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Il y a 104 ans prenait fin la Première Guerre mondiale, « Maudite soit la guerre ! » - Beauvais, 11 novembre 2022

Depuis 2014, année du centenaire de l'assassinat de Jean Jaurès, la section PCF du Beauvaisis propose à toutes et tous, à l'occasion du 11 Novembre, jour anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale, un après-midi d'initiatives à Beauvais sur le thème de la Paix.

Ainsi pour cette année 2022, des dizaines de participant·e·s ont partagé un programme varié comportant plusieurs dimensions :

  • culturelle, avec un concert pour la Paix, en l'église Notre-Dame de Marissel, avec le violoncelliste Jacques Bernaert qui a interprété des œuvres classiques et contemporaines en lien avec la guerre et la paix, notamment une création de Christophe Fossemalle en hommage à Jaurès ;

Le programme du Concert pour la Paix est disponible ci-contre.

  • cérémonielle, avec un hommage devant la plaque de la rue Jean Jaurès (au pied de l'église de Marissel), au grand tribun socialiste, fondateur du journal L'Humanité, assassiné le 31 juillet 1914, par un nationaliste d'extrême droite, pour son combat pour la Paix

Voir ci-contre la vidéo de l'hommage de Thierry Aury et du chant de La Butte rouge de Montéhus, interprétée par notre camarade Frédérique Brugevin.

  • d'éducation populaire, avec une conférence-débat « Dangers de guerre et luttes pour la Paix, luttes pour la transformation sociale, laïcité… Quelle actualité des idées de Jaurès ? » avec Charles Silvestre, ancien rédacteur en chef de l’Humanité, écrivain, vice-président des Amis de l’Humanité.

Voir la conférence-débat, découpée en 5 parties, ci-contre.

Ces initiatives sont nécessaires pour rappeler le contexte et le déroulement de cette première épouvantable boucherie humaine du XXe siècle que fut la première Guerre mondiale, alors que d'aucun·e·s, les derniers combattants nous ayant quitté·e·s, essaient de transformer cette journée du 11 Novembre en une journée commémorative de tou·te·s les mort·e·s des guerres, gommant ainsi en réalité leur histoire, comme le montre le texte de l'historien Nicolas Offenstadt ci-dessous.

 

Chronique de Nicolas Offendstadt, en ligne sur le site internet de l'Humanité en date du 11 novembre 2022 :

Il y a cent ans, le 11 novembre

Je songeais à bien d’autres choses en me promenant en cette fin octobre dans les rues de Manchester. Et puis, en les voyant, tout me revint de ces mémoires de la Grande Guerre : les fameux « poppies », ces coquelicots rouges artificiels, de la tradition du souvenir britannique de 14-18, qui rappellent les terribles champs des Flandres. On les voit partout, ou presque, à l’approche du 11 novembre, jour marquant du calendrier britannique où s’observent deux minutes de silence. Ils s’affichent sur les institutions publiques et beaucoup les portent à la boutonnière. On peut en trouver dans les boutiques locales, même au supermarché. Comme en France, mais avec des spécificités, la Grande Guerre a bouleversé la société britannique, qui en conserve une dense mémoire, renouvelée par la célébration du centenaire.

Mais ce 11 novembre 2022 est aussi pour la France celui d’un centenaire. En effet, il a fallu attendre 1922 pour que le jour de l’armistice devienne un jour férié et chômé. Ce sont les anciens combattants qui l’ont ainsi imposé. En effet, le gouvernement aurait souhaité qu’il soit célébré le dimanche suivant, pour des raisons économiques. Et c’est sous la pression de ces hommes, tout juste revenus du front, que la loi d’octobre 1922, il y a cent ans donc, a rendu le 11 novembre férié. C’est que la « mémoire » n’est pas une lisse unanimité, pas plus celle de la Grande Guerre que les autres. Elle est discours et combats, elle s’inscrit dans des luttes sociales et politiques. Ceux de l’immédiat après-guerre ont donc permis qu’existe un 11 Novembre du souvenir combattant qui soit un jour férié.

Mais depuis une loi de 2012, ce souvenir se dissout pourtant. Pour le 11 Novembre précédent, la présidence de la République, au temps de Sarkozy et de l’histoire bling-bling, avait annoncé en effet que la cérémonie serait « consacrée au souvenir de tous les soldats morts au combat, sur le territoire national ou hors du sol de France, dans l’accomplissement de leur devoir, et non plus à la seule commémoration de l’armistice de 1918 ». Cette volonté de confondre les guerres est évidemment un enjeu politique très présent, c’est la fortification d’un grand récit héroïque.

Qu’est-ce que ce 11 Novembre qui, jusque-là, commémorait d’abord la fin de la Grande Guerre ? C’est assurément, pour une part, une fête de la victoire des alliés, et de la France en particulier. Mais c’est aussi, dès le début des années 1920, et pour les anciens combattants en particulier, un jour de deuil, pour ancrer le souvenir de leurs camarades tombés au combat, loin du militarisme.

Depuis quelques décennies, pour de multiples raisons (souci de « rationalisation » des politiques mémorielles, de limitation des jours fériés, etc.), plusieurs propositions de fusionner les célébrations ont émergé. Avec cette marche vers un « Memorial Day » à la française, un jour qui commémore tous les morts des guerres, comme aux États-Unis, c’est à la fois l’histoire et la mémoire qui s’abîment. L’histoire parce que la Grande Guerre est une expérience unique de mobilisation de l’ensemble d’une société dans un temps de conscription généralisée. Il y a là peu à voir avec des guerres coloniales, dont certaines n’ont concerné qu’une armée de métier dans un tout autre contexte, et peu à voir aussi avec les opérations extérieures d’aujourd’hui qui relèvent d’une armée de professionnels. Cette fusion des temps permet en fait de tenir un discours sur les guerres présentes. Tout mélanger, c’est aussi empêcher que les célébrations soient l’occasion de spécifier ce que fut la « Grande Guerre », qui ne fut certes pas la « der des ders ». L’histoire n’a rien à y gagner. Les mémoires non plus, car le 11 Novembre est un moment où les mémoires sociales de la Première Guerre mondiale trouvent un large espace de déploiement. Pour la fidélité aux combattants de 14, pour l’histoire, pour les mémoires, il faut donc sauver, malgré la loi, le 11 Novembre comme un temps spécifique pour la Grande Guerre.

 

Nos ami·e·s de la librairie associative Graines de Mots située à Chevrières, étaient présent·e·s avec leur table de livres. Nous remettons ici le lien vers la conférence de Charles Silvestre à leur initiative en 2014, « Jean Jaurès, le bâtisseur de la République moderne ».

 

 

 

 

 

Il y a 104 ans prenait fin la Première Guerre mondiale, « Maudite soit la guerre ! » - Beauvais, 11 novembre 2022

Hommage à Jean Jaurès devant la plaque de rue portant son nom

Partie 1/5 - 1re des 3 parties de la conférence de Charles Silvestre

Partie 2/5 - 2e partie de la conférence : une charpente pour la France républicaine (Carmaux, Dreyfus, églises et État)

Partie 3/5 - 3e et dernière partie de la conférence : internationalisme, solidarité ouvrière chez Renault

Partie 4/5 - Interventions des participant·e·s dans la salle

Partie 5/5 - Réponses et réactions de Charles Silvestre aux interventions du public

Annonce dans l'Humanité du 9 novembre 2022

20221109-L'Huma-Le fil rouge-Initiatives à Beauvais le 11 novembre

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« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)