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Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du lundi 1er novembre 1920

L'Humanité, journal socialiste quotidien

À partir du site internet Gallica, de la Bibliothèque nationale de France

 

L'Humanité du lundi 1er novembre 1920

 

 

LA CONFÉRENCE NATIONALE DES JEUNESSES SOCIALISTES DE FRANCE

La question de l'adhésion à l'Internationale Communiste

La Conférence nationale des Jeunesses a tenu, hier, trois séances : la première à 10 heures, la seconde à 15 heures, la troisième à 21 heures. On se souvient qu'un conflit avait surgi, voici quelque temps, au sein du Comité national. Il en résulte que la Conférence a lieu sous les auspices de la C. A. P. représentée par Bureau.

Le rapport Verfeuil

La Conférence décide tout de suite, afin de déblayer, de passer à l'ordre du jour sur le conflit pendant. On s'occupera donc seulement du rôle et de l'action des Jeunesses et des rapports avec l'Internationale communiste des Jeunes.

Dès le début, la lecture d'un rapport de Raoul Verfeuil met en évidence l'un des thèmes principaux des discussions qui suivront. Ce rapport établit que la Fédération des Jeunesses fut fondée en 1912 par le Parti, dans un but de recrutement et d'éducation et rappelle que le rapport d'Henriette Roland-Holst, unanimement adopté à la Conférence internationale des Jeunesses de Stuttgart, en 1907, assignait à celles-ci un objectif analogue.

Les appels et les plaintes des délégués étrangers

La conception de Verfeuil est à l'antipode de celle des différents délégués étrangers à la Conférence. Tous considèrent que les Jeunesses doivent être avant tout des groupes d'action. Non seulement elles doivent participer à l'action des partis communistes, mais elles doivent agir révolutionnairement en dehors des partis qui restent réformistes. « Autonomie des Jeunesses », voilà un autre thème qui sera souvent évoqué.

Fritz, au nom des Jeunesses suisses et du Comité de l'Internationale communiste des Jeunes, un délégué autrichien, Gino Bimarchi, au nom des Italiens ; un Hongrois sont venus tour à tour exposer que l'Internationale communiste des Jeunes attend impatiemment l'adhésion des Jeunesses françaises. Ils ont rappelé le rôle joué par les jeunes socialistes de leur pays dans leurs révolutions respectives.

« Les Jeunes d'Allemagne étaient avec Liebknecht pendant la guerre ; et beaucoup ont péri dans les batailles de rues où furent défaits les communistes allemands », a raconté Fritz. Et Dimarchi a décrit les jeunes filles de 15 ans faisant le coup de feu contre la police lors des prises de possession des usines en Italie. Et le camarade autrichien a évoqué les misères inimaginables des hommes de son pays, et les pendaisons de Horthy, et s'est écrié : « Ces potences, vous les avez dressées ! Cette famine, vous en êtes responsables ! Car tout cela est l'œuvre de votre gouvernement, de ce gouvernement en face duquel le prolétariat français reste inerte ! »

Et d'ailleurs, tous les délégués étrangers insistèrent avec passion sur le scandale de l'avachissement die notre prolétariat et de nos organisations.

L'organisation du débat

Au début du débat sur l'orientation politique des Jeunesses, il est décidé que les deux tendances extrêmes - partisans de l'adhésion et adversaires - disposeront chacune de deux heures et que la tendance intermédiaire pourra s'exprimer durant une heure.

Interventions de Martin et Bidou

Martin (Seine), est adversaire de l'adhésion :

Les communistes veulent que nous soyons des groupes d'action.

La vérité, c'est que nous sommes hors d'état de faire de l'action. La moitié des membres de nos Jeunesses ignorent ce qu'est le Socialisme.

Rappelez-vous les noms de ceux qui, hier, nous appelaient « à l'action » !… Briand… Hervé… Les démagogues tournent tous très mal !

Et Martin cite le mot de Jaurès : « Il ne faut pas jouer aux insurgés ». Puis il expose quel doit être de rôle des jeunesses :

Détruire dans l'âme du jeune homme les effets de la culture scolaire bourgeoise. Organiser des fêtes et des jeux sportifs de façon à recruter. Faire des cours du soir. Compléter l'instruction.

Bidou (Seine) parle au nom de la tendance centriste que des nuances fort ténues distinguent de la tendance des adversaires de l'adhésion.

Il signale que diverses jeunesses restent en dehors de l'Internationale communiste, notamment la minorité espagnole et les Belges. Le sectarisme élevé en principe lui déplaît.

La première Internationale, celle de Marx, fut fondée tout autrement que celle de Lénine. Engels, retraçant sa formation a écrit : « L'Internationale devait avoir un programme qui ne fermât pas la porte aux trade unions, aux proudhoniens français, anglais, russes, italiens, espagnols et aux Lassalliens allemands. »

Et vous vous laissez en dehors les […] forces ouvrières anglaises et belge […]

Discours de Calman

Calman (Seine) est un […] communistes. Il précise, avec […] netteté, le point de vue […]

Les jeunes sont ignorants ! […] Dans tous les autres pays, les […] sont instruits. Ce qui est {…] l'est ici. Les Français ne vivent […] dans les airs, mais sur la terre […] hommes !

