36 salariés d'Akzo Nobel - 11 du département Recherche & développement et 25 du département Comptabilité - sont sous la coupe d'une politique globale d'externalisation de ces services décidée par le trust néerlandais : la R&D regroupée en Angleterre concernant l'Europe, la comptabilité externalisée en Pologne (avec sans doute une phase où les salariés de Thiverny-Montataire devront former leurs remplaçants).
Leur direction a profité de l'effet d'aubaine constituée par la transposition dans la loi le 14 juin 2013 de l'Accord national interprofessionnel (ANI), émanation du Medef. En effet, c'est le 4 juillet - soit seulement 3 jours après la date de parution du décret d'application de la mesure concernant l'application d'une nouvelle procédure de licenciement collectif - qu'a été annoncé aux salariés à quelle sauce ils allaient être mangés : dès le mois de novembre pour le département R&D, en juin 2014 pour la comptabilité. Akzo Nobel a été la plus rapide en France à sauter sur les opportunités offertes aux patrons par la loi dite de « sécurisation de l'emploi », que les salariés de Montataire-Thiverny appellent « loi Hollande ».
Rappelons que le PCF a mené bataille au premier semestre contre la transcription dans la loi de l'ANI, que ses parlementaires dont Patrice Carvalho ont voté contre et que le député PS de la circonscription Françaix a voté pour.
Ce jeudi 26 septembre 2013, ayant l'impression de se faire balader par la direction, les 36 salariés ont décidé de passer à la vitesse supérieure : tenant un piquet d'information depuis lundi, ils l'ont transformé en un piquet de grève, empêchant notamment les camions de pénétrer sur le site.
Les syndicats refusent le motif économique avancé par la direction, comme ils l'ont signalé lors d'une réunion avec la DIRECCTE et la direction. Dans le cas où l'externalisation des deux départements se réalise, ils luttent pour que ces salariés soient reclassés au sein de l'entreprise et à l'amélioration des modalités du PSE pour ceux qui ne le seraient pas.
Akzo Nobel a déjà perdu 400 emplois depuis 2008, avec l'externalisation de la logistique en 2012, la fermeture de Akzo Nobel Nippon Paint en 2008-2009… Il ressort de la discussion avec les salariés une segmentation importante des activités, permettant au trust de fermer les unités désirées quand bon leur semble, sans rencontrer une opposition globale sur le site et les autres sites en France.
Akzo a racheté Nobel Industries en 1994, avec les membres dirigeants de ce dernier groupe qui ont pris les rênes de la nouvelle entité : la culture du groupe a changé une première fois. En 2007, Akzo Nobel rachète son concurrent ICI pour près de 11 milliards d'euros, ce dernier produisant la peinture Dulux Valentine. Cette fois, ce sont les membres dirigeants d'ICI qui se retrouvent à la manœuvre, avec une nouvelle politique d'entreprise qui se met en place. Sur Thiverny-Montataire, avec la mise en avant de la peinture à la panthère, c'est tout le travail réalisé sur le développement des peintures Astral couleurs du monde qui se retrouve relégué au second plan.
Des reclassements sont possibles, mais actuellement ils sont vécus par les salariés comme une humiliation : même après plusieurs années de boîte, ils sont obligés de se plier à des entretiens et des évaluations, ce qui ne se faisait pas auparavant. Peuvent leur être proposé seulement des contrats à durée déterminée...
Cette politique globale du groupe d'externalisation de ces deux services s'applique ou va s'appliquer à toutes les entités en Europe : c'est déjà fait en Belgique, c'est au tour de la France, suivraient l'Espagne, l'Italie et la Grèce.
Le PCF Oise s'oppose à ces licenciements boursiers, comme le portent les parlementaires du Front de gauche à l'Assemblée nationale et au Sénat - rappelons que les sénateurs PS, alors dans l'opposition, avaient voté pour cette proposition : pourquoi ne pas voter cette loi maintenant ? Nous portons également l'idée que ce sont les charges financières, c'est-à-dire le coût du capital, qui pèsent sur les entreprises et non pas le fumeux « coût » du travail : pas de délocalisation qui vaille !
Concrètement, nous avons proposé de populariser cette lutte des salariés d'Akzo Nobel, selon nos moyens, de voir de quelle manière nous pouvions les aider : internet, tracts, mise en relation avec le journal L'Humanité…
