Fédération de l'Oise

Hommage à Émile Carbon

Cimetière de Nogent-sur-Oise

Le 03 juillet 2021

Alain Blanchard :

Je voudrais remercier Mme Évelyne Carbon son épouse, ses enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants, pour avoir voulu cette cérémonie d’hommage à Émile Carbon. Certes elle lui était dû, mais pour cause de pandémie les siens, mais aussi ses amis et camarades, en ont été privés lors de ses obsèques, alors qu’ils y tenaient. 

Mais il n’est pas facile plus d’un an après de revenir à ces moments douloureux de la disparition d’un être cher. 

Je voulais vous remercier également madame, de m’avoir confié le soin de m’exprimer pour notre camarade Emile, au nom du parti communiste français.

Émile Carbon était un homme droit et intègre, un homme généreux et dévoué, un homme attaché aux siens, dont sa femme nous dit que tous les deux ils étaient fusionnels « toujours d’accord sur tout » précise-t-elle. Un homme courageux qui un an après leur mariage a connu la guerre d’Algérie. Cette guerre tragique pour la jeunesse de l’époque. Il fut alors beaucoup marqué, comme le furent tous ces appelés en Algérie.

Ouvrier chez Saxby à Montataire, tourneur, puis Technicien à l’atelier prototype du bureau d’études, il fit sa carrière dans cette usine. Mais au-delà de son métier pour lequel il souffrit de l’amiante comme trop de ses compagnons de travail, il fut un militant syndical et politique reconnu dans cette entreprise, durant plus de trente ans.

Son collègue et ami Gilles, nous dit qu’il fut à la CGT « un vibrant acteur de la défense de la classe ouvrière » participants aux grèves, animant celles-ci ; pour les salaires, les droits, la retraite à 60 ans, les 40h, la cinquième semaine de congés payés, à l’écoute des revendications de ses collègues de travail. Responsable au comité d’entreprise il est à l’origine d’actions sociales innovantes et Gilles de parler de « ses moments de franche camaraderie avec son copain Émile qui resteront dans sa mémoire ».

Tout cela ne l’empêchait pas de consacrer du temps pour sa famille, ni non plus d’être un jardinier hors pair devenu un spécialiste des « Géant des Flandres et des Fauves de Bourgogne » ses lapins, dont il était aussi, un éleveur attentif et de qualité.  

Son ami Jean Charles, parle lui d’un excellent bricoleur qui arrivait dans son atelier garage à « construire n’importe quoi à partir de tout et de rien ».

Un homme fraternel et solidaire, qui nous dit Michèle veillait sur son grand père et voisin Louis Rocheix, toujours prêt à lui rendre service à entretenir son jardin, dont les allées étaient tirées au cordeau par Émile. 

Émile, avait adhéré́ au Parti communiste en 1952 et y milita activement jusqu'à ses dernières années, présent dans toutes les manifestations sur le Bassin creillois, notamment celles pour la défense de l'hôpital et de la maternité ou pour la défense des retraites ou encore organisateur de la vente du muguet du 1er mai. Il laisse le souvenir d'un homme engagé honnête et loyal, mais aussi souvent enthousiaste et drôle, révolté́ par toutes les injustices, modeste mais profondément attaché à la cause de la transformation sociale pour un monde de justice, de liberté́ et de paix. 

Écoutons sa camarade Nellie : « Chaque premier mai Émile arrivait en voiture avec sa remorque dès 8h du matin, pour s’installer place de la République à Nogent ; tables, parasols, chaises de camping et si la saison le permettait des brins de muguet cueillis le matin même dans son jardin pour gonfler la recette du jour. Ses démarches auprès du maire que ce soit pour la célébration du 19 mars 1962 et/ou l’attribution d’un nom à une artère de la ville, square ou autre tout comme pour la libération de Salah Hamouri, Marwan Barghouti étaient récurrentes. »

Il ne rechignait pas aux tâches plus ingrates, ainsi son copain Alain nous dit : un colleur d’affiches hors pair pour le parti, dictant ses consignes techniques « surtout insistez bien aux 4 coins de l’affiche » et Alain se souvient aussi ; « il avait toujours des plaisanteries sous le coude même certaines plus grivoises que d’autres ».

Il n’est pas possible d’évoquer Émile Carbon sans parler de ses parents, nos regrettés Raymonde et Léon Carbon. Tout deux résistants face à l’envahisseur nazie. Raymonde Maire communiste de Saint-Leu-d’Esserent, longtemps une des seules femme Maire durant 26 ans d’une ville importante de l’Oise. Et excusez-moi de cette note personnelle : ce fut pour moi une chance inouïe d’avoir servi à ses côtés. 

Émile fut un époux, un pére, un grand père et arrière-grand-père aimé et à sa famille, à ses frères et sœurs, à tous les siens nous voulons dire que nous partageons leur tristesse et qu’Emile manque à ses camarades et amis.

Je vous remercie