Il faut certes organiser […] doit être une. Le jeune adhérent […] être mis en face de deux ou trois […]. Une seule doctrine doit lui être offerte : celle de Moscou.

Caïman expose ensuite les raisons de psychologie qui destinent le jeune à être particulièrement agissant : pléthore organique qui produit l'enthousiasme, capacité de s'émanciper des liens sociaux. Puis il explique que les sports, la danse sont des agréments qui peuvent donner une récréation utile mais que dans les jeunesses françaises toute l'activité est dispersée à cette besogne accessoire.

Enfin Calman rappelle que l'adhésion à la IIIe Internationale doit être fondée sur l'assentiment donné à ses principes essentiels et que le devoir des jeunesses communistes est de combattre las réformistes et les centristes an sein du Parti et dans les syndicats. Il termine en observant que les événements sauront forcer les jeunes à contraindre leur éducation communiste.

Jacob et Mesnard

Jacob (Aube) observe que les reproches des délégués, étrangers s'adressent aussi bien aux communistes qu'aux réformistes. Il conçoit le rôle des Jeunesses de la même manière que l'exposa Martin. L'éducation, voila pour lui la tâche urgente, car les masses ne sont pas prêtes â faire la révolution.

Aujourd'hui les masses fabriquent des munitions. Elles sont incapables de faire grève pour sauver la Russie. Et, camarades, il sera aussi difficile de faire la révolution sans révolutionnaires qu'il est difficile de faire une grève sans grévistes.

Mesnard (Gironde) est aussi pessimiste que Jacob.

La C.G.T., dit-il, a fait le maximum pour la Révolution russe.

Il reprend les critiques de Bidou contre lés modes de constitution de la IIIe Internationale.

Vous laissez de côté les mencheviks, les social-révolutionnaires, la droite des indépendants…

Ce n'est pas une Internationale d'action, c'est une Internationale de sectes.

Lourt, puis Suzanne Cail

Au début de la séance de nuit, Lourt (Gironde), intervient, avec chaleur en faveur de l'adhésion. Il défend ses amis de n'avoir point souci de l'éducation :

C'est vous, réformistes, qui avez négligé l'éducation. Vous nous demandez quand nous ferons la révolution ? Hélas ! nous ne pouvons la faire avec les hommes que vous avez formés.

Puis il prévoit ainsi les rapports futurs des Jeunes avec le Parti :

Si le Parti tourne à droite, nous resterons communistes. ! tant mieux s'il tourne à gauche, nous agirons à ses côtés.

Suzanne Cail (Seine) lorsque Lourt a fini, vient faire un bref exposé précis et mordant.

Le camarade Fritz nous a dit que le temps n'est pas à s'amuser et que nous ne devons plus organiser de fêtes ni de bals. C'est méconnaître la mentalité française ; c'est faire le vide exprès !

On dit que notre prolétariat est veule ! D'accord ! Mais nous craignons que votre action ne le réveille pas. Nous craignons que vous réussissiez seulement à disséminer les éléments que nous avons péniblement rassemblés.

D'ailleurs nous souhaitons nous tromper. Et vous nous trouverez toujours à vos côtés pour l'action socialiste.

Discours de Fégy

Après que Dumoulin (Gironde) eût appuyé de quelques détails le point de vue défendu par Philippe et insisté pour que les Jeunesses agissent en vue d'améliorer la législation du travail, Fégy (Rhône) prend la parole.

Ce camarade préconise avec sérieux, mesure et simplicité, l'adhésion à l'Internationale Communiste. À Troyes, il faisait des réserves parce qu'on pouvait croire alors que l'Internationale des Jeunesses était susceptible d'être en désaccord avec la IIIe Internationale. Aujourd'hui on sait que ce danger n'est pas à craindre.

Quant à la revendication de l'autonomie qui effraye certains elle disparaîtra automatiquement d'ici deux mois.

Dès que le Pari aura adhéré a la IIIe Internationale, les Jeunesses communistes n'auront plus besoin de leur autonomie. Elles prêteront leur concours au Parti pour la préparation de la Révolution.

Frégy répond ensuite à ceux qui prétendent que les communistes ne savent pas organiser :

Vous-mêmes, quels organisateurs êtes-vous ? vos circulaires de propagande contre l'incorporation de la classe 1918 sont arrivées « après » l'incorporation !

D'ailleurs nous sommes pour la propagande et pour l'éducation. Mais la propagande nous la ferons-en vue de l'action. Nous l'unifierons. Nous travaillerons dans les syndicat, nous irons aux paysans. Nous irons dans les groupes sportifs. Nous noyauterons la Fédération sportive du Travail.

