Fédération de l'Oise

Fédération de l'Oise
Accueil
 
 

Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du mercredi 3 novembre 1920

L'Humanité, journal socialiste quotidien

À partir du site internet Gallica, de la Bibliothèque nationale de France

 

L'Humanité du mercredi 3 novembre 1920

 

 

AVANT LE CONGRÈS

La motion d'adhésion à la Troisième Internationale

Voici le texte de la motion présentée pour l'adhésion du Parti Socialiste Français à l'internationale Communiste, motion rédigée en collaboration pur les camarades du Comité de la IIIe internationale, les citoyens Cachin et Frossard, et les membres ddémissionnaires du Comité pour la Reconstruction de l'Internationale :

Après quatre années de massacre mondial, et deux ans de prétendue paix, pendant lesquels la bourgeoisie n'a cessé de poursuivre une guerre contre-révolutionnaire et impérialiste contre le peuple russe et les peuples d'Asie opprimés, le Parti socialiste constate l'Impossibilité où se trouve le capitalisme de survivre au bouleversement économique et social qu'il a provoqué.,

Les insatiables appétits de la clause bourgeoise et l'évolution fatale du monde industriel ont engendré l'impérialisme ; et la concurrence des impérialismes rivaux suscite la guerre en permanence. Dans le sang de millions de prolétaires, la coalition impérialiste des Alliés a vaincu la coalition adverse et a cru s'assurer l'hégémonie mondiale Maîtresse des colonies d'Asie et d'Afrique ; elle impose sa volonté aux anciens États neutres, elle réduit en esclavage les peuples de l'Europe centrale par des traités consacrant le triomphe de sa force et son « droit » de spoliation, do pillage à outrance.

Mais la Russie révolutionnaire a mis en question l'omnipotence de la coalition impérialiste victorieuse. Refusant de subir la loi du capitalisme, elle a renversé le régime bourgeois, transmis le pouvoir au prolétariat, exproprié les expropriateurs, entrepris l'instauration de la société communiste. Elle a résisté victorieusement, aux assauts de la contre-révolution internationale et, à son exemple, s'organise dans tous les pays la résistance à l'oppression du capital.

En même temps se développent les inéluctables conséquences de la guerre impérialiste. La rivalité des oligarchies capitalistes concurrentes disloque le faisceau des impérialismes associés. La ruine des États, le déséquilibre des budgets, l'inflation de la circulation fiduciaire, succédant à la destruction d'innombrables vies humaines et d'inappréciables richesses, portent à son comble le désordre économique. La paralysie des échanges internationaux, le tarissement de la production, la croissance irrésistible du coût de la vie, exaspèrent les antagonismes des classes. Les contradictions minant le capitalisme atteignent une virulence mortelle pour le vieux régime.

Dans le chaos général, où la bourgeoisie aveugle continue de rechercher la domination et le profit, le prolétariat gagne chaque jour en clairvoyance, prend conscience de sa mission révolutionnaire et engage le combat libérateur contre ses maîtres...

Pendant quatre années, les peuples aveuglés par de monstrueuses légendes, fanatisés par des haines factices, égarés par le mensonge et l'erreur, que la bourgeoisie a créés et entretenus grâce à la toute puissance corruptrice de l'argent, et à la toute-puissance coercitive de l'État, se sont entr'égorgés dans une guerre fraticide insensée. Trompés par les dirigeants de la IIe Internationale, en même temps que par les gouvernants bourgeois, ils ont cru, les uns et les autres, défendre une juste cause : leur patrie, la justice, le droit, la civilisation ; ils ont cru acheter de leur sang la paix perpétuelle et assurer, par leurs sacrifices le salut des générations nouvelles.

Ils mesurent actuellement l'immensité de leur aberration. Ils comprennent que des dizaines de millions d'hommes sont morts pour la satisfaction des intérêts bourgeois. Ils n'aperçoivent ni paix, ni justice, ni civilisation ; ils ne voient que des guerres, exploitation, barbarie. Et les générations nouvelles subissent le sort de celles qui ont cru les sauver.

Chaque prolétaire comprend aujourd'hui que son ennemi est dans son propre pays, et que la seule, l'unique guerre légitime est celle des exploités contre leurs exploiteurs. Dans chaque prolétariat, une élite consciente s'est organisée en parti politique, qui dirige la classe opprimée dans sa lutte contre la classe privilégiée. Ces partis socialistes ou communistes se sont groupés dans une nouvelle Internationale, sur l'initiative des socialistes clairvoyants qui surent ne jamais renoncer à la lutte contre le régime capitaliste, et sous l'égide de la première révolution prolétarienne victorieuse.

Le Parti socialiste français proclame que cette nouvelle Internationale, l'internationale Communiste, est l'interprète qualifié des aspirations des masses exploitées de toute la terre et le guide sûr, éprouvé, de l'avant-garde prolétarienne.

Conscient du rôle historique qui lui incombe à l'heure où les destinées du prolétariat sont en jeu sur le front mondial de la lutte des classes, le Parti décide d'entrer dans l'Internationale communiste qui coordonne les efforts de toutes les organisations prolétariennes révolutionnaires et dirige leur action libératrice.

Le Parti se déclare pleinement solidaire de la République des Soviets, qui ne lutte pas seulement pour le salut des prolétaires de Russie, mais encore pour l'affranchissement du prolétariat mondial. Il affirme que le devoir primordial des travailleurs de tous les pays est d'assurer par tous les moyens la sauvegarde de la révolution sociale commencée en Russie, et d'entreprendre contre l'impérialisme, contre le régime capitaliste, une guerre sans merci dont l'issue sera l'émancipation intégrale du travail.

 

THÈSES

I. - La prise du pouvoir par le prolétariat et la dictature prolétarienne.

Le Parti, considérant l'impuissance du capitalisme à reconstruire le monde tombé en ruines, doit envisager les conditions dans lesquelles le prolétariat pourra se substituer à la bourgeoisie et fonder la société communiste.

