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Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du jeudi 4 novembre 1920

L'Humanité, journal socialiste quotidien

À partir du site internet Gallica, de la Bibliothèque nationale de France

 

L'Humanité du jeudi 4 novembre 1920

 

 

AVANT LE CONGRÈS

Pour la IIIe Internationale

L'« abîme » ou les « conditions » ? - par Charles RAPPOPORT

Il faut savoir gré à Léon Blum : il cherche à élever le débat. De ce qu'il a écrit et surtout ce qu'il promet de nous dire, il résulte avec évidence qu'on n'ergotera plus sur « les textes », mais que la discussion sera portée sur les sommets d'où s'ouvrent des horizons nouveaux.

En effet, il ne sert à rien d'envisager « les conditions » (peu importe leur nombre !) isolement ; il faut les étudier dans leurs rapports avec les principes vitaux de la doctrine et de la tactique du socialisme international. Cela ne suffit pas. Il faut encore regarder en face les problèmes angoissants de notre époque. Les « conditions » ne sont pas tombées du ciel. La IIIe Internationale se distingue des peuples heureux qui, dit-on, n'ont pas d'histoire. L'Internationale Communiste en a une, et très douloureuse. Il faut connaître cette histoire pour la comprendre et pour savoir si ses postulats-conditions sont justes et nécessaires.

Ce qui nous sépare de « reconstructeurs à droite » (Paul Faure, Pressemane, Léon Blum et leurs amis), n'est pas seulement l'appréciation des conditions de Moscou. En voici la preuve irréfutable.

Au Congrès de Strasbourg, avant même la naissance des conditions, Paul Faure avait déclaré que plus il nous écoute, et plus il voit qu'« un abime nous sépare, le sépare de nous ». Donc, il ne s'agit pas des conditions, mais des questions de principe qui ont creusé cet « abime ».

Quelles sont ces conditions de principe et de tactique ? Les mêmes qui ont présidé à la naissance de l'Internationale communiste.

C'est tout d'abord la lutte contre le réformisme. Léon Blum affirme que le réformisme est mort depuis quinze ans. Ici, il commet involontairement deux inexactitudes : 1) le réformisme n'est pas mort ; 2) la date de sa mort - pour certains - n'est pas exacte. Comme l'a déclaré Martov à Halle : « C'est la guerre qui a tué le réformisme. »

Le réformisme n'est pas mort. En le tuant, Blum enterre tout vivants la grande majorité de ses collègues parlementaires, Varenne en tête, Blum lui-même est un réformiste sui generis. Car il voit la possibilité de préparer la révolution par des réformes dans les cadres du régime capitaliste. Il n'y a pas une question à l'ordre du jour où la conception révolutionnaire ne se heurte pas à la conception réformiste. Les réformistes envisagent la possibilité, malgré la guerre, des conquêtes immédiates. La force du Parti socialiste se mesure pour eux par celle de la pression qu'il est susceptible de produire sur l'État capitaliste en lui arrachant, lambeau par lambeau, des améliorations, des concessions. Ainsi la révolution se fait tous les jours. Et la société capitaliste se livre, telle une femme légère, en détail pour finir par la capitulation totale, absolue. Mon cher Blum, demandez à notre ami commun Paul Boncour, si je me trompe sur la définition du réformisme.

Telle n'est pas la conception révolutionnaire. Déjà, avant la guerre, nous n'avons jamais cessé de répéter que nous n'attendons rien de bon de la société capitaliste condamnée à enlever d'une main ce qu'elle nous offre de l'autre. Au risque de ressasser les mêmes vérités, nous n'avons jamais cessé de clamer au prolétariat que la paix armée et le militarisme, organiquement liés au régime, rendent illusoires les réformes arrachées aux classes dominantes.

La guerre est venue pour donner à cette vérité une confirmation tellement éclatante que le réformisme devient un véritable défi au bon sens et à la réalité de tous les jours.