Et l'orateur conclut en disant :

La séparation est entre ceux qui veulent la révolution et ceux qui ne la désirent pas. Il faut choisir entre Amsterdam et Moscou. Nous sommes avec Moscou.

Et soyez tranquilles, nous vous présenterons au prochain Congrès, une Fédération plus nombreuse, mais mieux orientée.

Il est 23 h. 15 lorsque Fégy descend de la tribune, très applaudi par ses amis. André Rella lui succède.

Le Congrès continue aujourd'hui Nous donnerons demain le compte rendu de la fin de la séance d'hier soir.

 

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Le Parti Ouvrier Belge reste dans la IIe International​e

Bruxelles, 31 octobre. - (De notre correspondant particulier). - Au cours du débat sur l'Internationale, hier soir, Mossard, au nom de l'extrême gauche, a pris nettement position contre la IIe Internationale.

Vandervelde a condamné la IIIe, qu'il a appelée entreprise de désagrégation, de démoralisation et de scission. Il a jugé avec sévérité le bolchevisme, mais demandé la levée du blocus de la Russie.

La séance de ce matin a été encore remplie par le même débat.

Everling, de Bruxelles, a défendu l'ordre du jour de la fédération bruxelloise qui implique l'abandon de la IIe Internationale, sans toutefois poser le problème de l'application à la IIIe. Il a soutenu la thèse que la IIe Internationale n'avait pas eu d'action antimilitariste réelle et affirmé qu'il n'y avait pas de défense nationale en régime capitaliste.

Camille Huysmans a défendu la IIe Internationale. Il s'est prononcé pour la défense nationale qui, dit-il, n'exclut pas l'entente internationale.

Huysmans a déclaré ensuite que s'il fallait choisir entre le bolchevisme et la réaction, il opterait pour les bolcheviks ; mais il n'accepte pas la terreur systématisée.

Huysmans a terminé ainsi :

Je reste d'accord avec le socialisme de Marx, de Bebel, de Jaurès : mais jamais je ne serai d'accord avec la théorie de Bakounine.

Après une assez longue discussion sur la politique intérieure, le Congrès a passé au vote.

Il faut, noter que pour la première fois ce vote a eu lieu, non plus par groupes, mais d'après le nombre des adhérents, par têtes.

L'ordre du jour favorable à la IIe Internationale a été adopté par 493 173 voix contre 73 225. Il y a eu 5 658 abstentions.

Ce soir, le débat s'est ouvert sur la participation ministérielle par un discours de Wauters, qui a défendu l'œuvre accomplie par les ministres socialistes.

 

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AVANT LE CONGRES

La question agraire et les thèses de Moscou

La loi agraire, publiée environ deux mois avant le Congrès constitutionnel pan-russe en mai 1918 - et je pourrais faire état des Instructions, publiées par les Izvestia, du Soviet des députés paysans, le 19 août 1917, du décret édicté par le Congrès des députés ouvriers, soldats et paysans le 2§ octobre 1917, et de la Déclaration des Droits du Peuple travailleur, adoptée par le 5e Congrès pan-Russe, en 1918 - va nous renseigner sur la façon dont les bolcheviks ont résolu la question agraire.

Les trois premiers articles posent le principe de la réforme.

Les voici en termes, un peu différents :

Article premier. - Toute propriété sur la terre, le sous-sol, les eaux, les forêts et les forces naturelles est abolie pour toujours…

Art. 2. - La terre (sans rachat réel ou fictif) passe en jouissance à tout le peuple travailleur.

Art. 3. - Le droit de jouissance sur la terre n'appartient qu'à ceux qui la travaillent eux-mêmes, sauf le cas prévu par la présente loi.

Les articles 9, 21 et 22 prévoient le mode de concession de cette terre passée en jouissance au peuple travailleur.

Que dit l'article 9 ?

La répartition des terres agricoles entre les travailleurs est assurée par les sections agraires des soviets de district, de gouvernement, etc., etc.

Ainsi, plus d'exploitation en commun ! L'expropriation des grands domaines ne tend plus à la constitution d'une immense propriété nationale travaillée et gérée collectivement par les prolétaires de la terre I

Oui, je sais, les articles 21 et 22 prévoient que « la terre est accordée en jouissance par priorité à ceux qui veulent la travailler non pour en tirer un profit personnel, mais pour le profit social ».

Il semble qu'il y ait là une sorte de condamnation de l'appropriation individuelle. IL n'en est rien. Cette priorité indique seulement que la préférence sera accordée aux associations agricoles locales avant les exploitations personnelles. La même pensée est, du reste, d'ailleurs développée à l'article 35 :

La République fédérative socialiste des Soviets, dans le but de réaliser rapidement le socialisme, prête tout son concours (aide civilisatrice et matérielle) à la culture générale de la terre accordant la priorité aux exploitations communistes, aux artels et coopératives.

