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Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du vendredi 19 novembre 1920

L'Humanité, journal socialiste quotidien

À partir du site internet Gallica, de la Bibliothèque nationale de France

 

L'Humanité du vendredi 19 novembre 1920

 

 

Résultats

La section de Metz a donné 24 voix à la motion de la IIIe Internationale, contre 3 à la motion Blum, 2 à la motion Longuet et 2 abstentions.

La section de Montpellier a donné 38 voix à la motion Cachin-Frossard, contre [29] à la motion Longuet, 2 à la motion Blum.

La section de Clichy a donné 173 voix à la motion Cachin-Frossard, 8 à la motion Longuet, 2 à la motion Blum.

Section de Montreuil : motion Cachin-Frossard, 178 voix ; motion Longuet, 71 voix ; motion Blum, 1 voix (115 abstentions).

 

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Un mot pour le « Populaire »

Le Populaire, qui tend à devenir de plus en plus un organe de combat contre l'Humanité, écrivait hier : « L’Humanité s'est décidée enfin à publier l'ukase de Zinoviev, parce que Le Populaire en avait donné les extraits les plus caractéristiques. »

Nous répondrons simplement que si l’Humanité a publié seulement hier « l'ukase de Zinoviev », c'est qu'elle ne l'a pas eu plus tôt en sa possession. La lettre de Zinoviev nous est parvenue, comme on sait, en deux versions, une version russe, datée de Berlin, 23 octobre, et une version anglaise, datée de Moscou, 4 novembre. Or l'une et l'autre version nous sont parvenues par des voies différentes le même jour, presque à la même heure, c'est-à-dire dans l'après-midi d'avant-hier.

On ne saurait nous reprocher de les avoir tenues secrètes un seul jour.

 

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Dans l'Internationale

Avant le Congrès suisse

Le Congrès cantonal de Soleure, par 157 voix contre 21 a décidé de repousser les 21 conditions et de substituer dans le nouveau programme du parti les mots [«]régime du prolétariat [»] à ceux de [«] dictature du prolétariat [»].

Par 178 voix contre 97, le Congrès des socialistes zurichois s'est prononcé pour l'adhésion du parti à la IIIe Internationale et pour la fusion avec le parti communiste suisse.

 

 

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Le Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne et la IIIe Internationale - par Walter Stœcker

La guerre mondiale et la révolution allemande ont divisé le mouvement ouvrier socialiste en plusieurs fractions. La politique de guerre de la social-démocratie provoqua, en 1917, la fondation du parti social-démocrate indépendant (U.S.P.) qui groupa bientôt tous les éléments révolutionnaires, mais qui accueillit également un grand nombre de pacifistes et de démocrates orientés vers le socialisme. D'où il résulta, dès les premières heures de l'existence du nouveau parti, une lutte entre la droite et la gauche. Pendant la guerre, elle se déroulait autour de la question du pacifisme ; après la révolution, les dissentiments reposèrent sur le système à appliquer : les uns étant pour la démocratie avec Assemblée nationale, les autres se montrant partisans de la dictature du prolétariat, avec les conseils. La fraction de gauche l'ayant emporté au Congrès de Leipzig, qui se prononça pour un programme d'action aboutissant à la dictature du prolétariat, la lutte entre les éléments révolutionnaires, toujours désireux d'aller de l'avant, que représentait la gauche, et la droite, passive, opportuniste et réformiste, sous l'influence des Hilferding et Kautsky, se cristallisa alors sur la question de la IIIe Internationale.

Le Congrès de Leipzig conduisit à un compromis. Il fut décidé qu'on « négocierait » avec la IIIe Internationale. Les éléments de droite voyaient là une échappatoire, la possibilité peut-être de pouvoir continuer leur politique. Mais le deuxième Congrès de Moscou, avec ses thèses et conditions, à déterminer la décision nette et claire du Congrès de Halle, à laquelle il fallait aboutir tôt ou tard. Il a contraint les droitiers à se prononcer sur les questions de la Révolution sociale, la Révolution mondiale, la Dictature du prolétariat et ses moyens. Il ne restait donc plus à ceux-ci qu'à accepter la lutte contre la IIIe Internationale. Les Hilferding, Crispien et Ditmann jusque-là avaient toujours su éviter d'adopter une attitude catégorique en face de ces questions. Mais la clarification des idées se faisant dans l'esprit des masses socialistes, les procédés dilatoires employés par les éléments de droite perdaient de leur influence. À Halle, ils avaient bien cherché par tous les moyens petits et grands à se créer une majorité artificielle afin de pouvoir falsifier la volonté révolutionnaire des masses ouvrières du parti.