Si le réformisme n'était qu'une illusion, on aurait pu encore le respecter tout en le combattant. Car l'illusion est la nourriture quotidienne des âmes généreuses, bien que candides. Il y a dans tous, les partis de « nobles candeurs ». Mais le réformisme est quelque chose de pire : c'est un appât à l'aide duquel les classes dominantes ont enlevé au prolétariat d'innombrables valeurs, presque la totalité des chefs de la IIe Internationale, devenus ministres, présidents de conseils ou hauts fonctionnaires.

L'Internationale communiste, c'est la guerre aux illusions et à la déviation réformistes. Le bolchevisme, qui n'est pas toute l'Internationale communiste, mais qui en est le parrain glorieux, est né, au début de ce siècle, dans la lutte contre le réformisme. Dans les travaux do cette époque et dans l'Iskra où collaboraient aussi Plekhanov et Martov, Lénine combat violemment le Bernsteinisme et le corporatisme réformiste. On sait que Bernstein, avec la probité intellectuelle qui le caractérise, livra lui-même le secret de sa doctrine en proclamant : « le mouvement est tout, le but final n'est rien ». Autrement, dit : « le réformisme est tout, le socialisme n'est rien ».

Depuis la guerre, la lutte contre le réformisme est une question, vitale pour le prolétariat. Car, pour ceux qui connaissent le mouvement international, il est clair comme le jour que le socialisme et le syndicalisme de guerre sont entrés par la porte réformiste. L'« Union sacrée », c'est la collaboration des classes en temps de guerre. Et il n'y a pas de réformisme sans collaboration des classes.

Une des idées fondamentales de l'Internationale communiste, c'est la nécessité de détruire, coûte que coûte, le sophisme réformiste qui barre la route à la préparation révolutionnaire des masses. Le réformisme, c'est le vote de confiance au régime existant. Un révolutionnaire n'a que de la méfiance pour la société capitaliste.

Peur éviter tout malentendu, les révolutionnaires ont toujours déclaré qu'ils ne repoussent pas des améliorations partielles. Demandez à n'importe quel prisonnier de la Santé, devenue notre principale institution nationale, si, dans le cas du régime de droit commun, il ne réclame pas le régime politique, qui est une amélioration, une réforme. Mais si, à ce prix, on voulait le maintenir en prison à perpétuité, il la trouverait mauvaise. Nous non plus, nous ne voulons pas qu'on maintienne le prolétariat, au prix de « réformes », dans la prison capitaliste.

Il y a d'autres problèmes qui sont à la base des « conditions ».

Charles RAPPOPORT.

P. S. - Léon Blum, dans son article de dimanche, prétend que pendant la période électorale, j'aurais déclaré les méthodes bolchevistes inapplicables en France. Que Blum me permette de lui dire que, sous cette forme, la chose est inexacte. J'ai fait certaines réserves (comme sur la liberté de la presse), mais, dans toute ma campagne, j'opposais au système parlementaire actuel qui « dépouille » l'électeur de son indépendance, le système des soviets qui, en temps normal, est le gouvernement du peuple par le peuple. Des milliers de mes auditeurs sont autant de témoins. Ceux qui ne voudraient pas me croire sur parole n'ont qu'à consulter la collection du Journal du Peuple et lire mon article : Le miracle bolchevik, publié par moi en pleine période électorale. - Ch. R.

 

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COMITÉ DE LA IIIe INTERNATIONALE

DIMANCHE 7 NOVEMBRE, à 8 h. 30

Salle Wagram

GRAND MEETING

organisé en hommage à la Révolution Russe à l'occasion de son troisième anniversaire, sous  la présidence d'honneur des camarades

LORIOT, MONATTE, SOUVARlNE

Secrétaires du Comité

avec le concours de Séverine, Marcel Cachin, Noël Gartier, Paul Louis, Ch. Rappoport, Jean Ribaut, Daniel Renoult, Tommasi, Henry Torrès, Treint, Victor Méric, P. Vaillant-Couturier.