Mais cette priorité admise - et nous pouvons en mesurer l'importance puisque nous savons que ces exploitations occupent en tout et pour tout 400 000 personnes sur les 97 millions de paysans russes - la jouissance de la terre est accordée dans l'ordre suivant, fixé par l'article 22 :

En premier lieu, à la population locale agricole n'ayant pas ou ayant peu de terre et aux manœuvres agricoles à conditions égales;

En second lieu, à la population agricole ayant fixé sa résidence dans la localité considérée, après la publication de la loi sur la socialisation des terres.

En troisième lieu, à la population non agricole ; dans l'ordre d'enregistrement aux sections agraires des autorités locales des soviets.

Les articles 8 et 9 fixent les règles générales de la procédure. Des « instructions » déterminent les règles et les coefficients de répartition.

Ainsi les bolcheviks ont reconnu l'impossibilité d'appliquer à l'exploitation terrienne une formule collectiviste simpliste qui ne tiendrait compte, ni des circonstances de fait, ni de la psychologie des ruraux, ni des conditions même du travail de la forme.

Certes, ils manifestent une préférence pour un régime d'exploitation en commun sous la forme coopérative, mais ils sont loin d'en faire une obligation puisque trente-neuf quarantièmes des terres sont exploitées individuellement et un quarantième seulement collectivement.

Nous avons donc le droit de dire qu'ils ont solutionné le problème agraire dans le sens d'une possession privée.

Avec le Mir, c'était la répartition périodique - tous les cinq ans au moins, tous les douze ans au plus - des terres du village entre les familles. Loin de faire de la terre une propriété impersonnelle - et non partagée comme le Mir - une propriété exploitée en commun, les bolcheviks en ont fait une sorte de propriété individuelle à vie.

Nous ne leur en faisons pas grief, étant persuadés que les conditions techniques, morales- et sociales du monde terrien russe ne sont pas assez développées encore pour permettre le passage immédiat à une forme supérieure de propriété.

Néanmoins, nous serions heureux de savoir pourquoi ces opportunistes intelligents dénoncent notre « réformisme » et au nom de quels principes ils s'arrogent le droit de nous critiquer?

Mais ce n'est pas là le plus grave.

Ce qui est plus grave, plus dangereux, c'est qu'en adhérant aux thèses de Moscou, il faut changer radicalement le caractère do la propagande - essentiellement réformiste, dit Moscou ! - qu'ils ont, jusqu'ici, menée dans les milieux ruraux, au nom du Parti socialiste.

S'ils acceptent les thèses exposées par Lénine, aucun doute possible : les socialistes français doivent résoudre la question agraire dans le sens des bolcheviks, qui forment « l'épine dorsale » de la nouvelle Internationale Communiste.

Non seulement ils ne pourront plus dire que, dans la société de demain, la propriété foncière capitaliste doit être expropriée afin d'être exploitée collectivement - puisque les bolcheviks la partagent! - mais ils devront ajouter que la petite propriété, mise en œuvre par son détenteur ne sera pas davantage laissée en toute possession à celui-ci, mais concédée en usufruit.

Oui, ce qu'ils devront affirmer, conformément aux doctrines de Moscou, c'est que le droit de propriété privée étant annulé pour toujours, toutes les terres - qu'elles appartiennent au plus humble des paysans, qu'elles représentent le fruit d'un labeur infatigable et des pires privations - seront confisquées sans rachat, deviendront propriété nationale pour être mises à la disposition des travailleurs sur les bases d'une répartition égalitaire - C'est-à-dire partagées - et en usufruit, c'est-à-dire en jouissance.

Nous verrons alors se produire ce phénomène étrange, mais compréhensible, c'est que la même tactique et le mémo programme appliqués dans des milieux différents produiront un effet contraire.

En Russie, les bolcheviks, en octroyant aux moujiks le droit de jouissance du sol à vie, ont donné à ces derniers l'impression qu'ils les conduisaient vers la possession individuelle et définitive de la terre dont ils ne disposaient jadis que pendant quelques années.

En France, tout au contraire, en déclarant aux petits possédants que le socialisme victorieux procédera à un partage équitable de la terre pour la leur remettre ensuite en usufruit - et l'usufruit c'est le droit d'usage sur une chose appartenant à autrui, ce qui introduit un élément de précarité dans la possession - nous leur apparaîtrons avec raison comme des cambrioleurs de propriété.

Je doute fort que ce nouvel exposé de spoliation intégrale puisse avoir quelques succès et nous permettre de faire de nombreuses recrues chez les vingt-deux millions de ruraux - parmi lesquels il existe huit millions de propriétaires fonciers î

Surtout que ces paysans savent qu'en Russie les bolcheviks considèrent si peu les travailleurs de la terre qu'ils ne leur donnent qu'un seul député par 125 000 votants, tandis qu'en ville les ouvriers en ont un pour 25 000 électeurs, et qu'ils n'ignorent pas que les réquisitions des denrées agricoles, dont ils ont déjà une sainte horreur ici, se font par des détachements spéciaux chargés d'employer les mitrailleuses et les grenades quand la persuasion ne suffit pas !

