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Encarts
Édito de Thierry Aury
« 'Le monde n'aura d'avenir que dans la fraternité' - François »
Je n’ai pas résisté à cette citation du pape défunt, tant il aura porté, en rupture avec ces prédécesseurs, une parole et des actes cherchant à rassembler par delà la diversité des êtres humains, pour promouvoir une humanité de justice, de dignité et de paix. Nous n’oublierons pas son premier déplacement à Lampedusa, puis son action constante pour dénoncer ce cimetière qu’est devenue la Méditerranée et affirmer sa solidarité avec les femmes et hommes contraints de migrer. Il fusti- gea aussi, sans cesse, la « nouvelle idolâtrie de l'argent, le marché divinisé, l'économie de l'exclusion qui tue », et défendait une économie « en faveur de l'être humain »... Il refusait l’idée d’une « guerre des civilisations », condamnait « toute forme de haine au nom de la religion » et ouvrit le dialogue en grand avec l’islam, loin des délires isla- mophobes et racistes dont nous sommes abreuvés. Des paroles et des actes qui lui valurent la réprobation des catholiques les plus conservateurs mais aussi de dirigeants n’acceptant pas la mise en accusation de leurs politiques, voire carrément les insultes de l’extrême droite, tous le considérant comme un « com- muniste » infiltré au Vatican.Il était à l’opposé total d’un Trump qui ne pense que par la force et la brutalité pour tenter de regagner la domination contestée des USA, et représente un capitalisme à l’état brut, méprisant totalement la dignité humaine ainsi que les équilibres écologiques qui permettent l’existence de l’espèce humaine. Si nous sommes légitimement effrayés du pouvoir et de la politique de Trump, il est intéressant de noter que les possibilités de le faire reculer existent : aux États-Unis mêmes, ces derniers jours ont vu d’immenses manifestations dans 800 villes, clamant « Résistons à la tyrannie ! », des juges, des maires et des gouverneurs contestent des décisions de Trump, et Bernie Sanders et Alexandria Octavio-Cortez tiennent des meetings géants. Dans le monde, de grands pays comme la Chine, le Brésil, le Mexique et d’autres n’acceptent pas de se plier aux oukazes de la Maison-Blanche. Paradoxalement, les décisions dévastatrices de Trump donnent une crédibilité nouvelle à des alternatives : face à la volonté de renforcer l’hégémonie du dollar, l’idée d’une monnaie commune mondiale, outil d’échanges plus équitables, portée à l’intérieur des Brics, grandit. Les orientations atlantistes et ultralibérales des dirigeants de l’Union européenne sont bousculées, alors qu’il y aurait tout à gagner à se dégager de la domination des USA et construire des rapports de coopération avec les Brics et le Sud. L’idée même que capitalisme, marché, atlantisme allaient de pair avec démocratie et droits humains est battue en brèche : on est très loin de la « fin de l’histoire » théorisée par Fukuyama, après la chute de l’URSS. Même l’extrême droite qui voyait en Trump un modèle à suivre — Bardella comme le député RN de l’Oise Sabatou s’étaient précipités à son investiture ! — a du mal à jus- tifier la violence du trumpisme et le règne d’une poignée de mil- liardaires sans foi ni loi. Et la récente condamnation de Le Pen et du RN déchirant le fameux « tête haute, mains propres », peut aussi aider à démasquer l’imposture de cette force politique. Autant d’éléments dont nous pouvons, nous devons faire des points d’appui car ils ouvrent de l’espace pour construire une alternative progressiste. À nous de nous en saisir.
le 29 April 2025
La bonne réception de ce n° de Oise Avenir a été permise grâce à l'implication de Catherine, Guy et Odette, Isabelle, Marie-France, Martine, Mercédès et Yvette.