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Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du jeudi 25 novembre 1920

L'Humanité, journal socialiste quotidien

À partir du site internet Gallica, de la Bibliothèque nationale de France

 

L'Humanité du jeudi 25 novembre 1920

 
 

Avant le Congrès

Dans la fédération de la Seine

À la Commission des résolutions

Le procès-verbal suivant nous est communiqué :

La Commission des résolutions nommée par le Congrès de la Fédération de la Seine s'est réunie le 22 novembre, sous la présidence du citoyen Cartier. Après débat, la Commission s'est résolue à ce que les motions soient présentées au vote du Congrès, le 28 novembre, telles qu'elles ont été présentées aux séances du 14 et du 21 novembre.

Ces motions sont :

1° La motion d'adhésion à la IIIe Internationale (Comité de la IIIe Internationale et Cachin-Frossard) ;

2° La motion d'adhésion avec réserves (Longuet-Paul Faure) ;

3° La motion pour l'unité internationale (Blum-Bracke-Paoli-Mayéras).

4° L'amendement présenté par les camarades Leroy et Heine à la motion d'adhésion à la IIIe Internationale du Comité de la IIIe internationale et de Cachin et Frossard.

La Commission a décidé que l'amendement Leroy-Heine sera publié par l’Humanité.

Par 13 voix contre 11, la commission a rejeté une proposition de Mauranges tendant à désigner un rapporteur par motion et à accorder cinq minutes de parole au Congrès à chaque rapporteur.

Par 20 voix contre 8 et 1 abstention, la commission décide de proposer au Congrès le vote de la résolution déposée par Pontillon et d'autres camarades et approuvant les décisions du Congrès des Jeunesses socialistes-communistes.

Amendement à la motion du Comité d'adhésion à la IIIe Internationale

La commission des résolutions nommée dimanche par le Congrès de la Fédération de la Seine a décidé que l'amendement Leroy-Heine serait publié dans l'Humanité.

Considérant que le 2e Congrès mondial de l'Internationale Communiste s'est reconnu le devoir de fixer d'une façon tout à fait précise les conditions d'adhésion des nouveaux Partis [»] et a en conséquence, arrêté de voté le texte de 21 conditions d'adhésion des Partis dans l'Internationale communiste ;

Que l'ensemble des 21 conditions ainsi sanctionnées par le vote du 2e congrès constitue un bloc intangible qui fait loi dans l'Internationale Communiste jusqu'au futur congrès ;

Que l'article 16 des conditions précise ce point de vue en ces termes, d'une netteté catégorique : « Toutes les décisions des Congrès de l'Internationale Communiste, de même que celles du Comité exécutif, sont obligatoires pour tous les Partis affiliés à l'Internationale Communiste » ;

Que c'est l'Internationale Communiste et son Comité exécutif qui demeurent seuls et souverains juges : « des conditions de lutte si variées dans les différents pays » et qui se réservent eux-mêmes le soin de : « n'adopter de résolutions générales et obligatoires que dans les questions où elles sont possibles » ;

Que, par conséquent, il n'appartient ni au Parti français, ni à aucun groupe de militants français, de modifier de sa propre autorité l'une quelconque des 21 conditions, sous peine de rendre caduque sa propre adhésion ;

Que, si certaines conditions paraissent d'une application difficile, eu égard à la situation politique nationale, il convient néanmoins de les accepter, quitte à en appeler ensuite, l'adhésion du Parti étant ratifiée, à l'esprit d'équité de l'Internationale Communiste pour en modifier l'application ;

Fermement résolu à voter l'adhésion sans réserve et sans délai, définitive et indiscutable, du Parti à l'Internationale Communiste,

Le Congrès décide d'adopter la Résolution d'adhésion à la IIIe Internationale, présentée par le Comité de la IIIe internationale, après y avoir introduit les modifications suivantes :

1° au lieu de :

Le parti considère que les exceptions prévues à l'article 20 des conditions « en ce qui concerne les représentants de la tendance centriste nommés à l'article 7 » doivent s'appliquer au Parti français dans les circonstances présentes. Ces exceptions valent également pour les délégués au Congrès visées à l'article 21 qui déclareront s'incliner devant les décisions du Parti ;

La résolution portera :

En conformité avec l'article 20 des conditions, le Parti demandera au Comité exécutif de l'Internationale Communiste, investi à cet effet de pleins pouvoirs par le 2e congrès, de se montrer aussi large que possible dans les exceptions prévues en faveur des représentants de la tendance centriste ;

2° Au lieu de :

Mais, d'accord avec le 2e Congrès de l'Internationale Communiste, le Parti condamne toute tentative de scission syndicale. Ce sont les centrales syndicales elles-mêmes qui devront, en abandonnant l'Internationale d'Amsterdam, entrer dans l'Internationale syndicale de Moscou ;