Mais les représentants de la gauche réussirent à placer au premier plan les grandes questions fondamentales et politiques de la IIIe internationale. De sorte qu'au premier vote, qui eut lieu avant le Congrès, 141 000 voix se déclarèrent pour l'adhésion avec les conditions et 91 000 contre les conditions.

La gauche était représentée par 257 délégués, la droite en comptait 155.

Au cours des derniers mois, la situation dans le Parti était devenue trop critique, les oppositions trop violentes pour que la scission ne fut pas attendue par presque tous. La droite aussi bien que la gauche avait conscience qu'un travail en commun dans le Parti, avec des éléments aussi différents, n'était plus possible. Chaque jour s'approfondissait le fossé.

Selon les dirigeants de droite, le mouvement ouvrier et socialiste devait continuer sa route dans l'ornière d'avant-guerre. Contre cette façon de voir, les chefs de gauche ne cessaient de soutenir qu'après la guerre mondiale impérialiste et l'ébranlement révolutionnaire qui s'en était suivi dans tous les pays, les conditions sociales et économiques avaient changé du tout au tout, avaient subi un tel bouleversement que la lutte de classe devait revêtir d'autres formes, se frayer d'autres chemins ; nous étions entrés dans une époque de guerre civile internationale, une tactique tout à fait nouvelle était réclamée en présence des faits que nous traversions.

La dictature du prolétariat était surtout le principal objet de la lutte. En même temps, une partie de l'aile droite se rapprochait de plus en plus du parti réformiste, représenté par Scheidemann, cependant que l'aile gauche désirait l'union avec le parti communiste, peu important, sans doute, mais affichant des idées nettes est bien arrêtées. Cette union, du reste, était aussi une des conditions de Moscou.

Le congrès de Halle fut riche en scènes dramatiques. Le danger d'une dissolution plana au-dessus de lui dès la première minute. La droite se prononça immédiatement pour un vote avant tout débat sur le fond. En outre, il fut facile de s'apercevoir qu'elle provoquait la gauche, cherchant un argument pour abandonner le congrès. Mais la discipline sévère des éléments de gauche, réussit à déjouer cette manœuvre.

Et c'est ainsi que pendant la semaine que dura le Congrès, dans chaque débat soulevé par le problème de l'Internationale, discuté à fond, comme il ne l'avait jamais été dans aucun congrès socialiste, la droite fut obligée de se prononcer, de prendre position.

Mais où le congrès atteignit surtout son plus grand intérêt, c'est au moment où Zinoviev prononça son discours vraiment impressionnant. Près des trois cinquièmes des délégués se prononcèrent aussitôt pour la motion Daumig-Stœker, qui signifiait l'adhésion immédiate à la IIIe Internationale. Sur ce, la droite quitta l'assemblée : la scission était en fait accomplie.

Naturellement, après le Congrès, la lutte pour la presse et tout ce qui représentait la propriété du parti s'est déroulée entre les deux fractions dans toutes les localités. Dix-huit journaux se mirent immédiatement avec la gauche. Mais il faut attendre l'issue de la lutte avant d'être exactement fixé, bien qu'il n'y ait aucun doute qu'une majorité écrasante des membres de l'ancien parti indépendant soit derrière les représentants de l'aile gauche.

En attendant, la scission de Halle a rendu la voie libre à une fusion de l'ex-aile gauche avec le parti communiste allemand, qui n'avait eu jusqu'ici qu'une influence sans valeur et qui s'est placé nettement aujourd'hui sur le terrain marxiste.

