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Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du samedi 6 novembre 1920

L'Humanité, journal socialiste quotidien

À partir du site internet Gallica, de la Bibliothèque nationale de France

 

L'Humanité du samedi 6 novembre 1920

 

 

AVANT LE CONGRES

Motion d'adhésion, avec réserves, à la IIIe Internationale

Voici la motion rédigée par la Commission nommée à cet effet par le Comité pour la Reconstruction de l'Internationale, « en collaboration avec des membres démissionnaires du Comité de la IIIe internationale. »

Le Parti socialiste, appelé à délibérer sur la question de l'adhésion à la IIIe Internationale, prend acte des thèses et conditions formulées par le 3e Congrès de Moscou.

Répondant à l'invitation qui lui a été faite par le Comité Exécutif de l'Internationale Communiste, il tient à exprimer en toute camaraderie et franchise sa pensée sur les divers problèmes soulevés devant le Socialisme International.

Il résume de la façon suivante cette pensée, précise sa doctrine, fait connaître ses méthodes d'action avec l'espoir d'aider ainsi au regroupement, dans le sein même de la IIIe Internationale, de toutes les forces ouvrières du monde, restées fidèles aux principes socialistes.

Il reconnaît la nécessité pour lui d'être de plus en plus un organisme de combat vigoureux et discipliné qui ne doit pas hésiter à employer contre la bourgeoisie et les gouvernements capitalistes tous les moyens que commanderont les situations et les circonstances.

Avec le Congrès International d'Amsterdam (août 1904) il « repousse ou répudie de la façon la plus énergique les tentatives révisionnistes tendant à changer notre tactique éprouvée et glorieuse basée sur la lutte do classes et à remplacer la conquête du pouvoir politique de haute lutte contre la bourgeoisie par une politique de concession à l'ordre établi.

« La conséquence d'une pareille tactique révisionniste serait de faire d'un parti qui poursuit la transformation la plus rapide possible de la société bourgeoise en société socialiste d'un parti par suite révolutionnaire dans le meilleur sens du mot, un Parti se contentant de réformer la société bourgeoise. »

Le Parti, proclame qu'en dehors de la prise du pouvoir par la classe ouvrière et paysanne, il ne saurait y avoir pour le monde du travail que duperie et continuation d'une servitude qui doit, coûte que coûte, finir.

La conquête du pouvoir doit être, parallèlement à l'éducation et à l'organisation des masses, la préoccupation dominante du Parti et de la classe ouvrière et paysanne.

LA DICTATURE DU PROLÉTARIAT

Le Parti déclare qu'au lendemain de la prise du pouvoir, et pendant toute la durée de la période transitoire qui ira de cette prise du pouvoir à la réalisation même du socialisme, la dictature impersonnelle du prolétariat devra s'exercer en toute souveraineté.

Cette dictature devra être exercée par le prolétariat organisé, c'est-à-dire par les mandataires qualifiés des syndicats et des coopératives, en collaboration étroite avec le Parti Socialiste, dont l'existence et le rôle ne prendront fin qu'avec la période de transition elle-même et la disparition totale de la bourgeoisie et aussi, éventuellement, par des Conseils d'ouvriers et paysans.

LE PARLEMENTARISME

Le P. S. n'a jamais surestimé la valeur du système parlementaire. Il n'en est que mieux disposé à admettre Un nouveau mode de représentation non plus basé sur la qualité de citoyens, mais sur celle de producteurs. De même qu'il fait sienne la formule de la Révolution russe « qui ne travaille pas, ne mange pas », il adopte aussi celle qui exclut du droit de vote et d'éligibilité tous les non-producteurs.

Mais tant que le pouvoir n'est pas conquis le Parti considère comme un devoir révolutionnaire de prendre part aux élections de tout genre, la bataille électorale étant une des formes de la lutte de classe ou devant en être, en tout cas, une manifestation.

Les élus du Parti, au- Parlement doivent avant tout faire œuvre d'opposition irréductible aux gouvernements, quels qu'ils soient ; utiliser la tribune à des fins de propagande et d'agitation ; marquer en toute occasion l'antagonisme des classes au lieu de le masquer, ce qui n'exclut en aucune manière la possibilité pour eux de prendre l'initiative de déposer des projets de loi favorables aux intérêts immédiats de la classe ouvrière et paysanne, dont ils doivent, sur tous les terrains et dans tous les domaines, être à la fois les mandataires et les défenseurs. Toute participation des élus du Parti au pouvoir bourgeois est naturellement interdite, même en cas de circonstances exceptionnelles. Tout élu du Parti qui accepterait de participer à une combinaison ministérielle éventuelle ou effective se mettrait par cela même en dehors du Parti.

Les élus du Parti comme, d'ailleurs, les simples militants, doivent refuser, sous peine d'exclusion, toute fonction, délégation ou mission diplomatique, politique, économique ayant un caractère officiel ou officieux de représentation gouvernementale,

LE PARTI ET LES SYNDICATS

Les Syndicats étant, en régime capitaliste, une organisation de défense professionnelle et de combat contre le patronat et devant devenir la cellule de production en régime socialiste, le Parti fait une obligation stricte à ses adhérents de se syndiquer. Il considère comme indispensable une entente permanente entre la C. G. T. et le Parti.

