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Parisot outragée ! Parisot brisée ! Parisot martyrisée ! Mais le Medef toujours occupé !

 

Source de l'Humanité du 29 mars 2013 - Les caciques du patronat mettent Parisot au chômage

 

La présidente du Medef n’est plus maître chez elle : jeudi matin, celle qui voulait rempiler a été battue dans un vote interne à la direction et, dans l’après-midi, les grévistes de PSA Aulnay ont réussi à investir le siège de l’organisation patronale.

La patronne des patrons ne l’est plus vraiment. Jeudi matin, Laurence Parisot a perdu son pari : le conseil exécutif du Medef n’a pas approuvé la modification statutaire qui devait lui permettre de rester à la tête de l’organisation patronale, le 1er juillet, au terme de ses deux mandats. Prévoyant la suppression de la limitation de la durée et du nombre des mandats, la proposition qu’elle soutenait a recueilli 22 voix pour, 22 voix contre et un bulletin blanc. Faute de majorité, Laurence Parisot ne pourra pas aller plus loin. Et aujourd’hui, la direction nationale du patronat se trouve cassée en deux.

À midi pile, c’est Charles Beigbeder, incarnation parfaite de l’entrepreneur de soi, qui grille la politesse à tout le monde. Devant une nuée de caméras, il donne le résultat du vote à bulletins secrets au sein du conseil exécutif. « Laurence termine son mandat comme prévu, mais elle n’ira pas au-delà », sourit-il. Derrière lui, Frédéric Saint-Geours, président de l’UIMM, la fédération patronale de la métallurgie, et un des vainqueurs de la matinée, profite de la diversion pour monter dans sa voiture avec chauffeur. À l’intérieur du siège du patronat, le secrétaire général du Medef lit une très brève déclaration pour officialiser les résultats.

Pendant une bonne heure, alors que la presse patiente en attendant l’intervention solennelle de la perdante, adversaires et partisans de Laurence Parisot sortent du siège du patronat. Candidat potentiel à la succession qui a, ces derniers jours, critiqué vertement la réforme opportuniste des statuts de l’organisation, Patrick Bernasconi, dirigeant de la Fédération des travaux publics et chef de file de la partie patronale pour les négociations sur la flexibilisation du marché du travail, s’éclipse en compagnie de Jean-François Pilliard, un autre ponte de l’UIMM. Michel Pébereau, président d’honneur de BNP Paribas et grand protecteur de Laurence Parisot, quitte le Medef, en silence, la mine grise. Jean-Louis Schilansky, porte-voix des pétroliers, trésorier du Medef et soutien de Parisot, admet sobrement qu’il est « un peu déçu » du résultat. Vers 12 h 45, Pierre Gattaz, fils d’Yvon Gattaz, le ferrailleur du CNPF sous Mitterrand, et candidat déjà déclaré à la tête du Medef, sort de l’ascenseur, hilare, au moment où les journalistes de télé s’y engouffrent.

Privée de rempiler à la tête du patronat

À 13 h 15, Laurence Parisot apparaît, tout sourires, comme si de rien n’était. Elle évoque son projet au conditionnel passé : « Cette réforme aurait marqué un progrès de démocratie interne, cette réforme aurait permis de mettre un terme définitif à des logiques de cooptation ou de renouvellement empêchés, négociés dans le secret ou sous les pressions. » Écartée de la course, la présidente du Medef promet d’être la « garante de la bonne tenue de la campagne électorale » qui s’ouvre en interne. « Nous devons clairement refuser le mensonge, la ruse et le discrédit », lâche-t-elle. Une allusion appuyée qui sent le dépit, mais qui sonne également comme un avertissement : privée de la possibilité de rempiler à la tête du patronat, Laurence Parisot risque de tout faire pour écarter ceux qui viennent de lui barrer la route. Au sein de l’attelage hétéroclite qui a remporté une bataille décisive, hier, la guerre pourrait bien faire des ravages dans les semaines à venir.

Thomas Lemahieu

 

le 04 April 2013

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    « Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)