L'expérience de l'Histoire et des révolutions en cours monte péremptoirement que la transformation sociale ne peut s'accomplir dans les cadres du régime actuel et dans la légalité établie par ce régime pour sa sauvegarde. S'il est vrai que l'embryon d'un système social naît et commence son développement au sein du système qu'il doit remplacer et dans lequel il puise sa première substance, cotte coexistence devient impossible dès que les formes sociales naissantes rencontrent dans le milieu une entrave à leur évolution. La lutte de classes se poursuit alors hors de la légalité condamnée et pour l'élaboration de la légalité nouvelle.

La première phase de la lutte révolutionnaire revêt un caractère différent suivant la situation intérieure du pays, la forme et le degré de résistance des forces en présence, mais son objectif invariable doit être la prise intégrale du pouvoir politique par le prolétariat. Tous les conflits sociaux tel que celui qui vient d'obliger le gouvernement italien à reconnaître le contrôle des ouvriers sur la production ne sont que des préludes à cet acte indispensable au développement de la révolution.

La valeur révolutionnaire de cette première réduction des privilèges de la bourgeoisie trouve rapidement ses limites dans le fait de l'existence d'une bourgeoisie toujours maîtresse de l'État, libre de s'organiser pour la résistance, d'exercer sa force corruptrice et appelée à codifier elle-même les mesures qui lui sont imposées.

Seule, la possession intégrale du pouvoir politique sans compromission avec les représentants du capital et du socialisme petit-bourgeois, permettra au prolétariat de fonder l'ordre social nouveau sur la propriété collective, le travail obligatoire et la suppression des classes.

La prise du pouvoir ne signifie nullement la substitution, dans les organismes de l'État capitaliste des communistes aux bourgeois, mais bien la destruction de l'État bourgeois et son remplacement par un appareil essentiellement différent.

La main mise sur l'État par le prolétariat donne à la classe ouvrier l'instrument de la domination bourgeoise : elle ne supprime immédiatement ni la bourgeoisie ni les classes, ni par conséquent la lutte de classes qui prend au contraire sa forme la plus aiguë. Le prolétariat ne peut faite face aux nécessités de cette lutte et la mener victorieusement qu'en exerçant sa dictature sous le mot d'ordre : « Tout le pouvoir aux Conseils des travailleurs. »

La dictature du prolétariat n'est pas un régime, mais un moyen, le seul qui permette à la classe ouvrière de briser la résistance de la bourgeoisie et d'instaurer le régime communiste.

Le Congrès est d'accord avec l'Internationale communiste pour constater l'impossibilité de passer sans transition de l'État bourgeois au Communisme sans État.

L'État est un appareil de classe au service de la classe dominante : il ne peut disparaître qu'avec les classes elles-mêmes. La substitution des rapports de production socialiste aux rapports de production capitaliste n'est pas immédiate. C'est l'œuvre d'un laps de temps au cours duquel l'existence d'un État prolétarien est inévitable et nécessaire. La dictature du prolétariat s'exerce pendant cette période pour l'établissement des nouveaux rapports sociaux qui feront automatiquement disparaître avec la dictature elle-même et les classes, l'État qui est, pendant la période transitoire, l'instrument de doininatiion de la classe ouvrière.

 

II. - Le Parti Communiste et la révolution prolétarienne.

Le Congrès, d'accord avec la IIIe Internationale, rejette de la façon la plus catégorique la conception d'après laquelle le prolétariat peut accomplir sa révolution sans posséder son parti politique indépendant. Toute lutte de classe est une lutte politique. Le pouvoir politique ne peut être pris, organisé et dirigé autrement que par un parti politique. C'est seulement lorsque le prolétariat possède comme guide un parti organisé et expérimenté, ayant des buts strictement définis et un programme concret d'action politique intérieure et extérieure, que la conquête du pouvoir politique devient autre chose qu'un épisode accidentel et sert de point de départ à la longue élaboration de la société communiste.

LP Parti socialiste ou communiste est nécessalre à la classe ouvrière, non seulement jusqu'à la conquête du pouvoir, mais pendant toute la période de dictature et jusqu'à la disparition totale des çlasses.

 

III. - Le Parlementarisme

Le Parti considère le Parlement comme un appareil essentiellement bourgeois, « une machine d'oppression et d'asservissement entre les mains du capital dominateur », absolument incompatible avec le régime prolétarien, dont la forme est la République des Conseils de travailleurs. La prise du pouvoir politique ayant pour objet, non la conservation des rouages de l'État bourgeois fonctionnant sous la direction des communistes, mais la destruction totale de tout le mécanisme d'État du capitalisme, le Parlement disparaîtra avec la prise du pouvoir politique par la classe ouvrière. De même doivent disparaître, pour faire place aux institutions prolétariennes, toutes les institutions communales ou régionales de la bourgeoisie.

Ainsi que la IIIe Internationale, le Parti repousse le parlementarisme comme forme de la dictature de classe du prolétariat : il nie la possibilité de conquérir les Parlements pour réaliser la Révolution. .

Le Parti considère que, dans certaines conditions déterminées, notamment dans la période pré-révolutionnaire et au début de l'agitation révolutionnaire, à ]a condition expresse que les élus soient placés sous le contrôle efficace et la dépendance totale du Parti, la tribune du Parlement bourgeois peut être utilisée pour propagande révolutionnaire du Parti. Les communistes entrent au Parlement non pour y faire un travail organique, mais pour y démasquer les ennemis du prolétariat, sans crainte de transgresser les règlements établis et d'encourir les sanctions disciplinaires prévues.

Envoyés au Parlement pour aider de l'intérieur à la destruction du régime capitaliste, ils ne sauraient se laisser influencer par le reproche de ne faire qu'une action négative et de ne rien opposer de concret au travail législatif de la bourgeoisie. Ils ne sont pas des législateurs parmi d'autres législateurs, mais des porte-paroles communistes envoyés dans le camp ennemi. Ils ne s'inspirent, en toutes circonstances, que des décisions du Parti, qu'ils ne sauraient enfreindre sans être excus.