Vraisemblablement cette fusion se fera au Congrès des indépendants de gauche et communistes réunis qui doit se tenir à Berlin du 3 au 6 décembre. Et ce nouveau parti groupera alors autour de lui, sans aucun doute, toutes les masses ouvrières d'Allemagne, ce qui lui permettra de devenir, dans un délai rapproché, le parti qui dirigera la politique socialiste allemande.

Quant à l'aile droite des Hilferding, Dittmann et Crispien, qui ne représente nullement un parti uni, mais au sein duquel différentes tendances et tempéraments luttent déjà entre eux, il est voué à la mort et ne tardera pas à être broyé entre les contre-révolutionnaires réformistes de la clique Scheidemann et le grand parti des masses communistes.

Dès à présent, il est permis de dire que le parti des indépendants de gauche et des communistes réunis sera l'héritier des meilleures traditions de l'ancien parti social-démocrate allemand. Il représentera une armée unie, animée et pénétrée d'un même esprit, d'une même volonté, sous la direction d'hommes aux idées solides et claires.

Aussi la IIIe Internationale grâce au Congrès de Halle aura fait un puissant pas en Europe occidentale. Espérons que les socialistes révolutionnaires français, anglais, suisses et espagnols ne tarderont pas à trouver le chemin de l'Internationale communiste.

Walter Stœcker.

 

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Après trois semaines de détention

Un non-lieu pour les jeunes communistes

Le lendemain du jour où furent arrêtés nos trois camarades de jeunesses étrangères, nous avons démontré sans la moindre difficulté que l'inculpation de complot contre la sûreté de l'État et de menées anarchistes relevées contre eux était inepte.

Il a fallu à la justice française près de trois semaines pour arriver à la même conclusion que nous. Hier soir le juge d'instruction Jousselin s'est décidé à signer une ordonnance de non-lieu en faveur de di Marchi, de Voyovitch et de Sulbascher.

Ainsi, on a maintenu sous les verrous pendant vingt jours des étrangers dans le seul crime fut d'être socialiste. Cette qualité suffit sous le régime de liberté instauré par le bloc National pour être embastillé dans les prisons républicaines.

La bourgeoisie s'imagine sans doute par ces mesures de répression consolider une situation chancelante.

Quelle illusion ! Nous n'encaisserons pas indéfiniment les coups sans les rendre.

 

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Souvarine réfute des racontars de policiers

Lorsqu'il apprit, hier matin, que M. Jousselin le mandait à son cabinet pour l'après-midi, notre ami Souvarine eut une vague espérance : « C'est, peut-être, pensa-t-il pour me parler du complot ? Jousselin a dû enfin lire la lettre que nous lui avons adressée Monatte, Loriot, Monmousseau et moi. »

Et tout guilleret notre camarade sauta dans le taxi qui, du boulevard Arago, l'emmena boulevard du Palais ; allègrement il gravi l'escalier qui conduit au cabinet 28, en franchit le seuil.

M. Jousselin, à son bureau, attendait jésuitiquement aimable. D'un dossier déjà crasseux il sortit un papier… la preuve du complot ? Non : un rapport de police… seulement.

Mais au fait. Y a-t-il autre chose dans les cartons du juge ? Nous serions fort heureux de le savoir enfin et Souvarine encore davantage.

Que contenait ce document dont le rédacteur est un commissaire de police qui fut chargé de mission en Russie ?

Ceci : Boris Souvarine a reçu d'importantes sommes d'argent envoyées par l'intermédiaire de journaux russes.

Et un second rapport écrit par un certain capitaine Laurent confirmait le premier.

Ça y est. L'argent bolchevik : on les tient. Les mains dans l'entournure du gilet, le bon domestique Jousselin nageait dans la joie.

En cinq minutes, le magistrat de Lhôpiteau changea de mine.

