Fédération de l'Oise

Fédération de l'Oise
Accueil
 
 

Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du mardi 30 novembre 1920

L'Humanité, journal socialiste quotidien

À partir du site internet Gallica, de la Bibliothèque nationale de France

 

L'Humanité du mardi 30 novembre 1920

 

 

Mise au point

Le citoyen Maurice Maurin a été mis en cause par moi dans ma déclaration d'hier au Congrès de la Seine. Il résulte de renseignements exactes que le citoyen Maurin n'a pas préconisé la scission à la réunion du restaurant Bonvalet.

Il a envisagé l'hypothèse d'une exclusion de sa fraction par la nouvelle majorité et les mesures que pouvait comporter cette éventualité. Dans ces conditions la responsabilité du citoyen Maurin doit être dégagée complètement. Je le fais d'autant plus volontiers qu'il s'agit, en l'espèce, d'un minoritaire du début de la guerre que nous n'aurions pas vu sans tristesse engagé dans des pourparlers d'où peut sortir la rupture de notre unité. - L.–O. Frossard.

 

----

 

Résultats

[…]

Fresnes-sur-Escaut (Nord). Motion Cachin-Frossard : 41 voix ; motion Longuet : 21

[…]

Autres résultats

[…]

Cahors. - Longuet–Paul Faure : 18 ; Cachin-Frossard : 8.

Nord (sections réunies de l'arrondissement de Douai). - Cachin-Frossard : unanimité moins quatre voix.

 

---

 

Le complot fant​ôme

Le parquet transmet le dossier à la Chambre des mises en accusation

Et il y a déjà douze non-lieu !

M. Jousselin, juge d'instruction, est un homme subtil, dans la subtilité servira l'avancement. Il n'a pas besoin, l'habile homme, d'interroger longuement ses prévenus pour se faire une idée de leurs prétendus crimes ; l'interrogatoire d'identité lui suffit. Son instruction consiste à requérir de la police des rapports qui, pour lui, sont témoignages d'évangile. - Scandale ! direz-vous. - Évidemment, scandale ! Mais enfin, ne nous frappons pas. M. Jousselin n'est pas en France le premier juge qui « rende des services ». M. Jousselin n'est pas le premier juge qui s'efface vilement devant le vil mouchard.

Sa dernière instruction est bien dans sa manière. Vingt-deux syndicalistes et socialistes lui avaient été déférés à la suite des grandes grèves de mai. Contre ces vingt-deux camarades, deux chefs d'inculpation, l'un corsant l'autre, avaient été imaginés : complot contre la sûreté de l'État et menées anarchistes. Or, après six mois et demi d'une instruction cyniquement réduite à des investigations de police, M. Jousselin vient de rendre, en ce qui touche les menées anarchistes, une ordonnance générale de non-lieu.

En ce qui touche le complot, non-lieu partiel : douze inculpés seulement en ont bénéficié. Les dix autres, répartis en trois groupes, sont envoyés devant la chambre des mises en accusation, qui aura en définitive à se prononcer sur leur cas. Loriot et Souvarine, Monatte et Monmousseau sont naturellement dans les dix.

Reste à savoir ce que fera la chambre ? L'accusation est si fragile, si précaire, qu'il n'est pas sûr d'avance qu'elle ait l'audace d'y souscrire. Nous l'allons voir. Nous allons voir si plusieurs juges ont, réunis, plus d'indépendance et de justice qu'un seul. Quoi qu'il arrive, l'iniquité commise, avec la complicité du parquet, par l'inquisiteur Jousselin, n'en demeure pas moins entière. Le compte de la bourgeoisie, au tribunal de la révolution prolétarienne, n'en demeure pas moins sinistrement chargé.

Amédée Dunois.

-

La décision du parquet

Après sept mois d'une instruction fertile en déboires, le juge Jousselin et le parquet de la Seine, obéissant servilement « au Lhopiteau à Daudet » (comme pourrait dire ce dernier), viennent de prendre une décision en ce qui concerne les inculpés du complot.

Douze camarades appartenant au syndicat des cheminots et à diverses autres organisations ouvrières, obtiennent un non-lieu du fait des deux inculpations de complot et de menées anarchistes ; ce sont : Sirolle, Lévêque, Totti, Delagrange, Olivier, Rey, Chaverot, Dejonckère, Gauthier, Courage, Verdier et Midol.

Contre les dix inculpés restant, on a retenu seulement le fait de complot contre la sûreté de l'État visé par les articles 87 et 89 du Code pénal. Les ridicules poursuites en vertu de la loi de 1894 contre les soi-disant menées anarchistes, ont été, là aussi, abandonnées.

