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L'Europe de demain, une union de nations et de peuples souverains et associés - Creil, 20 décembre 2013

 

Gilles Garnier, responsable national du PCF sur les questions européennes, membre de l’exécutif du Parti de la gauche européenne (PGE), était invité à la veille des vacances de Noël, le 20 décembre, à venir discuter de l’Europe avec les militant-es communistes de l’Oise. 

Il arrivait du Congrès du PGE qui se déroulait le week-end précédent à Madrid : il était donc au fait des débats qui ont traversé ce congrès et des orientations retenues, permettant ainsi de se projeter vers les élections européennes de 2014, le 25 mai précisément.

 

Prendre en compte le changement de contexte depuis 2008

Devant une vingtaine de camarades, il a débuté son intervention par l’obligation pour le PCF et le PGE de retravailler le projet européen, obligation née du contexte qui a fortement évolué depuis cinq ans en France et Europe avec l’installation de la crise systémique. Cette crise, née selon l’analyse marxiste de l’accumulation folle de l’argent, a reçu comme réponse de la part des gouvernements la sauvegarde du système bancaire et des banques - sans prise de contrôle des pouvoirs publics - par injection d’argent qui a fait exploser les dettes publiques des États. Cette réponse inefficace a entraîné la mise en place de réformes structurelles drastiques pour les peuples, avec la baisse des services publics, des salaires et des revenus et une explosion du chômage, plus que jamais variable d’ajustement. Mais cette réponse a aussi généré un formidable recul des droits démocratiques, avec des réorganisations administratives, une baisse du pluralisme politique et ce quels que soient les partis au pouvoir. Depuis 2009, les majorités ont basculé dans la plupart des pays européens, sans que la voie de l’austérité ne soit remise en cause. Des gouvernements « techniques » ont même pris le relais comme en Grèce ou en Italie.

 

Une construction de l’Europe en crise

Les Européens ne croient plus en « l’Europe de la paix, du développement social » vers laquelle on irait par étapes, traité après traité : les peuples savent que ce n’est pas vrai, et la pensée dominante a beau le répéter encore et toujours, elle ne peut plus rien face à ce que vivent quotidiennement les gens. Les transferts de responsabilités vers l’Europe ont été synonymes d’une perte de contrôle démocratique, avec un parlement européen qui n’a que le pouvoir de renvoyer une décision, pas de l’annuler.

Sur le plan militaire, on se dirige vers une armée intégrée, avec la bienveillance de l’OTAN. Quand Sarkozy a fait entrer la France dans l’OTAN, le PS avait voté contre. Qu’attend-il pour en sortir ?

La question des critères d’adhésion à l'Union européenne est posée : pouquoi ne pas exiger des pays postulants le respect de certains critères sociaux et sociétaux avancés, comme l’existence d’un salaire minimum, le respect des droits des travailleurs et ceux des femmes…

La mise en concurrence à l’intérieur de l’Europe doit cesser par la mise en place de normes au niveau européen ainsi que de visas socio-écologiques sur les produits autres pays. Le cas des travailleurs détachés est symptomatique (voir la tribune « L'adversaire, c'est le libéralisme, pas le travailleur roumain », du sénateur communiste Éric Bocquet, auteur du rapport d'information « Le travailleur détache : un salarié low cost ? ».

La France, qui n’a jamais été totalement convaincue par les bienfaits de cette construction européenne - a contrario de l’Espagne ou l’Italie -, a développé une base critique de gauche de qualité, mettant en place la campagne de 2005 sur le refus du traité de Maastricht, portant sur la place publique un texte pourtant ardu. Le PCF s’oppose à cette construction depuis au moins 1979, et son message est devenu majoritaire en cette année 2005.

 

Changer l’Europe passe par la mise en place d’une VIe République en France

Les parlements nationaux doivent avoir un droit de regard et un représentant de l’exécutif qui va discuter au niveau européen doit être mandaté par son parlement. Ce changement impose en France une VIe République, plus démocratique.

 

Le Parti de la gauche européenne

En 2004, le PCF a adhéré au PGE juste créé, constitué aujourd’hui de 33 partis. Ceux-là peuvent être issus de pays n’appartenant pas à l’Union européenne (comme le Labour Party en Suisse) ou n’être qu'observateurs (comme le Parti communiste de Bohème-Moravie). En France, trois partis sont membres du PGE : le PCF, le Parti de gauche - qui a toutefois suspendu au congrès de Madrid sa participation jusqu’à la fin des élections municipales en France - et la Gauche unitaire. Ces partis ont des histoires diverses et représentent différents courants : communisme, socialisme de gauche, écologie, féminisme. 