Respectueux de l'autonomie de la C.G.T., il affirme qu'aucune des deux organisations ne saurait être subordonnée à l'autre, en quelque mesure que ce soit. Mais le syndicalisme révolutionnaire et le socialisme se proposant un but identique qui est la suppression du salariat, le Parti préconise la représentation, par l'intermédiaire d'une délégation de la Commission administrative de la C. G. T. à la C. A. P. du Parti et de la C. A. P. du Parti à la Commission administrative de la C. G- T. en vue d'une action commune.

Les syndicats sont seuls qualifiés d'autre part, pour dire s'ils entendent rompre avec l'Internationale, syndicale d'Amsterdam, le Parti ne saurait s'immiscer dans un débat de cette nature.

Le Parti n'est pas hostile à la constitution de Comités de fabriques ou d'usines, mais il estime que ces Comités ne sauraient remplacer les syndicats, lesquels doivent conserver le contrôle des dits Comités.

LA QUESTION AGRAIRE

Le Parti attache une importance capitale à la question agraire ; il ne nie pas que la Révolution puisse être déclenchée avec le seul concours des ouvriers dos grandes villes, mais il pense qu'elle ne saurait durer et triompher sans, tout au moins, la neutralité des paysans.

Contrairement aux calomnies répandues dans les campagnes, le Parti déclare que le socialisme au pouvoir respectera la petite propriété paysanne créée et mise en valeur par le travail de ceux qui la détiennent.

Cette propriété étant le fruit du travail de ses détenteurs, le socialisme ne saurait y toucher et n'y touchera pas. Seuls, seront socialisés les grands domaines qui seront collectivement donnés aux fermiers, métayers et ouvriers agricoles chargés par le nouveau régime de les exploiter au profit de la nation.

LES NATIONALITÉS OPPRIMÉES ET LE COLONIALISME

Le P. S. s'affirme l'ami de tous les peuples opprimés et en particulier des indigènes des colonies françaises. Il se déclare prêt à servir, par tous les moyens, sauf par la guerre, l'action émancipatrice de ces populations à qui il reconnaît comme sacré le droit de disposer librement d'elles-mêmes.

LES CONDITIONS

Le Parti pense que l'adhésion à la IIIe Internationale n'est pas facilitée par un système de conditions impérieuses et identiques pour tous les pays. Il a le devoir de dire, en toute loyauté qu'un certain nombre de ces conditions sont, à son sens, contraires à l'intérêt autant qu'à la tradition du mouvement socialiste français et d'une application impossible ou néfaste.

Il fait notamment, des réserves sur les conditions qui ont trait à l'organisation intérieure du Parti.

Il lui apparaît légitime que l'Internationale impose à toutes ses sections des directives générales d'action en vue d'aboutir à un maximum de rendement révolutionnaire et à la constitution, si possible, d'un front unique de combat contre le capitalisme mondial. Il ne saurait tolérer qu'on exige de lui une constitution et un règlement qui ne sauraient être les mêmes dans tous les pays et qu'il doit, en toute liberté, et dans la plénitude de sa souveraineté être seul à déterminer.

Le Parti ne croit pas possible, par exemple, ni désirable de créer des organisations clandestines qui auraient pour le moins le désavantage de faire, avec lui, double emploi ; de procéder à l'exclusion (sauf pour des cas d'indiscipline ou actes de nature à nuire gravement au Parti) de quelques camarades que ce soient, et particulièrement de ceux qui, en des heures difficiles, eurent le mérite de relever le drapeau socialiste et internationaliste, tombé de mains défaillantes ; d'épurer automatiquement et périodiquement ses rangs d'éléments dont il serait extrêmement difficile d'établir s'ils sont ou non « petits-bourgeois », la qualité du petit-bourgeois n'ayant pas été jusqu'ici définie ; de subordonner le mouvement syndical au Parti, de changer le titre du Parti, etc.

Les 20e et 21e conditions lui paraissent particulièrement inacceptables parce que portant atteinte, d'une part, à son autonomie et de nature, d'autre part, à provoquer la division complète qu'il considérerait, surtout dans la période présente, comme devant être extrêmement nuisible au prolétariat et à la cause même de la Révolution.

Décidé à transformer la C. A. P. en Comité directeur avec des pouvoirs plus étendus, le Parti n'entend pas cependant enfreindre l'autonomie nécessaire des Fédérations ni substituer à sa propre autorité, qui doit rester entière, l'autorité de quelques camarades appartenant à la seule Fédération de la Seine et désignés par le plus brutal et le plus arbitraire des scrutins.

Lé Parti doit se gouverner lui-même par ses Congrès et par son Conseil national, qui doit être maintenu. Seul, un Congrès spécial extraordinaire peut d'ailleurs apporter aux statuts actuels les modifications souhaitables et nécessaires.

