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Discours prononcé par Thierry Aury à l'occasion des vœux du PCF Oise - Creil, 3 janvier 2014

 

 

Discours de Thierry Aury, secrétaire départemental du PCF Oise

 

Bonsoir à toutes et tous,

Merci d’avoir répondu à notre invitation.

Et évidemment meilleurs vœux pour l’année 2014, pour qu’elle vous apporte bonheur dans votre vie personnelle, réussite dans vos projets et ceux de ceux qui vous sont chers.

J’espère que ces quelques jours de fêtes vous auront permis de vous retrouver et de passer de bons moments avec vos proches, même si le jour de Noël a été assombri pour nous par l’annonce du décès de notre camarade Fernand Tuil, dont la disparition au terme d’une longue lutte contre la maladie a bouleversé beaucoup de monde dans l’Oise, en France et en Palestine.

Karima nous dira quelques mots tout à l’heure et je donne rendez-vous à tous le vendredi 10 janvier à 19 heures à Montataire pour un hommage à la hauteur du militant, du combattant de la dignité humaine, du citoyen du monde comme il le disait, - l’homme aux 3 passeports -, qu’il fut.

Nous allons nous efforcer d’être digne de cet engagement complet qu’il donna à ses frères et sœurs humains.

Et ces vœux, en ce tout début d’année, marquent en quelque sorte, notre volonté de ne rien lâcher, d’entamer 2014 avec autant de détermination et d’énergie que nous avons pu avoir toute l’année 2013.

Il y a presque 1 an, en février 2013, lors du 36e congrès du PCF, Pierre Laurent avait dit en conclusion :

Nous ne devons avoir qu’une seule idée en tête : être utiles à notre peuple, à la France, à ceux qui en France, en Europe et dans le monde, se battent au quotidien pour une vie meilleure, pour sortir de ce monde d’inégalités, d’injustices pour ouvrir des chemins nouveaux de liberté et de solidarité, de progrès social et d’émancipation humaine.

Puisque les vœux sont l’occasion aussi de se retourner sur l’année écoulée, je crois pouvoir dire que nous nous sommes efforcés de tenir cet engagement.

Nous avons été résolument aux côtés des salariés qui ont subi de nombreux coups à nouveau en 2013 :

  • Salariés en lutte pour leur emploi à Still-Montataire et Jouy-Crépy, Goss-Montataire, Merck-Organon à Eragny, Scierie Petit à Crèvecœur, Nestlé à Beauvais… Nos militants, nos élus ont été présents à leurs cotés pour appuyer leurs propositions alternatives, pour populariser notre proposition d’interdiction des licenciements boursiers qui n’a toujours pas été votée. Présents dans les initiatives syndicales ou étant nous-mêmes à l’initiative d’actions comme cette marche citoyenne pour l’emploi, le 21 septembre dernier à Montataire. Soulignons qu’à plusieurs reprises, notre député européen du Front de gauche, Jacky Hénin, était à nos côtés, pour soutenir les salariés, et qu’il fut bien le seul député européen à être venu à plusieurs reprises dans l’Oise et à s’engager comme cela : il faudra s’en souvenir lors des élections européennes du 25 mai prochain !

 

  • Salariés en lutte pour leurs conditions de travail, leur salaire, leur dignité, leurs droits :
  • comme ceux de l’Hôpital de Creil pour la réintégration dans ses fonctions de Loïc Pen, chef des urgences sanctionné car il refusait de faire travailler gratuitement ses collègues,
  • comme ceux de l’hôpital de Pont-Sainte-Maxence qui ont obtenu 26 créations de postes,
  • comme ceux de l’Aéroport de Beauvais en lutte contre la précarité massive et une situation sociale « low-cost »,
  • comme avec les 68 Travailleurs Sans-Papiers de Creil qui ont obtenu leur régularisation  au bout de quatre longues années de lutte.

 

Et nous sommes décidés à être avec encore plus de force aux côtés des salariés, de leur famille, du monde du travail qui fait l’objet d’une offensive sans précédent de mise en cause de ses droits, de ses intérêts en le rendant responsable des difficultés de notre économie, de notre pays.