COMPERE MOREL.

 

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Mise au point

Une coquille a défiguré hier la citation de l'appel de Zinoview aux communistes ouvriers, nous la rétablissons :

…« Vous avez vu passer au camp des contre-révolutionnaires les Wolfheime et Lauffenberg que vous considériez naguère comme des révolutionnaires. Vous avez vu votre chef Otto Ruhle fournir d'arguments la Ligue antibolcheviste. Vous condamniez l'attitude du parti communiste dans les questions du parlementarisme et des syndicats, mais vous avez vu qu'au congrès de Moscou, elle a été approuvée par les communistes de tous les pays, tandis que vos délégués n'ont même pas osé y prendre la parole. Nous espérons que vous réfléchirez et collaborerez à la grande œuvre à laquelle nous vous convions. Votre place est aussi dans le parti communiste unifié. »

 

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Laumig délégué au Congrès Socialiste Français

Berlin, 30 octobre. - Le Comité central des indépendants de gauche a délégué Stœcker au Congrès socialiste suisse.

D'autre part, Daumig le représentera au Congrès français de Tours et, ensuite, au Congrès italien, à Florence. - (Radio.)

 

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POUR LA IIIe INTERNATIONALE

Le scrutin engagé par la 18e section de la Fédération de la Seine sur la question de l'Internationale a donné le résultat suivant : Pour l'adhésion, 259 voix (dont 212 sans réserves et 47 avec réserves) ; contre l'adhésion, 37 voix.

La section de Neuilly-sux-Seine a voté l'adhésion sans aucune réserve.

 

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Les causes du chômage - par Paul LOUIS

L'existence d'une crise de chômage est officiellement reconnue. Mieux : le ministre du travail, semblable à ces météorologistes qui « prédisent » les ouragans après qu'ils se sont produits, affirme que dès le mois de juin, cette crise s'annonçait. Je ne lui ferai point grief de ne pas l'avoir conjurée, car le régime capitaliste est désarmé contre des perturbations de ce genre, qu'il engendre très normalement. Mais il eût pourtant mieux fait de ne pas garder son secret pour lui.

Le mal n'est pas spécial à la France : il se manifeste, comme il est logique, partout à la fois, et il serait étonnant qu'il ne prît pas universellement une intensité égale ; aussi doit-on s'attendre à compter, par millions les sans-travail au plus gros de l'hiver, et à l'heure où justement les ménages ouvriers sont astreints aux plus lourdes dépenses.

La guerre a suscité une détresse financière générale et à laquelle aucune autre ne saurait être comparée dans les siècles passés, et il y a là une première preuve de l'affaissement de l'Etat bourgeois dont les dettes et le déficit sont devenus accablants.

La guerre a bouleversé la machine économique, et les rouages ont été disloqués à ce point que la classe dirigeante se révèle impuissante à ressaisir la maîtrise de la [] Elle avait tiré son [prestige] et sa domination de sa supériorité technique, du prodigieux essor [qu'elle] avait donné à la production, du développement qu'elle avait assuré à l'outillage, de l'abaissement des prix qu'elle []. Or, la période actuelle se signale par une régression significative dans tous les domaines. Ni l'outillage n'a été reconstitué, ni les forces de transformation n'ont été remises [], ni les conditions de l'existence ne se sont maintenues au même niveau. Le régime capitaliste se trouve virtuellement condamné, comme le fut avant lui le régime féodal, et, avant celui-ci, le régime servile, parce qu'il ne correspond plus aux besoins de l'humanité.

Nous nous sentons aux prises, de toutes parts, avec des phénomènes nouveaux. Le socialisme avait toujours prévu que la guerre mondiale serait suivie de la révolution mondiale. Il serait plus exact de dire que la guerre mondiale a équivalu à la révolution mondiale, et peu importe que cette révolution mondiale se traduise tout de suite ou non dans les faits par l'effondrement universel des institutions existantes. Il ne reste plus qu'une armature apparente, et qui, un beau jour, se brisera peut-être à l'instant où l'on s'y attendra le moins.

Entre la crise actuelle du chômage et celles du passé, les différences d'origine sont évidentes. L'étude du mécanisme capitaliste nous enseignait qu'il arrivait automatiquement à la surproduction nationale et internationale. Pour aboutir à réduire le prix de revient, et, par suite, à accroitre le profit, la classe possédante de chaque pays s'efforçait de mettre en circulation le maximum d'articles fabriqués. En dépit des barrières douanières, une concurrence intense s'exerçait qui engendrait encore une progression constante du rendement. Il survenait un moment où le marché s'engorgeait, où les stocks s'accumulaient si bien que l'industrie devait cesser de travailler, licencier son personnel, livrer au chômage, outre l'armée de réserve, selon le mot de Marx, le contingent normal des ouvriers.

