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Claude Aury-« Syndicalisme et politique » - 24 novembre 2014

Claude Aury, qui ne pouvait pas assister à la conférence-débat d'Espace Marx 60 « Politique et syndicalisme », a fait parvenir ce texte aux organisateurs.

 

Politique et Syndicalisme

 

L'histoire du syndicalisme est marqué par les relations que les syndicats ont entretenu avec les partis politiques. En France, la charte d'Amiens adoptée en 1906 lors du 9e congrès de la CGT, a proclamé l'indépendance syndicale et la primauté du syndicat sur le politique mais même les anarcho-syndicalistes qui ont, si j'ai bien compris, proposé ce texte et qui s'y réfèrent encore aujourd'hui, transgressent régulièrement ces principes.  

 

  1. Quelques tentatives d'inféodation du syndicat par le politique

Pour illustrer cette affirmation, je ne citerai que « l'OPA » réalisée par les militants syndicaux de la FEN appartenant à la LCR en 1989 ou 1990 sur la fraction « école émancipée » de la fédération. Cet épisode n'a sans doute pas marqué directement le mouvement syndical étant donné la faible influence de l'EE dans la FEN, il a plus marqué le syndicalisme enseignant dans l'Oise où l'EE est majoritaire et a majoritairement accepté la mainmise de la LCR sur le SNI-PEGC devenu depuis SNUIPP. 

Je pense que cet épisode a peut-être eu des conséquence lors de la création en 1993 de la FSU. L'EE de l'Oise a participé dès le départ (en septembre 1992) à la création du SNUIPP avec le courant de pensée « Unité et Action » (plus ou moins proche de la CGT), ce qui a sans doute contribué à ce qu'il rassemble nationalement plus facilement les enseignants du primaire dans leur diversité1.  

Je note que ces épisodes se sont déroulés au début des années 90 quand le parti socialiste a tenté d'impulser un syndicalisme « à l'anglaise » où les « Trade Union » sont (ou étaient) inféodés au Parti travailliste, avec l'aide de la FEN et de quelques autres Fédérations syndicales autonomes, ce qui a abouti à la création de l'UNSA.

 

  1. Expérience personnelle (des liens entre l'activité syndicale et politique des individus)

Dans ma famille, il n'y avait aucune expérience syndicale, aucune tradition. Le hasard a fait que, sur les conseils du directeur d'école, huit jours après mon entrée dans le métier comme remplaçant, j'ai fait grève et je me suis syndiqué. Ce n'était pas exceptionnel en 1957 quand plus de 90 % des instituteurs et des directeurs d'école étaient syndiqués au SNI. C'est aujourd'hui presque inimaginable tant l'idéologie dominante a pénétré le corps enseignant et dans la mesure où les « directeurs » subissent la pression pour les intégrer dans le système. Un an après, j'adhérais au PCF et pendant 20 ans je me suis efforcé de « militer dans mon milieu » comme le recommandait le parti.

Autre anecdote, au début des années 70, je reconnais dans un stand de la Fête de l'Huma un copain que j'avais connu au lycée 15 ans avant et que j'aurais situé plutôt à droite. Je m'étonne. Il m'explique : le travail, l'engagement syndical d'abord à la CFDT puis à la CGT puis le Parti. Il était alors l'attaché parlementaire d'un député-maire de la région parisienne.

Deux parcours classiques alors : travail, syndicat, parti et chaque individu concilie les deux comme il peut ou en fonction de ses engagements...

 

  1. Quelques réflexions

Dans un article que j'ai lu récemment, Roger Martelli, je crois, prétend que finalement en France, seul le PCF a su créer jusque dans les années 1980 un réseau de syndicats et d'organisations diverses autour de lui (ce n'est pas la citation exacte). Je crois cette affirmation exacte. Les liens en ce qui concerne le mouvement syndical était réel : secrétaire d'UD ou responsable syndical enseignant membres du bureau fédéral du PCF était « la règle » jusqu'aux années 80 dans l'Oise. Au delà de ces liens « organiques », y avait-il inféodation comme entre les syndicats anglais (ou allemand) et le parti travailliste ?  En fonction de mon expérience de syndicaliste enseignant, je ne le pense pas. 

Je crois qu'il y avait plus un enrichissement mutuel. La direction du PC était plus en phase avec ce qui se passait dans les entreprises ou les services (ou les établissements scolaires). Les analyses politiques, les propositions d'actions produites par le PCF irriguaient la réflexion syndicale. 

 

  1. Aujourd'hui

En la Libération, à ma connaissance, la CGT, qui était membre du CNR, a participé aux débats sur la constitution de la IVe République. Sans vouloir jouer les vieux donneurs de leçons : « Vivement que ça recommence ! » Sous quelle forme ? Ça n'est pas à moi de le dire… Que la conférence puisse y contribuer…

 

1 Les militants de l'EE qui ont refusé «  l'OPA » de la LCR et créée « Émancipation » n'ont pas tous rejoint le SNUIPP, ont parfois adhéré à FO ou ne se sont plus syndiqués.

 

Le 24 novembre 2014

C. Aury

 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)