Souvarine expose la chose tout naturellement : correspondant à Paris du Novoia Gizn, journal auquel collaborait Maxime Gorki, il a reçu un télégramme contenant cette indication : « Trois cent francs pour vos honoraires, douze cent francs pour vos frais télégraphiques. »

L'interrogatoire était terminé. Souvarine, qu'assistait Henri Torrès, hasarda :

- Ne serait-il pas contraire à votre procédure, Monsieur le juge, de m'interroger un jour sur le complot et de me confronter avec mes co-inculpés ?

M. Jousselin ne répondit pas. M. Jousselin ne pouvait pas répondre.

Et, depuis plus de six mois, nos camarades sont en prison.

 

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Les meetings pour la Révoluti​on russe

Nous avons donné, voici une huitaine, le texte de l'ordre du jour voté à Paris dans les réunions organisées par le Parti et par la C.G.T., pour la défense de la révolution russe. Depuis, nous avons reçu de nombreux compte rendus de meetings enthousiastes tenus, dans toute la France, pour le même objet.

Le 11 novembre, à Somain (Nord) un cortège fut suivi d'un meeting de 2 500 personnes : Guy Jonam et P.–V. Couturier y parlèrent.

Le 12, à Saint-Quentin, sous la présidence du secrétaire de la Bourse Victor Labègue, assisté du maire Tricotteaux, Démaret, Ringuier, Pierre Renaudel et Jacquemin tinrent un meeting des plus éducatifs ; une collecte faite pour les emprisonnés rapporta 110 francs.

Le 13, au Mans, Savoie, Aubry et Lainé réclamèrent la fin de la guerre avec la Russie. Et, le même jour, 2 000 auditeurs, à Lyon, applaudissaient Métra, Bontemps et Bourderon, tandis qu'à Troyes un meeting était tenu par Sembat, Bourchet, Émile Kahn. Enfin, à Nantes et à Saint-Nazaire, Hubert Rouger et Lapierre firent aussi deux belles réunions.

Félicitons-nous du beau succès de la campagne du Parti et de la C.G.T.

 

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Communications

Organisations centrales

Parti socialiste (S.F.I.O.). - Note de la Trésorerie, aux secrétaires et trésoriers fédéraux : Afin de ne pas gêner la prise normale des cartes et timbres 1921, à partir du 1er janvier et attendu que la trésorerie sera fermée la dernière quinzaine de décembre, puisque je serai retenu par l'organisation et la tenue du Congrès de Tours, je puis à partir du 1er décembre, fournir cartes et timbres pour 1921. Aussi je vous prie de vouloir bien faire les commandes en temps utile, en spécifiant bien l'année 1921 de façon à ce que ces fournitures puissent être détachées de la comptabilité de 1920.

Les quelques fédérations qui n'ont pas encore payé leur quote-part pour l'impression du Congrès de Strasbourg et le rappel d'augmentation du timbre à partir du 1er juillet sont avisées qu'il ne sera pas tenu compte de leurs commandes et que la totalité ou partie de cette dette sera retenue sur le remboursement des frais de voyage de leur délégué au Congrès de Tours. - Le trésorier du Parti : Grandvallet.

 

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La grande misère des finances communales

Le groupe parlementaire a désigné le citoyen Uhry pour intervenir sur la détresse des finances communales des régions libérées. Uhry déposera prochainement une demande d'interpellation.

Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du vendredi 19 novembre 1920

- résultats du vote de sections

- réponse de L’Humanité au journal Le Populaire, suite à la publication de « l’ukase de Zinoviev »

- résultats de vote en Suisse sur la IIIe Internationale

- « Le Parti social-démocrate indépendant d’Allemagne et la IIIe Internationale », par Walter Stœcker

- « après trois semaines de détention, un non-lieu pour les jeunes communistes »

- « Souvarine réfute des racontars de policiers » [Ne serait-il pas contraire à votre procédure, Monsieur le juge, de m'interroger un jour sur le complot et de me confronter avec mes co-inculpés ?]

- « les meetings pour la Révolution russe », notamment à Somain (Nord) et Saint-Quentin

- expression aux fédérations du trésorier du Parti sur les cartes et les timbres 1921

- écho de l’activité parlementaire de Jules Uhry

le 18 November 2020

 
 

Il y a cent ans : L'Humanité au jour le jour

 
 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)