La campagne électorale doit être menée non pour la recherche du maximum de mandats parlementaires, mais pour la mobilisation des masses autour des mots d'ordre de la révolution prolétarienne.

Tout en reconnaissant que, dans les conditions ainsi définies, l'entrée des socialistes au Parlement bourgeois est nécessaire, tout en déclarant que les socialistes français peuvent actuellement utiliser cette tactique le Congrès estime que la situation révolutionnaire d'un pays peut faire apparaître comme inutile l'action au sein du Parlement Cela a lien, par exemple, lorsque l'action révolutionnaire extérieure se développe au point où l'influence du Parlement sur les événements devient nulle, et notamment lorsque existent les conditions nécessaires au passage immédiat à la lutte ouverte pour le pouvoir

La IIIe Internationale rappelle justement que l'importance de cette question du parlementarisme est relative et ne saurait être en aucun cas un motif de schisme communiste.

 

IV. - Le Parti et les Syndicats

L'organisation syndicale est pour la classe ouvrière, une impérieuse nécessité, soit qu'on envisage les intérêts matériels immédiats de cette classe et sa lutte contre le patronat, soit que l'on songe à l'organisation de la révolution dont la grève générale est un des moyens.

Pendant une période de l'Histoire, ce syndicalisme est réformiste, il recherche des compromis qui laissent intactes les bases du régime capitaliste et les privilèges essentiels des exploiteurs du travail ; mais au fur et à mesure que se précise l'impuissance du réformisme et que le prolétariat sent davantage l'oppression de l'appareil social, il évolue et doit évoluer vers les concepts révolutionnaires.

Le syndicalisme français, après avoir été réformiste pendant la presque totalité du XIXe siècle, s'affirmait révolutionnaire au début du XXe. Il croyait atteindre ses objectifs par l'action directe et la grève générale. Il visait en somme au même but que le socialisme : la suppression du salariat. Mais un revirement, qui avait commencé avant la guerre, s'est accentué pendant celle-ci, et le syndicalisme a suivi la même régression que le socialisme.

L'afflux dans les syndicats de vastes contingents de travailleurs encore inéduqués, la constitution d'un fonctionnarisme permanent plus enclin aux pratiques de la diplomatie industrielle qu'à celles de la force révolutionnaire, la tendance des nouveaux syndiqués à ne parer au renchérissement de la vie que par le relèvement des salaires, tout cela a contribué a ramener le syndicalisme français dans les voies du réformisme.

Cette déviation s'est manifestée par des actes d'indéniable collaboration de classe, pendant la guerre, lors de l'acceptation de « l'union sacrée », et depuis, par la participation à des entreprises dirigées par les États capitalistes, telles que la Conférence de Washington et le Bureau du Travail de Genève.

Mais les événements accentuent de jour en jour la faillite d'une telle politique. De jour en jour, les prolétaires syndiques comprennent mieux que la classa possédante est incapable de remettre en marche, au lendemain du cataclysme mondial, l'appareil de production ; de jour en jour, ils discernent mieux que leur misère devient plus profonde malgré les majorations de salaires toujours inférieures au renchérissement de la vie. De jour en jour, ils saisissent mieux qu'ils forment une classe, que cette classe ne se libérera qu'en ruinant tout l'édifice capitaliste et que le syndicalisme ne renferme pas en soi tous les éléments et toutes les possibilités de la société communiste.

Le syndicalisme doit redevenir ce qu'il a été déjà en France, un facteur réel de révolution. Il n'y aboutira qu'en s'ouvrant toujours plus largement aux idées communistes et qu'en coopérant avec le Parti socialiste à la conquête du pouvoir politique et à la formation de l'État prolétarien. Par son adhésion à l'Internationale syndicale do Moscou, il marquera qu'il veut collaborer avec l'Internationale politique, coordonner son action avec l'action de celte dernière, poursuivre la même œuvre avec les masses d'ouvriers qu'il recrute. En pénétrant dans ses organismes, en gagnant à leurs idées les travailleurs qui y sont déjà, les communistes préparent cette indispensable et indissoluble alliance,

 

V. - La solidarité internationale

Le Parti déclare que la tâche primordiale du prolétariat, à l'heure présente, est d'imposer aux gouvernements boourgeois la paix immédiate avec la République des Soviets.

Le sabotage de l'entreprise militaire dirigée depuis trois ans contre la Russie révolutionnaire est le plus sacré des devoirs. La fabrication et le transport des armes, munitions, approvisionnements de toutes sortes, destinés aux ennemis des Soviets, doivent être paralysés par tons les moyens. À l'immensité du crime perpétré contre le peupla russe doit correspondre l'immensité de l'effort de solidarité prolétarienne internationale, propre à sauvegarder tes conquêtes révolutionnaires du prolétariat russe dont bénéficiera le prolétariat mondial.

Cette préoccupation essentielle doit dominer toutes les autres. La presse et les orateurs du Parti doivent lui accorder la place principale dans leur propagande, et intensifier l'agitation qui engendrera l'action des masses. Les socialistes doivent exiger que cette question soit inscrite on tête de l'ordre du jour de chaque assemblée syndicale afin, que chaque groupement ouvrier envisage l'application do moyens efficaces pour étouffer l'action contre-révolutionnaire de la bourgeoisie.

La propagande en vue d'éclairer le prolétariat quant aux conséquences désastreuses de son apathie et aux responsabilités qu'il assume en alimentant la guerre contre-révolutionnaire ne peut s'adresser exclusivement aux travailleurs des fabriques d'armes, des usines de munitions, des poudreries, des transports, qui ne sauraient réaliser le boycottage des agresseurs de la Russie soviétique sans l'appui actif de l'ensemble des organisations ouvrières. C'est la classe ouvrière tout entière qui, s'inspirant de l'exemple ne ja classe ouvrière italienne, doit entreprendre Je sabotage systématique du concours matériel apporté par nos gouvernants aux assassins du peuple russe.

