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Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du dimanche 7 novembre 1920

L'Humanité, journal socialiste quotidien

À partir du site internet Gallica, de la Bibliothèque nationale de France

 

L'Humanité du dimanche 7 novembre 1920

 

Vive la République des Soviets !

Tactique révolutionnaire - par Lenine

Nous extrayons des dernières pages du nouveau livre de Lénine  Le Communisme de gauche, maladie infantile du Communisme, les passages suivants, dans lesquels le grand révolutionnaire insiste sur les qualités de « souplesse » et de réalisme que réclame la conduite du mouvement prolétarien.

L'histoire en général, et l'histoire des révolutions en particulier, est toujours plus riche de contenu, plus variés de formes et d'aspects, plus vivante, plus « rusée », que ne se le figurent les meilleurs partis, les plus conscientes avant-gardes des classes les plus avancées. C'est d'ailleurs compréhensible, car les meilleurs avant-gardes expriment la conscience, la volonté, la passion, l'imagination de dizaines de milliers d'hommes, tandis que la révolution est faite à un moment de particulières excitation et tension de toutes les facultés humaines, par la conscience, la volonté, la passion, l'imagination de dizaines de millions d'hommes, fouettés par la plus acerbe des luttes de classes. De là découlent deux conclusions pratiques de très grande importance : la première est que la classe révolutionnaire, pour réaliser sa tâche, doit savoir mettre la main sur toutes les formes et sur tous les côtés, sans la moindre exception, de l'activité sociale (quitte à compléter après la conquête du pouvoir politique, au prix parfois de risques et de dangers immenses, ce qu'elle n'a pas terminé avant cette conquête ; la seconde est que la classe révolutionnaire doit être prête à remplacer à l'improviste, et sans délai, une forme par une autre.

Chacun le reconnaîtra : insensée ou même criminelle serait la conduite d'une armée qui ne se préparerait pas à mettre la main sur toutes les espèces d'armes, tous les moyens et toutes les méthodes de lutte que possède ou peut posséder l'ennemi. Mais cette vérité s'applique encore davantage à la politique qu'à l'art militaire. En politique plus encore qu'ailleurs, on peut savoir à l'avance quel moyen de lutte sera, dans telles ou telles conditions futures, applicable et avantageux pour nous. Ne pas posséder tous les moyens de lutte, c'est risquer de subir une défaite colossale, parfois même décisive, pour peu que des changements indépendant de notre volonté, survenant dans la situation des autres classes, mettent à l'ordre du jour une forme d'action dans laquelle nous sommes particulièrement faibles. Possédant, au contraire, tous les moyens de lutte, nous triomphons à coup sûr dès lors que nous représentons les intérêts de la classe réellement à l'avant, réellement révolutionnaire, même si les circonstances ne nous permettent pas de mettre en œuvre l'arme la plus dangereuse de toutes pour l'ennemi, l'arme qui porte, le plus vite, les coups mortels.

Les révolutionnaires inexpérimentés pensent souvent que les moyens légaux sont entachés d'opportunisme, car c'est sur ce terrain que la bourgeoisie a le plus souvent (surtout dans les périodes dites pacifiques, les périodes non révolutionnaires) trompé les ouvriers, leur a le plus souvent bourré le crâne ; et que les moyens illégaux sont révolutionnaires. Ce n'est pas juste. Ce qui est juste, le voici : les vrais opportunistes et les vrais traîtres à la classe ouvrière, ce sont les partis et les chefs qui ne savent pas ou qui ne veulent pas (ne dites pas : je ne peux pas, mais dite : je ne veux pas) appliquer les moyens illégaux dans une situation comme par exemple celle de la guerre impérialiste de 1914-1918, où la bourgeoisie des pays démocratiques les plus libres trompait les ouvriers avec un comble d'insolence et de cruauté, en interdisant de dire la vérité sur le caractère de rapine de la guerre. Et les révolutionnaires qui ne savent pas joindre aux formes illégales de lutte toutes les formes légales sont de très mauvais révolutionnaires.