Mais nous sommes loin de cette période périmée, et qu'on pourrait appeler classique, du capitalisme. D'une part, en dépit de la prolétarisation de la petite bourgeoisie, le contingent des salariés à transitoirement baissé, parce que la guerre a fauché des millions d'êtres humains. De l'autre, les matières premières manquent, tandis que la concurrence d'État à État, pour des raisons nombreuses et faciles à discerner, s'est atténuée. Il n'y a pas eu surproduction au sens strict du terme. Lorsqu'on lit les rapports de nos inspecteurs généraux du travail, on s'aperçoit qu'aucune de nos usines, depuis l'armistice, n'a donné son plein d'activité. Avec la meilleure volonté ou la plus grande avidité, nos manufacturiers eussent été bien empêchés de renouveler leurs exploits d'avant-guerre : ils n'avaient ni le personnel qualifié, ni les manœuvres, ni les machines, ni le combustible, ni les éléments végétaux ou minéraux ou animaux, qui eussent été indispensables. Et s'il est vrai que certains de nos centres de fabrication, Lyon et Saint-Etienne par exemple pour la soierie, aient enregistré des plus-values sensibles sur la période antérieure à la guerre, ces majorations s'expliquent, par la croissance des cours et correspondent à des moins-values plus ou moins fortes dans le rendement en quantités.

La crise de chômage de 1920 procède, pour une part de l'incapacité de la bourgeoisie à ressaisir son pouvoir de gestion des choses - pour une part bien plus grande de la sous-consommation.

Cette sous-consommation est notable, bien que la bourgeoisie elle-même, par ses journaux, s'ingénie à la nier. Comment d'ailleurs s'expliquerait-on autrement notre état économique, puisque l'on produit moins et que la rivalité les autres contrées manufacturières est moins redoutable ?

On attribue communément à la restriction volontaire la mévente des automobiles, et le malaise qui s'est propagé à toute la métallurgie. Dans la région parisienne, c'est en ces deux industries que la condition des ouvriers est devenue particulièrement douloureuse, car l'on, a fixé à 30 % le coefficient des sans-travail. Mais si la classe aisée se restreint dans son luxe, le prolétariat se limite dans l'indispensable même de la vie.

J'ai montré précédemment, en quelques articles, que le renchérissement des denrées l'emportait de beaucoup sur la majoration des salaires. À l'heure où j'écris, le coût de l'alimentation et du vêtement s'est accru de plus de 500 % par rapport à 1914, de 535 % d'après de sérieuses évaluations. Or les salaires se sont augmentés de 200 à 250 % pour la plupart des professions, de 375 % pour les plus favorisées. C'est-à-dire que le travailleur, avec une paie nominale plus haute, dispose de ressources réelles bien moindres. Comme certaines dépenses sont incompressibles, - celles d'alimentalion, - il se réduit sur les autres, le vêtement en premier lieu. C'est cette sous-consommation qui gouverne le chômage.. Mais elle se lie, comme les causes qui l'ont engendrée, comme les conséquences qu'elle détermine, aux phénomènes essentiels du capitalisme. Elle dépend à la fois de la fiscalité de classe dont nous sommes dotés et de la perturbation industrielle générale. Ce n'est point par des réformes forcément illusoires qu'on abolira le mal, parce qu'il est incurable dans le cadre du régime, et la majoration des prix sera toujours supérieure à celle des salaires.

C'est, comme d'ordinaire, devant le problème fondamental de la propriété et de l'organisation sociale, que nous nous trouvons replacés.

Paul LOUIS

 

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L'ATTITUDE DE KERENSKI

Le Bulletin d'Information « Pour la Russie » dément l'information de Prague d'après laquelle Kerenski serait parti pour Varsovie afin d'y établir son quartier général. La citation d'un article attribué à Kerenski et faisant appel aux officiers de Koltchak et de Denikine, est inventée de toutes pièces. Kerenski n'a jamais écrit l'article en question, et n'a rien de commun avec aucun journal russe de Varsovie. Dans toutes ses déclaration publiques, tout en se prononçant contre le bolchevisme, Kerenski s'est toujours prononcé de la manière la plus catégorique contre toutes les aventures réactionnaires, ainsi que contre l'intervention et le blocus.

[Celte mise au point coupe donc les ailes au canard lancé de Prague sur une alliance possible entre Kerenski et Wrangel, mais ne nous donne malheureusement aucune indication sur les origines de cette dépêche qui tendait, visiblement à compromettre Kerenski avec la pire réaction russe. Le plus curieux, c'est qu'à Prague même on devrait être particulièrement renseigné sur l'attitude de Kerenski, car il parait dans cette ville depuis environ deux mois un quotidien russe, « Volia Rossii », qui est visiblement son organe. Or, il n'y a pas un seul numéro qui puisse faire croire à une nouvelle orientation de l'ex-dictateur révolutionnaire. Kerenski et les S.-R. s'en tiennent toujours à la même formule : ni bolchevisme, ni réaction. Ni Lénine, ni Wrangel. - A. P.]