Le groupe socialiste parlementaire doit publier, du haut de la tribune de la Chambre, les horreurs de la guerre et du blocus contre-révolutionnaires. La presse socialiste doit, par une campagne retentissante, susciter l'indignation et la colère publiques contre l'attentat sans nom dont un peuple de 180 millions l'âmes est la victime. Les sections et fédérations du Parti doivent entretenir une agitation sans répit. Toutes les formes de protestation doivent être utilisées afin de créer l'atmosphère favorable aux actes qui acculeront le gouvernement français, principal bourreau de la Russie, a renoncer à ses entreprises scélérates.

En même temps que seront mis en œuvre tous les moyens pratiques de paralyser la fabrication et le transport du matériel de guerre, le Parti envisagera toute autre mesure susceptible de manifester la volonté de paix do la classe ouvrière, comme par exemple le refus collectif de payer l'impôt, et tels moyens que suggéreront les circonstances. Le Parti proclame sa résolution d'organiser une lutte implacable contre l'impérialisme et la contre-révolution qui supplicient plus de la moitié de l'Europe et achèvent de la ruiner.

 

VI. - La question agraire

La question agraire se présente en France sous un aspect particulier, du fait de l'extrême morcellement de la propriété foncière. Le Parti doit la traiter sans esprit dogmatique, et tracer sa ligne de conduite à l'égard de la population paysanne avec la préoccupation d'en gagner à la révolution la fraction la plus déshéritée, et d'en neutraliser la majeure partie.

La socialisation des moyens de production agricole ne saurait être réalisée suivant le même processus que celui des moyens de production industrielle. Le mode d'exploitation du sol en commun ne peut être imposé par contrainte, et ne se généralisera que sous l'influence de l'exemple offert par les expériences du travail collectif accomplies sur de grands domaines agricoles.

La grande propriété terrienne exploitée par un personnel de techniciens et de salariés, au service de propriétaires capitalistes, est seule destinée à être expropriée au lendemain de la prise du pouvoir par le prolétariat. Ces grandes propriétés, ainsi que les domaines de l'État, des départements, des communes, seront exploitées et gérées en commun par les Conseils des travailleurs agricoles. Par l'utilisation des méthodes et de l'outillage modernes et perfectionnés, elles atteindront une productivité qui sera la meilleure propagande par le fait en faveur de la généralisation du système de culture collective. L'État prolétarien prodiguera ses concours de toute nature pour aider, encourager et soutenir toutes les entreprises de culture en commun, les coopératives de production agricole, les communes agraires.

L'extinction de la propriété moyenne, celle des exploitants employant quelques salariés, sera progressivement réalisée par la force des choses, à mesure que s'intensifiera la production collective, La monopolisation des moyens de répartition et d'échange par l'État prolétarien, en privant les propriétaires moyens de la possibilité de spéculer, en fixant le prix des denrées, supprimera peu à peu la raison d'être de la propriété moyenne en réduisant les avantages qui y sont attachés. L'attraction qui s'exercera inévitablement des grandes entreprises collectives modèles sur le prolétariat agricole privera graduellement de ses salariés la propriété moyenne, qui perdra son caractère d'exploitation capitaliste et jusqu'à la possibilité de prolonger son existence sous la forme ou elle aura survécu.

Les petits propriétaires, fermiers et métayers n'employant pas de salariés, et le prolétariat agricole proprement dit, devant être les bénéficiaires immédiats de la révolution, forment la couche de la population rurale la plus accessible à la propagande socialiste. Les premiers, qui auront dans le régime capitaliste à supporter le poids toujours croissant des servitudes fiscales, le coût toujours plus élevé du matériel et des engrais; seront, attirés au socialisme par la perspective de l'abolition d'un régime de spoliation et de confiscation, dépouillant le travailleur des fruits de son travail, et de la création d'un nouvel ordre social leur garantissant la jouissance des biens qu'ils produisent. Les prolétaires ruraux, comme ceux des villes, viendront au socialisme pour en finir avec l'exploitation de l'homme par l'homme, pour abroger la loi d'airain des salaires, pour assurer à leur vie le bien-être et la sécurité. .

En organisant systématiquement une inlassable propagande inspirée de ce programme, le Parti déjouera les tentatives bourgeoises visant à dresser la paysannerie contre la classe ouvrière. Il réalisera l'unité spirituelle du prolétariat des villes et des campagnes, gage de la victoire de la révolution communiste.

 

VII - L'organisation des femmes et des jeunes

Le Parti doit accorder une attention spéciale à la partie la plus déshéritée du prolétariat, le prolétariat féminin. La guerre, en accroissant considérablement cette catégorie de prolétaires, a créé la possibilité d'y recruter pour le socialisme des contingents importants. Une propagande particulière, s'adressant aux femmes prolétaires, doit être entreprise par des méthodes appropriées pour faire comprendre aux exploitées que le socialisme seul les libèrera, en réalisant leur affranchissement économique, pour les grouper, les organiser et les éduquer politiquement. Le plan de cette propagande et les moyens de la faire pénétrer dans les milieux du travail féminin devront être établis par une conférence nationale des femmes socialistes, déléguées par les fédérations. Le Comité central du Parti devra convoquer cette assemblée, qui élira un organisme permanent chargé de diriger la propagande socialiste parmi les femmes, et auquel le Parti donnera son concours moral et son appui matériel.

Le Parti s'attachera aussi a fortifier l'organisation des Jeunesses socialistes qui doivent devenir une pépinière de militants. Il prendra toutes les dispositions propres à donner aux jeunes l'éducation doctrinale qui fera d'eux des propagandistes et les rendra aptes à former de nouveaux cadres pour le prolétariat. Des écoles socialistes seront créées, d'après les expériences fructueuses réalisées dans d'autres pays, afin de ne pas laisser les jeunes livrés à des études de hasard et de mettre à leur portée les travaux des éducateurs socialistes.

 

VIII. - Les conditions d'admission

Le Parti considère comme légitimes et indispensables les conditions posées par l'Internationale communiste pour éviter l'affiliation d éléments anti-communistes.

