Toute mon expérience de communiste a ancré en moi que c’est par des actions décidées par les intéressé·e·s à une cause commune, qu’on avance, au plan idéologique et social.
Toutes les campagnes par le haut, dont l’élection présidentielle en est la caricature, ne font que renforcer la délégation de pouvoir et la croyance en un être humain providentiel.
Je veux relater une action récente qui m’a beaucoup appris.
Face à une désertification médicale qui allait aboutir à la fermeture de la Maison médicale historique de Crépy-en-Valois (Oise, 15 000 habitants), j’ai pris l’initiative de solliciter des personnes de gauche dans mon entourage pour des démarches communes auprès de la municipalité de droite et des élus à tous les niveaux. Le maire avait d’autres projets en lien avec une clinique privée et un projet immobilier, s’opposant de fait à un soutien à la structure médicale libérale existante.
Notre petit groupe a organisé un débat public en présence du maire et du médecin coordonnateur de la Maison médicale. Malgré nos petits moyens d’information (affichettes), une centaine de personnes étaient présentes et un débat contradictoire a eu lieu avec l’intervention du public. Ce fut un grand moment car les gens présents dont des électeurs de droite, ont compris les intentions du maire. En fin de réunion, face à l’urgence, j’ai dit que nous allions chercher des solutions. Grâce à l’Université d’été du PCF, j’en ai trouvé une que j’ai pu faire partager : un projet de centre de santé.
À partir de ce moment-là, les grands débats publics contradictoires (élus et clinique privée contre nous, intervenants de la Fédération nationale des centres de santé avec nous), ont été des lieux d’information, de confrontation, de décision collective et de mobilisation de citoyennes et citoyens qui n’avaient jamais participé à une action.
Nous avons créé une association citoyenne qui a agi avec un dynamisme incroyable pour contrer les mensonges de toutes les droites et des journaux, pour informer précisément la population et lui mettre les enjeux entre ses mains.
Au plan politique, les partisans du centre de santé se sont retrouvés dans deux listes différentes aux municipales (droite et gauche) mais c’est celle du maire (droite sans étiquette) qui a gagné, sur fond d’absentéisme record, la campagne électorale ayant été arrêtée brutalement par le premier confinement.
Mais le projet a abouti, mené concrètement par le médecin coordonnateur qui a vu un moyen de sauver le patrimoine des médecins (l’ensemble des locaux) et de maintenir l’activité de médecins sur le site. Le centre de santé du Valois fonctionne depuis un an et malgré de multiples obstacles dont l’absence d’aide financière, il a fait reculer le désert médical et recruté des nouveaux médecins salariés.
Avec ce centre de santé, les patientes et les patients peuvent, en cas d’urgence, avoir une consultation le jour-même, ils n’ont qu’à présenter leur carte vitale et leur carte de mutuelle sans avancer le prix de la consultation, ils obtiennent un rendez-vous, même si leur médecin habituel est absent car les professionnels travaillent en équipe. Personne n’est refusé, quel que soit son lieu d’habitation ou son médecin habituel (hors du centre de santé). C’est un progrès énorme vers le droit à être soigné.e pour toutes et tous, évidemment dans les conditions actuelles du système de santé en régime ultralibéral. Cette structure médicale est sans but lucratif. N’est-ce pas « du communisme déjà-là », même partiel ?
Cette expérience a été un peu diffusée et j’ai eu des contacts avec des militantes de différents coins de France, intéressées par notre démarche et récemment, par des camarades élu·e·s de mon département, pour la même raison : comment mobiliser les intéressé.es ? Comment faire pour qu’elles et ils maitrisent les enjeux et leur action ?
L’autre enjeu, c’est redonner confiance dans le débat citoyen et l’action collective décidée démocratiquement.
Ce qui manque maintenant, c’est le travail idéologique et politique du Parti communiste à tous les niveaux, pour aider à la prise de conscience politique du projet communiste c’est-à- dire au « mouvement réel qui met fin à l’état de chose actuel ».
Hélène Masure. Oise
le 14 décembre 2022