ENTRÉE : 1 FRANC

Nos camarades sont informés que des exemplaires de notre motion sont à leur disposition à la Maison Commune, 49, rue de Bretagne ; à l'A.R.A.C., 12, rue Grange-Batelière ; à la « Vie Ouvrière », 96, quai de Jemmapes.

 

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LA PROPAGANDE

À Rochefort

(DE NOTRE CORRESPONDANT)

Notre camarade Marcel Cachin a donné, hier, à Rochefort, dans la grande salle de la Bourse, bondée d'auditeurs, une réunion sur la Révolution russe, qui a obtenu le plus vif succès. Le citoyen Roux, maire de Rochefort, présidait.

L'orateur a fait justice de toutes les calomnies et des sottises que la presse bourgeoise répand contre la République des Soviets. Le prolétariat de notre ville a proclamé sa parfaite solidarité avec les énergiques socialistes de Moscou.

L'orateur avait demandé aux militants de l'arsenal de Rochefort, où travaillent encore près de 2 000 ouvriers, si l'on y fabriquait des munitions susceptibles d'être expédiées à Wrangel et autres aventuriers contre-révolutionnaires.

Il lui fut répondu que dans l'arsenal de Rochefort on a désormais renoncé presque entièrement à la fabrication de matériel de guerre.

L'outillage considérable des ateliers sert, en ce moment, à deux fins pacifiques. D'abord on construit des navires de commerce. Une série de 6 cargos est en construction ; l'un est même lancé et flotte déjà dans la Charente. Dans les autres ateliers on répare des wagons et des locomotives.

Voilà qui vaut mieux évidemment que d'employer les ouvriers à produire des œuvres de mort et de carnage. Les ateliers de Rochefort sont pourvus d'un outillage capable de produire encore davantage. S'ils étaient dirigés par des techniciens compétents, si l'on y supprimait la bureaucratie militaire surannée qui y survit encore, si on y procédait industriellement en faisant appel aux compétences ouvrières, le rendement deviendrait vite très important -- D.

 

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VIENT DE PARAÎTRE :

LE PARTI SOCIALISTE ET L'INTERNATIONALE

RAPPORT de Frossard, secrétaire général du Parti, sur les négociations conduites à Moscou, suivi des THÈSES présentées au IIe Congrès de l'internationale communiste.

En vente à la Librairie de l'Humanité, l'exemplaire franco 1 Fr. 15 ; les 10 franco, 10 francs ; les 50 franco, 45 francs ; le cent, 85 francs.

 

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LES SOCIALISTES NORVÉGIENS ET LA IIIe INTERNATIONALE

Londres, 3 novembre. - (Par téléphone de notre correspondant particulier). - Le Comité national du Labour Party norvégien a, par 20 voix contre 3, accepté les résolutions et les conditions du Congrès communiste de Moscou.

La minorité a déclaré n'être pas opposée à ces conditions.

La fraction anticommuniste qui s'est séparée pour organiser un nouveau parti n'a aucun délégué au Conseil national.

 

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Les différentes tendances du Parti Socialiste Italien - par Jacques MESNIL

Les discussions destinées à préparer le prochain Congrès national vont déjà leur train. On distingue clairement dès maintenant trois fractions principales : une gauche, un centre et une droite.

La gauche ou fraction communiste comprend la majorité de la direction du Parti, dont on connaît les tendances par l'ordre du jour adopté dans la récente conférence de la direction (voir l'Humanité du 7 octobre), la section socialiste de Turin, dont Lénine a approuvé les directives (résumées dans l'Humanité du 1er octobre) ; enfin l'ancienne fraction abstentionniste, qui était isolée à l'extrême gauche lors du Congrès de Bologne et dont le leader est le jeune ingénieur napolitain Bordiga.