Il ne suffit pas, en effet, de déclarer qu'on est d'accord sur les principes généraux du socialisme marxiste. Il importe aussi d'être d accord sur la tactique à suivre pour mettre ces principes en application, en tenant compte, conformément à la condition 16, des circonstances dé temps et de lieu où est placé le parti. En formulant avec l'autorité et l'expérience que donnent au communisme russe plusieurs années de pratique révolutionnaire les règles essentielles de cette tactique, la IIIe Internationale a pesé clairement les bases de cet accord.

Comme le 2e Congrès de l'Internationale communiste, le Parti pense qu'une propagande vraiment communiste doit, par tous les moyens, être systématiquement portée partout où il y a des prolétaires. La nécessité de la dictature du prolétariat doit nettement ressortir. de cette propagande, qui doit dénoncer avec une égale vigueur le régime capitaliste et le réformisme avoué ou masqué. La diffusion des idées communistes doit être assurée avec un soin tout particulier dans les campagnes.

Tout ce qui porte l'estampille officielle du Parti (journaux, brochures, etc.), doit être rédigé par des communistes sûrs. La presse et les services d'éditions doivent dépendre du Comité centrai du Parti

Le Parti doit être constitué d'après le principe de la centralisation démocratique. La discipline la plus stricte, acceptée par tous ses membres, doit y régner. Les organes directeurs, doivent y détenir une autorité incontestée basée sur la confiance des militants. Tous les éléments non encore entièrement acquis au communisme doivent être écartés de ces organismes et, d'une façon générale, des postes comportant des responsabilités.

L'expérience a démontré que la collaboration des communistes et des réformistes est incompatible avec l'action révolutionnaire. L'Internationale communiste a justement rappelé ce que cette collaboration a coûté à la République. des Soviets de Hongrie. Aucune direction n'est praticable lorsque ceux qui doivent exercer cette direction sont irréductiblement divisés. La direction rationnelle d'un Parti n'est possible que si la confiance des militants place à sa tête des hommes entièrement et loyalement d'accord sur la charte doctrinale et tactique de ce Parti.

Vouloir, sous prétexte de représentation proportionnelle, imposer la collaboration entre communistes et non communistes, c'est vouer d'avance le Parti à l'inaction et à l'impuissance, c'est faire d'un instrument de lutte de classes et de révolution un agglomérat amorphe de plus en plus soumis à l'influence bourgeoise. L'âpre lutte qui met aux prises, dans tous les partis socialistes du monde, les communistes et les réformistes, ne peut être considérée comme une divergence d'opinion secondaire et momentanée, pouvant se résoudre par la confrontation des idées.

Le Parti, en plein accord avec l'Internationale communiste, se déclare donc résolu à suivre une politique exclusivement communiste. Il appliquera immédiatement cette résolution en désignant des représentants de même tendance au Comité central et aux journaux du Parti.

Le Parti est pleinement d'accord avec l'Internationale communiste pour dénoncer l'impérialisme colonial et pour prendre activement le parti des populations subjuguées par le capitalisme européen dans leur lutte contre l'oppression sous toutes ses formes.

Le Parti est résolu à observer les décisions de l'Internationale, communiste et de son Comité exécutif, dont tous les documents seront publiés par ses soins. S'il est vrai que chaque parti est dans son propre pays, le meilleur juge de la situation intérieure de ce pays et des possibilités d'action de son prolétariat, qu'il est de ce fait le plus qualifié pour former le jugement de l'Internationale communiste sur ce point, il est non moins vrai que chaque parti n'est qu'une des unités des forces prolétariennes mondiales étroitement solidaires, que l'Internationale doit diriger si elle veut être autre chose qu'un simple appareil enregistreur. À la garantie que toute décision n'est prise qu'en pleine connaissance de cause doit nécessairement correspondre la garantie du respect et de l'exécution des décisions prises.

Le Parti décide de placer sous la direction de son Comité central ses représentants élus dans les assemblées de l'État bourgeois. Il retient la suggestion donnée par le 2e Congrès de l'internationale communiste en ce qui concerne le contrôle à exercer en tout temps pour que les éléments étrangers au communisme ne puissent séjourner dans le Parti.

Le Parti considère que les exceptions prévues à l'article 20 des conditions « en ce qui concerne les représentants de la tendance centriste nommés à l'article VII » doivent s'appliquer au Parti français dans les circonstances présentes. Ces exceptions valent également pour les délégués au Congrès visés à l'article 21 qui déclareront s'incliner devant les décisions du Parti.

Comme l'Internationale communiste enfin, le Parti décide d'entreprendre une propagande persévérante dans toutes les organisations prolétariennes (syndicats, coopératives et autres groupements) en vue de les gagner au communisme.

C'est par la coordination de toutes, les fores ouvrières sous l'impulsion du communisme que s'organisera l'action des masses pour la prise du pouvoir.

Ainsi, le problème des rapports du Parti avec les syndicats trouve sa solution logique. Le Parti groupe les militants de toutes les organisations, prolétariennes qui acceptent ses vues théoriques et ses conclusions pratiques. Tous, obéissant à sa discipline, soumis à son contrôle, propagent ses idées dans les milieux où s'exercent leur activité et leur influence. Et lorsque la majorité, dans ces organisations, est conquise au communisme, il y a entre elles et le Parti coordination d'action et non assujettissement d'une organisation à une autre.

Le Parti considère que l'Internationale syndicale d'Amsterdam, qui pratique la collaboration de classe, et participe à l'œuvre contre-révolutionnaire de la Société des nations capitalistes, et dont la politique s'identifie à celle de la IIe Internationale, est historiquement condamnée au sort de celle-ci. Les communistes lutteront énergiquement pour arracher à son influence les syndicats révolutionnaires et pour contribuer à la formation de la nouvelle nationale syndicale de Moscou.

Mais, d'accord avec le 2e Congrès de l'Internationale communiste, le Parti condamne toute tentative de scission syndicale. Ce sont les Centrales syndicales elles-mêmes qui devront, en abandonnant l'Internationale d'Amsterdam, entrer dans l'Internationale syndicale de Moscou.