Nous voulons exprimer avec encore plus de force que ce n’est pas le soi-disant « coût du travail » qui handicape notre économie, notre « compétitivité » mais c’est le coût du capital, le coût des actionnaires, le coût des banques, comme l’a démontré il y a quelques semaines Yves Dimicoli, responsable national de la section Économie du PCF, dans une conférence brillante à Clermont.

Et contrairement à ce que dit et fait François Hollande qui semble totalement rallié au discours du Medef, avec une ligne sociale libérale assumée (comme lors de ses vœux) et qui tourne le dos à ce qu’il disait au Bourget, en janvier 2012 contre son « seul adversaire, la finance ».

Plus que jamais nous allons redire fort ce que disait G. Filoche, dirigeant national du PS en désaccord avec la ligne Hollande, il y a quelques mois et qui est encore plus vrai aujourd’hui :

Jamais la France n’a été aussi riche. C’est un mensonge de dire que nous n’avons pas d’argent. Il y a 590 milliards d’avoirs français dans les paradis fiscaux : 2 fois le budget de l’État. Les 500 familles les plus riches possèdent 270 milliards. Les entreprises du CAC 40 ont versé 37 milliards de dividendes. C’est à  dire de l’argent qui ne sert à rien, qui n’a pas d’utilité sociale. C’est de l’argent qui pirate nos entreprises et qui fait du chômage. Franchement la crise n’est pas pour tout le monde.

Et les chiffres publiés le 2 janvier 2014 dans le quotidien financier Les Échos le confirment sous le titre « Record de fortune des milliardaires » : oui, 2013 a été une année record pour les ultra riches et 2014 s’annonce meilleure encore. Les chiffres donnent le vertige … et la nausée quand on connait les difficultés de millions de familles : pour le « hit-parade » français des ultra-riches, Liliane Bettencourt détient 34,1 milliards soit + 7,3 milliards en un an (plus que ce que le gouvernement attend de la hausse de TVA en 2014 !) ; Bernard Arnaud (LVMH) la talonne à 32,1 milliards de fortune soit  + 3,2 milliards en un an et le 3e larron François Pinault est à 17,2 milliards soit + 4,6 milliards en un an !

Non, la France ne manque pas d’argent mais cet argent est détourné par une poignée de privilégiés.

Oui, le problème principal de notre pays, société est là : ce sont les inégalités monstrueuses, cette concentration d’argent prélevé sur le dos du travail de millions de personnes, concentré à un pôle de la société et qui empêche de pouvoir répondre aux besoins et aspirations du plus grand nombre.

C’est cet argent qui manque aux salaires, retraites, services publics.

Et non, il ne faut pas « baisser les dépenses publiques », s’attaquer à la Sécurité sociale sous couvert « d’abus et d’excès » comme l’a proposé F. Hollande mais il faut réorienter l’argent vers les activités utiles.

Nous allons mener sans faiblir cette bataille d’idées contre le Medef qui se réjouit aujourd’hui de voir Hollande parler le même discours que lui et l’on a vu que Pierre Gattaz était presque le seul à se réjouir des vœux du président de la République, renommé désormais par une partie de la presse comme le « président des patrons ».

Nous allons mener cette bataille car sans une réorientation totale de la politique économique et sociale, nous allons dans une impasse, et les mêmes politiques conduiront aux mêmes effets.

Songeons par exemple à l’absurdité qui conduit le gouvernement à verser moins de dotations aux collectivités locales – « un coup de massue sans précédent » dit l’Association des Maires de France qui regroupe les maires de toutes sensibilités – alors qu’elles font 71 % des investissements publics, organisent des aspects essentiels de la vie quotidienne de la population, créent ou soutiennent de nombreux emplois (on annonce le risque d’une suppression de 40 000 emplois dans les associations qui dépendent des subventions des collectivités locales ce qui en ferait le plus gros « plan social » à l’échelle nationale !) !