La droite, qui s'appelle maintenant « fraction de concentration » et s'appelait « fraction maximaliste unitaire » au Congrès de Bologne, porterait à plus juste titre, selon Lazzari, le nom de fraction réformiste qu'on lui donne d'ailleurs couramment. Ses tendances ont été précisées par le Congrès de Reggio, dont j'ai résumé les décisions dans l'Humanité du 14 octobre.

La fraction révolutionnaire intransigeante

Le centre va maintenant de Lazzari à Serrati, c'est-à-dire qu'il comprend à la fois des éléments centristes et des éléments maximalistes, selon l'ancienne classification, des hommes restés fidèles à l'ancien programme de Gènes, et des hommes ayant préconisé et obtenu la révision radicale de ce programme.

Le trait d'union entre les différentes parties de ce centre si étendu sera, semble-t-il, l'idée de l'unité du Parti et de la limitation des exclusions au strict nécessaire.

Une fraction de ce centre, qui s'intitule fraction intransigeante révolutionnaire, a publié une déclaration de principes qui n'est pas signée par Serrati, mais qui reflète des idées semblables aux siennes.

Cette déclaration indique d'abord ce qui la sépare des réformistes : la conquête des améliorations dans le domaine économique ou des réformes dans le domaine politique ne peut avoir de portée révolutionnaire.

Nous estimons que l'histoire des transformations sociales ne peut être limitée à des évolutions graduelles et progressives, mais qu'il y a des périodes de crise révolutionnaire où non seulement se révèle à l'improviste une maturation qui s'est accomplie lentement et sans être remarquée dans des périodes antérieures, mais encore s'élaborent de nouveaux germes et s'achèvent de nouvelles maturations dans l'atmosphère particulière de la révolution ; eu d'autres termes nous croyons à la révolution non seulement comme conclusion définitive, extérieure et presque superflue d'un cycle désormais entièrement accompli, mais encore comme contribution intime et dynamique à la transformation sociale.

La nouvelle fraction définit aussi ce qui la sépare des extrémistes de gauche dits communistes exclusionnistes : c'est son « adhésion tenace à la conception marxiste de la lutte de classe et du déterminisme économique » qui lui fait repousser « une conception révolutionnaire qui réduit tout à conquérir le pouvoir politique pour commander dictatorialement aux inexorables lois économiques ».

Nous voulons renforcer les organisations de classe et non donner de l'importance aux masses amorphes et indisciplinées ; nous sommes pour la formation d'une conscience révolutionnaire solide et nous ne nous contentons pas d'une préparation psychologique pré-insurrectionnelle faite d'excitation verbale.

... La mesure de la désorientation doctrinale des extrémistes est donnée par leur enthousiasme pour le « front révolutionnaire unique » où eux, qui dénient tout droit à la liberté individuelle, s'allient des éléments individualistiques et libertaires.

Ces critiques s'adressent notamment aux socialistes de Turin, qui préconisent la participation des ouvriers non organisés à la nomination des conseils de fabriques et sont partisans d'une action concordante de tous les révolutionnaires, se plaçant sur le terrain de la lutte de classe, qu'ils s'intitulent socialistes, syndicalistes révolutionnaires ou anarchistes, pour le renversement du régime capitaliste (front révolutionnaire unique). Ces critiques atteignent du même coup les bolcheviks qui ont des conceptions analogues.

Les deux « Avanti » !

Le Comité exécutif de la IIIe Internationale s'est en effet nettement prononcé dans ce sens dans l'adresse au P. S. et à tout le prolétariat révolutionnaire italiens, datée du 27 août. Ce document très important, que nous analyserons, a été publié en octobre par l'Avanti ! de Turin, mais non par celui de Milan.

Car il y a maintenant deux Avanti ! qui ne sont plus deux éditions d'un même journal, mais deux journaux de tendances différentes. Serrati, qui était directeur général de l'Avanti ! a renoncé à la direction de l'Avanti ! de Turin à la suite d'attaques dont il a été l'objet de la part de ce journal.