À dater du Congrès, le Parti se nommera « Parti socialiste, Section française de l'Internationale communiste ». Il fera valoir, auprès du Comité exécutif de l'Internationale communiste, les raisons qui militent pour l'acceptation provisoire de ce titre.

 

DÉCISIONS

Afin de s'organiser, conformément aux règles ainsi tracées, le Parti décide :

1° Le Congrès annuel du Parti élit un Comité directeur de 24 membres, au scrutin de liste et à la majorité absolue ;

2° Le Congrès élit les délégués du Parti au Conseil d'administration de l'Humanité, au scrutin de liste et à la majorité absolue ;

3° Le Comité directeur nomme :

a) Le délégué du Parti au Comité exécutif de l'Internationale communiste ;

b) Un secrétaire général, un secrétaire international, un trésorier ;

c) Le directeur de l'Humanité ;

d) Le directeur de la Voix Paysanne ;

e) Les délégués permanents ;

f) Une Commission des conflits, ayant pleins pouvoirs pour instruire sur tous les cas d'indiscipline ou de manquement aux devoirs envers le Parti, qui lui seront soumis, soit par les sections ou fédérations, soit par le Comité directeur, et les sanctionner. Les décisions de cette commission devront être ratifiées par le Comité directeur. Les exclus ont le droit de se pourvoir devant le Congrès, sans que leur pourvoi soit suspensif ;

4° Tous les représentants du Parti investis d'une charge par le Comité directeur sont responsables devant lui et révocables en tout temps par lui ;

5° Une Commission spéciale de 12 membres, nommée par le Congrès;, est chargée d'établir un projet de nouveaux statuts du Parti, et de mettre ceux-ci en harmonie avec les dispositions nouvelles. Elle devra rapporter devant un congrès administratif que le Comité directeur convoquera dans les trois mois.

 

Pour le Comité de la IIIe Internationale :

Les Secrétaires emprisonnés : Loriot, Boris Souvarine.

Les Secrétaires par intérim : Jean Ribaut, René Reynaud.

La Commission exécutive : Boyer, Hattenberger, Cartier, Fromentin, Humberdot, Leonie Kauffmann, O. Ker, Radi, Charles Rappoport, Treint, Antonio Coen. Alexandre Blanc, Georges Lévy, Vaillant-Couturier, députés.

Marthe Bigot, Oscar Bloch, Annette Charreau, Noël Garnier, Hardy, Bernard Lecache, Raymond Lefebvre, Victor Méric, Fernand Morelle, Maurice Paz, Henry Torrès, Guy Tourette (Seine). -- Verdier, Yvonne Vidalencq, Guiraud Astruc (Aveyron) - Bouthonnier. Delagrange (Dordogne), - Delourme, Descamps, Dumortier, De Muynk, Florimond Bonte (Nord). - Lucie Colliard (Calvados). - Courage (Seine-Inférieure). - Calzan, Pierre Dumas, Métra (Rhône). - Gaillard (Bouches-du-Rhône). - Dr Gillard (Alpes-Maritimes). - Bouët (Maine-et-Loire). - Jules Blanc (Drôme) - Gaye, Olivier (Gironde). - Bureau, Delanoë (Seine-et-Oise). - Altenbach, Kuhn (Haut-Rhin). - Baraille (Loire-Inférieure). - Dumollard (Savoie). - Rigault (Oise). - Mondovi, Renée (Saône-et-Loire). - Froissart, Fourment (Pas-de-Calais). - Le Flanchec, Guibau (Finistère). - Berthe Kabuck (Isère). - Gautrand-(Hérault).

Pour les membres démissionnaires du Comité pour la Reconstruction de l'Internationale

Marcel Cachin, L.-O. Frossard, Bonnaud (14e section), Louise Bodin (Rennes), Bellanger (12e section), Émile Brunel (Nanterre), Baptiste (12e section), Cassou (lssy-l.-Moulin.), Cazals (Doubs), Chanfreau (20e sec.), Amédée Danois (5e sec.) Dondicol (11e section), Dupont (Bourg-la-Reine), Dejoin (16e section), Maria Forsans (18e section), Ferdinand Faure (Loire), H.-P. Gassier (Marseille), Gourdeaux, citoyenne Gourdeaux (15e section), Alix Guillain (9e section), J. Henry (Vincennes), Laloyau (20e section), C.-E. Labrousse (14e section), Lucie Leiciague (9e section), Paul Louis (9e section) Martinet (conseiller municipal de Champigny), Marthe Pichorel (Sceaux), Quesnel et citoyenne Quesnel (Bagnolet), Daniel Renoult (10e section), Louis Sellier (conseiller municipal de Paris), Servantier (19e section), Tommasi (12e section), Trimouille (15e section).

 

AVIS IMPORTANTS

Les camarades désirant manifester leur adhésion à cette résolution sont priés d'écrire : pour le Comités de la IIIe Internationale à Reynaud, 123, rue Montmartre, Paris ;

Pour les démissionnaires du Comité pour la Reconstruction de l'Internationale, à Daniel Renoult, 45, rue Claude-Bernard, Paris.

Les sections et fédérations désirant recevoir cette résolution imprimée sur tracts sont priés d'écrire en indiquant la quantité demandée, à Reynaud, 123, rue Montmartre, Paris.

 

----

 

Les Norvégiens et la IIIe Internationale

Christiania, 2 novembre. - La décision du prolétariat norvégien vis-à-vis de la IIIe Internationale est définitivement la suivante : le Parti veut s'affilier à la IIIe Internationale, il repousse toutefois quelques-uns des 21 points. - (Radio.)

 

----

 

Un​ appel de Zinoviev et de l'extreme gauche allemande

Aux ouvriers du monde !

Berlin, 28 octobre. - (De notre, correspondant particulier.) - La Rote Fahne publie un nouvel appel aux ouvriers du monde entier signé de Zinoviev et dos Comités centraux du Parti communiste et du Parti indépendant de gauche.