Fidèle à sa tradition, à son règlement, à l'esprit de tolérance qui, par-dessus toutes les batailles de tendances, l'a toujours guidé et qui lui a permis de garder jusqu'à cette heure une unité qu'il croit plus indispensable que jamais ; fidèle à la mémoire et à l'enseignement de Jaurès, en la communion duquel tous les socialistes sincères peuvent se rencontrer, le Parti estime que les diverses fractions qui le composent doivent, quelle que soit la majorité du jour, conserver leurs droits et qu'on ne saurait, sans détruire l'unité du Parti, leur refuser dans tous les organismes du Parti une part de représentation proportionnée à leur importance numérique. Les modalités d'application de la représentation proportionnelle pourront, naturellement, être déterminées à nouveau.

Tel est, sur tous les problèmes soulevés par le 2e Congrès de Moscou, le point de vue très nettement exprimé du Parti socialiste français. C'est dans cet esprit et sous ces réserves que le Parti Socialiste :

1° Demande son adhésion à l'Internationale communiste ;

2° Continuera à maintenir son contact avec toutes les organisations socialistes ayant quitté la IIe Internationale, afin de réaliser, au plus vile, l'unité mondiale du socialisme au sein de la IIIe Internationale.

Il désigne une délégation de X… membres élus par le Congrès avec représentation proportionnelle pour aller porter le présent document au Comité exécutif de l'Internationale communiste avec laquelle elle entrera en négociations en vue d'aplanir les difficultés actuelles et d'aboutir à un accord fraternel et définitif.

POUR LA REVOLUTION RUSSE

Le Congrès ne veut pas se séparer sans adresser à la République des Soviets son hommage de sympathie et d'admiration ; il sait l'effort magnifique qu'elle mène pour se défendre contre les entreprises criminelles des capitalistes coalisés contre la première grande Révolution ouvrière et paysanne que le monde ait vue et pour réaliser, au milieu de difficultés intérieures et extérieures innombrables, le régime communiste. Il connaît sa ténacité, son héroïsme, ses souffrances. Il considérerait sa disparition comme le plus grand malheur qui pourrait frapper le prolétariat universel.

Il s'engage par tous les moyens qu'il pourra employer à l'aider, à la secourir, à s'efforcer de la sauver.

Le premier devoir des membres du Parti est, en tous temps et en tous lieux, de prendre la défense de la République des Soviets jusqu'à ce que sous la pression des masses ouvrières et paysannes, le gouvernement français la reconnaisse ou tout au moins, cesse sa politique criminelle de blocus et d'intervention détournée, lui permette de se développer librement. C'est l'action la plus pressante qui s'impose aux membres du Parti.

Le Congrès compte qu'ils n'y failliront pas, et que le triomphe enfin assuré de la Révolution russe sera le prélude de la Révolution sociale universelle que le Parti français appelle de tous ses vœux et à l'avènement de laquelle il ne cessera, pour sa part, de travailler inlassablement.

Pour le Comité de la Reconstruction :

Le secrétaire : Paul FAURE.

La Commission des Résolutions : J. DESVAUX, E. FROT, GRANDVALLET, Pierre LAINE, FARINET, A. LE TROQUER, conseiller municipal de Paris ; Louis LEVY, Jean LONGUET, MANIER, conseiller municipal de Champigny ; Maurice MAURIN, Raoul VERFEUIL.

Ont également signé : […]

Nous publierons ultérieurement la liste des autres camarades de province qui doivent faire parvenir leurs signatures.

 

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POUR LA MOTION D'ADHÉSION

ADHÈRENT A LA MOTION D'ADHESION : Launat (8e section) ; Rebersat (Sceaux) ; Souti (15e section) ; Philippe, maire de Saint-Denis ; Boureau, adjoint au maire ; Bourgeois, secrétaire de la section ; Boin, ancien secrétaire.

 

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PARTI SOCIALISTE (S. F. I. 0.)

FEDERATION DE LA SEINE

Congrès Fédéral

Le prochain Congrès fédéral de la Seine aura lieu aux dates et avec le programme suivants :

Dimanche 14 novembre, à 9 heures du matin et à 2 heures de l'après-midi, dans la grande salle de la Bellevilloise, rue Boyer : Discussion générale sur l'adhésion à la IIÏe Internationale.

Dimanche 21 novembre, à 9 heures du matin et à 2 heures de l'après-midi, dans la salle des Fêtes de la mairie du Pré-Saint-Gervais : Suite et fin de la discussion sur l'adhésion à la IIIe Internationale.

Dimanche 28 novembre, dans la grande salle de la Bellevilloise, rue Boyer :

À 9 heures du matin : Rapports de la Trésorerie, du groupe parlementaire, de l'Humanité, etc.

À 2 heures de l'après-midi : Votes.

N.-B. - Vu l'importance extraordinaire des décisions que la Fédération est appelée à prendre relativement à son orientation, la C.E. a résolu de ne pas consacrer moins de deux séances aux discussions motivées par la proposition d'adhésion à la IIIe Internationale.

Notification ayant été faite au Bureau fédéral, que les rapports de la Trésorerie, du Groupe parlementaire, de l'Humanité, etc., ne pourraient lui être remis que dans la seconde quinzaine de novembre, le Bureau a jugé utile, afin que, au préalable, les Sections en puissent utilement connaître, de différer à la dernière séance du Congrès fédéral la discussion publique de ces rapports.

