Contribution de Christiane Carlin, adhérente de la section PCF de Nogent-sur-Oise (60)
Je viens de lire le texte « l’ambition communiste pour de nouveaux jours heureux » ainsi que celui « urgence communiste »
Mes premières réflexions c’est que ces deux textes reflètent, à mots couverts, une bataille d’égos. Si le premier est extrêmement fouillé quant à l’analyse de la situation, aux propositions d’orientation, le second met l’accent sur des problématiques non abordés dans le premier texte.
Je trouve vraiment dommageable qu’il soit si difficile de dialoguer aujourd’hui dans le parti. J’aborderai trois points qui me tiennent à cœur depuis des années :
Notre approche de la santé est celle de l’offre de soins, or la santé, selon la définition de l’OMS, reste un état complet de bien-être physique, social et mental.
Évidemment le problème de l’offre de soins est aujourd’hui criant, mais il ne doit pas faire oublier les autres aspects : social et mental.
Les approches proposées font fi de celles des chercheurs qui analysent le travail du point de vue de l’Humain, partie prenante de sa construction et de son accomplissement. « Le travail est central dans la stabilisation de notre santé mentale, il ne peut se réaliser qu’avec l’engagement subjectif du travailleur » Mme Debout, psychodynamique du travail, conférence du 14/10/2022 à Creil. « Le travail concourt au développement personnel et à la construction de soi » programme de F. Roussel - présidentielle 2022. G. Ringenbach (L'Huma 9/2022) rappelle que « K. Marx voyait le travail comme un élément fondamental de l’essence humaine , Il donne au mot travail trois dimensions : c’est un facteur d’émancipation quand il permet à l’individu de s’exprimer, de mettre en œuvre ses savoirs, ses facultés, sa créativité, sa sensibilité, rappelant que c’est une dimension importante quant à la subjectivité individuelle, […] une dimension sociale, il revêt un caractère de centralité dans la mesure où il est un facteur déterminant pour la socialisation de l’individu, un élément important de la constitution et l’augmentation de son identité, la troisième dimension est d’ordre économique : produire des biens et des services pour la société ».
Le patronat a mis en place des stratégies pour mieux capter l’intelligence des salariés, leur besoin de reconnaissance, leur subjectivité : la casse des collectifs de travail, la mise en place des objectifs annuels, les notations à la note de « gueule », les surcharges de travail, autant de modifications des organisations de travail amplifiées par la peur des restructurations, des licenciements, accentuées par le télétravail.
Même si nous savons régulièrement les dénoncer, nous n’avons pas su analyser ces bouleversements, ce n’est pas faute d’avoir essayé que cette question de la relation individu/travail, que cette approche différente soit mise en débat, elle a été refusée par le congrès départemental de l’Oise en 2018, elle n’apparaît pas dans le texte qui nous est proposé ; si la souffrance physique et psychique est mentionnée dans le texte alternatif, si le mot est psychique est mentionné page 24 « vie culturelle et psychique », le lien avec le travail n’est pas fait.
Or, afficher la volonté de nous redéployer dans les entreprises est juste et est une condition de la transformation de notre société, encore faut-il écouter et entendre ceux qui vivent cette exploitation.
Si la volonté était « Les adhérents […] nourrissent le collectif qui met en débat l’ensemble de leurs propositions […] » (page 39) , cette question de la relation individu/travail aurait fait l’objet de discussions contradictoires depuis plusieurs années.
Je prends acte de la position du PCF, je la regrette amèrement ; s’appuyer sur les expériences et analyses des chercheurs, accepter un débat contradictoire permet d’élargir les connaissances, de clarifier les positions. Il aurait pu permettre de comprendre ce qui se joue dans la relation individu/travail, de comprendre les stratégies de management mises en place par le patronat, et être un enrichissement pour nos propositions de révolutionner le monde du travail avec les travailleurs eux-mêmes, cette révolution doit être mise en œuvre dès maintenant, le monde du travail doit cesser de souffrir.
Les travailleurs s’engageront dans un mouvement si nous savons mettre à leur disposition les éléments de compréhension de leur propre aliénation au travail et les perspectives d’en sortir.
Et pour ceux qui liront peut-être ce texte, je les invite à écouter la conférence sur le sens du travail qui a eu lieu le 14/10/2022 à Creil et référencée http://oise.pcf.fr/122714
Page 28, « il est urgent de construire une société pour tous les âges, intégrant la nécessite de trouver des réponses solidaires et qualitatives aux enjeux du développement. Le vieillissement ne doit plus être synonyme de relégation sociale, de perte de citoyenneté. L’autonomie peut être assurée par la réalisation et la modernisation des Ehpad, avec un service national et territorial de prise en charge à domicile. »
Si le début de la phase me convient, la seule proposition de réaliser, moderniser des Ehpad ou de faciliter une prise ne charge à domicile ne correspond pas à mon souhait.
Sur cette question aussi, j’ai fait d’autres propositions comme celle de vivre dans un habitat partagé intergénérationnel. Cette question ne fait pas débat au moins dans mon département de référence.
Le magazine Présence, n°126, aborde cette question du bien vieillir, attire l’attention de ses lecteurs sur « le logement, un déterminant de la qualité de vie » et citent « des solutions alternatives » comme la colocation, les résidences autonomies, les résidences services, les habitats partagés intergénérationnels. « Fuir l’isolement social et rechercher la sécurité sont les atouts de ces nouvelles formes d’habitat. Créer et maintenir un lien humain est aussi important que d’adapter le logement et le doter de matériels qui aident pus d’autonomie mais qui ne brisent pas l’isolement. »
Cette question, pour moi, se pose aujourd’hui, dans dix ans, il sera trop tard.
Le dernier point que je voudrais aborder est celui du fonctionnement du parti et de la démocratie. J’ai connu un parti où les discussions, les débats étaient de mise, aujourd’hui je suis devenue une distributrice de tracts, ce qui ne me convient pas, les décisions sont prises par les directions ou quelques-uns, les mails transmis n’obtiennent bien souvent aucune réponse, le militant « de base » n’est sollicité bien souvent que pour manifester ou distribuer une information. Les affirmations décrites page 39 sont loin du réel du terrain. La question du fonctionnement du parti doit être posée, quelles relations réelles entre militants, instances représentatives, collectifs, directions ? ; quel travail collectif ?