Les éditions de Turin et do Milan en étaient arrivées à défendre des opinions contradictoires sur des questions importantes. L'Avanti ! de Turin reflète aujourd'hui les tendances de la section locale, tandis que l'esprit de Serrati prédomine dans l'Avanti ! de Milan.

Jacques MESNIL

 

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L'OFFENSIVE VITORIEUSE CON​TRE WRANGEL CONTINUE

Le communiqué militaire officiel de la République des Soviets, en date du 1er novembre, dit que « l'offensive victorieuse des troupes rouges sur le front méridional continue » ; les bolchevistes se sont emparés des stations de Nedovoska et d'Atimovka, où ils ont pris plusieurs trains blindés. À Mélitopol, où les troupes rouges sont entrées le 30 octobre, elles ont capturé trois trains blindés, 18 canons en parfait état, 100 wagons de munitions, et plus de 2 millions de pouds de blé.

Une vigoureuse poussée

Londres, 3 novembre. - Le correspondant du Daily Express à Constantinople télégraphie le 1er novembre que la poussée des bolchevistes vers la Crimée est plus vigoureuse qu'on ne l'avait cru tout d'abord. Des combats acharnés se poursuivent.

Les bolchevistes ont lancé dans leur avance subite trois corps d'armée, quatre divisions de cavalerie et plusieurs détachements du Turkestan. - (Havas.)

 

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Une déclaration de Kerenski

Il attend une révolution antibolcheviste

Kerenski est arrivé hier à Paris. Dans une déclaration qu'il a faite à l'agence Radio, il a accusé les bolchevistes de dénaturer son attitude en le présentant comme lié aux réactionnaires.

La nation russe, a-t-il ajouté, hait tout autant les bolchevistes et les tsaristes.

Il a exprimé l'idée que le bolchevisme était défaillant.

Puis, poursuivant, il a dit :

La Russie connaîtra bientôt une révolution contre la tyrannie bolcheviste, comme elle a connu il y a trois ans la révolution contre la tyrannie tsariste.

Je ne veux point dire qu'il faille rester passif devant cette haine du peuple qui monte. Je ne suis pas non plus un pacifiste. Au contraire, je veux armer la masse de tous les moyens révolutionnaires possibles, car le bolchevisme, incapable d'évolution ne succombera que par la révolution.

Mais Kerenski invite l'Entente à faire crédit au peuple russe et non aux généraux réactionnaires.

Tel est le résumé fidèle de la déclaration de l'ancien président du Conseil.

Le bolchevisme, qui vient d'infliger un désastre à Wrangel, est beaucoup plus solide qu'il ne le dit, et sans doute Kerenski, comme tant d'autres, aura encore tout loisir de prophétiser sa chute. Quant à la contre-révolution annoncée, les Soviets en ont vu et vaincu déjà tant et tant, qu'ils ne la craignent sans doute point.

 

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LA VIE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

Pour l'imprimerie du Parti

Le Conseil fédéral de la Seine, dans sa réunion du 25 courant, a adopté la motion de la XIe section sur l'Imprimerie du Parti et la portera à l'ordre du jour du prochain Congrès national de Tours.

La XIe section a apporté ici-même toutes les précisions désirables sur le rôle, le but et l'utilité de notre Imprimerie du Parti, lesquelles donnent toutes satisfactions aux membres du Parti soucieux du bon emploi de leurs efforts ; ils savent maintenant que le Parti possédera son propre et principal outil de révolution, et qu'il en recueillera des bénéfices moraux et matériels considérables, nécessaires au dur labeur qu'il va avoir à fournir.

La XIe section croit maintenant nécessaire, pour fournir un terrain de recherches et de discussion aux sections en vue de l'examen de cette question posée, de faire connaître les moyens financiers qu'elle a envisagés pour récupérer la somme nécessaire.

