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Courrier de l'AJPF à Mme Colonna, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, au retour d'une mission en Palestine - Juillet 2022

 

Courrier de l'Association des jumelages entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises (AJPF) au retour d'une mission en Palestine, du 26 juin au 1er juillet 2022 - Juillet 2022

 

À Madame Catherine Colonna Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères

Quai d’Orsay – Paris 

 

 

Madame la Ministre, 

Notre association de jumelage et de partenariat entre des villes françaises et des camps de réfugiés palestiniens vient d’organiser, du 26 juin au 1er juillet 2022, une importante délégation de quarante-quatre membres, composée de maires, de maires adjoints, de conseillers municipaux, de collaborateurs d’élus et membres de la société civile. 

Nous voulons tout d’abord remercier vos services et le Consul général de France à Jérusalem M. René Troccaz, ainsi que ses collaboratrices et collaborateurs, qui dans une totale coopération ont permis la réussite et la sécurité de ce voyage. 

Nous avons rencontré les représentants de l’Autorité Palestinienne, des associations de la société civile palestinienne, l’ONG Badil, des députés de la Knesset, des journalistes et spécialistes du Proche-Orient, l’UNRWA. Nous avons aussi pu visiter huit camps de réfugiés aux alentours des villes de Ramallah, Jérusalem, Naplouse et Bethléem. 

La délégation été reçue par le Premier Ministre Palestinien M. Mohammad Shatayyel, accompagné de deux membres du gouvernement, pour un large échange de vue, ainsi que par le Conseiller diplomatique du Président Mahmoud Abbas qui nous ont donné des informations sur la situation des palestiniens avant la visite de M. Joe Biden et celles de M. Lapid et Abbas à Paris.

Ils souhaitent que ces rencontres débouchent sur des actions concrètes pour une relance du processus d’application du droit international et un engagement de la France et de l’Union Européenne pour la reconnaissance de l'État de Palestine. L’Autorité palestinienne considère qu’un acte fort de la France, permettrait de remettre cet enjeu dans l’agenda diplomatique international et aurait une grande portée politique. 

Lors de nos échanges avec le Premier Ministre, avec le Conseiller diplomatique de la présidence, avec les élus locaux, comme lors de nos rencontres dans les camps de réfugiés, nous a été exprimé avec insistance ce qu’ils considèrent être un double standard dans l’application du droit international : la Russie qui tente d’occuper tout ou partie de l’Ukraine, y commet des crimes de guerre, fait l’objet de sanctions dont ils ne contestent pas le bien fondé. En revanche, il est pour eux incompréhensible, injuste de subir des violations du droit international depuis plus de 70 ans, une colonisation et une annexion de la majeure partie de leur territoire, des emprisonnements d’enfants, de femmes et d’hommes selon le bon vouloir des services de police et militaire du pouvoir israélien sans que celui-ci ne soit l’objet de sanctions économiques, ni même de réprimandes. 

Ceci heurte profondément la société palestinienne qui considère qu’on ajoute ici de l’injustice à l’injustice. 

Au vu de ce que nous avons pu observer à Jérusalem et dans toute la Cisjordanie, nous considérons que la communauté des nations doit agir avec fermeté pour le respect du droit international.

Nous avons pris le temps d’étudier la situation de Jérusalem-Est. Nous y avons rencontré des familles, dans les quartiers de Silwan, Sheikh Jarrah, Issawiyah, Abu Dis, Anata, victimes d’expropriation et du vol de leur maison, auquel s’ajoute désormais la prolongation du mur séparant Jérusalem avec une partie de la Cisjordanie. Ces citoyens de Jérusalem, aujourd’hui menacés d’expropriation et d’expulsion ou de la perte de leur carte de résidence, devraient à notre sens être plus soutenus par les autorités gouvernementales et les parlements notamment en Europe.

Nous avons pu noter le courage, le calme, le dynamisme et la détermination des réfugiés et de leurs responsables à construire des espaces communs viables dans les camps où ils sont assignés à résidence, dans leur propre pays.

Chacune des délégations des villes qui ont visité les camps avec lesquels ils sont jumelés a pu s’entretenir avec des comités populaires qui les animent, des associations de femmes, des animateurs sportifs ou culturels et fait avec eux un état des infrastructures, des besoins et des projets. Nombreux sont les responsables qui développent des projets utiles à toutes et tous. Leur comportement est remarquable alors que leurs conditions de vie sont à la limite du supportable (ici c’est l’eau que les autorités israéliennes rationnent voir coupent, ailleurs elles mènent des incursions quotidiennes souvent la nuit dans les camps arrêtant sans raison des citoyens palestiniens, ou en en tuant d’autres. 15 enfants ont été tué depuis le premier janvier). Avec l’aide de l’UNRWA, de crédits européens et des soutiens de notre pays et de nombreuses municipalités, ils construisent des équipements communs : écoles, centres de santé, terrains de sport, des systèmes de ramassage et traitement des déchets ménagers ou d’assainissement.