La résolution portera :

Des noyaux communistes, complètement subordonnés à l'ensemble du Parti seront formés dans les coopératives pour y propager les principes communistes et dans les syndicats en vue d'y répandre l'idée de la rupture avec l'International syndicale jaune d'Amsterdam et de l'union avec l'Internationale syndicale Rouge de Moscou ;

3° Au lieu de :

À dater du Congrès, le Parti se nommera « Parti Socialiste, Section française de l'Internationale Communiste ». Il fera valoir, auprès du Comité Exécutif de l'Internationale Communiste, les raisons qui militent pour l'acceptation provisoire de ce titre ;

La résolution portera :

À dater du Congrès, le Parti se nommera « Parti Communiste de France, Section de la IIIe Internationale Communiste ».

A. et M. Heine (14e section) ; J. Hermitte (16e section) ; G. Latroye (18e section) ; A. Legrand (18e section) ; G. Leroy (14e section) ; Citoyenne Rys (14e section) ; Th. Simon (14e section).

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Mise au point

Nous recevons du Comité de la IIIe Internationale, avec prière d'insérer, la note suivante, qui clos pour nous l'incident :

1° Le citoyen Fischer (VIe section) n'a jamais milité d'une façon effective au sein du comité de la IIIe ;

2° Il ne peut être considéré comme démissionnaire dudit comité pour la raison qu'il en a été exclu à l'unanimité.

 

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Action immédiate

Nous avons annoncé hier que M. Jousselin s'est décidé à clore l'instruction du complot - si l'on peut exprimer ainsi, puisqu'en fait il ne l'avait jamais commencée.

C'est après la libération de notre camarade Verdier, secrétaire du syndicat de l'Aveyron, que la décision a été prise.

Cette dernière libération souligne d'ailleurs, une fois de plus, l'inanité de l'accusation !

D'après l'accusation elle-même, pour prouver le complot, il fallait établir le lien existant entre l'action de communiste comme Loriot, Souvarine et le déclenchement de la grève de mai, et montrer que les syndicalistes arrêtés avaient été les instruments de ceux-ci. Or, rien de pareil n'a été démontré. Bien plus, les syndicalistes arrêtés au petit bonheur ont été, les uns relâchés, les autres maintenus sous les verrous, sans qu'on sache pourquoi. Sirolle, Verdier et d'autres ont heureusement recouvré leur liberté. Monatte et Monmousseau et leurs camarades sont restés à la Santé. C'est l'arbitraire le plus cynique.

Et maintenant le parquet doit statuer.

M. Jousselin qui, comme on dit, n'est pas « fixe » - et nous comprenons facilement son incertitude - conclut que l'affaire peut être renvoyée, au choix, devant la police correctionnelle, la cour d'assises ou la Haute-Cour.

Un « complot » en police correctionnelle ? Pourquoi pas devant le juge de paix ? Cette plaisanterie ne peut être retenue.

Mais ne discutons pas, le complot est inexistant et il n'y a pas de juridiction compétente pour un délit imaginaire.

Toute cette affaire, comme nous l'avons inlassablement répété, n'a été qu'une opération politique dont le gouvernement s'est servi pour arrêter par la violence un mouvement ouvrier.

La mise en liberté immédiate par non-lieu s'impose comme une bien tardive réparation.

Il faut que l'opinion publique la demande, l'exige.

Le groupe parlementaire voudra certainement faire diligence et agir. Les organisations politiques et économiques de la classe ouvrière ne déserteront pas un devoir urgent.

Et les hommes généreux qui avaient fait un geste utile par leur démarche auprès de M. Leygues [président du Conseil] penseront certainement qu'il leur faut sans délai revenir à la charge.

Nous nous permettons d'adresser à la bonne volonté de tous un appel pressant.

Daniel Renoult.

 

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Fédération ​du Nord

Aujourd'hui grand meeting public, organisé par la section de Croix avec le concours des citoyens Bouté et Marcel Cachin.

Ordre du jour : La Révolution russe.

 

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La Fédération internationale des Syndicats

Londres, 25 novembre. - (Par téléphone de notre corresp. partic.) - Le congrès a nommé cinq commissions qui se sont réunis aujourd'hui pour examiner les questions suivantes : le pacifisme, la journée de huit heures, la socialisation des moyens de production, le change, la réponse à l'Internationale de Moscou.

Le Congrès aura à discuter un long rapport sur la socialisation en vue de résoudre le problème des matières premières. On propose que les différents gouvernements nomment un Comité de répartition.