Cet appel dit que le Congrès de Moscou a pris position sur tous les points décisifs pour le prolétariat et que les éléments réformistes n'ont osé entamer la lutte ni contre ces principes ni contre la République des Soviets. Un grand nombre d'entre eux au contraire, déclarent qu'ils sont pour la IIIe Internationale, mais n'acceptent pas les 21 conditions et demandent une plus large autonomie pour leur Parti.

Quel a été le rôle de ces 21 conditions ? Les résultats de Halle ont montré combien la IIIe Internationale avait vu juste en posant les 21 conditions ; ce sont elles qui ont obligé les réformistes à abattre leurs cartes. Si elle n'avait pas agi avec cette sévérité, un certain nombre d'éléments réformistes se seraient glissés dans son sein pour y continuer leur travail opportuniste. L'Internationale doit être une organisation d'un seul jet et ne doit en aucun cas devenir une continuation de la IIe Internationale.

Les 21 conditions avaient précisément pour objet d'aboutir à cette franche séparation. Il ne s'agit pas, dans les conditions de tel ou tel petit, détail d'organisation, il s'agit do l'acceptation et de l'exécution des thèses-programmes dans leur ensemble et dans leur esprit.

Les Indépendants de droite affirment qu'ils continueront d'agir avec solidarité vis-à-vis du gouvernement des soviets. Ce n'est pas vrai. Le socialiste qui est aujourd'hui contre là IIIe internationale sera demain contre le gouvernement des soviets. Les Indépendants de droite ont commencé en fraternisant avec le menchevik Martov. Le socialiste qui n'est pas aujourd'hui sincèrement pour la IIIe Internationale, sera demain pour la IIe. C'est ce que prouve l'attitude des indépendants de droite vis-à-vis de l'Internationale syndicale d'Amsterdam qui est un morceau de la IIe Internationale.

Les éléments opportunistes vont criant sur les toits que les 21 conditions ont détruit l'autonomie do chaque parti national. Cela n'est pas exact. L'Internationale communiste a déclaré à plusieurs reprises qu'il ne serait pris de décisions obligatoires que dans les questions véritablement internationales.

Il faut faire comprendre aux plus simples ouvriers qu'il ne s'agit pas d'accepter une ou cinq ou vingt-et-une conditions, mais qu'il s'agit d'une seule condition véritable : c'est que les partis qui veulent appartenir à l'Internationale communiste soient vraiment des partis communistes révolutionnaires et prolétariens où les réformistes, les hésitants et les social-pacifistes n'ont rien à faire.

Nous prions nos camarades de France, d'Italie, d'Angleterre, etc., de prendre à cœur la leçon que la classe ouvrière allemande a apprise dans une pénible lutte. Cette leçon c'est de rester solidement fidèle aux thèses et aux conditions de l'Internationale communiste et de ne faire aucune concession aux éléments réformistes.

 

LE NOUVEAU NOM DES INDÉPENDANTS DE GAUCHE

Il a été remarqué que dans le dernier appel de Zinoviev au prolétariat, le Comité central des Indépendants de gauche a signé sous les initiales U. K. P. D. (Unœbhangige Kommunistische Partei Deutschlands). Il y a donc lieu de désigner désormais les Indépendants de gauche par le nom de Parti communiste indépendant. - F. CAUSSY.

 

LE CONGRÈS COMMUNISTE ALLEMAND

Berlin, 2 novembre. - Le Congrès communiste allemand s'est ouvert ce matin.

Ce Congrès est le dernier de l'ancien parti communiste. Il a été annoncé en effet que sa fusion avec l'aile gauche des indépendants s'accomplirait le plus vite possible et qu'un Congrès spécial de fusion serait convoqué le 3 décembre.

Il est donné lecture d'une lettre de Zinoviev invitant les communistes à se montrer prévenants et tolérants envers les indépendants afin de constituer en Allemagne une grande masse révolutionnaire. 

Deux décisions

Berlin, 2 novembre. - Deux résolutions ont été adoptées par le Congrès du parti communiste allemand au cours de la dernière séance. Dans la première, le Congrès prend parti pour la Russie soviétiste contre la, Pologne. Dans la deuxième, il fait un devoir aux communistes allemands d'exploiter tous les troubles ou crises politiques qui éclateraient à l'intérieur du pays, au profit du mouvement communiste révolutionnaire. - (Havas.)

 

----

 

L'ACTION COMMUNE POUR LA RÉVOLUTION RUSSE

Une circulaire de l'Union des Syndicats

En application de l'accord Intervenu entre le Parti socialiste, la C.G.T. et la Ligue des Droite de l'Homme et de la décision du Comité général du 27 octobre, la note suivant a été adressée à tous les Comités Intersyndicaux :

Le Comité général dans sa réunion du 27 octobre a voté, en faveur de la Révolution russe, une proposition d'action que lui soumettait la Commission exécutive.

Cette action était envisagée en raison des pourparlers engagés pour une action commune plus générale à faire pour le même objet par la C. G. T., le Parti socialiste, la Ligue des Droits de l'Homme.

La proposition faite au Comité général était donc subordonnée à l'acceptation par ces deux organisations.

L'accord étant réalisé ainsi que vous avez pu l'apprendre par une note publiée dans les journaux du 29 octobre, nous nous sommes mis immédiatement en rapport avec la Fédération de la Seine du Parti socialiste et celle de la Ligue des Droits de l'Homme et ensemble voici ce qui a été décidé :

Le mercredi soir 10 novembre, des meetings seront organisés dans tout le département de la Seine, ils seront annoncés par tracts et affiches et inaugureront la campagne pour la Russie.

Le dimanche 21 novembre, plusieurs meetings importants ou une grande démonstration, suivant la température, auront lieu pour la terminer.

Nous vous donnons ainsi brièvement le schéma de la campagne d'agitation que nous allons faire sur les bases déterminées par l'accord conclu entre le Parti, la Ligue et la C. G. T.