Le secrétaire fédéral : Georges PIOCH.

 

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PARTI SOCIALISTE

Fédération socialiste de Seine-et-Oise. - Commission d'Études de l'Internationale. - La conférence du 31 octobre des militants de Seine-et-Oise a révélé, chez la plupart, le souci dominant de l'unité socialiste. Il a été décidé qu'aucun compte rendu n'en serait publié. Une Commission composée en égalé partie de militants qui font ou non des réserves à l'adhésion à la IIIe Internationale a été nommée. En conséquence sont convoqués pour ce soir, à 15 h. au siège, 49, rue de Bretagne, les camarades ci-après :

Alleaume, Barrion, Brout René Bureau, Castels, Coëylas, Courtois, Démery, Fournier. Gérard, Glanternick, Klemczinski Knockaert, Lefieux, Michelet, Pannetrat, Pâquereaux, Ragon, René Talamas, Tribier, Vayssade, Villefranche. - Le secrétaire fédéral : L. KLEMCZINSKI.

 

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La t​radition socialiste - par Maurice Dommanget

Tous les principes qu'on oppose à la dictature du prolétariat sont un désaveu de la tradition communiste française et de l'enseignement marxiste.

Cinquante ans avant Marx, cent vingt ans avant Lénine, Babeuf et ses amis envisagèrent la dictature du prolétariat comme le seul moyen capable do briser la résistance des privilégiés.

Le Directoire secret de la conjuration des Égaux se trouva amené à résoudre une question « que les circonstances rendaient très épineuse ». dit Buonarroti. Il s'agissait de déterminer « par quelle forme d'autorité on remplacerait subitement celle dont on méditait la destruction ».

Tous les conjurés pensaient qu'il était impossible d'appeler immédiatement les assemblées primaires à nommer un Corps législatif et un gouvernement régulier. Et cela pour deux raisons essentielles. D'abord, un laps de temps assez considérable devait s'écouler entre l'insurrection et l'installation de la nouvelle autorité constitutionnelle. D'autre part, « il eût été de la dernière imprudence de laisser un moment la nation sans directeur et sans guide ». Aussi bien, le Directoire secret pensait que cet intervalle de temps serait plus long que la période électorale pour celle raison que le but principal de l'insurrection n'était pas de « changer la forme de l'administration publique », mais le fond du régime social.

Or, pour ce grand travail à la fois destructeur et constructif, la Directoire secret n'avait pas confiance dans une assemblée élue régulièrement.

L'histoire et l'expérience de la révolution française , dit Buonarroti, lui avaient appris que l'effet certain de l'inégalité est de diviser la cité, de créer des intérêts opposés, de fomenter des passions ennemies et de soumettre la multitude qu'elle rend ignorante, crédule et victime d'un travail excessif à un petit nombre d'hommes instruits et adroits qui, abusant de la préférence qu'ils ont su obtenir, ne. s'appliquent qu'à conserver et à renforcer l'ordre qui leur est exclusivement favorable.

Cela veut dire, somme toute, que les babouvistes n'étaient pas dupés des fictions électorales.

Ils sentaient très bien que la bourgeoisie forte de ses richesses, de sa culture, de son expérience des hommes et des choses, de sa puissance de corruption et de mensonge, fausse le caractère des élections et obtient toujours que le pouvoir ne lui échappe pas des mains.

Un peuple si étrangement écarté de l'ordre naturel, écrit Buonarroti, n'était guère capable de faire d'utiles choix et avait besoin d'un moyen extraordinaire qui pût le replacer dans un état où il lui serait possible d'exercer effectivement et non fictivement la plénitude de sa souveraineté. De cette manière de penser naquit le projet de remplacer le gouvernement existant par une autorité révolutionnaire et provisoire constituée de manière à soustraire à jamais le peuple à l'influence des ennemis naturels de l'égalité…

Qui exercera la dictature prolétarienne, quelle sera l'autorité capable d'opprimer la classe des riches effrontés ? Telle fut la question qu'examinèrent scrupuleusement les conjurés.

Trois propositions se trouvèrent alors en présence et il n'apparaît pas qu'une décision bien ferme ait clôturé la discussion.

Buonarroti avance que le Directoire secret s'arrêta à l'idée de faire nommer par les insurgés parisiens l'autorité provisoire à laquelle il fallait nécessairement confier le gouvernement de la classe ouvrière. On trouve dans les papiers de Babeuf une pièce qui semble faire croire autre chose.

Attendu l'impossibilité de former sur le champ des assemblées primaires, dit cette pièce, le directoire insurrecteur restera en permanence jusqu'à ce que cette nouvelle révolution soit consolidée, le bonheur du peuple assuré.

Plus tard, après la destruction de la tyrannie des riches, quand la bourgeoisie aurait été mise hors d'état de nuire, les babouvistes auraient engagé le peuple de Paris en sa qualité de forgeron révolutionnaire à créer une assemblée nationale revêtue de l'autorité suprême. Mais, peu confiants encore dans une consultation populaire et soucieux avant tout de sauvegarder les conquêtes du prolétariat, ils entendaient par des recherches scrupuleuses s'assurer des « démocrates proposés » et l'assemblée nommée, ils se réservaient le droit de veiller sur sa conduite.