Songeons aussi à l’absurdité qui amène à augmenter la TVA au 1er janvier, un prélèvement de 7 milliards sur les ménages pour financer les 20 milliards de CICE qui profiteront quasi-exclusivement aux grosses sociétés !

Nous allons continuer à poser avec force la question d’une « révolution fiscale » qui fasse contribuer chacun selon ses moyens, et au niveau nécessaire pour financer les services publics utiles au pays, l’éducation nationale, la santé, les transports, la justice…

C’est cette analyse de la situation qui nous a conduits à combattre cette année les mauvais projets de lois portés par le gouvernement comme celui entérinant l’ANI et ses régressions du code du Travail ou celui sur le recul de l’âge de la retraite, entérinant toutes les contre-réformes réactionnaires de ces 20 dernières années et enterrant cette avancée historique qu’avait été la conquête de la retraite à 60 ans en 1981.

Oui, il faut absolument résister à cette idée que ce seraient les droits des salariés, le code du Travail, la protection sociale qui seraient les responsables des difficultés de l’économie.

Plus que jamais, en 2013, nous avons réaffirmé notre filiation avec le programme du Conseil national de la Résistance et en 2014, 70e anniversaire de la Libération, nous redirons avec force que les grandes conquêtes sociales et démocratiques de la Libération, les lois portées par les ministres communistes Ambroise Croizat, Marcel Paul, Maurice Thorez ont été les fondations les plus solides des progrès de notre pays durant plusieurs décennies.

Un conseil : allez voir le film Les Jours heureux (le titre du programme du CNR) de Gilles Perret qui montre comment une volonté politique appuyée sur la mobilisation populaire peut faire bouger des montagnes !

Nous croyons que ce qui manque aujourd’hui, c’est l’absence de volonté politique de ce gouvernement de changer les choses et nous voulons travailler aux rassemblements les plus larges pour imposer ces transformations nécessaires.

En 2013, le PCF avec le Front de gauche ont pris plusieurs initiatives politiques pour construire cette alternative à gauche, pour faire entendre la voix de celles et ceux qui avaient voulu le changement en 2012 :

  • le 5 mai dernier, alors que notre pays était encore sous le choc de l’affaire Cahuzac, ce fut la grande Marche de la Bastille à la Nation, pour une 6e République, pour que les citoyens reprennent le pouvoir et imposent d’autres choix ;
  • le 16 juin, les Assises citoyennes à Montreuil pour travailler sur le contenu d’une alternative, avec toutes les composantes du Front de gauche, mais aussi avec les responsables d’EELV et ceux de l’aile gauche du PS et d’autres syndicats, associations, citoyens ;
  • le 1er juin, à Amiens, nous avons organisé une belle marche contre l’austérité, avec la présence de salariés en lutte, d’associations porteuses de combats pour une meilleure qualité de vie (contre le projet fou de la Ferme des 1000 vaches) ou pour le développement de services publics (pour le développement de l’étoile ferroviaire de Longueau) ;
  • le 1er décembre, à nouveau à Paris, vers le « portique de Bercy », pour une révolution fiscale.

 

Nous allons poursuivre car nous ne nous résignons pas à voir gâcher l’espoir mis par une majorité de nos concitoyens dans la défaite de Sarkozy et qui conduit aujourd’hui beaucoup à la désespérance, et redonne malheureusement des couleurs à la droite et à l’extrême droite comme nous l’avons vu en mars dernier lors de la Législative partielle de Beauvais-Sud, avec ce 2nd tour ne laissant plus que Mancel et la candidate FN en raison de l’abstention massive des électeurs du PS.

Nous allons poursuivre par de multiples initiatives, de débats, d’actions, nationales comme locales.

Sans exclusive, mais pour rassembler toutes les femmes, tous les hommes de gauche qui veulent une politique de gauche, toutes celles et tous ceux qui ont intérêt à la mise en œuvre d’une autre politique.

C’est dans cette démarche que nous sommes pour préparer les élections municipales, avec la volonté que la campagne permette de mener de larges débats d’idées et que les résultats donnent des points d’appui supplémentaires aux habitants, pour se défendre, pour vivre mieux, pour faire reculer l’austérité.