D'autres moyens seront certainement proposés, et peut-être plus productifs, grâce à l'esprit d'initiative des militants. Il s'agit de se mettre à l'œuvre, et nul n'y faillira, devant l'impérieuse nécessité et les résultats qui en découleront.

La XIe section propose : émission d'obligations et actions de 100 fr. et 25 fr., soit à intérêts fixes de 5 % ou répartition des bénéfices ;

Émission par le Parti d'un timbre de l'Imprimerie, facultatif, lequel serait édité en carnets destinés à être placés par les militants dans leur milieu, les fêtes, réunions, manifestations, etc. ;

Augmentation, si possible, du timbre mensuel de 0,05 ou 0,10 et de la carte annuelle ;

Imposition extraordinaire des membres des fédérations de la Seine et Seine-et-Oise, directement intéressées, pendant un an ou doux, et émission de bons remboursables ;

Souscriptions des organisations ouvrières qui voudront s'intéresser à l'œuvre et participer à l'administration et aux bénéfices ;

Organisation de fêtes, concerts, etc., au profit de la caisse ;

Participation de la Société des Amis de Jaurès, l'Imprimerie portant le nom de Jaurès (ce qui serait le plus beau monument à lui élever) ;

La Commission d'organisation en enregistrera bien d'autres, sitôt qu'elle se mettra au travail.

Inutile d'ajouter que les prévisions des travaux qui alimenteront l'Imprimerie du Parti dès sa mise en marche, lui fourniront les moyens de réaliser des bénéfices qui lui permettront de rembourser certaines souscriptions et de faire rapporter les fonds en- gagés.

C'est dire que les militants trouveront là un bon placement, tant au point de vue propagande de leurs idées et en faveur de la révolution future qu'au point de vue matériel.

Que dès maintenant, donc, chacun se mette à la besogne, travaille son milieu, pour être prêt au premier appel du Parti ; personne n'y faillira. - E. FERRETTI, secrétaire.

P.-S. - En réponse à divers articles parus ici par des camarades lançant une nouvelle coopérative : l'imprimerie du prolétariat, nous tenons à déclarer que nous avons toujours été et sommes toujours des partisans des coopératives de production, autant de celles existantes qui ont tout de même le droit de vivre que de celles futures. Mais, membre d'un Parti poursuivant l'émancipation des travailleurs, nous considérons avant tout l'intérêt de ce Parti, en lui fournissant toutes les armes dont il aura besoin contre tous les adversaires qui se dresseront contre lui.

Nous déclarons que la 11e Section poursuit le but tracé il y a près de deux ans, c'est-à-dire mettre le Parti socialiste devant l'organisation de son imprimerie, reconnue nécessaire et urgente, lui appartenant totalement pour en user en TOUTES CIRCONSTANCES.

Lorsque le Congrès National l'aura décidé, et que l'organisation rentrera dans une phase active et officielle, la 11e Section considérera son rôle et son devoir comme terminés et la C. A. P. agira alors au mieux des intérêts du Parti.

D'ailleurs, ce n'est pas la première fois que la 11e Section fait aboutir des projets d'organisation que le Parti a fait siens ; qu'on s'en rende compte. - F.

 

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LE ​RÉPUBLICAIN HARDING EST ÉLU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DES ÉTATS-UNIS

M. Harding a été élu président des États-Unis avec une grosse majorité, et son concurrent, M. Cox, lui a adressé courtoisement ses félicitations. Que M. Harding triomphât, ou que M. Cox l'emportât, la bourgeoisie pouvait également se réjouir, car l'un et l'autre étaient ses champions.