Les statuts du PGE posent notamment les principes suivants : le PGE n’est pas un parti fédéral, il n’intervient pas dans le fonctionnement de ses partis membres ; il fonctionne sur la base du consensus et n’est donc pas sur une logique majoritaire : les thèmes discutés correspondent à ce que les partis veulent bien porter.

 

Le quatrième congrès du PGE à Madrid du 13 et 15 décembre 2013

Plus de trois cents délégués se sont retrouvés dans la capitale espagnole. Ils ont adopté leur document politique à 93,3 %, leur base commune programmatique à 86,4 %, reconduit leur président Pierre Laurent à 78 % et désigné à 84 % Alexis Tsipras comme candidat à la présidence de la Commission européenne. Ils ont également adopté un nouveau courant proposé par le Parti de gauche, l’écosocialisme, qui s'ajoute aux courants composant le PGE.

Trois axes forts se sont dégagés :

  • une union des nations associées et souveraines, assurant une construction démocratique de l’Europe. Chaque État ne met « dans le pot commun » que ce qu’il souhaite y mettre, préservant ainsi les structurations nationales nées des histoires diverses des peuples.
  • une réorientation de l’argent, avec un changement des statuts de la Banque centrale européenne (BCE), qui n’est pas actuellement sous le contrôle d’un pouvoir démocratiquement élu.
  • mettre les droit humains et sociaux au moins au même niveau que l’économie, notamment par une équivalence dans la hiérarchie des normes (actuellement : charte - le plus bas échelon - pour le social, directive - obligatoire - pour les thèmes économiques)

 

La Confédération européenne des syndicats (CES) présente contre l’austérité

Pour la première, la CES, par l’intermédiaire de sa secrétaire générale Bernadette Ségol et son président José Ignacio Fernandez Toxo, était présente et s’est exprimée. Les convergences entre la plate-forme de la CES et le programme du PGE sont un grand motif d’espoir pour les batailles à mener pour les peuples européens, frappés par les restrictions salariales, des retraites, des aides sociales et la menace du chômage, avec les actuels 27 millions de chômeurs.

De nombreuses délégations internationales étaient également présentes : Bolivie, Tunisie, Cuba, Palestine…

 

Alexis Tsipras candidat à la présidence de la Commission européenne

Cette candidature a pour but de faire entendre la seule expression politique alternative à l’austérité, au libéralisme, en allant sur le terrain des forces politiques adverses. Cette voix sera issue de la Grèce, pays exsangue des remèdes austéritaires appliqués sous la contrainte, mais portera pour tous les peuples européens. Le PGE remet en cause l’existence de la Commission européenne. Rappelons qu’Alexis Tsipras, qui a été reçu par nombre de gouvernants de droite ou de gauche lors de son tour d’Europe quand il avait failli être Premier ministre, n’a été reçu ni par Merkel, ni par… Hollande.

 

Proposons des débats contradictoires sur l’Europe

La gauche critique a développé de vraies connaissances sur la construction actuelle de l’Europe et en sait beaucoup plus que la majorité des militants et élus UMP ou PS : il n’y a pas de complexe à avoir, il faut provoquer les débats. Ce thème peut être évoquer dans les campagnes municipales : nous sommes touchés par les décisions prises au niveau européen sur le train, l’électricité… Les commissaires européens ont été nommés par les gouvernements, on peut les obliger à arrêter de travailler sur tel ou tel sujet néfaste pour les peuples.

On entend souvent « Il faut sortir de l’euro », pouvant aller jusqu’à « Il faut sortir de l’Europe. » La Grande-Bretagne n’a pas l’euro et sa situation sociale est pourtant catastrophique. Revenir à une monnaie nationale entraînerait un poids encore supérieur du capitalisme, par l'explosion de la dette,  la spéculation entre les monnaies, la mise en concurrence accrue des peuples. 

 

Jacky Hénin, député européen PCF-Front de gauche

Dans notre circonscription Nord-Ouest, le Front de gauche a un élu communiste, Jacky Hénin, particulièrement actif au Parlement et également présent sur le terrain. Il œuvre pour une Europe de l'émancipation humaine, telle que nous la portons lors de cette campagne européenne.

 

 

 
 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)