Nous vous tiendrons ensuite au courant au fur et à mesure des dispositions prises.

Pour l'instant, ce qui est urgent, c'est la préparation des meetings du 10 novembre. Malgré le temps relativement très court qui nous sépare de cette date il faut que vous vous mettiez tout de suite dans votre arrondissement où localité en rapport avec le secrétaire de la section du Parti et celui de la section de la Ligue pour l'organisation de la réunion qui vous incombe et qu'il faut absolument faire ce jour.

Vous aurez à nous faire parvenir pour mercredi soir 3 novembre, au plus tard, l'indication de la salle que vous aurez à votre disposition. Nous vous demandons de faire vite afin de vous laisser le temps de désigner les orateurs et de faire les affiches.

Il est bien entendu que si vous avez des réunions de prévues pour un autre jour, dimanche 7 par exemple, elles ne sauraient être retardées pour cela, celles du 10 novembre étant uniquement consacrées à la Russie.

APPEL À TOUS LES SYNDICATS

Nous demandons à tous les syndicats de ne rien organiser de particulier pour le mercredi 10 novembre et de faire de leur côté par leurs propres moyens toute la propagande nécessaire auprès de leurs adhérents pour qu'ils viennent aux réunions organisées ce jour et se préparent pour la démonstration du 21 novembre.

Le Bureau de l'Union des Syndicats.

 

----

 

Wrangel refoulé en Grimée

L'armée rouge a pris Perekop

On mande de Gonstantinople :

Une division de l'armée de Wrangel a éprouvé de fortes pertes. Les troupes bolchevistes qui attaquent les troupes de Wrangel sont au nombre d'environ 140 000 hommes. Les troupes de Wrangel se retirent en arrière de la ligne de Perekop ; la retraite s'achèvera mercredi.

D'autre part, suivant des rapports de source russe parvenus à Londres, la nouvelle offensive de l'armée soviétique, à laquelle prendraient part 140 000 hommes, a rejeté l'armée du général Wrangel en Crimée. Le communiqué bolcheviste signale la capture de Perekop, sur l'isthme du même nom. Les troupes rouges avancent vers le Sud en vue de s'emparer des fortifications de l'isthme.

La prise de Perekop est une grosse victoire pour l'armée rouge. Si la ligne de fortifications est franchie, Wrangel risque d'être pris dans une souricière. La supériorité numérique des bolcheviks est indéniable, depuis l'arrivée de leurs renforts de Pologne, et Wrangel ne peut compter que sur la supériorité de son artillerie, venue de France, pour essayer de sauver la situation.

Le Temps d'hier nous donne sur cette retraite la note comique : « réalisation d'un plan tactique réfléchi », recul stratégique, etc... Mais M. Millerand doit être quelque peu inquiet, de ces hautes qualités tactiques et stratégiques de son ami et allié... - A. P I

Une victoire décisive

Londres, 2 novembre. - Un radio de Moscou dit que cinq armées bolcheviks presseraient le général Wrangel de tous côtés et que le sort « des forces principales de ce général serait réglé. » - (Haras.)

 

----

 

Pour le troisième anniversaire de la République des Soviets

Le Comité de la IIIe Internationale prépare un grand meeting, qui aura lieu dimanche matin, salle Wagram, pour célébrer le troisième anniversaire do l'avènement de la République socialiste fédérative des Soviets de Russie.

Nous publierons ultérieurement le nom des orateurs qui ont promis leur concours à cette imposante manifestation prolétarienne.

 

---

 

À LA MÉMOIRE DE JAURÈS

Sous la présidence effective de Marcel Cachin, la section socialiste d'Asnières, avec le concours des organisations ouvrières locales (Coopérative, Comité intersyndical, A. R. A. C., Locataires, Jeunesse), inaugurera le dimanche 7 novembre, à 14 heures : la rue Jean-Jaurès ; à 15 heures : pose d'une plaque commémorative et meeting ; à 20 heures, salle du gymnase municipal : partie artistique aven le concours de la Fédération du Spectacle et de l'Harmonie d'Asnières.

Les sections de la Fédération de la Seine sont particulièrement invitées. Rendez-vous place de la Mairie, à 13 heures.

On trouve des cartes, 11, rue Jean-Jaurès, et chez tous les camarades du Parti. Prix : 1 fr. 85 ; pour les enfants : 1 fr. 25

Un banquet réunira, à 18 heures, place Voltaire, les délégués des organisations et les camarades désireux d'y prendre part. Cotisation : 15 francs.

Les inscriptions au banquet, sont reçues : 11, rue Jean-Jaurès. La liste sera close jeudi 4 novembre.

 

----

 

VIENT DE PARAÎTRE :

MAXIME GORKI

VLADIMIR ILIITCH LENINE

Préface de A. PIERRE

On trouvera dans celte brochure, à la suite du portrait de Lenine qui a paru dans l'Internationale Communiste, n° 12 (juillet 1920), quelques articles antérieurs de Gorki :

1) Un appel au monde civilisé, intitulé « Lénine et Wilson ».

2) Un article qui a pour titre « Hier et Aujourd'hui ».

3) Une lettre de Gorki à Wells.

4) La révolte des esclaves.

Ces textes nous paraissent compléter heureusement l'étude sur Lénine, par un éloge, non seulement du théoricien du communisme, mais de l'œuvre accomplie par lui et ses collaborateurs en Russie.

En vente à la Librairie de l'Humanité, 142, rue Montmartre. L'exemplaire franco : 0,60 ; les dix : 5 fr. 75 : les cinquante : 24 fr. 50 ; le cent : 42 fr, - (Chèque postal : 198.58).

 

---

 

Les délégués français à la Société des Nations

Sur la proposition du président du Conseil, MM. Léon Bourgeois, René Viviani et Gabriel Hanotaux, ont été désignés comme délégués du gouvernement de la République à la Société des Nations.

Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du mercredi 3 novembre 1920

 

le 02 November 2020

 
 

Il y a cent ans : L'Humanité au jour le jour

 
 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)