L'un et l'autre étaient disposés à prendre des mesures de répression contre le prolétariat. L'administration démocrate, avec M. Palmer, l'attorney général du cabinet, était si bien résolue à la coercition à outrance, qu'elle a maintenu en prison le candidat socialiste Debs, et que ce vaillant militant, condamné pour délit d'opinion, n'a pu mener personnellement sa campagne. Quant au parti républicain, nul n'ignore qu'il est inféodé aux grands trusts industriels, et qu'il n'a jamais reculé devant les mesures extrêmes pour leur plaire. Le ministre de la justice, qui succèdera à M. Palmer, fera la même politique que lui, sinon une politique pire.

S'il y avait une divergence de vues entre MM. Harding et Cox, elle portait, sur l'action internationale. M. Cox, ami de M. Wilson, acceptait le pacte de la Société des Nations, mais M. Harding le repoussait, en alléguant que cet accord était contraire à la doctrine de Monroë et qu'il risquait d'engager l'Amérique dans les plus fâcheuses aventures. Le premier résultat du scrutin du 2 novembre sera donc de porter un coup redoutable à cette ligue qui, à la vérité, avait à peine besoin d'une nouvelle atteinte.

L'Amérique, demain comme hier, sera une grande ploutocratie, avec un Sénat et une Chambre à la dévotion des magnats de l'agriculture et de l'industrie, une République qui déguisera, sous son étiquette, la pire oppression des travailleurs, et qui opposera aux grèves toutes les ressources de la magistrature et de la police. Peut-être même, s'enfermant dans une politique plus strictement continentale, développera-t-elle l'impérialisme que pratiquèrent, avant Harding, les présidents républicains, Mac Kinley et Roosevelt entre autres.

La classe ouvrière d'outre-Atlantique ne comptait certes pas, - dans un pays où l'or est plus puissant encore qu'ailleurs,- s'affranchir par une victoire au scrutin présidentiel. Elle a encore toute une âpre lutte à organiser et à poursuivre.

Paul LOUIS.

Le succès de la « machine » républicaine

New-York, 3 novembre. - 11 paraît certain ce matin que M. Harding recueillera au moins 325 voix du collège électoral. 266 voix auraient été seulement nécessaires pour assurer son élection.

Les indications parvenues de tous les États du nord sont formelles à l'égard du triomphe des républicains.

La majorité qu'ils remportent, dans la ville de New-York seule, semble devoir approcher d'un million.

Les élections des candidats au Sénat indiquent également que les républicains auront le contrôle du Sénat, bien que la majorité absolue soit encore douteuse. - {Radio.)

Le nouveau président

Le sénateur Warren G. Harding est né le 2 novembre, en 1865, dans l'État de l'Ohio. En 1881, il se lançait dans le journalisme, en achetant le journal Marlon Star.

En 1899, il était élu Sénateur de l'État de l'Ohio. Réélu en 1901, il devenait, à la fin de ce second terme sénatorial, lieutenant-gouverneur de l'Ohio, poste qu'il devait abandonner en 1910.

En 1912, M. Harding contribua à la nomination de M. Taft à la présidence de la République et il fut élu deux ans plus tard sénateur des États-Unis pour l'État de l'Ohio. En 1916, il remplissait les fonctions de président temporaire de la Convention nationale républicaine à Chicago.

M. Harding est un journaliste. Ancien propriétaire de journaux, il s'est toujours intéressé à la presse. - {Radio.)

DEBS OBTIENT DEUX MILLIONS DE VOIX

Londres, 3 novembre. - (Par téléphone de notre correspondant particulier.) - Un télégramme de New-York au Daily Herald dit que le total des voix socialistes atteindra deux millions.

Victor Berger a été élu à Milwaukee. Mayer London et Hillquitt seront probablement élus à New-York.

Les cinq membres qui avaient été expulsés ont tous été réélus dans l'État de New-York en même temps que cinq nouveaux socialistes.

