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Lettre ouverte de Jean-Pierre Bosino au président de la République concernant la Palestine - 11 juillet 2014

Lettre ouverte à monsieur François Hollande

Président de la République française

 

Monsieur le Président de la République,

Si la gravité de la situation en Palestine n'est pas nouvelle, les dernières évolutions dramatiques que l'on connait depuis plusieurs jours m'ont poussé à m'adresser à vous.

Lors d'un récent communiqué vous indiquez avoir fait part au Premier ministre israélien, monsieur Netanyahou, de la « solidarité de la France » et avez affirmé qu'il appartenait « au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces ».

Élu de la nation, je ne me reconnais pas dans ce message de solidarité. Il n'existe pas de symétrie entre occupant et occupé, entre un État belliqueux et un peuple opprimé.

La ville dont je suis maire, Montataire, a été la première ville au monde à se jumeler avec un camp de réfugiés palestiniens, le camp de Deisheh. Ce partenariat se traduit par un engagement constant des Montatairiens qui organisent, en lien avec la municipalité et le comité de jumelage « Montataire-Deisheh », de nombreuses campagnes de solidarité avec le peuple palestinien. Depuis plus de 25 ans nous travaillons donc avec les Palestiniens se battant pour la reconnaissance de leur État, mais également avec des pacifistes israéliens qui, s'ils sont minoritaires, œuvrent au quotidien pour la paix et l'amitié entre les peuples.

Les récents agissements de l'État d'Israël, monsieur le Président, sont inacceptables.

Il faut évidement condamner le meurtre des trois adolescents israéliens. Mais peut-on tolérer qu'une nation démocratique réponde au crime par la guerre ? Peut-on tolérer cette loi du talion qui a conduit Israël à des frappes aériennes sur la Bande de Gaza, frappes qui ont tué près de 80 civils palestiniens depuis lundi dernier ? Peut-on, enfin, apporter son soutien à un pays qui ne respecte pas les lois internationales et se soustrait depuis des dizaines d'années aux injonctions de l'ONU ?

C'est à la paix, monsieur le Président, que notre pays que vous représentez doit appeler. L'escalade de la violence doit-être condamnée et il est de notre devoir d'agir pour éviter que la crise ne s'aggrave. Vingt mille réservistes ont déjà été appelés par l'armée israélienne qui dit ne pas exclure une offensive terrestre. La guerre n'est pas une option. Elle serait un désastre pour le peuple palestinien, méprisé et réprimé depuis bien trop longtemps déjà.

Les solutions existent et la France doit prendre sa part de responsabilités, notamment en prenant des initiatives au plan international pour un règlement global de cette question.

Agissons pour renforcer l'action de l'ONU en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Renforçons nos liens avec les pacifistes israéliens. Travaillons, enfin, à la reconnaissance pleine et entière de l'État palestinien, qui passe par le droit au retour des réfugiés.

L'heure est grave, monsieur le Président, et le peuple français redoute une nouvelle montée des violences. Il revient à notre nation de prendre position dans ce conflit avec comme unique boussole l'objectif de la paix et du respect du droit international.

Je crois, monsieur le Président, que nous pouvons encore partager des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité que notre pays incarne. C'est donc en tant qu'élu de la République et homme de gauche qui partage ces convictions que je m'adresse à vous.

Dans l'espoir de voir la situation évoluer dans le sens de la paix je vous prie de croire, monsieur le Président de la République, en l'expression de ma haute considération.

Jean-Pierre Bosino,

sénateur de l'Oise, maire de Montataire

 

 

 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)