On voit que Marx et Engels, en préconisant la dictature de classe du prolétariat « moment nécessaire pour atteindre à la suppression générale des différences de classe » n'ont fait que marcher sur les traces des premiers communistes français. On voit, également quelle est l'erreur des socialistes qui s'élèvent contre la dictature du prolétariat au nom de la tradition communiste française.

Mais poussons un peu plus loin nos recherches. Au moyen de quelle méthode le babouvisme, « frisson le plus ardent de la Révolution » suivant la belle et juste expression de Jaurès, entendait-il révolutionner les hommes et bouleverser les choses ? Les notes relevées par Babeuf dans le rapport de Saint-Just sur les factions sont assez explicites sur ce point. En thèse générale, « on ne fait pas de république avec des ménagements, mais avec la rigueur farouche ». De plus, les communistes ont « le droit de traiter les partisans de la tyrannie comme on traite ailleurs les partisans de la liberté ». Et Babeuf transcrit : « On a tué Marat et banni Margarot, tous les tyrans en ont marqué leur joie : craindrions-nous de perdre leur estime, en nous montrant aussi politiques qu'eux ? »

Quelles mesures voulaient donc prendre les babouvistes pour assurer le triomphe des travailleurs ? Ces mesures se résument en ceci : Etablissement de la démocratie réelle par la suppression de l'usurpation des riches : obligation du travail pour tous les valides ; refus des droits politiques aux individus qui ne servent pas le pays par un travail utile ; expropriation des biens de la terre et de l'industrie ; logement des pauvres dans les maisons des riches ; armement général des citoyens a l'exclusion des parasites ; éducation commune et égale ; interdiction à la presse bourgeoise de mentir, de calomnier et de semer la panique, etc.

Sadoul voit « l'embryon du bolchevisme » dans le Manifeste des Égaux de Sylvain Maréchal. En vérité, rien ne ressemble plus au babouvisme que le bolchevisme. Les communistes russes sont dans la pure tradition socialiste française, comme ils sont dans la pure tradition marxiste.

Une chose qui mérite d'être notée, en effet, c'est que Marx et Engels, de toutes les doctrines socialistes qui ont précédé la leur n'ont vraiment respecté que la doctrine babouviste.

Pour s'en convaincre, il suffit de lire les articles 52 à 54 du Manifeste Communiste. Aussi, Charles Andler a-t-il pu dire que le livre de Buonarroti, résumé, de la doctrine babouviste, était « l'origine vraie de tout le mouvement prolétarien moderne ».

Puissent ces notes empêcher certains socialistes de condamner la dictature du prolétariat et la Révolution russe au nom de la « tradition socialiste française ! »

Maurice DOMMANGET.

 

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À propos de l'article de Hillquit

Un de nos lecteurs nous envoie au sujet d'un passage de l'article de Moris Hillquit paru récemment dans l'Humanité la rectification suivante :

Hillquit a écrit : « …Entre les élections et la réunion de l'Assemblée (constituante) les bolcheviks réussirent à s'emparer des Soviets et de tout le mécanisme du gouvernement du pays. Ce fut alors, et seulement alors qu'ils poussèrent leur cri de guerre : « Tout le pouvoir aux Soviets », et qu'ils firent la découverte que le Soviet était le seul instrument logique du gouvernement prolétarien ».

Je me permets de rappeler à l'honorable auteur que dès le premier jour de la Révolution de février 1917 l'ordre du jour bolcheviste était : « Tout le pouvoir aux Soviets ».

Le premier congrès pan-russe des Soviets en été 1917 était constitué en grande majorité par les menchéviks et les socialistes-révolutionnaires de droite. Les bolcheviks ne formaient qu'un tiers du Congrès. Or, c'est à ce congrès, que les bolcheviks demandèrent que les Soviets prissent tout le pouvoir entre leurs mains.

 
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Une Déclaration de la « Vie Socialiste »

Le groupement, d'études et d'entente, la « Vie Socialiste » fait siennes les déclarations contenues dans la lettre du citoyen Jules Guesde à Delory au sujet du devoir socialiste.

Ces déclarations, que la V. S. ne présente pas aujourd'hui comme une motion de congrès, doivent à son avis donner actuellement aux socialistes soucieux de l'avenir du Parti les directions rendues nécessaires par la confusion du débat engagé.

Nota. - Nos lecteurs connaissent la déclaration de Jules Guesde que nous avons reproduite intégralement en première page.

 

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Un manifeste de la IIe Internationale

Londres, 5 novembre. - (Par téléphone, de notre correspondant particulier.) - Le Comité exécutif de la IIe Internationale Vient de publier un manifeste adressé aux ouvriers du monde.

Ce manifeste dit que l'unité qui a été refaite à Genève a été détruite par des mains légères. Il attaque les Bolcheviks et la IIIe Internationale (sans la nommer) et les accuse d'employer des moyens tsaristes et de démoraliser les ouvriers.