Il est facile d'être révolutionnaire le jour où la révolution a éclaté et a tout embrasé, le jour où tout le monde et chacun adhère à la révolution par simple entraînement, par mode, ou même parfois par intérêt personnel et désir de faire carrière. Pour se libérer de pareils « révolutionnaires », il en coûte ensuite au prolétariat, après sa victoire, les peines les plus lourdes, un vrai tourment de martyr. Il est infiniment plus difficile, et infiniment plus méritoire de savoir être un révolutionnaire lorsque la situation ne permet pas encore la lutte directe, franche, la vraie lutte en masse, la lutte véritablement révolutionnaire est de savoir alors défendre les intérêts de la révolution (par la propagande, par l'agitation, par l'organisation) dans des institutions non révolutionnaires, et même, pour une part, positivement réactionnaires, dans une atmosphère non révolutionnaire, parmi une classe incapable de comprendre immédiatement la nécessité d'une méthode d'action révolutionnaire. Savoir trouver, toucher du doigt, déterminer au juste le chemin concret ou la tournure spéciale des événements qui conduira les masses vers la vraie et grande lutte révolutionnaire, finale est décisive, voilà en quoi consiste le rôle principal du communisme contemporain en Occident et en Amérique.

…La bourgeoisie ne voit dans le bolchevisme qu'un seul de ses aspects ou presque : l'insurrection, la violence, la terreur ; par suite, elle tâche de se préparer à la parade et à la résistance de ce côté-là particulièrement. Il est possible que, dans certains cas, dans certains pays, pour tel ou tel court laps de temps, elle y réussisse : c'est une éventualité dont il faut tenir compte et cette réussite de la bourgeoisie n'a absolument rien pour nous effrayer. Le communisme pousse littéralement par tout les pores de la vie sociale ; ses bourgeons existent littéralement partout ; la « contagion » (pour employer une des comparaisons favorites de la bourgeoisie et de la police bourgeoise, et qui a pour elle un charme particulier) a pénétré dans l'organisme et s'y est implantée solidement. Si on se met avec un zèle particulier à boucher une des issues, la contagion se trouvera toujours une autre issue, parfois la plus inattendue. La vie prendra le dessus. La bourgeoisie a beau se trémousser, perdre la raison de dépit, dépasser les limites permises, commettre sottise sur sottise, se venger à l'avance des bolcheviks et s'efforcer de massacrer comme dans l'Inde, en Hongrie, en Allemagne et ailleurs des centaines, des milliers, des centaines de milliers de bolcheviks de demain ou de hier : en agissant ainsi, la bourgeoisie fait ce qu'ont toujours fait les classes condamnées à mort par l'histoire.

Les communistes doivent savoir que l'avenir, quoi qu'il arrive, leur appartient. Et c'est pourquoi nous pouvons et nous devons unir dans la grande lutte révolutionnaire l'ardeur la plus passionnée au sang-froid le plus grand et à l'estimation la plus tranquille des agitations forcenées de la bourgeoisie.

La Révolution russe a été cruellement écrasée en 1905 : les bolcheviks russes ont été défaits en juillet 1917 ; plus de 15 000 communistes allemands ont été massacrés grâce aux habiles provocations et aux adroites manœuvres de Scheidemann et de Noske alliés à la bourgeoisie et aux généraux monarchistes ; la terreur blanche fait rage en Finlande et en Hongrie, mais dans toutes les occasions et dans tous les pays le communisme se trempe et croît ; ses racines sont si profondes que les persécutions, au lieu d'affaiblir et de tuer sa force, l'augmentent. Il ne manque qu'une seule chose pour que nous marchions à la victoire avec plus de confiance et de fermeté : c'est la conscience entièrement réfléchie que doivent avoir les communistes en tous lieux et en tous pays de la nécessité d'arriver au maximum de souplesse dans leur tactique. Avec sa magnifique croissance, surtout dans les pays avancés, le communisme manque aujourd'hui de cette conscience on ne sait pas assez la mettre en pratique.

LENINE

 

 

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A​nniversaire - par Marcel Cachin

Ils sont entrés dans l'histoire par la grande porte.

J.Sadoul.

En ce jour, commence la quatrième année de vie pour la République des Soviets.

Relisons quelques extraits des Notes sur la Révolution bolchevique, où Sadoul (pages 55 et 69) fixe ses impressions quotidiennes sur les deux journées des 7 et 8 novembre 1917 (25 et 26 octobre de l'ancien style).

À cette époque, notre ami n'était pas encore bolcheviste. Cependant, il percevait déjà l'importance, la profondeur, l'avenir du mouvement populaire qui débutait à Petrograd.

Cette nuit (7 nov.) s'est déclenchée l'insurrection bolcheviste. Heure par heure, nous apprenons que les gares, les banques d'État, le télégraphe, le téléphone, la plupart des ministères sont tombés entre les mains des insurgés.