 

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Dans la Crimée blanche

Des Russes anti-bolchevistes très résolus et qui, en raison de leur haine contre les Soviets, ne peuvent être suspects, nous apportent sur Wrangel les renseignements suivants (extraits de Pour la Russie, 30 octobre) :

« On ne peut plus ignorer que des agents du tsarisme, et de la pire espèce, ceux qui portent la plus grande responsabilité de ses crimes, constituent la tête et l'épine dorsale de la Crimée blanche. Ils commandent en maîtres chez Wrangel et dirigent souverainement la politique criméenne. (Le Gaulois lui-même et le Matin sont obligés d'en convenir.)

« … Ce n'est pas en vertu du droit divin, ni par la volonté du peuple que Wrangel est devenu dictateur. C'est un collège de généraux qui, trouvant Denikine trop mou et trop avancé ( ?) l'a destitué et choisi Wrangel pour lui succéder. Depuis son avènement, la Crimée a été envahie par les hommes les plus noirs de l'ancienne Russie. C'est Wrangel lui-même qui a rappelé dans son « royaume » Krivochéine, l'ancien ministre du tsar, Klimévitch, l'ancien général de gendarmerie, ancien chef de l'Okrana, Gourko, Tverskoï, et avec eux tous les collaborateurs les plus sinistres de Piehve, de Stolypine, de Protopopov. C'est à ces hommes que sont confiés, en Crimée, les postes les plus importants.

« … Le mouvement de Crimée est monarchiste et réactionnaire, parce qu'il est composé exclusivement d'éléments d'ancien régime. Ils ne peuvent avoir qu'un seul désir : le rétablissement de leurs privilèges abolis ; une seul programme : revanche et restauration. »

Le journal dont nous citons cet extrait est celui des socialistes révolutionnaires russes. Ils ont raison de flétrir avec Wrangel le gouvernement français qui ose soutenir de notre argent et de tout l'appui matériel de la France cette dernière aventure odieuse… Il n'est plus possible à personne de nier désormais que le mouvement de la Crimée ne vise à la restauration de la pire réaction moscovite.

Mais nous nous demandons souvent comment les socialistes russes, même ceux qui estiment avoir contre les bolcheviks des griefs légitimes, n'éprouvent aucune hésitation à poursuivre parallèlement à un Wrangel et à un Bourtzev, leur campagne acharnée contre la Révolution de leur pays.

Marcel CACHIN.

 

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LES CONSÉQUENCES DES RÉVOCATIONS

L'express Paris-Brest pris en écharpe en gare de Chartres

IL Y A UNE QUARANTAINE DE VICTIMES

Les conséquences de la politique « ferroviaire » de M. Yves-Napoléon Le Trocquer continuent de porter leurs fruits. Après le télescopage survenu à Houilles, après le tamponnement d'Asnières voici un nouvel accident de chemin de fer qui vient de faire, en gare de Chartres, près d'une quarantaine de victimes.

D'après les premiers renseignements recueillis à la gare Montparnasse, voici comment s'est produit le fait :

Le train B. 17, parti de la gare Montparnasse avant-hier soir, à 21 h. 5, quittait la gare de Chartres à 11 h. 29 et arrivait à la hauteur du poste 4 où se trouve la « cisaille » des lignes Paris-Brest et Chartres-Bordeaux. Au même moment surgissait, à l'allure de 60 kilomètres à l'heure le train de denrées Dx 58 venant d:e Château-du-Loir. Ce convoi prit en écharpe l'express qui recommençait à prendre un peu de vitesse.

Sous la violence du choc, la locomotive du train de marchandises après avoir buté contre l'un des deux fourgons de tête du convoi de voyageurs et renversé deux grands wagons-poste. Paris-Angers et Paris-Pannes, se renversa sur le côté en causant de graves avaries à un wagon de 3e classe. Le mécanicien, Henri Demeline, pris sous le sablier de sa machine, fut écrasé et atrocement brûlé. Son chauffeur reçut de sérieuses blessures. Dans la nuit, assez opaque, les secours s'organisèrent assez difficilement parmi la panique et l'affolement des voyageurs que les appels au secours poussés par les blessés rendaient encore plus intenses. Avec l'aide du personnel de la gare on essaya de dégager les victimes qui se trouvaient enfouies parmi les débris des wagons renversés.

Le sauvetage fut d'autant plus délicat qu'un commencement d'incendie s'était déclaré parmi les wagons culbutés. Pour arrêter les progrès du feu on utilisa le contenu des boîtes de lait, que transportait le convoi tamponneur.

De Paris un train de secours arrivait assez tardivement puisqu'il n'entrait en gare de Chartres qu'à 5 heures du matin.