 

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La « réorganisation » des chemins de fer

M. Lorin, député de la Gironde, vient d'achever le rapport sur la réorganisation des chemins de fer que lui avait confié la Commission des travaux publics. Ce rapport conclut naturellement à l'adoption du projet gouvernemental et au rejet pur et simple de tout autre suggestion, notamment des projets de nationalisation… que l'expérience des Soviets suffit à condamner. M. Lorin est catégorique. Il écarte également le contre-projet Loucheur qui présente le vice redhibitif d'entraîner « le rachat direct des réseaux avant toute réforme organique ».

Les hommes d'affaires qui ont monté la confortable entreprise du Bloc National s'épouvantent à l'idée d'une telle éventualité :

Le rachat, en effet, est envisagé, pour le moment, par la presque unanimité des membres de la. Commission comme une opération aventureuse et inopportune.

Chiffrant plus loin le coût du rachat, M. Lorin l'estime « certainement à plusieurs milliards ». Ce n'est pas, hélas, quand on dépense simplement onze milliards pour les budgets militaires, qu'on peut se permettre de pareilles folies.

M. Lorin résume ainsi l'économie du projet gouvernemental dont on se rappelle, au reste, le dispositif :

La coopération administrative entre les réseaux est réglée de la manière suivante : chaque réseau conserve ses services particuliers et sa gestion propre ; mais, au-dessus des réseaux, une organisation commune à tous, assure l'unité des vues, prévoit la subordination des intérêts particuliers à un dessein d'intérêt national. Un Conseil supérieur des chemins de fer est chargé de cette tâche éminente. Au-dessous de lui, un Comité de direction est, pour ainsi dire, le Conseil d'administration des Conseils d'administration des réseaux.

Le projet institue une prime à la gestion qui serait prélevée par les réseaux avant les versements au fonds commun ; il spécifie que deux tiers de cette prime iront au personnel, un tiers au capital du réseau considéré.

« Plus modeste que le projet de M. Loucheur, le projet du gouvernement, déclare le rapporteur, est plus adapté aux possibilités immédiates ». Et il faut faire vite…

« Faire vite » est en effet le mot d'ordre en haut lieu. Il faut faire vite par raison d'État. Et la rapidité tourne à l'escamotage… Le coup n'a-t-il pas réussi pour le dernier emprunt - et, à Versailles, pour le dernier Congrès ? - C.-E. L.

 

Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du jeudi 4 novembre 1920

  • Avant le Congrès : « l’’abîme’ ou ‘les conditions’ ? », par Charles Rappoport [Nous non plus, nous ne voulons pas qu'on maintienne le prolétariat, au prix de « réformes », dans la prison capitaliste.]
  • grand meeting ce dimanche Salle Wagram, par le Comité de la IIIe Internationale, en l’honneur du troisième anniversaire de la Révolution russe
  • réunion sur la Révolution russe hier à Rochefort, avec Marcel Cachin [production de munitions dans l’arsenal pour Wrangel ?]
  • parution de la brochure « le Parti socialiste et l’Internationale », avec le rapport de Frossard et les thèses du IIe Congrès de l’IC
  • vote des socialistes norvégiens pour la IIIe Internationale
  • « les différentes tendances du Parti Socialiste Italien », par Jacques Mesnil
  • « l’offensive victorieuse contre Wrangel continue »
  • « une déclaration de Kerenski : il attend une révolution antibolcheviste »
  • « pour l’imprimerie du Parti » [mettre le Parti socialiste devant l'organisation de son imprimerie, reconnue nécessaire et urgente, lui appartenant totalement pour en user en TOUTES CIRCONSTANCES.]
  • « le républicain Harding est élu président de la République des États-Unis » [La classe ouvrière d'outre-Atlantique ne comptait certes pas, - dans un pays où l'or est plus puissant encore qu'ailleurs,- s'affranchir par une victoire au scrutin présidentiel. Elle a encore toute une âpre lutte à organiser et à poursuivre.]
  • « la ‘réorganisation’ des chemins de fer »

le 03 November 2020

 

Il y a cent ans : L'Humanité au jour le jour

 
 
 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)