Lettre à Gilles, par Viviane Guerre
Je n’ai pas connu l’homme politique, l’élu, le conseiller général, car je n’ai jamais rencontré Gilles dans ce cadre-là.
Mais c’est l’ami de Crépy que je souhaite évoquer, celui avec lequel nous pouvions parler de tout : du travail, de la famille, d’un livre qui nous avait chavirés, d’un film aimé ou questionnant, des cafés-philo, de la vie, de nos vies !
De beaux moments partagés avec Hélène et Gilles, sincères et chaleureux.
Avec Gilles, tout était simple : se voir, être un moment sans se voir, se revoir, rien ne faisait problème.
Gilles parlait avec ses mots, mais aussi beaucoup avec ses yeux ! Une façon bien à lui de nous fixer intensément. Surtout, il parlait avec son cœur, de cœur à cœur. On allait, sans détours, vers l’essentiel.
Tout sauf un beau parleur ! Et encore moins un mauvais parleur ! Il ne médisait pas !
Et puis la maladie, la longue descente, et nous nous sommes côtoyés dans les groupes de parole de personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Il était dans l’autre groupe que celui que je conduis, mais il ne perdait pas une occasion de venir parler, au moment de la pause.
Jusqu’au bout, le même homme, profondément gentil, à l’écoute, attentif, attentionné.
Même dans ce dernier regard que je lui ai vu, avant d’être hospitalisé, il me semblait qu’il voulait encore s’occuper de nous, nous épargner. Même mal, pas de rage, pas de haine, pas de colère. Quelle leçon !
C’est un homme qui s’est préoccupé du bien commun qu’est notre humanité. C’est un homme de la trempe de ceux qui nous aident à croire en l’Homme, à nous porter, à agir, à réagir.
Merci Gilles d’avoir été.
Saint Augustin disait : « Les morts sont des invisibles, mais pas des absents. »
Gilles est assurément là, dans une parcelle de chacun d’entre nous.
le 11 March 2014