« Le socialisme signifie la paix, le bolchevisme signifie violence et guerre. »

« Le capital, ajoute le manifeste, est uni internationalement. À moins que les prolétariats ne soient organisés de même, tout un État socialiste sera détruit. La nécessité d'une unité internationale ouvrière est urgente.

« La réalisation du socialisme est seulement possible sur les bases de la démocratie, sinon c'est la misère, la famine et la fin de la production. »

 

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L'ANNIVERSAIRE DES SOVI​ETS

Paris ouvrier et révolutionnaire fêtera demain le troisième anniversaire de la République des Soviets.

Nous comptons sur une manifestation, grandiose.

Il faut qu'elle soit plus imposante encore que celle du Cirque de Paris, lorsque Cachin et Frossard nous rapportèrent de Russie la bonne parole.

La commémoration de la Révolution communiste va s'effectuer dans l'allégresse produite par la grande victoire de l'armée rouge sur le bandit Wrangel.

Mais il faut que les socialistes d'occident et ceux de France en particulier agissent enfin pour faire lâcher prise à la réaction mondiale, pour l'obliger à la paix avec les Soviets.

De grandes démonstrations populaires sont nécessaires.

Tous les socialistes de Paris et de la banlieue voudront participer à celle de dimanche et en glorifiant la République des Soviets la servir.

Camarades du Parti, des syndicats, travailleurs, venez en foule dimanche matin au meeting de la salle Wagram, et que votre manifestation soit la réponse du peuple de Paris au gouvernement de gredins qui dépense les milliards de la France pour continuer la guerre contre les ouvriers et paysans de Russie.

L'HUMANITE.

 

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POUR LE 3e ANNIVERSAIRE DE LA RÉVOLUTION RUSSE

Demain Dimanche, à 9h30 du matin, à la Salle Wagram

GRAND MEETING

sous la présidence d'honneur des camarades

LORIOT, MONATTE, SOUVARINE

emprisonnés

avec le concours de :

SEVERINE, LOUISE BODIN, MARCEL CACHIN, PAUL LOUIS,

CH. RAPPOPORT, JEAN RIBAUT, DANIEL RENOULT, TOMMASI, HENRY TORRES, TREINT,

VICTOR MERIC, P. VAILLANT-COUTURIER, NOËL GARNIER

ENTRÉE : 1 FRANC

 

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Cheminots de Sotteville-lès-Rouen et Fédération Socialiste de la Seine-Inf.

Demain dimanche à 14h30, dans la grande salle de l'Eldorado, à Sotteville-lès-Rouen

GRAND MEETING

en l'honneur du troisième anniversaire de la République russe des soviets, avec le concours dos citoyens Georges PIOCH, secrétaire de la Fédération de la Seine ; Charles RAPPOPORT, de la C.A.P. ; SIROLLE, des syndicats minoritaires.

 

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Confédération Générale du Travail

Parti Socialiste (S.F.I.O.)

Ligue des Droits de l'Homme

Paix à la Russie ! Paix à tous les peuples !

Les trois organisations ci-dessus désignées, attachées aux idées de liberté et décidées à défendre l'indépendance des peuples, se sont mises d'accord pour entreprendre une action commune en faveur de la paix avec la Russie.

Elles font appel à tous, aux travailleurs des villes et des campagnes, aux hommes de pensée libre et d'esprit clairvoyant.

Elles leur rappellent les actes successifs qui ont amené le gouvernement français jusqu'à donner - seul des gouvernements de l'Entente - sa reconnaissance officielle à Wrangel.

Elles les invitent à venir condamner toute intervention militaire, violation flagrante du droit des peuples ; toute prolongation du blocus, moyen inhumain d'affamer un peuple en pleine paix ; toute attitude de complicité avec la réaction, c'est-à-dire d'hostilité au peuple russe en révolution ; enfin, tout envoi d'armes et de munitions destinés à soutenir clandestinement une immixtion illégitime dans les affaires intérieures d'un peuple libre.

Exposer au public français l'illégalité et le danger d'une telle politique, exiger la reprise des relations normales avec un grand pays dont le concours manque tant au monde, tel sera l'objet - le seul objet - des réunions publiques que vont tenir nos trois organisations dans un grand nombre de villes de France, du 10 au 20 de ce mois.

CITOYENS, CAMARADES,

La C. G. T., le PARTI SOCIALISTE, la LIGUE DES DROITS DE L'HOMME ont réalisé cette entente pour défendre le peuple russe et lui venir en aide. L'union indispensable pour aboutir exige le concours de tous et un mutuel respect.

Venez en masse à ces réunions pour en faire une manifestation générale d'où partira ce cri unanime :

PAIX À LA RUSSIE ! PAIX À TOUS LES PEUPLES !

 

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Parti Socialiste (S.F.I.O.)