C’est pourquoi nous nous sommes efforcés de réfléchir dans chaque localité, à partir des réalités locales, des possibilités de rassemblement, avec comme unique boussole « l’intérêt des habitants » et avec l’objectif qu’ils disposent de plus d’élus combatifs et actifs à leurs côtés.

Car nous pensons que l’important réseau d’élus locaux qu’a conquis le PCF depuis longtemps (dans l’Oise c’est le troisième réseau d’élus après ceux de l’UMP et du PS) est un atout précieux pour la population, pour les idées progressistes.

Les réalisations sociales avec d’importants services publics, les acquis démocratiques, les innovations qu’ont su mettre en œuvre des municipalités animées par des communistes, des sympathisants et d’autres amis du Front de gauche, les luttes menées par ces élus aux côtés des habitants, sont autant de points de repères, de points d’appui dans notre action pour transformer la société.

Alors oui nous voulons augmenter le nombre de nos élus, l’augmenter non comme des « places gagnées » mais comme des atouts au service des populations.

C’est cette même démarche qui nous anime pour les élections européennes qui auront lieu moins de deux mois après les Municipales, le 25 mai.

Comme je l’ai dit plus haut, nous avons la chance de disposer ici d’un député européen du Front de gauche dans notre circonscription, Jacky Hénin, qui a été très actif, sur le terrain comme au Parlement européen, aux côtés des autres députés du groupe de la Gauche unitaire européenne.

Alors que l’Union européenne, totalement soumise aux politiques ultra-libérales, connait une crise sans précédent de légitimité auprès des peuples européens, nous voulons mener une grande bataille politique qui portera avec force l’exigence d’une refondation totale de l’Europe, d’une « union des nations associées et souveraines » qui soit un véritable espace de coopérations entre les peuples et les États, porteur de projets communs, de progrès social et démocratique et dégagé de la soumission aux marchés financiers, comme l’a proposé notre Convention nationale sur l’Europe en novembre.

Le récent Congrès du Parti de la gauche européenne (PGE), dont Pierre Laurent a été réélu président, a d’ailleurs confirmé les fortes convergences possibles à l’échelle européenne entre de nombreuses forces politique et syndicales pour aller dans ce sens.

C’est pourquoi nous voulons sans tarder constituer dans chaque grande circonscription des listes du Front de gauche qui puissent porter cette alternative, obtenir de bons résultats et conquérir de nouveaux sièges par exemple dans notre circonscription en faisant reculer l’imposture de Marine Le Pen et en gagnant un 2e siège.

Notre 10e Fête de la Paix, sur deux jours, les 17 et 18 mai, à Montataire sera d’ailleurs l’occasion d’un grand meeting à une semaine de l’élection le 25 mai.

Et aussi un grand moment de solidarité internationale avec la Palestine (2014, « Année de la Palestine » doit être celle de la libération de Marwan Bargouthi, le Mandela palestinien !), avec l’Afrique plongée dans des guerres sans fin, aux parfums néocoloniaux sur fond de contrôle des richesses naturelles comme en Centrafrique où l’on est loin de la défense des populations civiles.

Vous le voyez, c’est avec plein d’idées, de détermination, de volonté d’actions et de victoires que nous abordons cette année 2014 dont nous voulons qu’elle soit un progrès pour les peuples car il n’y a aucune fatalité au malheur.

2014 sera aussi le 20e anniversaire de notre belle « journée pour le droit aux vacances » auquel nous donnerons encore plus de retentissement, car pour nous, ce moment de bonheur partagé est un moment de résistance et d’espoir.

Oui, comme Jaurès dont on commémorera le 100e anniversaire de l’assassinat et auquel diverses initiatives permettront de remettre en lumière l’actualité de la pensée, nous avons au cœur « une invincible espérance ».

Et comme Mandela dont nous sommes fiers d’avoir été parmi les plus actifs combattants de la libération, nous disons :

Cela semble toujours impossible jusqu’à ce qu’on le fasse.

 

Alors nous le ferons en 2014 !

Très bonne année 2014 !

 

 

 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)