La résolution sur la journée de huit heures examinée aujourd'hui en commission, se fonde sur le projet adopté par la Conférence internationale du travail de Washington. Elle proteste contre l'attitude hostile des patrons et des gouvernements et insiste pour que les décisions de Washington soit respectées.

Sur la résolution du pacifisme, la Conférence sera appelée à déclarer que la lutte de la classe ouvrière contre la guerre ne doit pas être confondue avec le pacifisme des classes moyennes capitalistes. La résolution dit « La classe ouvrière demande une paix complète et définitive et refuse de se laisser tromper une fois de plus par le prétexte d'une soi-disant dernière guerre devant mettre fin à la guerre. - C. David.

 

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Le Parti es​pagnol n'ira pas à Berne

Madrid, 24 novembre. - (Dépêche de notre correspondant particulier.) - Dans sa dernière séance le Comité National du Parti socialiste espagnol s'est prononcé sur la question de savoir s'il devait participer à la Conférence dite de « Reconstruction » qui doit se tenir à Berne.

Malgré l'opposition de Pablo Iglesias et de Fabra Ribas, le Comité adopta la motion Lamoneda. Celle-ci exclut l'envoi d'une délégation, le dernier Congrès ayant écarté la participation à toute conférence de ce genre et ayant chargé deux délégués, actuellement en Russie, de toutes démarches utiles en vue de l'affiliation du Parti à l'Internationale communiste.

La conférence ajournée

Berne, 24 novembre. - Le Comité directeur du parti socialiste suisse annonce qu'à la suite de difficultés de passeports qui se sont produites au cours de leur voyage, certains délégués qui devaient participer à l'assemblée générale, le 5 décembre, ne sont pas encore arrivés à Berne.

Dans ces conditions, les délégués du parti socialiste suisse et du parti socialiste indépendant allemand ont décidé de renvoyer la conférence générale à une date postérieure au nouvel an. Par contre, la conférence préparatoire qui examinera et fixera les principes et le programme de la prochaine conférence aura lieu le 5 décembre.

 

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En Irlande

Deux leaders travaillistes arrêtés à Dublin

Londres, 24 novembre. - (Par téléphone, d'un correspondant particulier.) - La police et l'armée ont envahi ce matin le Liberty Hall, à Dublin, siège du Labour Party irlandais et de l'Union des ouvriers des transports irlandais. Deux arrestations ont été faites. Ce sont celles de Thomas Farren et de Johnson, président et secrétaire des deux organisations travaillistes. Deux autres personnes dont on ne connaît pas le nom ont été amenées par la police. Le Liberty Hall a été fouillé de fond en comble ; les murs ont été sondés et les plafonds démolis.

La guerre contre les femmes

Le bulletin irlandais publie un document secret maintenant du quartier général de la police royale irlandaise. Il est daté du 11 novembre 1920 et est ainsi conçu :

À l'inspection de Comté, une information a été reçue disant que dans les cercles sinn-feiners, on a l'intention d'employer les femmes irlandaises pour l'exécution des crimes. Ce fait ne doit pas être perdu de vue lors des investigations en suite de délits.

On sait que les membres de la Cuman-Na-M.Ban ont été entraînés à l'usage des armes à feu. Il est possible que dans différentes occasions, ils aient pris une part active à l'exécution des crimes. - Signé : C.-A. Walsh.

Ce document jette une lumière sur les intentions des autorités anglaises en Irlande et explique les mesures de guerre prises contre les femmes.

On a pu remarquer en effet que l'armée et la police ont blessé des femmes à plusieurs reprises, ainsi que des enfants. Ces faits n'ont pas été niés par Monsieur Lloyd George qui s'est contenté de déclarer que ce sont des incidents de guerre malheureux.

Aux Communes

[…]

 

 

 

Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du jeudi 25 novembre 1920

-  publication par l’Humanité de la 4e motion, la motion Leroy-Heine consistant à  « un amendement à la motion d’adhésion à la IIIe Internationale du Comité de la IIIe Internationale et de Cachin et Frossard »

- « mise au point » sur les signataires ayant ou non appartenu au Comité de la IIIe Internationale (suite)

- « Action immédiate » par Daniel Renoult, pour exiger la mise en liberté des syndicalistes emprisonnés pour complot

- annonce d’un meeting  dans le Nord, par la section de Croix, avec Marcel Cahin, sur la Révolution russe

- au programme de la suite du Congrès de la Fédération internationale des Syndicats à Londres

- « le Parti espagnol n’ira pas à Berne » à la Conférence de « Reconstruction » ; celle-ci est repoussée à 2021, mais une conférence préparatoire est toujours au programme

- « En Irlande : deux leaders travaillistes arrêtés à Dublin » ; « la guerre contre les femmes »

 

 

le 24 November 2020

 
 

Il y a cent ans : L'Humanité au jour le jour

 
 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)