Le juge d'instruction, dans son ordonnance, divise les « complotistes » en trois groupes : 1° Loriot, Monatte, Monmousseau et Souvarine (Comité de la IIIe Internationale) ; 2° Sigrand, Boit et Rabilloud (parti communiste) ; 3° Hanot, Giraud et Lebourg (Fédération communiste des Soviets).

Le dossier est maintenant entre les mains des magistrats de la chambre des mises en accusations. Accepteront-ils de renvoyer nos camarades devant la cour d'assises ? Le non-lieu est toujours possible. Il est exigé par la justice : que les magistrats en robe rouge veuillent bien y réfléchir !

-

La grève de février

Un non-lieu pour Monmousseau

M. Jousselin, juge d'instruction, a également rendu une ordonnance de non-lieu au bénéfice de Monmousseau, impliqué dans les poursuites exercées contre plusieurs militants cheminots à l'occasion de la grève de février.

Mais Monmousseau reste emprisonné et est poursuivi pour la grève de mai.

Ainsi, ce qui n'était pas crime en février est crime en mai.

Comprenne qui pourra.

Comprenne qui pourra aussi pourquoi Monmousseau bénéficie d'un non-lieu pour la grève de février, alors que Delagrange, pour la même grève, a été condamné à deux ans de prison, et que Midol, toujours pour la même grève, accumule par dizaines les années de prison.

La « Justice » de Lhopiteau n'est qu'une sinistre comédie.

[…]

 

 

---

 

Les délégués anglais à B​erne

Londres, 29 novembre. - (Par téléphone de notre correspondant particulier). - Les délégués de l'I.L.P. Wallhead, Shinwell, Johnson, Roden Buxton, on reçu leurs passeports pour se rendre à la Conférence socialiste de Bernard ; ils partiront vendredi.

 

---

 

Les secrétaires de l'Union des Syndicats démissionnent

La Commission exécutive de l'Union des Syndicats de la Seine se réunit ce soir à 20h30 au siège habituel.

À l'ordre du jour - nous dit le communiqué - une seule question : la démission des secrétaires.

 

----

 

C'est aujourd'hui que la France s'agenouill​e aux pieds du Saint-Père

[…]

Ils devancent le vote

Avant même que la Chambre ait pieusement voté la reprise des relations avec le Vatican, la cléricaille du Calvados a prouvé sa volonté d'en finir avec la loi de séparation. Le citoyen Barthélémy, député du Pas-de-Calais, a posé à ce sujet les questions suivantes au ministre de l'Intérieur. Il lui a demandé s'il était exact :

1° Que des communes de l'arrondissement de Lisieux aient inscrit au budget communal une allocation variant de 200 fr. à 500 fr. en faveur du curé desservant ;

2° Que des communes du même arrondissement aient inscrit sans délibération au conseil municipal, des crédits analogues à leur budget ;

3° Que le préfet du Calvados et le sous-préfet de Lisieux, se soient mis d'accord avec l'évêque de Bayeux pour autoriser les maires à faire voter les crédits, et dans le cas de l'affirmative, quelles sanctions ont été prises contre le préfet responsable de cette violation indirecte de la loi de séparation.

Nous attendons avec curiosité la réponse de M. Steeg.

 

Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du mardi 30 novembre 1920

- « mise au point » par L.-O. Frossard, avec une précision sur son intervention d’alerte la veille au Congrès de la Fédération de la Seine, sur l’attitude de Maurin

- résultats de vote dans le Nord, et Cahors pro motion Longuet-Paul-Faure

- « le complot fantôme » des syndicalistes et socialistes : des non lieu et des poursuites [Le juge d'instruction, dans son ordonnance, divise les « complotistes » en trois groupes : 1° Loriot, Monatte, Monmousseau et Souvarine (Comité de la IIIe Internationale) ; 2° Sigrand, Boit et Rabilloud (parti communiste) ; 3° Hanot, Giraud et Lebourg (Fédération communiste des Soviets)]

- annonce des « délégués anglais à Berne »

- annonce de l’ordre du jour de la CE de l’Union des Syndicats de la Seine, avec la démission des secrétaires

- « c’est aujourd’hui que la France s’agenouille aux pieds du Saint-Père » [Avant même que la Chambre ait pieusement voté la reprise des relations avec le Vatican, la cléricaille du Calvados a prouvé sa volonté d'en finir avec la loi de séparation.]

le 28 November 2020

 

Il y a cent ans : L'Humanité au jour le jour

 
 
 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)