Avis aux élus et militants

L'action engagée en faveur de la paix avec la Russie, d'accord avec la C. G. T. et la Ligue des Droits de l'Homme, comprendra, du 12 au 20 novembre, une vaste série de meetings à travers tout le pays. Près de cent quarante réunions sont en préparation. Il nous a fallu assurer dans le bref délai la répartition des orateurs à ces réunions. L'Humanité en publiera la liste avec les localités qu'ils visiteront et les dates. Les camarades vaudront bien considérer comme définitives les désignations, faites. Le peu de temps dont nous disposons ne nous a pas permis de pressentir chacun avant d'arrêter l'ensemble des dispositions relatives à cette campagne. Les élus et militants désignés seront d'ailleurs avertis individuellement. Les secrétaires fédéraux enfin voudront bien se mettre immédiatement en rapports avec les secrétaires d'unions de syndicats pour l'organisation matérielle des réunions.

Le secrétaire du groupe au Parlement : Léon BLUM. - Le secrétaire général du Parti : L.-O. FROSSARD.

 

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Les dispositions de la C. G. T.

La C.G.T. a adressé aux Unions départementales les instructions suivantes :

Il résulte de l'accord intervenu entre la C. G. T., le Parti socialiste et la Ligue des Droits de l'Homme que les réunions projetées par la Confédération Générale du Travail et qui doivent se tenir du 12 au 20 novembre, seront transformées en meetings en faveur de la paix avec la Russie. Les itinéraires et les jours de réunion fixés par nous sont maintenus.

Vous recevrez dès la fin de cette semaine un certain nombre d'affiches timbrées que vous ferez apposer sur les murs des villes où se tiendront les meetings.

Ensuite :

1° Vous vous mettrez immédiatement en rapport avec le secrétaire de la Fédération socialiste de votre département, ainsi qu'avec la section de la Ligue du chef-lieu ;

2° Vous vous entendrez avec les camarades pour faire imprimer dos bandes blanches portant la date, le lieu, l'heure et la salle où se tiendront les meetings ;

3° Ces bandes blanches porteront également les noms des trois orateurs des trois groupements ;

4° Vous ferez apposer ces bandes au bas des affiches que nous vous adressons et ceci en temps utile ;

5° Vous consulterez quotidiennement l'Humanité et la Bataille pour connaître chaque jour les instructions ultérieures que nous communiquerons.

 

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L'APPEL DES ORGANISATIONS

Les C. S. R. des métaux, du Livre (sous-comité central), de l'Habillement, des Employés, les Syndicats de la Voiture-Aviation, des Menuisiers, des Peintres en bâtiment, des Cimentiers, Maçons d'art, Carreleurs-Faïenciers, des Employés et Gérants de l'alimentation, de la Maçonnerie-pierre, des Boulangers, de la Chaussure, des Terrassiers, des Plombiers-Couvreurs nous ont adressé des appels destinés à leurs membres et dont nous regrettons, faute de place, de ne pouvoir publier la teneur intégrale.

 

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LA FEMME DANS LA RÉVOLUTION RUSSE

La Voix des Femmes prépare pour lundi soir, à la salle de l'Union des Syndicats, 33, rue de la Grange-aux-Belles, un grand meeting que présidera notre collaboratrice. et amie Louise BODIN et auquel Marcel CACHIN et L.-O. FROSSARD prendront la. parole.

Les deux orateurs traiteront les deux questions suivantes :

Le rôle de la femme dans la Révolution russe. La situation de la femme dans la République des Soviets.

 

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L'ACTION DES JEUNESSES

La Fédération nationale des Jeunesses socialistes communistes invite d'une manière pressante ses groupes et ses ententes à faire l'impossible pour commémorer comme il convient ce glorieux anniversaire.

Des meetings devront être organisas le 7 novembre et la semaine qui suivra. Outre ces meetings, les Jeunesses devront faire des réunions-conférences intérieures avec à l'ordre du jour, la Révolution russe. Tous les orateurs des Ententes devront se mettre à la disposition des groupes et, si besoin est, aide également sera demandée aux sections du Parti.

Le Comité national survenant en pleine réorganisation de la Fédération et prenant à peine possession de ses pouvoirs, n'a pu lancer des tracts et des affiches pour cette commémoration ; néanmoins, son organe officiel l'Avant-Garde sera tiré exceptionnellement sur 8 pages et consacré en partie au 3e anniversaire de la Révolulion russe. - Le Comité national, 37, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie.

 

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Vient de paraître :

George LANSBURY

CE QUE J'AI VU EN RUSSIE

Traduit par MARIE DE MOLENES

En vente à la Librairie de l'Humanité, l'exemplaire : 4 fr. 50.

 

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Contre l'occupation de la Ruhr

Berlin, 5 novembre. - Les comités des syndicats faisant partie des grands comités de la Fédération ouvrière allemande ont décidé de publier urne protestation contre les préparatifs militaires que la France poursuit en vue de l'occupation de la Ruhr. « Pareille mesure, dit la protestation, aura les conséquences les plus fatales non seulement pour l'Allemagne, mais pour l'Europe entière. Le comité en appelle à la classe ouvrière de tous les pays et la conjure de mettre son veto au projet de la France. » - {Radio.)

 

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Les cons​équences de la défaite de Wrangel - par Paul Louis

À l'heure où j'écris ces lignes, la position de Wrangel n'est pas encore précisée. Les troupes de l'aventurier ont-elles ou non réussi à franchir l'isthme de Perekop ? C'est là une question importante. Si comme certains télégrammes l'affirment, les Rouges sont au sud de Perekop, c'est qu'une partie de ces contingents Blancs aurait été enveloppée. Nous ne tarderons pas [à] être fixés sur ce sujet.

