le tissu industriel régional, mais également pour attirer les investissements.

La perspective d’une « France sans usines » suscite plus d’inquiétudes que d’espoirs. On oublie trop souvent que l’industrie assure l’essentiel de la recherche et de l’innovation et constitue le principal moteur des gains de productivité. Qu’elle joue un rôle déterminant dans les exportations. On oublie trop souvent qu’un emploi ­industriel génère à son tour pas moins de cinq ou six emplois en moyenne dans d’autres secteurs. Sans compter qu’à la différence des services, qui n’ont pas remplacé les emplois industriels, ­l’industrie est seule créatrice de ­richesses, et exerce un effet d’entraînement particulier sur les autres branches de l’économie.

C’est pourquoi les sénateurs et sénatrices du Groupe communiste, républicain et citoyen continuent de s’opposer à toute forme d’abandon de nos fleurons industriels. De même, nous soutenons la création d’un véritable pôle financier public au service des PME et PMI, et avons porté des propositions contre les licenciements boursiers que nous déclinons dans le cadre du débat sur le projet de loi Macron. Avec le projet de loi sur la transition énergétique, nous avons voulu renforcer la recherche et la création de véritables filières de diagnostic thermique tout en nous opposant à la capture de nouveaux outils par le secteur privé. L’impulsion de l’État est fondamentale, c’est cela que nous rappelons et n’aurons de cesse de rappeler dans chacune de nos interventions.

L’activité dans le secteur manufacturier s’est contractée pour le douzième mois consécutif en avril en France, à un rythme plus prononcé qu’en mars, selon les résultats définitifs de l’enquête mensuelle auprès des directeurs d’achat, publiée hier, par Markit. La production recule 
pour le onzième mois consécutif, à 
son rythme le plus élevé depuis décembre.

 

20150505-L'Huma-Quelle relance de l'emploi industriel ? [Jean-Pierre Bosino]

20150505-L'Huma-Quelle relance de l'emploi industriel ?-2 [Jean-Pierre Bosino]
 
 

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