Cependant, même s’il faut amplifier cette nécessaire coopération, il est temps de poser autrement la question des réfugiés palestiniens, à partir des résolutions de l’ONU sur le « le droit au retour ». Dans l’immédiat nous saluons les actions de l’UNRWA qu’il convient de défendre et dont les budgets doivent être rehaussés. Nous posons la question des coopérations nouvelles à inventer nécessaires pour mieux conjuguer les efforts financiers de l’UNRWA, de l’État et des collectivités territoriales. Le souci est de rechercher des complémentarités pour gagner en efficience. À l’occasion de ce déplacement nous avons à nouveau apporté notre pierre aux projets éducatifs en offrant près de cent instruments de musique dans le cadre de notre coopération avec l’association Al Kamandjati, installée dans une magnifique maison ottomane à Ramallah.

Monsieur le Consul, qui a visité l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, détenu sans motif, nous a informés sur sa situation de santé. Nous sommes gré de cette protection consulaire. Cependant nous souhaitons que le gouvernement soit plus actif, y compris dans son expression publique pour obtenir sa libération sans condition.

Chacune des villes partie prenante de cette délégation : Grigny (91), Mitry-Mory (77), Mauléon-Licharre (64), Rostrenen (22), Malakoff (92), Chalette sur Loing (45), ont pu travailler de manière constructive sur les projets de coopération décentralisée avec Mme Julie Dusseau – chargée de la coopération décentralisée au SCAC que nous remercions pour sa disponibilité. Ceci a permis de renforcer un certain nombre de projets en cours et d’améliorer la coordination entre vos services et les villes.

Vous l’aurez compris, tout en remerciant à nouveau le Consul de France à Jérusalem et l’ensemble de ses services et collaborateurs, nous insistons auprès de vous pour que des actions politiques d’ampleur soient engagées afin de faire prévaloir le droit international, et agir pour la reconnaissance de l’État Palestinien aux côtés de l’État Israël. Deux peuples, deux États vivant en harmonie, en paix et en sécurité conformément au droit international.

Pour votre information, nous avons également adressé un courrier à Monsieur Josep Borrel, Haut représentant de l’Union Européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité. Restant à votre disposition pour un échange de vue plus large, recevez, Madame la Ministre, l’expression de notre haute considération.

 

Patrick Le Hyaric, député européen 2009-2019, président de Forum pour un Autre Monde 

Charlotte Faride-Blandiot, maire de Mitry-Mory (77) 

Philippe Rio, maire de Grigny (91) 

Louis Labadot, maire de Mauléon-Licharre (64) 

Guillaume Robic, maire de Rostrenen (22) 

Franck Demaumont, maire de Chalette-sous-Loing (45) 

Camille Naget, conseillère de Paris, élue du 19e arrondissement de Paris 

Fatima Ogbi, maire adjointe à Grigny (91), développement des services publics et de l'égalité territoriale

Alaudat Fatiha, maire adjointe à Malakoff (92), droit des femmes, discriminations et culture de paix

Catherine Dailly, maire adjointe à Montataire (60), logement 

Audrey Charifi Alaoui, maire adjointe à Mitry-Mory (77), vacances et temps libre 

Jeannot Flageul, maire adjoint à Rostrenen (22), vue culturelle, associative, animation et patrimoine 

Atif Khalid, maire adjoint à Chalette-sur-Loing (45), action culturelle et jumelages 

Antonio Oliveira, maire adjoint de Malakoff (92), santé et finances locales 

Sara Ghenaïm, conseillère municipale à Grigny (91), déléguée à la santé et au handicap 

Florence Ait-Salah Lecervosier, conseillère municipale à Orly (94) 

Smaïn Tahar, conseiller municipal à Mitry-Mory (77) délégué à la vie des quartiers 

Brahim Messaci, conseiller municipal à Orly (94) 

Rachid Beneissa, médecin à Orly (94), société civile 

Lacène Taïbi, pharmacien, société civile, association Enfance et Refuge 

Karim Bengaoua, médecin, société civile, association Enfance et Refuge 

Erwan Dupont, président commission internationale des Activités Sociales de l’Énergie, société civile

Isabelle Tordjman, secrétaire générale de l’AJPF, société civile

 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)