Nos stratèges de la presse officieuse estiment que la tactique de Wrangel a été trop hasardée. En réalité, s'il a été mis en déroute, c'est pour d'autres motifs. Ses soldats, recrutés à la hâte et le plus souvent par la violence, refusaient do se battre pour une cause qui n'était point la leur. Les paysans de Tauride brutalisés par les bandes blanches, menacés dans les petites propriétés qu'ils cultivaient, se soulevaient contre un régime qui rappelait trop, en dépit dés phrases pompeuses, celui de Denikine. Le correspondant du Temps en Crimée nous rapporte au surplus que les hommes du baron balte n'avaient même pas de quoi se vêtir. On se demande quel emploi le pseudo gouvernement de Sébastopol a fait des millions que le Trésor français lui a envoyés.

Les Rouges pousseront-ils leurs avantages en pénétrant à l'intérieur de la Crimée pour y détruire les Blancs qui auront échappé à la défaite ? Ou bien se contenteront-ils de bloquer la presqu'île, opération relativement aisée, puisque c'est une très étroite lisière de terre qui la relie au continent ? Si cette dernière tactique prévaut, la situation de Wrangel, de l'avis de ceux qui se sont constitués ses champions en occident, deviendra bien vite précaire, car ses réserves de blé sont nulles et l'on dit même que s'il avait fait une sortie vers la Tauride, c'était pour se procurer des vivres.

En toute éventualité, son désastre apparaît irréparable. Ce qui importe davantage, car on n'a jamais pu lui accorder à lui-même qu'une valeur offensive relative, c'est que cette déconvenue de la contre-révolution occidentale exercera son influence à Bucarest et même à Pesth. Les excitations, que la réaction européenne prodiguait dans les deux capitales ont moins de chances maintenant de déterminer des effets prochains, et le sort de Wrangel suscitera partout d'amères réflexions.

Le prolétariat français, anglais, italien dégagera la leçon des faits récents, en montrant que le soviétisme demeure plein de vigueur, et que toutes les rumeurs mises en cours sur son affaissement sont purement mensongères. Ceux qui parlent au nom des ouvriers dans les Parlements seront mieux armés encore pour combattre l'interventionnisme officiel ou hypocrite.

Le gouvernement français seul avait reconnu Wrangel. Il a donné une fois de plus la preuve de son impéritie.

Le gouvernement anglais était sans doute mieux averti quand il a refusé de prendre contact avec le baron balte. Mais il se pourrait, si M. Lloyd George a été sincère cette fois, que la libération des prisonniers britanniques de Bakou, coïncidant avec le désastre de Wrangel, l'incitât à renouer les pourparlers commerciaux avec les Soviets. Que dira M. Millerand et que pensera M. Georges Leygues ?

Paul LOUIS.

 

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Les opérations de Crimée

Londres, 5 novembre. - Un radio bolcheviste annonce que les combats en Crimée se poursuivent près de la gare de Salkovo. Les rouges ont fait 1 000 prisonniers et pris quelques canons.

D'après ce radio, les troupes rouges se sont emparées de Genichet après un engagement acharné. (Bavas.)

 

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L'accord commercial anglo-russe

Londres, 5 novembre. - Le Times croit savoir que le gouvernement apportera des modifications importantes au sujet de l'accord commercial à conclure avec la Russie. - (Havas.)

 

 

Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du samedi 6 novembre 1920

- Avant le Congrès : « MOTION D’ADHÉSION, AVEC RÉSERVES, À LA IIIe INTERNATIONALE », soutenue notamment par Paul Faure : la dictature du prolétariat ; le parlementarisme ; le parti et les syndicats ; la question agraire : les nationalités opprimées ; les conditions ; pour la révolution russe

- IIIe Internationale : vote au prochain congrès fédéral de la fédération de la Seine ; commission d’étude à la fédération de Seine-et-Oise

- « la tradition socialiste », par Maurice Dommaget : Babeuf et la dictature du prolétariat [« en vérité, rien ne ressemble plus au babouvisme que le bolchévisme »]

- « à propos de l’article de Hillquit », sur le moment où les bolchévistes ont dit « tout le pouvoir aux Soviets »

- « un manifeste de la IIe Internationale » adressé aux ouvriers du monde entier [« le socialisme signifie la paix, le bolchévisme signifie violence et guerre »]

- le troisième anniversaire des Soviets : appel de L’Humanité ; grand meeting salle Wagram le lendemain, ainsi qu’à Sotteville-lès-Rouen ; action CGT-SFIO-LDH « Paix à la Russie ! Paix à tous les peuples »

- annonce le lundi d’un meeting « la femme dans la révolution russe », par la Voix des Femmes

- « contre l’occupation de la Ruhr », protestation de syndicats allemands

- « les conséquences de la défaite de Wrangel », par Paul Louis

le 05 novembre 2020

 
 

Il y a cent ans : L'Humanité au jour le jour

 
 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)