…Toute la garnison de Petrograd est avec eux. Toutes les administrations sont entre leurs mains. Le gouvernement provisoire est assiégé dans le Palais d'Hiver. Il aurait été fait prisonnier déjà si le Comité révolutionnaire avait voulu user de violence, mais à Smolny, on veut que la deuxième révolution ne fasse couler une seule goutte de sang.

…Demain, congrès des Soviets : on y développera le programme du gouvernement bolchevique qui sera immédiatement constitué. Ce programme, le voici en ses articles essentiels :

- Proposition aux peuples belligérants d'un armistice permettant l'ouverture des pourparlers en vue d'une paix démocratique et juste.

- Suppression de la grosse propriété foncière ; remise de la terre aux paysans.

- Contrôle ouvrier sur la production et la répartition des produits.

- Suppression de la peine de mort.



Le lendemain, 8 novembre, se réunit le Congrès régulier qui accepta ce programme d'action. La scission ne s'est pas encore produite entre bolcheviks et mencheviks ; mais Sadoul signale que les premiers manifestent de plus en plus leur enthousiasme, leur esprit d'initiative et d'audace après le succès de l'insurrection, tandis que les seconds sont sans confiance et ne savent à quoi se résoudre.

On leur a proposé de constituer un gouvernement révolutionnaire commun. Mais, après d'interminables discussions, l'entente n'a pu s'établir en raison de leur indécision et de leurs exigences. Au témoignage de Sadoul, Lénine s'en montre plus peiné qu'irrité.

Cependant, que va faire le pays lui-même ? Car les premiers jours, Pétrograd seul s'est nettement affirmé en faveur des bolcheviks.

Trotsky se montre plein d'espoir et dit ses raisons :

Toute révolution comporte des aléas, mais les chances de succès sont énormes. La préparation a été minutieuse. L'organisation s'étend sur tout le territoire russe ou un millier de comités a été constitué. La presque totalité de l'armée est désormais acquise. Les masses paysannes vont être séduites par la remise de la terre des gros propriétaires. Appuyé sur ces deux éléments, le mouvement doit réussir.

Comme il fallait s'y attendre les officiers étaient d'un sentiment tout autre. L'ambassadeur russe à Paris, Maklakov, proclamait que les « bolchevistes ne resteraient pas au pouvoir plus d'une semaine ». L'ambassadeur français en Russie escomptait, en son épaisse ignorance, « un écrasement rapide des insurgés ». Sadoul, lui, criait : « Casse-cou ! » Il écrivait, le 9 : « Aucune force russe ne peut briser aujourd'hui le bolchevisme ». Il ajoutait (page 65) : « La Russie est en démocratie révolutionnaire. L'immense majorité de l'armée, des masses ouvrières et paysannes suit les chefs bolchevistes. Les démocraties occidentales se couvriraient de honte en tentant d'écraser ce mouvement idéaliste ».

Ainsi parlait cet homme clairvoyant, mais il s'adressait à des sourds et à des aveugles. Les représentants officiels de notre gouvernement n'ont cessé de répéter depuis lors que « le pouvoir usurpateur » n'avait aucune chance de durée. Or, depuis trois années révolues il vit, en dépit de leur haine, malgré des attentats répétés et une guerre sans merci.

Il vit ; par miracle il a résisté à l'univers capitaliste. Depuis de longs mois, il appelle à son aide les classes ouvrières engourdies du monde entier. Il commence à trouver tout de même que leur réveil tarde beaucoup !

Marcel Cachin.

 

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Communisme et Liberté

Nous nous proposons comme but final la suppression de l'État, c'est-à-dire de toute violence organisée et systématique, de toute contrainte envers les hommes en général.

Nous ne souhaitons pas l'avènement d'un ordre social où ne serait plus observé le principe de soumission de la minorité à la majorité. Mais en aspirant en socialisme, nous avons la conviction qu'il prendra la forme du communisme et que, par suite, disparaîtra toute nécessité de recourir à la violence contre les hommes, à la soumission d'un homme à un autre, d'une partie de la population à une autre partie, les hommes en effet s'habitueront à observer les conditions élémentaires de la vie sociale sans contrainte et sans subordination.

Lénine.

 

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L'État disparaîtra un jour

L'État pourra mourir complètement lorsque la société aura réalisé le principe : « chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins », c'est-à-dire lorsque lorsqu'on se sera tellement habitué à observer les règles primordiales de la vie sociale et lorsque le travail sera devenu si productif, que tout le monde travaillera volontairement selon ses capacités.