Les victimes

Les premiers blessés furent transportés à l'hôpital et un certain nombre après avoir été pansés furent ramenés à la gare Montparnasse où ils arrivèrent vers 9 h. 30, hier matin. D'autres voyageurs qui se trouvaient dans le train tamponné sont rentrés à 11 h. 30. À l'hôpital de Chartres on ne signalait qu'une seule victime blessée grièvement. Les autres n'avaient été atteintes que légèrement. Parmi celles-là figurent :

Henri Merrienne, employé des chemins de fer, demeurant à Boulogne-sur-Seine ; Jean- Marie Desvaux, ouvrier agricole, originaire d'Ille-et-Vilaine ; Antoine Gallet, postier, 120, rue d.e la Glacière, à Paris ; Albert Paumard, chauffeur, à Rennes ; Mme Paumard et le jeune Albert Paumard ; Pierre Aubry, chef de brigade des postes, à Paris ; Armand Pinaud ; Pierre Sizun ; Eugène Dupré ; Alphonse Lecendrier ; Toutaux ; Lemauer, du 132e d'infanterie, et Mlle Landais.

Le ministre des travaux publics, accompagné de M. Dejean, directeur des chemins de fer de l'État, s'est rendu à Chartres et est allé à l'hôpital visiter les 14 blessés dont nous venons de donner les noms

Au communiqué relatif aux victimes soignées à Chartres il faut apporter quelques rectifications. Tout d'abord l'employé des postes Gallet, signalé comme légèrement blessé, a été, en réalité, transporté sans connaissance et sérieusement atteint.

Dans le personnel des ambulants des postes nombreux sont ceux qui ont reçu de sérieuses contusions. Il faut signaler, entre autres, M. Denis, chef de brigade, Aubry, contrôleur principal ; Venisse, Callichet et Orry qui se plaignent de douleurs internes.

Pendant la matinée d'hier, la circulation s'est trouvée interrompue sur les deux voies principales de Brest et de Bordeaux. Les convois ont été déviés par Dreux ou par Patay sur la ligne Paris-Orléans. Lea travaux de déblaiement ont été entrepris par les soldats du 29e d'artillerie.

Toujours les mêmes causes

Le Parquet de Chartres a ouvert une enquête et prétend comme bien l'on pense, que le responsable de la collision n'est autre que le mécanicien Demeline du train tamponneur. Les magistrats affirment que les signaux couvrant la voie étaient fermés et que le mécanicien les a brûlés.

D'autre part, il est établi que la machine qui pilotait le train de denrées était avariée et qu'en cours de route, Demeline avait demandé qu'il lui fût donné une autre locomotive.

Suivant les déclarations du chauffeur, les avaries signalées consistaient en des fuites nombreuses de vapeur. Quelques instants avant d'arriver en gare de Chartres il y avait un tel nuage de ces vapeurs que la machine en était complètement entourée et qu'il était absolument impossible d'apercevoir les (positions des signaux. Lorsque Demeline a aperçu l'express Pasris-Brest qu'il allait prendre en écharpe il essaya d'actionner les freins. Mais la voie se trouvant en déclivité, la vitesse acquise et le lourd tonnage du train ne permirent pas aux freins d'exercer une pression suffisante pour empêcher le convoi de continuer sa course.

Si la collision s'était produite une seconde plus tard, la locomotive du train de denrées entrait en plein dans les wagons de 3e classe qui étaient, en raison des fêtes, bondés de voyageurs.

Il faut noter déjà que le chauffeur du convoi tamponneur,. Armand Pinaud n'était, en réalité, qu'un « nettoyeur » qui avait été adjoint au mécanicien. Noue retrouvons là encore les mêmes procédés d'utilisation du personnel que ceux constatés lors de l'accident d'Asnières.

Et les causes sont encore identiques : mauvais état du matériel, défaut de techniciens.

Les révocations de M. Le Trocquer donnent de tels résultats douloureux. Finira-t-on par écouter la voix de la raison pour assurer la sécurité des voyageurs en réintégrant les 25.000 victimes de la rancune du ministre des travaux publics ?

 

Raymond FIGEAC.

 

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LES POURSUITES CONTRE LA C. G. T.

En conformité des ordres qu'il avait reçus de la chancellerie, M. Jousselin a signé une ordonnance renvoyant devant le tribunal correctionnel pour infraction à la loi sur les syndicats le bureau confédéral.

On sait ce que le Conseil des ministres, que présidait alors M. Millerand, et qui ordonna les poursuites, reproche à la C. G.T. : son immixtion dans les grèves de mai, son attitude vis-à-vis de la révolution russe.

Les débats auront lieu un jour prochain qui n'a pas encore été fixé. Nous attendons, non sans curiosité, le réquisitoire du substitut Durand, chargé d'opérer en cette affaire pour le procureur général.

 

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Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du lundi 1er novembre 1920

 

 

le 30 October 2020

 
 

Il y a cent ans : L'Humanité au jour le jour

 
 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)