L'« horizon étriqué du droit bourgeois », qui oblige à faire des calculs à la Shylock : « N'aurais-je pas par hasard travaillé une demi-heure de plus que mon voisin ? Mon voisin n'aurait-il pas touché plus que moi » ? C'est étroit horizon sera dépassé. La répartition des produits n'exigera plus la fixation par la société de la quantité de produits revenant à chacun, chacun sera libre de prendre « selon ses besoins ».

Lénine.

 

 

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Entre la société capitaliste et la société communiste se place la période de transformation révolutionnaire, de passage de l'une à l'autre. À cette période correspond aussi une période de transition politique dans laquelle l'État ne peut être que la dictature révolutionnaire du prolétariat. 

(1875) Karl Marx.

 

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Le devoir - par Varine

Aujourd'hui, 7 novembre, nous célébrons le troisième anniversaire de la République socialiste des Soviets de Russie, à laquelle les bourgeois et les social-patriotes de tous les pays ne donnaient pas huit jours à vivre, et dont ils ne se lassent pas d'annoncer, chaque matin, la mort imminente.

N'eût-elle seulement que vécu, la République des Soviets eût donné au monde une leçon inoubliable. Un prolétariat terrassant la bourgeoisie de son pays, abrogeant son pouvoir, lui arrachant ses privilèges, la contraignant par la force à restituer tout ce qu'elle a volé pendant des siècles, quel exemple pour les autres prolétariats ! La bourgeoisie mondiale assaillant furieusement les audacieux qui attentent au droit bourgeois, et tenue en respect pendant trois années par les prolétaires de Russie, quel encouragement pour tous les prolétaires !

Les dix semaines de la Commune ont laissé dans l'Histoire une trace ineffaçable. Trente-six mois de régime soviétique ouvrent une ère nouvelle.

La République des Soviets n'a pas seulement vécu. Elle a créé. De nouvelles formes sociales s'élaborent, de nouveaux rapports économiques s'instituent, sur les décombres de la vieille société infernale écroulée ; et un esprit nouveau anime la vie des hommes libérés. Le capital privé n'est plus, et l'exploitation du labeur humain n'est que souvenir. Le travail est l'ordre et la loi. L'utile a remplacé le profit. L'homme n'est plus esclave, la femme n'est plus sujette, l'enfant n'est plus bétail. Seul le paresseux, l'ennemi de la société nouvelle est paria. L'intelligence, la science, la technique, le progrès, sont mis au service de la production pour tous. Si la puissance ténébreuse de la réaction internationale, par la guerre et le blocus, impose les privation et la misère, elles sont le lot de tous : nulle opulence, aucun luxe n'y insultent.

La République des Soviets n'a pas encore instauré le régime communiste. Elle n'a jamais prétendu y parvenir si vite et dans de telles circonstances. Qu'il se lève, l'imbécile qui réclame la fondation de la société communiste en trois ans ! Mais les bolcheviks ont réalisé des prodiges dans les conditions où ils ont travaillé. Ils se sont parfois trompés, ils ont commis quelques fautes : mais qui leur a attribué l'omniscience et l'infaillibilité ? Par contre, ils ont accompli le tour de force d'établir les fondements du communisme tout en se battant contre un monde d'ennemis.

Tous les hommes qui pensent et qui s'informent savent que les bolcheviks, en prenant le pouvoir, ont hérité du chaos. Avec une industrie paralysée, des transports ruinés, des stocks appauvris ou épuisés, un outillage insuffisant, un personnel de techniciens dérisoire, une production tarie ; privés du concours énorme que l'étranger apportait autrefois à la Russie ; séparés pendant des mois et des années de la Sibérie, de l'Oural, du Caucase et de l'Ukraine, c'est-à-dire de la houille, du minerai, du pétrole, du coton, des céréales ; isolés, bloqués, accablés sous les coups d'adversaires implacables qui avaient franchi la Volga, dépasser Orel, atteint les faubourgs de Pétrograd, les bolcheviks ont vaincu la peste contre-révolutionnaire en même tant que le typhus exanthématique et triomphé d'un indescriptible désordre ! Ils ont rétabli la capacité fonctionnelle du grand corps russe épuisé, créé des organes économiques originaux, assuré la production nécessaire à la vie du pays, répandu l'instruction, bâti des écoles, tout en équipant, organisant, armant, ravitaillant l'armée de deux millions de soldats qui a sauvegardé la Révolution ! En vérité, est-il dans l'Histoire quelque chose de comparable à cet œuvre surhumaine ?

Léon Blum disait justement ici-même que si le régime bolchevik avait échoué, sa faillite ne prouverait rien, puisque l'expérience a été manifestement faussée par des circonstances exceptionnelles, comme la guerre et le blocus. Cet argument de simple bon sens fait justice des absurdités que certains « enquêteurs » présentent comme la conclusion de leurs investigations en Russie. Par contre, que les bolcheviks aient surmonté les difficultés les plus menaçantes, paré aux dangers les plus pressants, satisfait aux besoins les plus urgents, et qu'ils aient même ouvert de nouveaux champs d'activité sociale bienfaisante, c'est là une irrécusable démonstration des facultés créatrices du prolétariat maître de ses destins. Aucun gouvernement, aucun régime n'aurait pu survivre à la crise que traverse un pays affamé et ruiné par plus de six ans de guerres ; le gouvernement bolchevik, le régime soviétique se fortifient chaque jour et gagnent la confiance indestructible de millions de travailleurs.

Mais le troisième anniversaire de la république des Soviets ne saurait nous inciter à une admiration extatique. La Révolution a besoin de secours et non de contemplation béate. Qu'avons-nous fait pour secourir la Révolution prolétarienne ? Pour ainsi dire, rien. Il faut en discerner la véritable raison parmi toutes les explications déjà données, et dénoncer l'erreur révélée. Il nous paraît évident que le Parti (c'est-à-dire la fraction qui fut jusqu'à ce jour la majorité) porte la responsabilité essentielle de la carence du prolétariat français dans l'effort de solidarité internationale accompli pour protéger la Révolution. La politique de cette majorité a été fort bien définie par Pressemane dans l'Humanité du 20 septembre comme « résolument favorable au droit des Russes d'accomplir la Révolution ainsi qu'ils entendent ». Il est impossible de mieux dévoiler la faute capitale de nos majoritaires. Leur point de vue est celui de républicains honnêtes, de petits bourgeois pacifiques : « Ne nous mêlons pas des affaires des Russes. Nous n'avons pas le droit de contrecarrer par la force leurs entreprises ni de leur imposer par les armes notre volonté. » Que Ferdinand Buisson, Gustave Téry ou Ponsot défendent cette conception, rien de mieux, et nous ne pouvons leur demander davantage. Mais que des socialistes la tiennent pour le dernier mot de la doctrine d'un Parti de lutte de classes et de révolution, c'est pure aberration.

Notre point de vue révolutionnaire est tout autre : « la Révolution sociale, que les conjonctures historiques ont suscité d'abord en Russie, n'est pas un événement exclusivement russe. Elle doit logiquement s'étendre sur le front mondial de la lutte des classes. À la bourgeoisie internationale solidaire de la bourgeoisie russe, opposons toutes les forces du prolétariat révolutionnaire international solidaire. Chaque coup porté à la Révolution russe frappe la Révolution universelle. Le sang des prolétaires russes ne coule pas seulement pour la défense de leurs intérêts, mais pour la protection des intérêts de tous les prolétaires du monde, pour le salut de tous les exploités et de tous les opprimés. La lutte soutenue par les travailleurs russes est notre lutte, leur cause notre cause, leur victoire sera notre victoire, leur défaite serait l'anéantissement de nos espérances. »

Ce point de vue est celui de l'Internationale communiste, que d'aucuns prétendent séparer de la Révolution russe parce qu'ils ne comprennent pas quelle est la Révolution généralisée. Nous espérons que les travailleurs le comprendront, et qu'ils se grouperont de plus en plus nombreux autour du drapeau de l'Internationale communiste, qui sauvera la Révolution russe en accomplissant la Révolution internationale. 

Varine.

Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du dimanche 7 novembre 1920

VIVE LA RÉPUBLIQUE DES SOVIETS ! (à l’occasion du 3e anniversaire de la Révolution)

- « Tactique révolutionnaire » par Lénine, extrait de « Le Communisme de gauche, maladie infantile du Communisme »

- « Anniversaire », par Marcel Cachin

- « Communisme et Liberté » et « L’État disparaîtra un jour » de Lénine

- « le devoir » par Varine

- « Pour l’anniversaire - Aux prolétaires de tous les Pays ! », par Zinoviev, président du Comité exécutif de l’IC [p. 3 de l’Huma, texte non extrait]

 

 

 

le 06 November 2020

Il y a cent ans : L'Humanité au jour le jour

 
 
 
 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)